• il y a 2 mois

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00:007h45, vous avez la parole. On vous rappelle le numéro 0476 46 45 45. En passant sur nos réseaux ce matin en TOH,
00:07on revient bien sûr sur la mort d'un agent municipal à Grenoble, tué par balle hier alors qu'il intervenait sur un accident de la route à
00:13quelques mètres de la mairie. Bonjour Éric Piolle.
00:15Bonjour. Merci d'être avec nous ce matin en studio. Dès hier soir, vous évoquiez deux sentiments, la colère et la tristesse.
00:22Qu'est-ce qui domine ce matin ?
00:25Les deux sentiments, vous savez,
00:27cet agent a été extrêmement
00:30reconnu. Je le connaissais personnellement parce qu'il était
00:34syndicaliste mais aussi un encadrant, un formateur aussi.
00:38J'ai une pensée profonde pour sa famille.
00:41Et puis aussi la colère parce que cette circulation d'armes à feu
00:48a des conséquences et la conséquence, c'est quelqu'un de totalement décérébré. À 7h du matin, un dimanche,
00:55tire sur une personne qui est venue pour lui porter secours
01:00sur un accident de la route, comme vous auriez pu le faire, comme je le fais régulièrement, comme nos agents publics sont amenés à le faire
01:07très souvent partout en France. Des agents que vous avez rencontrés, je crois, ce matin, déjà des agents municipaux, quel est leur sentiment ?
01:13Oui, hier, en début d'après-midi, j'étais là avec eux
01:17pour ceux qui travaillaient le dimanche. Et puis ce matin, à la prise de poste avec les élus, avec la direction générale,
01:23il y a beaucoup d'émotions. C'était un camarade, vraiment une figure depuis plus de 25 ans.
01:29Et beaucoup d'émotions, beaucoup de colère,
01:33aussi une peur qui nous abîme aussi. Je suis employeur
01:40et nos agents, là, c'était sur un accident de la route, mais
01:45dans leur mission, ils sont souvent
01:48exposés aussi à des confrontations très conflictuelles.
01:53Là, ce n'était pas censé être le cas. Il s'est porté vraiment pour porter secours,
01:58mais on a une pensée pour tout cet engagement, pour le service public.
02:02Je vous propose d'en entendre un, justement, un agent, un collègue de Lillian, qui exprime ce que vous disiez, la tristesse, et puis la colère aussi,
02:10y compris vis-à-vis de la mairie. Écoutez.
02:13On n'est plus en sécurité dans la ville, ça fait déjà un moment.
02:16Aujourd'hui, notre chef, il vient travailler, il vient aider une personne, il se fait tirer dessus,
02:20comme un chien. Je trouve ça scandaleux.
02:22Au bout d'un moment, il faut qu'il prenne leurs responsabilités aussi.
02:26On travaille le dimanche, on nettoie,
02:29on nettoie dans les quartiers difficiles, c'est très compliqué à travailler.
02:32Au maire, ça fait un moment déjà qu'on appelle au maire. Je ne sais pas ce qu'il fait, le maire.
02:35Le maire, il fait quoi en ce moment, on ne sait pas.
02:37Voilà, c'était un agent, un collègue de Lillian.
02:41Ça fait dix ans, Éric Piolle, que vous êtes à la tête de la mairie. On a le sentiment
02:44d'une situation qui se dégrade.
02:47Qu'est-ce que vous pouvez répondre à cet employé, aux gens qui se disent
02:50qu'est-ce qu'il fait, le maire de Grenoble ?
02:52D'abord, cette colère, elle est légitime.
02:54Cet agent, je sais qui c'est.
02:56Il était là, nous étions ensemble quand il a appris la mort de Lillian.
03:01Excusez-moi, je ne voulais pas citer son nom.
03:06Qu'est-ce que vous avez appris ?
03:08Juste avant, il faut évidemment des informations
03:12qui doivent d'abord passer par la famille.
03:14C'est une évidence, mais il y a eu beaucoup d'émotions quand
03:18les agents ont appris la mort de leur collègue.
03:23Nous sommes, nous en tant que ville et moi en tant qu'employeur,
03:30nous travaillons, nous rencontrons d'ailleurs l'intersyndical ce matin,
03:33mais nous travaillons en permanence avec nos agents parce que là,
03:38je le redis, c'est un accident de la route, ça aurait pu vous arriver.
03:41C'est une situation très singulière.
03:44Mais nos agents sont régulièrement victimes d'agressions,
03:46donc nous les accompagnons pour porter plainte,
03:49nous les accompagnons pour voir quels dispositifs nous pouvons mettre en place
03:53pour sécuriser leurs conditions de travail.
03:57Et c'est un travail sans relâche que nous conduisons.
04:02Le sentiment aussi de colère, on le voit sur les réseaux sociaux
04:06et sur notre page Facebook.
