Sandrine Martinet est l'invitée de Télématin vendredi 6 septembre 2024. La vice-championne olympique de judo dans la catégorie moins de 48 kg a été médaillée la veille lors des Jeux Paralympiques de Paris 2024. Mais elle n’en est pas à son premier podium. Sandrine Martinet est quintuple médaillée paralympique et porte-drapeau aux Jeux de Tokyo. « Cette médaille d’argent elle vaut de l’or », a-t-elle déclaré à propos de son titre de la veille car il y a encore quelques semaines sa participation était compromise en raison d’une blessure.
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00:00Sandrine, c'est avec vous qu'on va commencer. Félicitations déjà pour votre médaille.
00:04Hier, on le rappelle, vous êtes quintuple médaillée aux Jeux Paralympiques à Tokyo.
00:07Vous étiez porte-drapeau. On peut parler de vous comme une icône de votre discipline, de la délégation française.
00:12Si vous avez eu cette médaille, ça veut dire que vous avez gagné tous vos combats de la journée, sauf celui de la finale.
00:17Et pourtant, vous dites que cette médaille d'argent, elle vaut de l'or. Expliquez-nous pourquoi.
00:22C'est une médaille qui vaut de l'or à plein de titres.
00:26Mais il y a quelques mois, quelques semaines, je ne savais pas si j'allais pouvoir participer en raison d'une blessure.
00:32J'ai passé une année dans la douleur.
00:36Vraiment, que ce soit à l'entraînement, sur les compétitions ou dans mon quotidien, ça a été vraiment très compliqué.
00:42Vous avez été blessé au dos. Voilà, c'est ça.
00:44Et merci à toute l'équipe qui m'a suivi, à mes partenaires, à tous ceux qui m'ont soigné, que ce soit en ostéo, en kiné, les médecins et aussi ma préparatrice physique.
00:54On a fait un énorme boulot et finalement, la dernière infiltration a marché.
00:59Voilà, c'est la question que j'allais vous poser.
01:00Comment, quand on est blessé, j'imagine que ça met un petit coup au moral.
01:03Comment on fait déjà pour se redonner un peu du baume au cœur et pour travailler, pour laisser derrière soi cette blessure ?
01:11Je me suis dit de toute façon que j'avais fait ce pari d'aller décrocher une médaille ici.
01:18Et quand je me lance un défi, je vais jusqu'au bout.
01:21Et je me disais, les entraînements, t'es à 20% de tes capacités, mais dans ces 20%, tu dois être à 100%.
01:30Et à chaque fois, chaque entraînement, même si c'était dur, même si j'étais dans la difficulté, je me disais,
01:37cet entraînement, t'es loin de ta famille, loin de tes proches, tu sais pourquoi tu fais ça.
01:41Et tu dois pas le subir et tu dois en sortir quelque chose de positif, même si t'es diminué.
01:46Et j'ai fait ça toute l'année avec le soutien de mes partenaires d'entraînement notamment.
01:50Et voilà, que j'embrasse Elsa, Clémence, Jeanne et toutes les autres.
01:54Je vous fais des gros bisous. Merci les filles.
01:56C'est un travail d'équipe.
01:57Exactement. Et voilà, j'ai passé l'année comme ça et c'est une merveilleuse médaille qui vient récompenser mon travail
02:04et tout le travail des gens qui m'entourent.
02:06Et alors, si je vous dis, Nicolas, Loïc, Daphné, je pense que je touche un petit peu en plein cœur.
02:11Pour ceux qui ne le savent pas, il s'agit de votre mari, de vos enfants.
02:14C'est vrai que vous vous êtes séparés d'eux pendant un mois pour préparer ces Jeux.
02:18Pourquoi vous mettre autant dans cette bulle et vous priver d'eux, entre guillemets ?
02:21En termes d'organisation, c'était compliqué.
02:24C'est votre volonté, on est d'accord ?
02:26Il y a un peu des deux.
02:29Mais voilà, ils étaient avec leurs grands-parents.
02:32Je savais qu'on s'occupait bien d'eux.
02:34Et par rapport au régime aussi, c'était plus simple pour moi.
02:38Parce que c'est quelque chose pour nous, les sports à catégorie de poids, qui est très compliqué.
02:43On rappelle que vous êtes obligé de rester sous moins de 48 kilos pour pouvoir faire vos Jeux.
02:47Je perds entre 4 et 6 kilos, ce qui est complètement aphysiologique à la fin.
02:51Pour des raisons d'organisation, de timing, pour soulager mes parents et ma belle-mère,
03:01c'était plus simple de faire comme ça.
03:03Donc ça a été très dur.
03:05C'est dur, mais quand vous remportez cette médaille,
03:08j'imagine que Nicolas, Loïc, Daphné, c'est à eux que vous pensez tout de suite ?
