Le 24 août dernier, Pavel Dourov, fondateur et PDG de l'application Telegram, est arrêté à la descente de son avion privé, à peine le pied posé sur le tarmac de l'aéroport du Bourget. Ce qui est reproché au milliardaire franco-russe et à sa plateforme aux 950 millions d'utilisateurs: avoir facilité des crimes graves, par une absence de modération et des refus répétés de coopération avec les autorités. Mais cette arrestation a soulevé de nombreuses questions, notamment sur la modération de Telegram ou sur la pertinence réelle d'une telle interpellation.
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00:00Le patron du réseau social Telegram vient d'être mis en examen par deux juges parisiens.
00:31Je n'étais absolument pas au courant de la venue de M. Duroff en France.
00:44Le 24 août dernier, Pavel Douroff, fondateur et PDG de l'application Telegram,
00:48est arrêté à la descente de son avion privé,
00:50à peine le pied posé sur le tarmac de l'aéroport du Bourget.
00:53Quelques jours plus tard, après de longues heures de garde à vue,
00:56il est mis en examen pour refus de communiquer, sur demande des autorités habilitées,
01:00les informations ou documents nécessaires
01:02pour la réalisation et l'exploitation des interceptions autorisées par la loi.
01:06Ce qui est reproché au milliardaire franco-russe
01:08et à sa plateforme aux 950 millions d'utilisateurs
01:10avoir facilité des crimes graves par une absence de modération
01:14et des refus répétés de coopération avec les autorités.
01:17Telegram se conforme en tout point aux règles européennes concernant le numérique.
01:23Il est modérateur dans les normes identiques aux autres réseaux sociaux.
01:28Et enfin, j'ajouterai qu'il est totalement absurde
01:32de penser que le responsable d'un réseau social
01:37puisse être impliqué dans des fiches criminelles
01:40qui ne le regardent pas, ni directement, ni indirectement.
01:43Instantanément, les lumières se braquent sur un homme,
01:45davantage habitué à l'ombre, discret et aux sorties médiatiques rares.
01:49Savoir vraiment ce que pense Pavel Douroff, c'est assez compliqué.
01:51C'est quelqu'un qui est extrêmement discret,
01:54qui ne s'adresse que très peu aux médias
01:56et qu'on connaît assez mal finalement.
01:59Et donc, ce n'est pas quelqu'un qu'on arrive à cerner pour dire des choses très franchement.
02:02Donc, on sait ce qu'il fait, mais on ne sait pas vraiment ce qu'il est.
02:05Natif de Saint-Pétersbourg, Pavel Douroff est régulièrement dépeint comme le Mark Zuckerberg russe.
02:10Alors qu'il poursuit un cursus à l'université de Saint-Pétersbourg,
02:13il lance en mai 2003 Douroff.com,
02:15un forum destiné aux étudiants en philologie qui devient très populaire.
02:19En 2006, fasciné par le travail de Mark Zuckerberg avec Facebook,
02:22il développe ce qui devient son premier succès dans la tech,
02:25le réseau social Vcontact, encore aujourd'hui le plus utilisé du pays,
02:29avec 85 millions d'utilisateurs mensuels.
02:32Pavel Douroff, c'est un entrepreneur qui est né en Russie,
02:35qui est informaticien, qui a une formation notamment d'informaticien,
02:39qui est issu d'une famille où il a pu étudier dans des très bonnes conditions en Russie.
02:44Il a lancé Vcontact, ou VK, qui est vraiment l'équivalent russe de Facebook.
02:50Il a lancé assez rapidement, en 2006, donc vraiment deux ans après les débuts de Facebook.
02:56Et donc il a créé vraiment le Facebook russe et le premier réseau social en Russie.
03:02Sept ans plus tard, en 2013, Pavel Douroff lance la plateforme qui est aujourd'hui dans l'œil du cyclone,
03:07Telegram, une plateforme à mi-chemin entre messagerie et réseau social,
03:11très peu modérée et qui colle à ses idéaux.
03:14Car le milliardaire russe est un libertarien assumé,
03:16comme il l'évoquait dans une interview donnée au polémiste américain Tucker Carlson en avril 2024.
03:21Il place sa liberté au-dessus d'absolument tout,
03:23assurant même n'accorder aucune importance aux biens matériels.
03:26Pavel Douroff ne possède ni maison,
03:29ni jet,
03:30ni aucun autre bien important.
03:32Pour lui, ce ne sont que des objets de distraction, le détournant de son travail sur Telegram.