04:07Totalement, vous êtes très nombreux à réagir ce matin
04:10sur la page Facebook de France Bleu Isère.
04:12Vous parliez de la colère, il y a beaucoup d'appels à la fermeté
04:15quand on aura retrouvé l'auteur de ce crime,
04:19des appels à la fermeté, mais aussi beaucoup de messages de condoléances.
04:22Tout simplement, ce matin, on a Emma, Jean-Louis, Christian,
04:25Brigitte, Gilou qui rendent hommage à cet agent municipal ce matin.
04:30Éric Piolle, qu'est-ce qu'il faut faire ?
04:31Quelles mesures il faut prendre, peut-être pour sécuriser davantage
04:35les employés municipaux ?
04:37Quelles mesures vous envisagez ?
04:40Il y a deux débats qui sont distincts, là je le redis.
04:43Ça aurait pu vous arriver, c'est un geste citoyen.
04:46Évidemment, il le fait dans l'exercice de ses missions,
04:48mais ça peut vous arriver, ça m'est arrivé encore deux fois en début d'été
04:52de me retrouver le premier sur un accident.
04:54Et c'est sûr que les agents publics, comme ils sont sur le terrain,
04:58ils sont plus exposés à croiser des situations comme ça que vous l'êtes.
05:07Qu'est-ce qu'on fait alors ?
05:08Nous travaillons de façon spécifique dans les endroits où c'est le plus difficile
05:14pour voir comment on peut sécuriser leur travail.
05:18Donc parfois, si c'est des missions très spécifiques,
05:20ils sont accompagnés de la police municipale, parfois de la police nationale.
05:24Nous avons récemment mis en place pour nos placiers aussi des dispositifs d'alerte
05:31parce qu'ils sont pris à partie régulièrement sur les marchés.
05:35Donc nous avons ainsi un dialogue social pour améliorer les conditions de travail.
05:44Donc ça, c'est le rôle de l'adjoint personnel, de la direction du personnel,
05:49des syndicats aussi qui travaillent avec nous pour sécuriser au maximum les agents publics.
05:54Je vous propose d'aller au Standard de France Bleu Isère, Mathieu, on a des réactions.
05:58Oui, tout à fait.
05:59On avait Stéphanie, ça a coupé, qui voulait saluer le travail de la police municipale
06:04dans le quartier Saint-Bruno, elle disait qu'ils intervenaient régulièrement.
06:06Voilà, c'était pour donner quand même son message.
06:08Et Noël, qui nous appelle de Domaine.
06:10Bonjour Noël.
06:11Bonjour.
06:11Noël, vous voulez réagir à cette situation ?
06:14Oui, moi je trouve que c'est triste, c'est triste de se faire tuer comme ça dans la rue
06:20pour les employés, mais aussi pour nous, nous qui allons à Grenoble.
06:24Moi, j'ose plus aller à Grenoble.
06:25J'ai 77 ans, j'ose plus aller à Grenoble, je n'y vais plus.
06:28On se fait arracher nos sacs à main ou tout, et le maire ne fait rien du tout.
06:33Le maire ne fait rien, il a enlevé toutes les caméras qu'il y avait à Grenoble.
06:37Donc, il peut faire le beau devant tout le monde, mais moi vraiment, là, je suis écœurée.
06:43Grenoble est devenu, comment dire, Chicago, quoi.
06:47On entend votre colère, Noël.
06:49Merci beaucoup, Noël.
06:50On va faire réagir M. Le Maire dans un instant, on peut peut-être prendre Jean-Luc,
06:53parce que c'est un peu le même sentiment également.
06:55Exactement, il voulait revenir.
06:56Bonjour Jean-Luc, déjà, on va vous saluer.
06:58Oui, bonjour M. Le Maire.
06:59Vous voulez revenir justement sur cette vidéosurveillance, c'est ça ?
07:03Alors, moi, j'ai une question très simple à lui poser.
07:05M. Le Maire, on le sait, est opposé par la meilleure surveillance
07:08avec un centre de visionnage 24 heures sur 24.
07:12S'hier, il y avait eu ce type de caméra, la police municipale, pendant l'accident,
07:17aurait peut-être pu arriver très vite sur les lieux.
07:19Le crime aurait pu être évité.
07:22Et au cas contraire, si le crime avait quand même eu lieu,
07:25les caméras dans le maillage de la ville auraient pu suivre les fuyers à pied
07:29et peut-être les arrêter et aussi les identifier.
07:33C'est bien d'être devant toutes les caméras, de dire vous êtes triste,
07:38mais votre rôle, c'est aussi de protéger les grenoblois
07:41et aussi vos employés municipaux.
07:44Qu'est-ce que vous avez à me dire là-dessus ?
