La messagerie cryptée Telegram mise au pas ? - Chocs du monde avec Frédéric Aigouy - Vidéo Dailymotion

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Pour ce nouvel épisode de "Chocs du monde", Édouard Chanot reçoit le journaliste indépendant Frédéric Aigouy. L’arrestation puis la mise en examen de Pavel Durov n’est pas un fait divers. Le créateur de la messagerie cryptée Telegram, d’origine russe, garantissait la sécurité des échanges… au point de sembler incontrôlable. La justice l’accuse de complicité d’escroquerie ou de diffusion d’images pédopornographiques… une affaire qui éclate de surcroît alors que la confrontation informationnelle entre l’Occident et la Russie bat son plein. Alors Durov est-il une victime ou un salaud ? Est-il un garant de nos libertés fondamentales ou menace-t-il notre sécurité ?

Transcript

00:00Bonsoir à tous et bienvenue dans Choc du Monde, le magazine des crises et de la prospective

00:27internationale de TVL Magazine qui je le rappelle est devenu hebdomadaire, je vous donne donc

00:31rendez-vous désormais tous les mards d'histoire.

00:34Bref, c'est l'affaire de la fin de l'été, ce qui révèle une confrontation titanesque

00:40entre les Etats et les nouveaux moyens d'expression ou de communication portés par les géants

00:45de la tech.

00:46L'arrestation le 24 août et la mise en examen le 28 août de Pavel Dourov, le génial

00:51fondateur de la messagerie cryptée Telegram, n'est pas qu'un simple fait divers.

00:57Est-il une victime ? Ou est-il un salaud ? Est-il un garant de nos libertés ? Où nous faut-il

01:02plus de sécurité ? Et bien pour en parler, je reçois le journaliste indépendant Frédéric

01:07Aigui qui se fait remarquer sur les réseaux sociaux pour ses vues alternatives.

01:12Frédéric Aigui, bonsoir.

01:13Bonsoir, merci de me recevoir.

01:14Et merci d'avoir répondu présent à l'appel de Choc du Monde.

01:17Sans plus tarder, Frédéric Aigui, Telegram pour ou contre ?

01:21Complètement pour.

01:22C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on a besoin de moyens d'expression où une certaine liberté

01:28existe.

01:29C'est-à-dire qu'on voit bien un resserrement dans l'espace de la liberté d'expression,

01:35justement, via la censure.

01:36Les réseaux sociaux, quand ils ne sont pas contrôlés, permettent encore ça.

01:40C'est le cas avec X qui a été racheté par Elon Musk.

01:45C'est aujourd'hui le cas aussi par Telegram.

01:48Donc bien sûr, c'est un outil à défendre aujourd'hui.

01:50Vous utilisez Telegram quotidiennement ?

01:51Oui, je l'utilise, oui.

01:53Alors, Duroff, victime ou salaud, selon vous, nous allons y répondre.

01:57Mais pour que tout soit clair, je vous propose un rapide résumé des premiers jours de cette affaire.

02:02Pavel Duroff, le patron de la messagerie Telegram aux 900 millions d'utilisateurs dans le monde,

02:09était autant courtisé que suspecté par la France.

02:12Arrêté le 24 août dernier à l'atterrissage de son jet privé au Bourget, il a été entendu

02:18par la justice française le 28 août et mis en examen.

02:22Il lui est reproché un refus de communiquer les informations nécessaires à l'identification de criminels.

02:29Ainsi, se voit-il accusé de complicité de diffusion d'images pédopornographiques,

02:34de blanchiment, d'escroquerie et de trafic de stupéfiants.

02:38Et, bien que libéré, il s'est vu imposer un cautionnement de 5 millions d'euros

02:43et une interdiction de quitter le territoire.

02:47Mais tout n'a pas l'air si simple.

02:49Selon le Wall Street Journal, Emmanuel Macron a déjeuné à plusieurs reprises avec Duroff en 2018

02:55pour lui proposer d'installer le siège de son application en France.

02:59Une offre déclinée par celui-ci, bien qu'il ait obtenu la nationalité française en 2021.

03:05Or, Duroff a dans le même temps été ciblé par une opération des services français et saoudiens

03:12qui ont, toujours selon le Wall Street Journal, piraté son iPhone.