03:37Je me suis rendu compte que j'aimerais être libre,
03:39j'aimerais prendre des ordres de tout le monde.
03:42Et j'ai laissé derrière, probablement, une vie confortable.
03:48Mais pour moi, ce n'était jamais à propos de devenir riche.
03:53Pour moi, tout dans ma vie, c'était à propos de devenir libre.
03:56Et, au maximum possible,
04:00ma mission dans la vie, c'était d'aider d'autres personnes à devenir libres aussi.
04:05Nous croyons que l'humanité a besoin d'une plateforme neutre, comme Telegram,
04:11qui serait respectueuse de la privété et de la liberté des gens.
04:15C'est assez compliqué de savoir ce que Pavel Douroff défend.
04:19Lui, il se présente comme une sorte de libertaire,
04:24plutôt opposé, même clairement opposé au pouvoir russe,
04:28ce qui est parfois discuté par certains,
04:32qui n'a pas vraiment de patrie d'ailleurs,
04:34parce qu'il a diverses nationalités, y compris la nationalité française depuis 2021.
04:40Pavel Douroff, pour simplifier, c'est un mix entre Elon Musk, Zuckerberg.
04:46Bref, il veut offrir, développer des moyens de communication,
04:50des moyens de s'exprimer librement, de façon totalement sécurisée.
04:54Bien sûr, avec des objectifs financiers.
04:57Il crée une entreprise pour gagner de l'argent, mais avec des objectifs politiques.
05:03C'est un homme d'affaires qui a beaucoup d'argent,
05:07qui a aussi irrité dans certaines déclarations, qui a d'ailleurs fait polémique.
05:11Il avait expliqué que la France était responsable des attentats de novembre 2015,
05:17notamment en expliquant que la France dépensait l'argent du contre-éloignable
05:21dans des guerres à l'étranger.
05:22Il propose que chacun puisse s'exprimer,
05:25dire ce qu'il veut dire tout à fait librement et sans contrainte.
05:28Alors bien sûr, c'est très bien quand on a des choses très bien à dire,
05:32mais généralement, ce genre de plateformes,
05:34elles sont prises par des groupes militaires qui les utilisent
05:38parce qu'elles sont sécurisées, parce qu'on ne peut pas rentrer dedans,
05:42parce qu'elles sont totalement anonymisées.
05:45Vous ne pouvez pas faire en sorte que la technologie de message soit sécurisée pour tout le monde,
05:50sauf pour les terroristes.
05:52Vous ne pouvez pas la faire sécuriser contre les criminels
06:00et la faire ouvrir pour les gouvernements.
06:03Donc c'est soit sécurisé, soit non sécurisé.
06:04En 2014, Pavel Dourov entre dans le viseur des autorités russes.
06:08À l'époque, l'Ukraine est le théâtre de violentes manifestations
06:11qui conduiront à la destitution du président prorusse Viktor Yanukovych,
06:14puis à une intervention militaire russe débouchant sur l'annexion de la Crimée.
06:18La Russie exhorte alors Pavel Dourov de bloquer les vidéos
06:20et discussions des manifestants sur V-Contact.
06:23Mais il s'y oppose.
06:24Il est alors contraint de revendre ses parts de V-Contact à l'État russe
06:27et récupère au passage 300 millions de dollars et 2000 bitcoins.
06:31Dans la foulée, il quitte le pays pour Dubaï avec une idée en tête,
06:35développer l'influence de Telegram lancée quelques mois plus tôt
06:38et qui compte alors 35 millions d'utilisateurs mensuels
06:41et 15 millions d'utilisateurs quotidiens.
06:43Il ne voulait plus avoir l'étiquette d'un réseau social soumis au gouvernement russe,
06:48mais un réseau social totalement international
06:51qui proposerait à qui veut dans le monde entier de s'en servir.
06:54Telegram est ce qu'on croit être la meilleure technologie de message sur le marché actuellement.
07:00La sécurité est une des choses que nous avons améliorées
07:06que les appareils de message compétitifs,
07:08mais il y a beaucoup de fonctionnalités et d'avantages.
07:14Telegram est vraiment reliable, même sur les connexions les plus faibles.
07:18C'est l'appareil de message le plus rapide en termes de délivrage de messages.
07:23Il n'a pas les limitations que les autres appareils de message ont.
07:27Les limitations en termes de envoyer des fiches en large,
07:32des fiches en vidéo,
07:34ou d'envoyer des chats en groupe.
07:38Cela a attiré des millions de personnes à Telegram.
