Véronique Jacquier : «On a tendance à minimiser les actes anti-chrétiens»

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La journaliste Véronique Jacquier était l’invitée de La Matinale ce mercredi 4 septembre sur CNEWS. Elle s’est exprimée au sujet de l'incendie qui a visé l'église de St-Omer : «On a tendance à minimiser les actes anti-chrétiens»

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00:00Évidemment, on a tendance à minimiser les actes anti-chrétiens pour deux raisons.
00:03La première, d'abord, ça, c'est du factuel, c'est-à-dire qu'effectivement, il y a peu de réponses politiques.
00:08On a vu passer le tweet, un petit tweet de Gérald Darmanin, qui est quand même ministre de l'Intérieur,
00:14donc ministre des cultes des missionnaires, Rachid Haddati, ministre de la Culture, Jordan Bardella.
00:21Et puis, silence radio. Et puis, sur le plan des sanctions, eh bien, on voit qu'il y a de plus en plus
00:28d'églises incendiées, d'églises profanées, d'églises souillées. Et puis, très peu d'enquêtes qui vont jusqu'au bout.
00:34Et là encore, très peu de sanctions.
00:36Pourquoi ? Pourquoi les enquêtes ne vont pas au bout ? Parce que ça n'intéresse pas grand monde ?
00:39C'est quoi le... Comment ça se fait ? Comment vous l'expliquez ?
00:41Alors, il y a plusieurs facteurs. Tout d'abord, si l'on prend le cas de Saint-Omer, parce que tous les cas ne sont pas semblables.
00:49Si l'on prend le cas de l'homme de Saint-Omer, mis en examen 39 ans, originaire de la région,
00:56condamné pour huit faits similaires, et il viennait de sortir de prison, où il était incarcéré depuis 2021,
01:03notamment pour avoir visé cinq églises et avoir volé des objets de culte.
01:09Alors là, ça ne veut pas dire qu'on a minimisé l'affaire.
01:11Mais on voit bien que quand on a quand même un profil de pyromane comme ce dernier,
01:15on n'est pas capable de le suivre et de faire en sorte qu'il ne recommence pas.
01:20Le deuxième fait, c'est qu'on ne communique jamais sur les chiffres ou sur ce qui arrive.
01:25Il y a un silence médiatique, à part sur ces news, qui est absolument sidérant.
01:30En un an, il y a quand même 40 églises qui ont complètement brûlé et qui ont été réduites en cendres.
01:34Il y a une épidémie, si j'ose dire, d'églises de toute façon qui sont régulièrement taguées,
01:40dont les murs sont régulièrement tagués, qui sont régulièrement visités.
01:44Cet été, par exemple, pas mal d'églises ont été vandalisées parce que des personnes cherchaient de l'argent liquide dans les troncs,
01:50vous savez, où vous mettez les petites pièces pour les bougies.
01:52Il y a aussi la foudre qui s'emmêle.
01:55Cet été, on a quand même en deux jours le toit de l'église de Saint-Georges-de-Descartes en Indre-et-Loire qui est parti en fumée.
02:01C'est quand même l'endroit où le philosophe Descartes a été baptisé.
02:04Vous en avez entendu parler ? Non.
02:06Deux jours avant, il y avait l'église Notre-Dame de Drôné dans la Marne qui a été très abîmée par les flammes.
02:11C'était une église en colombage.
02:13Et là aussi, elle datait du XVIe siècle, silence radio.
02:18On assiste aussi, bien entendu, à des calvaires qui sont abîmées.
02:23Il y a des élus qui s'indignent, évidemment, à titre local, mais ça ne va guère plus loin.
02:28Pour deux raisons.
02:29Tout d'abord, parce qu'il y a souvent des enquêtes de gendarmerie, mais qui ne prennent pas les choses très au sérieux.
02:35Parce que quand vous profanez une église, pour un gendarme, on est rentré dans un édifice et puis…
02:40Oui, on a mis quelque chose, c'est pas très grave, ça va pas au-delà.
02:43On a mis par terre le ciboire avec les hosties.
02:45Pour un catholique, ça a une valeur évidemment infinie, parce que c'est le corps du Christ qu'on a profané.
02:51Et puis, il y a un silence radio, mais un silence culturellement français.
02:56C'est-à-dire que l'interdit moral qui protégeait les lieux de culte a volé complètement en éclats.
03:00Il n'y a plus rien de sacré.
03:01On est dans l'ère du wokisme absolu.
03:03On ratiboise tout.
03:04Et puis, on voit des générations entières qui sont complètement acculturées, qui sont complètement déchristianisées.
03:11Donc, quand on touche à une église, il ne faut pas croire, mais ça n'émeut plus tant que ça.
03:16Véronique, Jacquier, que vous disent les prêtres avec qui vous discutez ?
03:19Qu'est-ce qu'ils en pensent, les curés particulièrement dans les paroisses ?
03:23Les prêtres sont effondrés justement du manque de réaction médiatique, du manque d'indignation politique,
03:29du peu de cas qu'on fait finalement de la religion chrétienne et du sort de leurs voyes.
03:35Alors maintenant, sur le plan politique, est-ce qu'il y a vraiment une réponse ?
03:39Parce que c'est bien de les accuser, mais après, il faut se demander quand même s'ils sont à la hauteur.
03:42Alors, il faut se souvenir qu'il y a eu un rapport du Sénat en 2022
03:47qui pointait le fait qu'il y avait 5 000 édifices religieux qui étaient en grand danger en France.
03:52Et souvenez-vous, à l'époque, on en avait parlé parce que Roselyne Bachelot, ancienne ministre de la Culture,
03:56avait dit « Ah bah oui, c'est comme ça, il faut accepter qu'ils soient transformés en salles d'alpinisme ou autre ».
04:01Et il y a surtout, plus que de la christianophobie, selon moi, de la christiano-mépris, du christiano-mépris.
04:09Pourquoi ? Parce que, par exemple, la sénatrice Valérie Boyer a demandé à plusieurs reprises
04:12une commission d'enquête parlementaire, émanant donc de l'Assemblée nationale,
04:16pour mener une véritable enquête sur le profil des incendiaires,
04:19sur le nombre de lieux de culte véritablement abîmés et sur la réponse politique à apporter.
04:25Demande d'enquête parlementaire en 2015, en 2019, en 2023.
04:29Chaque fois, on lui dit « Non, non, c'est pas la peine, ça sert à rien, on n'en a pas besoin ».
04:32Voilà donc, plus que de la christianophobie, du christiano-mépris.

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