03:17La semaine dernière, selon Le Parisien, il aurait affirmé, lors de sa garde à vue,

03:21avoir contribué à déjouer des projets d'attentat et collaborer avec les services français

03:26avant les Jeux Olympiques de Paris.

03:29Duroff aurait néanmoins déclaré avoir délibérément limité sa collaboration au seul cadre antiterroriste.

03:36De quoi mécontenter les enquêteurs, mais se voir aussi érigé en héros de la liberté de communication.

03:42Alors Frédéric Agoui, est-ce selon vous une affaire juridique, une affaire politique ou une affaire d'espionnage ?

03:52Alors un peu d'étroit. C'est-à-dire qu'on a bien vu, vous l'avez présenté, le volet juridique.

04:00Donc on voit ce qui est reproché à Pavel Duroff.

04:03Ce qui lui est reproché pourrait être reproché en fait à n'importe quel géant de la tech.

04:08C'est-à-dire qu'aujourd'hui, si vous prenez Free, c'est le plus grand hébergeur de contenus pédopornographiques au monde.

04:16Si vous prenez Instagram de Mark Zuckerberg, c'est l'endroit rêvé où se vendent les contenus pédopornographiques.

04:25C'est une plateforme pour la vente de ces contenus-là.

04:30Donc si vous voulez, ce qu'on reproche à Pavel Duroff, officiellement en tout cas,

04:35vous l'avez dit effectivement, c'est 1, de ne pas avoir suffisamment collaboré avec les autorités françaises,

04:45et 2, de ne pas avoir livré les clés de chiffrement de son application.

04:50Ça, c'est le reproche qu'on lui fait. Mais il faut bien voir que c'est un reproche de façade,

04:58parce que Pavel Duroff a effectivement collaboré avec les autorités.

05:03Il a un collaboré. Il avait un service dédié sur son application, un canal dédié de communication avec les services de renseignement français,

05:14justement, effectivement, pour la lutte antiterroriste. Et donc aujourd'hui, on voit passer dans la presse,

05:20pour essayer, qui a toujours choisi son camp, c'est-à-dire qui est toujours du bon côté de la pièce,

05:25c'est-à-dire du côté des autorités françaises, qui est en train de lui reprocher effectivement son manque de coopération

05:31dans d'autres affaires, notamment ici des affaires sordides, de pédopornographie, etc.

05:37Mais Pavel Duroff, sa défense, c'est de dire « Oui, mais alors, très bien, mais vous savez, nous, on a 900 millions d'utilisateurs.

05:43Et donc, effectivement, si on ne passe pas par les canaux dédiés, vos informations, vous n'êtes pas les seuls à nous poser des réclamations.

05:51Et donc, elles peuvent effectivement passer à la trappe. »

05:54Alors, en fait, selon Le Parisien, l'affaire, le dossier plutôt, le dossier a pris de l'ampleur en février dernier, donc il y a 6 mois,

06:00alors que les policiers de l'Office des mineurs ont essuyé, je cite, « plusieurs dizaines d'échecs à la suite de réquisitions adressées à Telegram,

06:07après avoir découvert donc, comme vous le dites, des images pédocriminelles, je cite, insoutenables.

06:12Ce n'est pas rien quand même, je pense que vous l'admettrez aisément, Frédéric, mais nous avons aussi appris, d'ailleurs, il y a 48 heures,

06:19que les autorités québécoises ouvraient une enquête contre Telegram pour diffusion de deepfakes pornographiques impliquant 60% de mineurs, etc.

06:26Pour que tout soit clair, ne faut-il pas lutter aussi contre ça, ou enjoindre ces géants de la tech à les refuser ?

06:33— Bien sûr. Non mais évidemment, la question ne se pose pas. Maintenant, il faut bien voir comment lutter contre ça.

06:39Est-ce que vous considérez aujourd'hui que Facebook, que Mark Zuckerberg luttent suffisamment contre ça,

06:45ou est-ce que lui aussi mérite-t-il d'être arrêté par les autorités parce qu'il n'aurait pas fait suffisamment,

06:49parce que finalement, ces contenus-là s'échangent toujours sur ces plateformes, et sont les plateformes majeures, principales où s'échangent ces contenus-là ?