07:42Dix ans plus tard, le pari que s'était lancé Pavel Dourov est tenu.
07:46En 2024, Telegram est devenu l'une des plateformes de messagerie les plus populaires au monde
07:50avec 950 millions d'utilisateurs.
07:52En France, l'application est utilisée par un million de personnes.
07:56Telegram, c'est une messagerie totalement sécurisée
07:58qui permet d'échanger du texte, des photos, des vidéos,
08:02mais de façon totalement anonyme.
08:04C'est une messagerie totalement sécurisée
08:07qui permet de parler sans qu'un gouvernement,
08:10sans qu'on puisse entrer dans les serveurs pour identifier les personnes qui parlent,
08:13ni les géolocaliser.
08:15Telegram est aussi un réseau social parce qu'on peut créer des pages Telegram,
08:18des groupes Telegram avec une personne qui serait suivie par des milliers de personnes,
08:23ce qui ressemble finalement un petit peu à un groupe Facebook.
08:25L'application se base sur deux flux principaux.
08:28D'un côté, les discussions privées,
08:30et de l'autre, les canaux de diffusion de contenu
08:32que l'on peut également retrouver sur d'autres messageries cryptées comme WhatsApp ou Signal.
08:35Mais comparé à ces deux homologues,
08:37Telegram affiche plusieurs différences.
08:39Whatsapp suck most.
08:41We actually started as a...
08:42You say WhatsApp sucks.
08:44Absolutely.
08:45La première, c'est le nombre de personnes maximale par canal.
08:48200 000 sur l'appli russe,
08:50contre 256 sur WhatsApp.
08:52L'autre différence, c'est ce qui concerne le cryptage de données.
08:55Telegram est présenté par son fondateur, Pavel Dourov,
08:57comme une application très sûre.
08:59Mais les données ne sont pas automatiquement cryptées,
09:01et une activation manuelle est nécessaire.
09:04Telegram, c'est une messagerie, à la base, initialement,
09:07qui, contrairement à ce qu'on dit souvent, n'est absolument pas chiffrée.
09:10C'est-à-dire que les contenus sont accessibles par Telegram.
09:12Si vous partez du principe que vous échangez avec quelqu'un,
09:15eh bien, dans ce cas-là, il faut aussi partir du principe
09:18que tout ce que vous dites peut être consulté, potentiellement,
09:22par des salariés de Telegram,
09:24et donc par toute personne qui aurait accès aux informations
09:29auxquelles ont accès les salariés de Telegram,
09:32dont on ne sait pas forcément grand-chose.
09:33On ne sait pas qui les influence ou où ils sont tous.
09:37Donc voilà, non, c'est pas sûr, en fait.
09:39Telegram est en fait le temple de l'opacité.
09:42Et c'est d'ailleurs ce qui vaut aujourd'hui à la plateforme russe
09:44d'être dans l'œil du cyclone.
09:45Depuis sa création, Telegram affiche un mot d'ordre,
09:48une liberté totale, n'hésitant pas à faire preuve d'hermétisme
09:51dans le traitement de ses données
09:52ou dans sa communication avec les autorités,
09:54ce qui a mené ses administrateurs à être accusés,
09:57par leur absence de modération,
09:58d'avoir laissé proliférer des contenus criminels,
10:00comme des activités terroristes, pédopornographiques ou cybercriminels.
10:04En septembre 2024, le New York Times publiait une longue enquête
10:07sur les tréfonds de l'application Telegram.
10:09En fouillant dans plus de 16 000 canaux et 32 millions de messages,
10:12le média américain a mis la main sur des éléments indiquant
10:15que Telegram a fermé les yeux sur les activités illégales
10:17et des contenus choquants prospérant sur son application.
10:20Le 7 octobre 2023, le Hamas s'est servi de la plateforme
10:23pour diffuser des images de son attaque en Israël.
10:25Et aux États-Unis, des groupes suprémacistes violents
10:28communiquent via Telegram pour organiser leurs différentes actions.
10:31Autant d'exemples qui ont motivé l'arrestation de Pavel Durov le 24 août dernier.
10:35C'est une façon surtout d'ailleurs pour les autorités françaises de dire
10:38personne n'est à l'abri,
10:40vous avez beau être milliardaire,
10:41vous avez beau être des grands patrons de la tech,
10:43on peut vous arrêter parce que, in fine,
10:46vous êtes responsable de ce qui se passe sur vos plateformes.
10:49On reproche énormément de choses.
10:50En fait, on reproche tous les biais des réseaux sociaux.