03:12Oui, dès que la compétition a été finie,
03:15que j'ai pu aller jusqu'au bout de ce que je voulais faire,
03:18et que je n'ai pas de regrets, j'avais qu'une envie,
03:20c'était de les rejoindre dans les gradins et de les serrer très très fort dans mes bras.
03:23Ce que j'ai pu faire, et j'attendais vraiment avec impatience ce moment.
03:27Et ce moment, il était prévu à la fin de la journée, et pas avant.
03:31Et il est arrivé.
03:32Et il est arrivé, c'était fantastique.
03:34Sambrine, votre fille a raconté aujourd'hui ce qu'elle avait été étonnée du monde
03:37qui était là pour encourager sa maman.
03:39Parlez-nous de cette ambiance.
03:40Vous avez tout connu, on l'a dit, vous avez connu.
03:42Si je pars à l'Olympique, l'ambiance est dingue ici à Paris.
03:46C'était extraordinaire.
03:47C'était quelque chose à vivre.
03:49Et moi, j'ai essayé de vivre chaque instant à fond et de profiter de cette journée.
03:53Et vraiment, ça m'a transportée.
03:56Quand je suis arrivée dans l'aréna,
03:59je ne savais pas ce qu'il allait se passer par rapport à cette émotion que j'allais ressentir.
04:03Est-ce que j'allais avoir le cœur qui battait la chamade ?
04:06Est-ce que j'allais perdre ma concentration ?
04:08Est-ce que j'allais être inhibée ?
04:10Est-ce que j'allais en faire trop parce qu'on a trop envie d'y aller et de donner tout à ce public ?
04:16Ou est-ce que j'allais surfer sur la vague
04:19et profiter d'une manière tellement positive de ces encouragements ?
04:25Et c'est ce qui s'est passé.
04:26J'ai pu garder mon focus et vraiment utiliser ce public à bon escient.
04:31Et ça m'a vraiment aidée sur la demi-finale notamment,
04:33qui a été très compliquée, très rude,
04:35où j'ai dû aller chercher des ressources vraiment lointaines.
04:38Et là, pour le coup, le public m'a vraiment aidée.
04:40Et c'était incroyable.
04:42Et franchement, ça, vivre, c'était fantastique.
04:44Et je ne regrette rien du tout, même si ça a été très, très dur d'être là.
04:48Claire.
04:49Et du coup, Sandrine, vous l'avez dit, c'est la seule médaille d'argent que vous savourez.
04:52Les autres ont été plus amères.
04:53On se souvient qu'à Tokyo, vous étiez tellement déçue
04:56que vous aviez même mis un terme à votre carrière.
04:58Finalement, vous avez décidé de revenir pour les Jeux de Paris.
05:01Est-ce que du coup, là maintenant, ça vous donne envie de reprolonger jusqu'à Los Angeles ?
05:05Je ne sais pas jusqu'où j'irai. Je ne vais pas arrêter tout de suite.
05:08Ah, c'est que des vacances.
05:10Oui, je vais prendre un bon repos mérité et vraiment fêter cette médaille dignement.
05:15Je ne sais pas jusqu'où j'irai, mais je n'ai pas encore envie d'arrêter.
05:18Est-ce que j'irai jusqu'à Los Angeles ? Je ne sais pas.
05:21Par contre, ce qui est sûr, c'est que si j'ai pu faire Paris,
05:24c'est aussi parce qu'on m'en a donné les moyens,
05:26parce que j'ai réussi à intégrer l'armée de champions,
05:29qui m'a permis de me libérer de mon travail de kiné que j'adore,
05:32mais qui devenait impossible à gérer,
05:35vu le niveau et l'exigence de performance qu'on a maintenant en tant que para-athlète.
05:42Vous avez souligné que malgré tout le palmarès de Sandrine,
05:45elle a vraiment eu beaucoup de mal à avoir des gens qui la soutenaient pour son projet.
05:49C'est aussi une des raisons pour lesquelles vous aviez décidé d'arrêter après Tokyo.
05:52Donc voilà, il faut aussi les aider, ces champions.
05:54Tout à fait, et je remercie vraiment l'armée, mes mécènes, mes partenaires,
06:01ma fédération, mon club, le PSG.
06:03Je remercie tout le monde parce que c'est grâce à eux.
06:06Et à partir du moment où on m'a donné les moyens d'eux,
06:10j'ai tout donné derrière et j'ai une belle médaille aujourd'hui autour du cou.
06:14Et on rappelle que le para-judo aussi, c'est structuré, c'est professionnalisé depuis Tokyo.
06:18On est très heureux de savoir que ce ne sont que des vacances bien méritées
06:21que vous allez avoir et qu'on va vous retrouver très vite en tout cas.
06:23Merci beaucoup Sandrine.