06:55Donc si vous voulez, à mon sens, cette histoire-là témoigne plus d'autres choses. Donc quand vous posez la question

07:02« est-ce qu'elle est judiciaire ou politique ? », il y a évidemment derrière un volet éminemment politique.

07:07C'est-à-dire que Telegram, aujourd'hui, c'est une application qui est extrêmement importante, extrêmement influente dans la sphère d'influence, justement, du monde russe.

07:18Et elle importe beaucoup pour des services de renseignement, notamment, qui pourraient avoir des choses à faire là-bas.

07:25Et vous pensez que c'est la cause, que c'est un enjeu géostratégique entre les États occidentaux et des puissances plus...

07:32Enfin, en tout cas, des intérêts qui sont plus liés à Moscou ou à la Russie ?

07:36Alors c'est absolument évident. Si vous voyez le travail de la CIA... Alors on va faire un petit historique de Telegram et de Pavel Dourov.

07:44À la base, s'il a reçu la nationalité française, s'il était si bien perçu par les chancelleries occidentales, c'est qu'en 2013,

07:52quand il avait monté VKontakt, qui est un Facebook russe, et sur VKontakt, au moment de Maïdan, donc de la révolution ukrainienne,

08:02le FSB lui a demandé des renseignements sur deux groupes ukrainiens qui sont Patriot for Ukraine et Ukrainian Defense.

08:14Enfin, peu importe. Deux groupes ukrainiens. Et il a refusé de donner des informations relatives à ces groupes.

08:21Alors évidemment, on comprend très bien, maintenant qu'on a suivi Maïdan, etc., on comprend très bien pourquoi le FSB était aussi intéressé là-dessus.

08:27Pavel Dourov n'a pas cédé. Ce qui fait que ce qui lui a donné une aura certaine auprès des chancelleries occidentales, qui ont peut-être cru à tort...

08:35— Une étiquette de libertariens, aussi. — Tout à fait. De libertariens. Mais du coup placés d'une certaine manière en opposition au gouvernement russe.

08:43Ce qui, évidemment, intéressait beaucoup nos chancelleries à nous. C'est pour ça qu'Emmanuel Macron a essayé de le ramener un peu dans son giron.

08:52Mais ils se sont trompés sur son compte. C'est qu'effectivement, l'idéologie libertarienne, elle est valable pour tout le monde.

08:59C'est-à-dire qu'il va pas faire de cadeau non plus au gouvernement français si le gouvernement français fait des demandes

09:06qui sont aussi discutables que celles du gouvernement russe. Et donc juste pour revenir sur l'enjeu stratégique dans lequel compte Télégramme

09:18dans le monde d'aujourd'hui, c'est pour dire que c'est un outil d'influence qui n'a pas de comparaison dans le monde d'aujourd'hui du monde russe.

09:31C'est-à-dire que si vous vous placez dans la peau de la CIA ou de n'importe quelle agence de renseignement américaine, avoir un pied dans cette plateforme-là

09:40qui permet du coup dans laquelle tout le monde russe... C'est-à-dire que si vous allez dans les coins de Georgie, de Moldavie, etc.,

09:49dans tous les groupes d'opposition, de la même manière que sur VContact, vous avez les groupes ukrainiens, vous avez les groupes d'opposition russe

09:57qui sont sur cette plateforme-là et que, évidemment, ça intéresse beaucoup les agences de renseignement occidentales.

10:03Le Kremlin s'est dit, je cite, inquiet d'une potentielle persécution politique. Est-ce un tacle ou est-ce plus profond que ça ?

10:09Je pense que c'est une manière aussi de montrer le deux poids deux mesures de ce qui est en train de se jouer.

10:17Quand Pavel Dourov refusait les demandes du FSB et quand il a fini par quitter la Russie, on a eu toutes les ONG, après en 2018, etc.,

10:27qui sont venues et qui sont venues dénoncer l'action du gouvernement russe. Aujourd'hui, quelles ONG vont dénoncer l'action du gouvernement français

10:34alors que c'est concrètement exactement la même chose que nous faisons ? Il n'y en aura évidemment aucune.

10:39Il y a cette légitimité absolue que nous avons évoquée, de la pédocriminalité, etc. Forcément, ça rend les choses un peu moins manichéennes.

10:46On a l'impression tout de suite de nous ranger du côté de la sécurité.