10:53C'est-à-dire la diffusion de contenus haineux,
10:58la diffusion de contenus terroristes,
11:01la diffusion de contenus pédocriminels.
11:03Donc en fait, tout le pire des réseaux sociaux est reproché à Pavel Durov.
11:07Depuis 2015, 31 pays ont interdit la plateforme,
11:09temporairement ou définitivement.
11:11Espagne, Norvège, Allemagne, Chine, Iran,
11:14ces pays songent à fermer leurs portes à l'application russe.
11:17Prenons l'exemple du Royaume-Uni.
11:18Début août, Telegram est soupçonné d'avoir permis de planifier des émeutes anti-immigrés
11:22après l'attaque au couteau ayant coûté la vie à trois fillettes à Southport le 29 juillet dernier.
11:26Un canal Telegram nommé Southport Wake Up est créé.
11:29Il réunit plus de 15 000 personnes qui se partagent des adresses de mosquées,
11:33d'hôtels accueillants des migrants
11:34ou encore les astuces de fabrication d'un cocktail Molotov.
11:37Il aura fallu quelques jours et la pression des autorités britanniques
11:41pour que le canal soit enfin supprimé par Telegram.
11:43Le premier ministre Keir Starmer, irrité par le peu de modération sur les réseaux sociaux,
11:47a alors affirmé sa volonté de prendre des mesures.
11:50Cette gestion des contenus par Telegram, c'est exactement ce qui dérange.
11:54L'Union Européenne se pose d'ailleurs la question de la place de la plateforme
11:57au sein du Digital Service Act,
11:58le règlement européen sur les services numériques
12:01qui encadre les activités numériques, notamment des GAFAM.
12:03En juillet, une procédure d'infraction a été ouverte contre la Belgique,
12:06où le siège européen de Telegram est basé.
12:08L'Institut belge des services postaux et télécommunications
12:10l'IBPT, doit depuis surveiller les activités de Telegram,
12:13notamment en matière de modération.
12:15Le régulateur belge est également en mesure d'adresser des amendes à la plateforme,
12:18si le Digital Service Act n'est pas respecté.
12:21Ce que la France veut, ce que l'Europe veut,
12:22c'est contraindre les réseaux sociaux à mieux modérer,
12:26à empêcher la diffusion de désinformation,
12:29à empêcher la diffusion d'informations ou de messages
12:33envoyés par des groupes qui portent atteinte à la sécurité nationale
12:38ou à la sécurité européenne.
12:40On ne peut pas laisser en place un système
12:43qui permette de recruter de potentiels terroristes,
12:47de recruter de potentiels paramilitaires,
12:50de diffuser des messages totalement faux,
12:52comme on l'a vu sur Telegram à plusieurs reprises,
12:55et ces messages tournent à une vitesse fulgurante.
12:58Donc, on ne peut pas laisser faire ça.
13:00Après, est-ce qu'on a les moyens légaux d'empêcher ça ?
13:03Ça, c'est vraiment une question.
13:04Pour les autorités, que ce soit en termes de modération
13:07et de coopération avec la justice,
13:09Telegram, c'est vraiment le vilain petit canard.
13:12C'est vraiment le mauvais élève.
13:14D'ailleurs, c'est pour ça que Pavel Durov a été interpellé.
13:16Telegram, vraiment, ne coopérait pas avec la justice.
13:19Et donc, quand vous voulez interpeller un réseau de pédos criminels,
13:23que vous aviez accès à des comptes Telegram,
13:28vous ne pouviez pas demander à Telegram de vous donner concrètement l'adresse IP
13:32qui vous permet ensuite, via les opérateurs français,
13:35de remonter à une box, à un abonnement et donc à un nom.
13:39Alerté par la situation, Telegram semble tout de même lâcher du lest.
13:42La plateforme russe, qui a pour habitude de ne pas répondre aux demandes de la justice,
13:46se met à coopérer avec les autorités françaises et belges
13:48depuis l'arrestation de Pavel Durov.
13:50Sur sa propre chaîne, le milliardaire russe annonce le nettoyage de contenus problématiques,
13:54avec l'aide de l'intelligence artificielle
13:56et la transmission des adresses IP et numéros de téléphone
13:58des personnes enfreignant les règles de l'application.
14:00En résumé, Telegram affirme mettre en place un cadre respecté seulement
14:04si les demandes des autorités sont légales et valides.
14:07On dit que Telegram se met à coopérer, ça on n'en sait rien formellement.
