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Tous les jours de la semaine, invités et chroniqueurs sont autour du micro de Pierre de Vilno pour débattre des actualités du jour. Ce jeudi 5 septembre 2024, retour sur la nomination de Michel Barnier au poste de Premier ministre.
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Transcription
00:00Décryptage pendant ces deux heures de cette arrivée à Matignon de Michel Barnier avec Antonin André.
00:09Bonsoir Antonin, bonsoir Pierre, chef du service politique du journal du dimanche,
00:12bonsoir Alexandre Malafaille, bonsoir Pierre de Villeneuve, fondateur du think-tank Sinopia.
00:17Écoutez Michel Barnier, il y a donc quelques instants à Matignon lors de son discours.
00:22Nous sommes dans un moment grave. J'aborde cette période,
00:26cette nouvelle page qui s'ouvre avec beaucoup d'humilité. Il faudra dire la vérité et je
00:33dirai la vérité. Je pense aux français de métropole, aux français de l'outre-mer,
00:39aux français de l'étranger qui ont un besoin et expriment un besoin de respect, d'unité et
00:47d'apaisement. Je ferai tout pour être à la hauteur de leur attente et de leur espérance.
00:54Michel Barnier qui arrive donc après 53 jours d'attente d'un nouveau locataire de Matignon.
00:59Bonsoir Benjamin Haddad.
01:00Bonsoir.
01:02Merci d'être avec nous. Vous êtes député ensemble pour la République de Paris.
01:05Comment est-ce que vous appréciez cette arrivée de Michel Barnier à Matignon ?
01:09Écoutez, je crois que Michel Barnier est une personnalité qui suscite le respect. Il a un
01:15parcours d'expérience, c'est un négociateur chevronné au niveau européen. Je crois qu'aujourd'hui
01:21on a effectivement besoin de dialogues, de respect, d'apaisement, d'autorité aussi dans
01:26notre pays. Le président républicain a consulté, il a consulté toutes les forces politiques. De
01:32fait le parti socialiste, la gauche, a refusé la nomination de Bernard Cazeneuve. Michel Barnier,
01:38je crois, était effectivement la meilleure option pour pouvoir dégager des majorités,
01:43pour avancer, pour réunir les bonnes volontés et faire avancer le pays. Moi je soutiens notre
01:50famille politique Renaissance, entame un dialogue avec le nouveau Premier ministre sur les priorités
01:56pour pouvoir agir maintenant et se mettre au travail. Les priorités, il les a annoncées,
01:59en tout cas sommairement. Il a dit aussi il y aura des changements et des ruptures. Est-ce que
02:04ça vous inquiète ? Mais c'est ce qui est attendu par les Français. Soyons humbles, nous n'avons pas
02:08gagné les élections législatives. C'est pour ça d'ailleurs que dès le début, on a dit que le
02:11Premier ministre ne pourrait pas être issu de notre famille politique. Et bien sûr, je crois
02:15qu'un changement de méthode est attendu. Michel Barnier a parlé de dialogue avec les forces
02:19politiques, avec les syndicats, avec le Parlement. L'une des demandes, je pense, qui a été exprimée
02:25par les Français lors des élections législatives ces dernières années aussi, c'est moins de
02:29verticalité dans la pratique du pouvoir qui a été la pratique usuelle de la Ve République,
02:33très centralisée, très personnalisée, et de mettre plus de dialogue et d'horizontalité. C'est ce
02:41qu'on a entendu de la part de Michel Barnier. Il a porté une expérience vraiment intéressante
02:45dans l'agriculture politique, du conflit, de la violence, du jeu insomnu, de la confrontation.