10:50Oui, mais encore une fois, Dimitri Peskov a fait une réflexion intéressante à ce sujet-là.

10:57Quand on lui a demandé ce qu'il pensait de l'arrestation de Dourov, il a répondu que si demain, des terroristes utilisent une Renault Mégane,

11:10est-ce que vous allez arrêter le patron de Renault ? Voilà, c'est un peu le sens de la réflexion.

11:15Je vais revenir sur la question de l'espionnage parce qu'évidemment, cette affaire, comme je le disais, n'est pas qu'un fait divers.

11:21Ce n'est pas un fait divers. La piste de l'espionnage fait beaucoup jaser. Dourov était accompagné à son arrivée à Paris d'une jeune femme,

11:28Julia Vavilova, coach en crypto-monnaie, âgée de 24 ans. Selon plusieurs médias, EA Daily, dont la crédibilité est peut-être discutable,

11:37elle serait une agente du Mossad. Je n'ai trouvé aucune preuve, mais évidemment, cette thèse a été reprise par des centaines d'autres médias

11:43qui ont fouillé ses comptes Instagram et remarqué qu'elle se trouvait souvent au même endroit que Dourov.

11:48D'ailleurs, Paris Match les a photographiés ce week-end sur les Champs-Elysées. Alors, des rumeurs folles, il y en a eu d'autres.

11:53Un contrat de 4 ans à rafale a été éventuellement annulé par les Émirats dans la foulée de l'arrestation.

11:59Pourquoi une telle obsession devant cette affaire ? Pourquoi de telles rumeurs, à votre avis, Frédéric Aigus ?

12:06Moi, je pense que parce que personne ne croit à la version officielle qui nous est vendue, qui est effectivement, d'une part,

12:13déjà penser qu'Emmanuel Macron n'est pas au courant de cette histoire. Alors, effectivement, normalement, il y a la séparation des pouvoirs.

12:19La justice est indépendante dans notre pays. On peut y croire ou pas.

12:22Vous avez votre avis. Alors, je rappelle justement que Le Canard Enchaîné a publié le lendemain ou le surlendemain de l'arrestation de Dourov

12:31que celui-ci avait déclaré aux enquêteurs avoir été attendu à l'Élysée pour dîner avec Emmanuel Macron.

12:37L'Élysée a évidemment nié et renvoyé ça à l'indépendance de la justice.

12:42Oui, tout à fait. Pavel Dourov, après lui-même, a dit qu'il avait contacté Xavier Niel, l'oligarque proche de Macron.

12:50Niel qui s'est refusé à tout commentaire. Effectivement, c'est sûr que là-dessus, on n'en sait trop rien.

12:57Mais bon, la version officielle selon laquelle Emmanuel Macron, qui lui a accordé la nationalité il y a maintenant de sa 4 ans

13:07et qui aujourd'hui ne serait pas au courant de son arrestation, c'est un peu imaginer, je ne sais pas, si demain,

13:11Elon Musk ou Zuckerberg arrivent et qu'on l'arrête en France, est-ce que vous pensez qu'Emmanuel Macron ne serait pas au courant ?

13:17C'est peu probable, sachant que derrière... Voilà, je reviens à ce que je disais tout à l'heure.

13:22C'est un enjeu... Telegram est un enjeu stratégique aujourd'hui, si vous voulez. C'est-à-dire que c'est le réseau d'influence

13:31de la sphère d'influence russe sur lequel, évidemment, les agences de renseignement occidentales sont intéressées.

13:37Alors vous avez décrit Pavel Dourov comme un libertarien qui rebelle à toute forme d'autorité étatique.

13:44On a l'impression qu'il y a quand même une guerre dans l'information le visant. C'est un constat objectif là-dessus.

13:50On a appris que Dourov était aussi visé par une plainte en Suisse pour violences sur l'un de ses enfants de 4 ans.

13:55L'une de ses anciennes compagnes, mère de trois de ses enfants, a déposé plainte contre lui en mars 2023.

14:00Alors on ne sait pas si c'est de la calomnie ou si on a vraiment affaire à un fou furieux.

14:04Quand on voit ses photos, il est systématiquement habillé en noir, il a des tonalités paranoïaques, etc.