14:11Coopérer, ça veut dire quoi ?
14:13On peut peut-être l'obliger, et je ne sais pas de quelle manière,
14:16à donner l'identité, à coopérer sur des enquêtes policières très précises,
14:20mais ça, est-ce qu'il le fait ?
14:22Est-ce que ça a été formalisé ?
14:23Est-ce que ça a été officialisé ?
14:25Ça, on n'en sait rien.
14:26Il y a aussi un cas particulier de Telegram,
14:27c'est que le DSA, il encadre toutes les plateformes,
14:30mais il encadre plus fortement ce qu'on appelle les très grandes plateformes.
14:33Il y a des règles beaucoup plus strictes sur les très grandes plateformes
14:36que sont Facebook, Twitter, etc.,
14:38et qui sont des plateformes qui cumulent plus de 45 millions d'utilisateurs
14:42dans l'Union Européenne.
14:43Selon les déclarations de Telegram, ils en sont à 41 millions.
14:46Ils sont juste en dessous du seuil.
14:48Donc, ils ont des obligations,
14:49mais ils n'ont pas toutes les obligations des très grandes plateformes.
14:51Et c'est vrai qu'il y a tout un désaccord,
14:54en tout cas, il y a l'Union Européenne qui aimerait enquêter là-dessus,
14:57pour savoir si Telegram n'a pas légèrement sous-estimé son nombre d'utilisateurs
15:01pour passer entre les mailles d'une partie du filet,
15:04pas du filet en entier, mais d'une partie du filet.
15:06Et donc, c'est vrai qu'à l'heure où on se parle, il y a un débat.
15:08Selon le média spécialisé 404 Médias,
15:11les pirates, les fraudeurs et les trafiquants de drogue mettent les voiles progressivement,
15:15craignant que la coopération de Telegram avec les autorités ne leur porte préjudice.
15:18Tout aussi significatif du tournant pris par Telegram,
15:21les diffuseurs illégaux de la Ligue 1,
15:23qui se sont développés en alternative aux diffuseurs officiels d'Azone,
15:26stoppent eux aussi leurs activités.
15:28Des départs qui pourraient signer une victoire importante pour Telegram,
15:31en quête d'une impulsion de grande ampleur dans son développement.
15:34La plateforme aux 950 millions d'utilisateurs entend se lancer en bourse,
15:38après une valorisation à 27,5 milliards d'euros.
15:41Mais cette volonté nouvelle de transparence de Telegram
15:44sera-t-elle aussi celle qui mettra fin à son essor ?
15:47Rentrer dans la cour des grands, ça implique forcément de rentrer dans le rang
15:50et donc de changer peut-être sa façon de faire et sa façon de s'exprimer aussi.
15:54Je pense que ce qu'a fait la justice française pour le moment,
15:56c'est une sorte d'avertissement qui ne compare pas à tout le monde,
16:01qui est extrêmement discuté.
16:03Mais si on regarde les choses de façon extrêmement pragmatique,
16:07qui semblent avoir quand même quelques effets ou plus d'effets en quelques semaines
16:11que la stratégie précédente en quelques années.
16:15Je ne crois pas qu'on peut craindre la fermeture d'un réseau comme Telegram,
16:19parce qu'on sait très bien que si on ferme Telegram,
16:21un autre va prendre la suite et ce sera une route sans fin.
16:24Ce qu'il faut, c'est contraindre les réseaux sociaux à une modération.
16:29Mais encore une fois, il faut savoir de quelle modération on parle.
16:32Est-ce qu'on interdit de tenir certains propos ?
16:36Ou comment on modère ?
16:38Est-ce que ça va être par du personnel ?
16:40Est-ce que ça va être par des intelligences artificielles ?
16:43Combien de temps doivent mettre les autorités ou les organisateurs,
16:50les possesseurs du réseau à supprimer certains messages ?
16:53C'est d'une complexité phénoménale.
16:55La principale question, c'est comme toute entreprise,
16:58de quoi peut avoir peur Telegram ? La faillite.
17:01C'est ça la principale crainte, c'est-à-dire de ne plus gagner d'argent
17:05ou de ne pas gagner d'argent et de ne pas pouvoir survivre.
17:08Modérer les contenus, encadrer les contenus, mettre de nouvelles règles,
17:11ça coûte de l'argent, ça peut aussi faire perdre une partie de ses revenus.
17:16Finalement, la crainte de Telegram, comme de beaucoup d'entreprises,
17:20c'est de ne plus être en capacité de survivre économiquement.