02:49Là, je crois aujourd'hui que les Français, quelle que soit d'ailleurs leur couleur politique,
02:53nous demandent de nous mettre d'accord, de nous mettre autour de la table, de trouver des solutions,
02:56d'arrêter les chamaneries politiciennes. Y compris avec Marine Le Pen, qui a dit qu'elle
03:01sera très attentive au discours de politique générale de Michel Barnier. Oui, alors moi,
03:08vous savez que je combats le projet politique de Marine Le Pen. Je pense qu'il est dangereux sur
03:12le plan économique. Je combats sur le plan européen, sur le plan international. Maintenant,
03:18le Premier ministre, il doit répondre à tous les Français. Il doit répondre aux attentes
03:21qui ont été exprimées par tous les Français lors des élections législatives. Et donc,
03:24sur les questions d'autorité, de sécurité, sur les questions d'enforcement de la réponse pénale,
03:29sur les questions de maîtrise de l'immigration. Je veux vous dire, on l'a entendu dans toutes nos
03:35circonscriptions de Français, quelle que soit leur étiquette politique. Y compris à gauche,
03:39le texte sur l'immigration qui avait été passé par notre majorité il y a quelques mois, il était
03:44soutenu par près de 80% des Français. Y compris des Français qui votent pour le Nouveau Front
03:48Populaire. Donc, ce sont des préoccupations majeures qui sont partagées et auxquelles il
03:51faudra répondre. Mais Benjamin Haddad, vous conviendrez que si Michel Barnier est à Matignon,
03:56c'est aussi indirectement grâce à Marine Le Pen qui a fait savoir qu'elle ne censurerait pas,
04:01ce qui n'était pas le cas notamment d'Oxavier Bertrand. Donc, vous avez beau combattre Marine
04:05Le Pen, elle est quand même là quelque part dans le secteur, elle n'est pas loin.
04:09Mais soyons clairs, qui est responsable de cette situation ? C'est les forces du Nouveau Front
04:16Populaire, à commencer par les forces à priori modérées républicaines, les socialistes,
04:20les écologistes, les socialistes qui ont exprimé leur opposition au fait d'avoir un Premier ministre
04:26Bernard Cazeneuve, issu de leur rang, avec un discours de gauche, de gauche laïque.
04:33Est-ce que le président Macron n'est pas responsable aussi, avant,
04:37dans le calendrier, avec sa dissolution ? Bien sûr que la dissolution et puis après les
04:42résultats des élections font qu'on avait un Parlement qui était dans une situation assez
04:46inédite et plus complexe que d'habitude. Personne n'avait gagné les élections législatives. C'est
04:50pour ça que le Président a pris le temps d'écouter, de consulter, de parler à toutes
04:54les forces politiques, de consulter deux anciens présidents de la République, différents candidats.
04:58Les socialistes ont refusé, encore une fois, c'est une situation assez invraisemblable quand
05:03on y pense, ont refusé la nomination d'un Premier ministre socialiste, ont annoncé qu'ils le
05:08censuraient. Moi je le regrette. Je demande vraiment aux socialistes, est-ce que vous considérez que
05:12vous avez plus de valeurs en commun avec la France insoumise, avec Madame Hassan, avec
05:18Monsieur Thomas Porte ? Est-ce que c'est avec ces gens-là que vous voulez gouverner ou est-ce que
05:22vous êtes prêt maintenant à vous mettre autour de la table et avancer pour trouver des solutions
05:26concrètes aux problèmes des Français ? Ça c'est la question qui va être posée aussi à la gauche
05:30social-démocrate dans les prochains jours. Benjamin a-t-il des questions pour vous d'Antonin
05:33André ? Oui, pour autant, pour rebondir sur ce que disait Pierre de Villeneuve, il y a quand même un
05:37paradoxe qui est assez frappant, c'est que le Rassemblement National contre lequel le Front
05:42Républicain s'est érigé, aujourd'hui, a un pistolet sur la tempe de Michel Barnier et de la majorité.