14:09D'après mes sources, il fait vérifier sa nourriture où qu'il se trouve. Il dort seul, même si, comme nous l'avons vu, il est joliment accompagné,

14:16comme nous l'avons observé. Comment jugez-vous cette personnalité, cette personne, à proprement parler ?

14:22Alors moi, je n'ai pas de jugement sur sa personne. Je ne le connais pas. Donc si vous voulez, je regarde.

14:29Je veux battre sur les faits. Je regarde ce qu'il fait et je m'en tiens à ça, en fait.

14:34Donc pour l'instant, ce que je vois, ce qu'il fait, c'est qu'effectivement, certes, il a pas...

14:39Il était considéré comme, on peut dire, un opposant de Poutine parce qu'il n'a pas cédé au FSB.

14:43Mais ça ne veut pas dire pour autant, comme on l'a vu, qu'il ne travaillait pas aujourd'hui avec les services de renseignement français.

14:50Et au-delà de ça, donc là, c'est encore un autre volet parce que les deux volets-là ne touchent pas au DSA, donc à la censure des contenus sur sa plateforme.

15:00Mais ça ne l'a pas empêché, lui, de censurer des contenus, des contenus notamment après le rapport Viginome, si vous en souvenez bien.

15:08Non, pas du tout.

15:09Donc le rapport Viginome, qui est un rapport des autorités françaises dénonçant, comme souvent, comme toujours, la soi-disant désinformation sur, notamment, sur cette plateforme Télégramme.

15:21En avril dernier, donc.

15:22C'est ça. Et donc qui a visé, qui a demandé, qui a réclamé à Télégramme la fermeture de plusieurs chaînes d'information sur le Télégramme francophone.

15:31Et Télégramme s'est soumis à cette demande, ce qui n'est d'ailleurs pas la première fois, parce qu'ils sont déjà soumis à une demande similaire en 2020 au Brésil.

15:40La Cour suprême, déjà, comme ils sont en train de le faire avec X en ce moment, la Cour suprême avait demandé la suppression de contenus.

15:47Ils s'y étaient. Ils l'avaient fait. Et en Allemagne de la même année, ils avaient également supprimé des contenus sur des personnalités dites d'extrême-droite.

15:56Chacun, là aussi, se fait son jugement sur la question. Et sur les contenus dits anti-vax, chacun se fera aussi son avis sur la question là-dessus.

16:03Et ces contenus-là avaient été supprimés par Télégramme.

16:06C'est un reproche que vous faites à Dourhoff.

16:07C'est un reproche. C'est un constat, en tout cas. Et donc, ce n'est pas non plus le parangon de la liberté d'expression, comme on peut le vendre.

16:16Vous pensez qu'il a eu le choix ?

16:19Écoutez, si on va par là, non. C'est-à-dire que son choix aurait été visiblement, très probablement, de fermer ses activités en France.

16:28Ce qu'a fait Rumble, qui est une autre plateforme, on va dire une plateforme qui est similaire à YouTube, et qui, face aux demandes qui étaient les mêmes,

16:36les demandes du gouvernement français, qui est donc évidemment en plein délire totalitaire, qui a fait les mêmes demandes à Rumble,

16:43qui a demandé de fermer toutes les chaînes d'information, donc soi-disant de désinformation russe.

16:49Et Rumble a refusé et, contraint et forcé, a été obligé de fermer ses activités en France, parce que sinon, ils sont soumis à des amendes qui, évidemment, ne peuvent pas payer.

16:56Mais donc, ils sont partis de France.

16:58Ils ont perdu le marché européen, d'ailleurs, me semble-t-il. C'était toute l'Union européenne.

17:01Oui, tout à fait. Mais ce qui montre l'état de notre pays aujourd'hui, c'est-à-dire qu'on en est quand même…

17:07On a vraiment une attaque contre la liberté de la presse, la liberté d'expression, qui devient de plus en plus grande.

17:14Aujourd'hui, on en est à arrêter un patron d'un réseau social.

17:21Est-il visé par ce qu'il est – j'ai envie de dire, bon, c'est 900 millions d'utilisateurs, Telegram – mais peut-être le plus petit des réseaux sociaux,

17:29le moins puissant, le plus vulnérable par rapport à des géants comme Musk et X, Instagram, Facebook, Zuckerberg, etc.?

17:37On a l'impression quand même que Zouroff et son canal Telegram sont les plus vulnérables.