07:45Eh bien, le maire de Grenoble, Éric Piolle, vous répond.
07:48Est-ce que d'abord, Éric Piolle, il y avait des caméras devant l'hôtel de ville
07:51pour suivre justement le fuyard, le tireur ?
07:54Il y a, c'est l'occasion de tordre le coup à quelques rumeurs infondées,
08:00il y a un peu moins de 120 caméras, 118 caméras sur la ville de Grenoble.
08:05Donc il y a de la vidéosurveillance qui vise d'ailleurs essentiellement
08:10à cette régulation de l'espace public.
08:13Pour les infractions routières notamment ?
08:15Oui, pour toute la vie publique, mais aussi parce qu'il y a des endroits
08:18où il y a beaucoup de piétons et où ça permet.
08:20Donc nous avons un centre de surveillance, nous avons des caméras
08:23et en l'occurrence, il y a des caméras à cet endroit-là.
08:27Donc la police a évidemment fait des réquisitions et nos services
08:31fournissent les images pour analyser ces images.
08:35Et évidemment que le procureur précédent l'avait rappelé
08:41que ces caméras, c'est de la surveillance, mais ça ne permet pas d'intervention.
08:47Là, notre agent était là parce qu'il était là juste au moment de l'accident
08:50et il s'est arrêté pour faire son travail et pour porter secours.
08:54Donc vous excluez d'en mettre d'avantage ?
08:56Le procureur, nous en avons rajouté quelques-unes parce que nous en mettons
08:59en dialogue avec la police, là où il y a des besoins spécifiques.
09:04Et ça, depuis dix ans, nous faisons cela.
09:09Le procureur précédent, Jean-Yves Coquillat, avait rappelé
09:12que ça ne permettait pas l'intervention et il citait en exemple la fusillade en 2012.
09:17Avant mon arrivée, place Notre-Dame, neuf minutes de fusillade
09:19à quelques centaines de mètres du commissariat,
09:21sous l'œil des caméras, sous l'œil des centres de supervision
09:24et qui n'avaient pas permis une intervention des forces de l'ordre.
09:28Donc rappelons, un, que ça ne dissuade pas la preuve.
09:31Deux, que ça ne permet pas une intervention rapide sur les lieux
09:35et que ça sert pour les enquêtes comme cela va servir pour cette enquête.
09:40Qu'est-ce que vous demandez à l'État ?
09:41Parce qu'il y a eu beaucoup de fusillades cet été, Grenoble et Chirol.
09:46Visiblement, il y a des besoins.
09:47Qu'est-ce que vous demandez ce matin à l'État ?
09:48Il y a encore Fontaine cette semaine ou la semaine dernière.
09:52Nous avons, avec les maires des grandes villes,
09:54France Urbaine, publié, il y a presque un an maintenant,
09:57une tribune transpartisane sur le narcotrafic.
10:01Parce que là, nous sommes dans le cas d'un accident de la route.
10:03Mais nous pouvons nous dire qu'une personne armée dans une voiture
10:07immatriculée en polo, immatriculée à l'étranger,
10:10la connexion avec le trafic fait assez peu de doute.
10:14Et donc, nous avons exprimé à la fois notre colère
10:18et puis des pistes de travail pour l'État.
10:20Ces pistes, elles ont été reprises par la commission parlementaire
10:23qui a été conduite par deux sénateurs de différents bords politiques.
10:27Mais il faut toujours l'urgence.
10:28Oui, la circulation d'armes.
10:30Alors évidemment, je n'accuse pas l'État d'inaction en matière de trafic d'armes.
10:35Mais je crois que notre façon d'approcher aujourd'hui la lutte contre le trafic
10:40est inefficace, d'abord en matière de santé publique.
10:43Je le redis, c'est un problème de santé publique.
10:45Les personnes qui se droguent ont des problèmes de santé,
10:48de santé mentale et des problèmes de sécurité
10:52pour les habitants qui subissent cela.
10:54Et aussi, on est toujours, on n'est jamais à l'abri
10:57d'une balle perdue dans ces fusillades de l'été.
11:01Et c'est quelque chose qui nous merde.
11:03Partout en France, nous vivons avec cette peur.
11:07Merci, Éric Piolle, d'avoir été notre invité ce matin,
11:09d'avoir réagi après ce drame.
11:11Vous serez aussi à 14h à l'hommage qui est tenu devant la rue.
11:14Et puis un dernier mot pour remercier aussi les services de secours
11:16parce qu'ils se sont portés rapidement.
11:20L'hôpital, les médecins, chirurgiens qui ont pris en charge notre agent
11:24ont fait tout ce qu'ils pouvaient.
11:26Et quand ça se termine mal, j'ai aussi une pensée pour eux qui font le maximum.
11:30Le message est passé. Merci, Éric Piolle, de la journée.

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