05:49C'est-à-dire qu'elle ne censure pas dans les médias, mais en réalité, dès qu'elle souhaitera
05:55avoir la tête de Michel Barnier, elle l'obtiendra. Et en ce sens, il y a quand même une sorte de pacte
06:02du diable entre Emmanuel Macron, qui s'était engagé à ce qu'on ne vote plus pour les extrêmes,
06:07et le Rassemblement National. Et c'est par cette alliance-là, tacite, qu'aujourd'hui,
06:12eh bien Michel Barnier est nommé. Ça, vous êtes un peu obligé de l'assumer, on sent bien que ça
06:16vous gêne, mais c'est bien la réalité. Non, mais moi je crois qu'il faut qu'on sorte des débats de
06:21politique tactique qui n'intéressent personne. Pourtant, pardonnez-moi, nous sommes dans le
06:25milieu du débat, là. Non, mais la seule réponse, mais non, pas du tout, la seule réponse, fondamentalement,
06:31c'est le rapport que ce nouveau gouvernement pourra construire avec les Français. Est-ce qu'il est
06:37capable de répondre aux attentes des Français, qui sont très élevées, sur le pouvoir d'achat,
06:40sur la sécurité, sur l'immigration, sur le nouveau type de méthode ? Et de cette relation avec les
06:47Français, de cette capacité à répondre à leurs attentes, cela découlera aussi ce que fera
06:51l'Assemblée Nationale et ses représentants. Donc, le Premier ministre a raison de dire que, maintenant qu'il
06:56faut se mettre au travail, pour le faire dans une optique d'humilité, de dialogue et de respect, de parler à tout
07:01le monde. Mais une fois de plus, moi je me répète, mais je voudrais quand même rappeler, la responsabilité
07:06de la gauche de gouvernement, et en particulier du Parti Socialiste, qui pourrait précisément éviter
07:13la situation dont vous parlez. Et il n'y aura pas d'ailleurs que le vote de la censure de la Déclaration
07:18Politique Générale, et dans les semaines qui viennent. Est-ce qu'on peut bâtir un budget ensemble à
07:22l'Assemblée Nationale ? Est-ce qu'on peut, après, proposer des textes qui dégageront des majorités
07:27transpartisanes ? Moi, encore une fois, je le souhaite.
07:29Une dernière question d'Alexandre Malafaille pour vous.
07:32Pour beaucoup de Français, quand même, tout ça va se résumer à « tout ça pour ça ». C'est-à-dire que ça fait
07:36quatre mois qu'on cornerise le RN dans tous les compartiments possibles de l'isolement, la vie politique
07:42française, et au bout du compte, c'est Marine Le Pen et le RN qui est un peu faiseur de roi ou menace
07:46d'être défaiseur de roi à Matignon. Sur quels projets, sur quels textes, sur quelles idées pensez-vous
07:52que vous serez capable de faire des compromissions, ou en tout cas de mener des négociations, comme
07:57pourra le faire M. Barnier ? Sur quelles lignes pensez-vous pouvoir dealer avec Marine Le Pen et
08:01le RN pour éviter, en effet, la censure ? Non, mais il ne s'agit pas de dealer avec Marine Le Pen.
08:07Encore une fois, il s'agit de répondre aux problématiques. Donc, la question des services publics, de la valorisation
08:12du travail, du renforcement de la réponse régalienne de notre pays. Et puis, je pense, une fois de plus,
08:19je crois que le ton va compter. Je pense que la façon dont on parle aux Français, dont on se parle
08:24entre nous là-dessus, d'ailleurs, Gabriel Attal l'a très bien dit dans son beau discours, en parlant
08:30aussi d'une politique française qui est malade, mais sans fatalisme. Moi, je suis assez optimiste pour cette période.
08:38Je crois que c'est un moment où, au contraire, on peut transformer notre culture politique française.
08:41On l'a fait dans le passé, vous savez, lors de la Troisième République, on a eu des très grandes lois,
08:46comme la loi sur la laïcité par exemple. En tout cas, vous êtes optimiste, vous êtes optimiste,
08:50Benjamin Haddad, alors que 57% des Français ne font pas confiance à Michel Barnier, résultat d'un
08:54sondage CSA Europe 1, CNews, JDD. On garde votre optimisme. Malheureusement, on va devoir écourter
08:59cet entretien. Merci beaucoup d'avoir été avec nous, M. le député, Ensemble pour la République de Paris.
09:04Dans un instant, on leur appelle des titres de l'actualité et on continue effectivement d'évoquer
09:08cette passation de pouvoir à Matignon avec Laure Lavallette, députée RN de Toulon et du Var,
09:13qui nous attend d'ici dix minutes. A tout de suite sur Europe 1.

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