17:42Alors moi, je pense que s'ils sont visés, c'est par leur marché.

17:46C'est parce qu'ils ont un marché qu'on est aujourd'hui, qu'on le veuille ou non, dans une confrontation contre la Russie.

17:52C'est ce qu'ont décidé nos dirigeants. Donc c'est aujourd'hui la situation est ce qu'elle est.

17:57Et aujourd'hui, il faut voir ce que cherchent à faire les États occidentaux des réseaux sociaux.

18:03On l'a très bien vu avec Mark Zuckerberg. Mark Zuckerberg qui est venu et qui a avoué ce qui était un non-dit encore jusqu'à pas si longtemps,

18:12qui a avoué, qui a censuré des contenus, un, sur le Covid et deux, sur l'affaire Hunter Biden au moment de l'élection,

18:19sur demande spécifique des agences de renseignement.

18:24Donc c'est clairement une ingérence. Et on pourrait même aller au-delà. Et ça pourrait être pourquoi pas un coup d'État,

18:29vu que de toute façon, derrière, Biden a gagné. Donc est-ce que ça a eu une influence ou pas ?

18:33Mais donc on voit bien que la volonté des agences de renseignement aujourd'hui, c'est de faire des réseaux sociaux

18:39la même chose que ce qu'est la télé et la télévision aujourd'hui. La télévision est extrêmement contrôlée.

18:43Vous pouvez pas sortir à droite, à gauche. Et ça permet d'influencer dans le sens où on veut la direction et le débat et, in fine, les votes.

18:52Ils ont réussi à faire pareil avec Facebook et Mark Zuckerberg. Et l'objectif avec Telegram, finalement, c'est un peu le même

18:58quand on voit la censure qu'il lui a imposée. Mais il est légèrement différent parce que, de toute façon,

19:03le contenu sur Telegram, il est principalement par des sources russes. Et donc ça, ils arriveront pas à le contrôler.

19:09Mais en revanche, ce qui les intéresse, c'est les activités de... Parce que Telegram est ouvert à tout le monde,

19:17que ce soit aux gens qui sont pro-russes ou opposants au gouvernement. Et là, il y a une vraie marge de manœuvre.

19:24C'est un terreau fertile pour les agents de renseignement occidental.

19:27Alors justement, en parlant des agences et de la surveillance dont ils tous sont la cible,

19:34lors d'une interview en avril dernier accordée à Tucker Carlson, le journaliste conservateur américain,

19:39Douroff avait regretté attirer l'attention du FBI. Il avait, je cite, déclaré

19:57C'est ça qui vous inquiète. C'est le fait que les messageries cryptées ne le sont pas.

20:04En tout cas, elles sont sous la menace. Aujourd'hui, c'est évident qu'elles sont dans l'œil du cyclone.

20:14Et c'est évident. Si vous regardez ce que font les agences de renseignement, encore une fois,

20:19ce sont des choses aujourd'hui qu'on sait, qu'on sait sur Facebook, etc.

20:24Évidemment qu'ils veulent faire la même chose sur Telegram, qui plus est, dans un réseau qui est dans la sphère d'influence russe.

20:30C'est absolument évident. C'est Douroff qui l'a dit lui-même.

20:35Mais on peut se poser la question. Est-ce qu'aujourd'hui, la France, qui est un État vassal des États-Unis,

20:40est-ce que cette procédure-là ne vise pas aussi un peu ça ? Quand on demande les clés de chiffrement,

20:44finalement, pourquoi est-ce qu'on demande les clés de chiffrement ?

20:47Faut-il changer de messagerie ? Changez-vous de messagerie ? Changerez-vous de messagerie ?

20:54On va voir comment évolue la situation. C'est-à-dire que si Douroff cède,

20:59effectivement, il faudra contraindre et forcer, changer de messagerie.

21:02Mais bon, s'il n'a pas cédé face au FSB, c'est pas dit qu'il cède face à Macron.

21:06Alors bien sûr, cette attaque contre Pavel Douroff n'est pas le premier coup de semonce contre les réseaux sociaux.

21:11Vous l'avez mentionné, Frédéric Rigouille, il y a un rapport de force entre les États ou l'Union européenne

21:16et ces nouveaux réseaux, ces nouveaux moyens de communication.

21:19Elon Musk mène aussi un bras de fer contre l'Union européenne.

21:22Il s'est d'ailleurs fait cérémonier par Thierry Breton pour avoir interviewé et soutenu Donald Trump

21:27sur son réseau, sur X, anciennement Twitter.

21:30« Avec une plus grande audience vient une plus grande responsabilité »,

21:34lui a écrit le commissaire européen le 13 août dernier.

21:38Les techs capitalistes sont-ils irresponsables, Frédéric Rigouille ?

21:42Non, c'est Thierry Breton qui est irresponsable. La question est vite réglée.

21:48En plus, sur le cas d'Elon Musk, ce que demande Thierry Breton, c'est absolument scandaleux.

21:55Vous pouvez ne pas être d'accord avec Donald Trump, peu importe,

21:57mais essayer d'empêcher et de censurer, c'est de la censure à la mode du RSS.

22:05C'est complètement inacceptable.

22:07Je pense que sur X, X a pris une telle proportion aujourd'hui que ça va être très difficile.

22:13Ils auraient pu réussir si Jack Dorsey n'avait pas vendu à Elon Musk.

22:17Je vous rappelle que Donald Trump a été censuré sur X.

22:21C'est quand même incroyable quand on y pense.

22:23Le président des États-Unis a été censuré sur une des plateformes majeures,

22:27un réseau social majeur, et on en est arrivé à cette extrémité-là.

22:31C'est absolument inacceptable, c'est extrêmement dangereux.

22:35Aujourd'hui, tout ce que fait l'Europe, de toute façon, tout va dans cette direction-là,

22:39mais c'est parce qu'ils sont en train de perdre le contrôle

22:43qu'ils avaient de manière assez facile via la télévision.

22:47De toute façon, l'influence via les médias se dirige de plus en plus, évidemment,

22:55et plus le temps va passer de plus en plus vers les réseaux sociaux,

22:57et ils ont moins de contrôle des réseaux sociaux.

22:59C'est ce qu'ils essaient de reprendre et c'est ce qu'ils sont en train de faire.

23:01Donc il ne faut pas les laisser faire.

23:03Donc une tentative de mise au pas des réseaux sociaux.

23:05Frédéric, quand même, n'avez-vous pas choisi trop aisément le camp des réseaux sociaux,

23:10des techs capitalistes, qui, quand même, d'une certaine manière,

23:13veulent aussi, d'une certaine manière, nous contrôler ?

23:16Alors moi, je choisis le camp de l'alimentation et d'expression,

23:18c'est-à-dire que mon camp, il est très clair, en fait,

23:21et je resterai sur les plateformes et qu'ils me laisseront dire ce que j'ai envie de dire,

23:27et qu'ils laisseront dire, évidemment, dans la mesure du légal, finalement,

23:32parce qu'on est bien d'accord qu'il y a une modération qui est nécessaire

23:35sur les contenus pornographiques.

23:37Ça, c'est évidemment évident.

23:39Mais sinon, c'est la seule...

23:43Aujourd'hui, les réseaux sociaux sont une vraie révolution

23:47parce qu'ils permettent...

23:49C'est le dernier moyen d'expression qu'on a de plus en plus perdu,

23:54qu'on a complètement perdu dans les médias,

23:56où les médias, aujourd'hui, les médias mainstream sont totalement contrôlés

23:59et il est impossible d'avoir une voix différente de celle de la DOXA,

24:03ce qui est possible encore d'avoir aujourd'hui sur les réseaux sociaux.

24:06Et c'est ça qu'ils essaient notamment de contrôler, entre autres.

24:09Une voix différente de la DOXA sur les réseaux sociaux,

24:11eh bien, Frédéric, eh oui, ce sera le mot de la fin.

24:13Merci beaucoup d'avoir répondu présent à l'appel de Chocs du Monde,

24:16le magazine des crises et de la prospective internationale de TVL.

24:20Merci à tous d'avoir suivi ce nouvel épisode.

24:22Je vous rappelle que je vous donne rendez-vous désormais chaque mardi soir.

24:26Merci encore et surtout, n'oubliez pas de commenter et de partager cette émission.

24:30Bonne soirée à tous.

La messagerie cryptée Telegram mise au pas ? - Chocs du monde avec Frédéric Aigouy

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