• il y a 4 mois
Président d’Omerta-Medias, Charles d’Anjou présente, pour TVL, un reportage réalisé par ses équipes au cœur du peuple Tchétchène et de sa mentalité. L’enquête débute à Nice au sein de la diaspora Tchétchène et Ingouche. Ces réfugiés politiques sont anti Kadyrov, le dirigeant du pays allié à Poutine. Ils sont aussi en proie à la radicalisation. C’est au sein de cette communauté que l’on retrouve les assassins de Samuel Paty et de Dominique Bernard.
Le reportage met aussi en valeur les Tchétchènes fidèles à Kadyrov et notamment un membre des forces spéciales de la police parti se battre en Ukraine et revenu comme instructeur pour les nouvelles recrues à Grozny.
C’est aussi à Grozny, que la journaliste d’Omerta a rencontré le ministre de l’information, Doudaiev. Quand on lui demande les raisons de l’engagement des Tchétchènes aux côtés des Russes, le responsable politique a cette phrase définitive : "L’'évolution des mœurs ukrainiennes, l’idéologie LGBT sont un danger pour le Coran !". Documentaire puissant sur les mentalités tchétchènes, à retrouver sur Omerta (chaîne avec abonnement).

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Transcription
00:00C'est maintenant que nous essayons, et non sans inquiétude, de boucler notre budget
00:04pour que dès septembre nous soyons au rendez-vous.
00:07Alors ensemble, poursuivons ce chemin pour se libérer des chaînes.
00:31Écharpe d'Angeoux, bonjour.
00:38Bonjour.
00:39Vous êtes président d'Omerta Media, vous venez présenter un nouveau reportage
00:42produit par Omerta, Mentalité Tchétchène.
00:45Alors pourquoi consacrer, en vous rendant à Nice, à Grozny, un documentaire sur ce peuple
00:50et ce pays ravagé depuis plus de vingt ans par la guerre, et on le voit profondément fracturé ?
00:55Pour deux raisons. La première, c'est une raison qui est plutôt franco-française,
00:59c'est que les Tchétchènes ou les Ingouches, ces peuples du Caucase,
01:02ont défrayé l'actualité judiciaire depuis plusieurs années.
01:07On se souvient notamment de l'assassinat de Samuel Paty ou de Dominique Bernard.
01:11Et donc les Français, le grand public, connaît finalement assez peu ces guerriers Tchétchènes,
01:16ces montagnards. Il nous a paru intéressant d'expliquer qui sont ces gens.
01:23Et une autre raison qui tient plus à l'actualité de la guerre en Ukraine,
01:27c'est qu'on a vu aussi beaucoup de Tchétchènes, les fameux Kadirovtsi, les troupes de Kadirov,
01:33sur le front ukrainien, notamment pendant la bataille de Mariupol,
01:37où ils ont défrayé la chronique. Ils étaient sur TikTok, sur Instagram,
01:40ils se filmaient et publiaient en permanence leurs exploits, les combats auxquels ils participaient.
01:44Et là aussi, le grand public les connaît finalement assez peu,
01:47et donc c'est vraiment un reportage en immersion en Tchétchénie et dans la diaspora Tchétchène à Nice
01:52qui n'a jamais été fait.
01:54Kadirov, le dirigeant tchétchène, vous le qualifieriez de quoi ? De qui ?
01:58C'est d'abord le lieutenant de Poutine dans le Caucase,
02:02puisqu'on se souvient que les deux guerres de Tchétchénie ont menacé finalement cette frontière sud de la Russie,
02:09avec une rébellion d'abord plutôt laïque, un nationalisme tchétchène finalement,
02:16et puis la deuxième guerre de Tchétchénie, là vraiment un djihad,
02:19dont l'objectif était la création d'un grand califat,
02:22dont l'objectif était de dépasser largement les frontières actuelles de la Tchétchénie,
02:26c'est-à-dire de s'étendre à tout le Caucase nord, au Caucase sud,
02:29et quasiment jusqu'à la Volga, jusqu'aux portes de Moscou.
02:32Donc c'est le lieutenant de Poutine, et puis c'est un dirigeant,
02:36il est président d'une république autonome intégrée à la fédération de Russie,
02:40et on peut le qualifier d'autocrate.
02:47Vous avez donc enquêté à Nice, vous l'avez dit,
02:49tout d'abord au sein de la diaspora tchétchène, réfugiés politiques,
02:52ils sont eux anti-Kadirov, parce qu'ils ont bien évidemment fui,
02:55ou contre le régime en place allié de Poutine,
02:58et il y a le témoignage important d'un imam qui est à Nice,
03:01il se prénomme Ramzan, comme d'ailleurs Kadirov, il a la quarantaine,
03:05et tout son propos est d'indiquer qu'il entend conserver,
03:07j'ai bien écouté cela, l'identité tchétchène en France,
03:10il a 300 fidèles autour de lui, dit-il, et il fait ce constat en forme d'aveu,
03:14la mentalité tchétchène, et je cite, bizarre.
03:17Et en quoi est-elle bizarre ?
03:19Tous ces réfugiés tchétchènes ont fui la Tchétchénie dans les années 2004-2005,
03:25au moment où le père de Ramzan Kadirov, Ahmad, se rallie à Poutine,
03:31et met ses forces, son clan à la disposition du Kremlin,
03:35pour mater la rébellion, et je le disais il y a un instant,
03:40cette rébellion djihadiste dont Kadirov ne veut pas,
03:44puisque Kadirov à l'époque est un chef de clan laïque,
03:49et il refuse l'arrivée en masse de djihadistes,
03:53notamment djihadistes étrangers, de Jordaniens, de Soudanais, d'Algériens,
03:57qui entendent eux organiser la rébellion tchétchène contre Moscou,
04:01pour établir ce grand califat.
04:04Donc ces réfugiés, ils partent, ce sont les fils en général
04:10de soldats rebelles djihadistes tchétchènes,
04:14et ils sont arrivés en France, leur accueil a été facilité par Jacques Chirac,
04:19qui leur a ouvert les portes, ils sont très peu nombreux,
04:22ils sont à peu près entre 30 et 35 000 en France,
04:25mais eux sont radicalement opposés, c'est un peu comme la Corse
04:28avec la Vendetta ou la Loi du Talion,
04:30ils sont radicalement opposés au pouvoir tchétchène.
04:33Et ce qui caractérise leur identité, c'est deux choses,
04:37d'abord c'est une identité tchétchène très forte,
04:40qu'ils ont conservée, qu'ils entendent transmettre à leurs enfants,
04:44et puis l'autre chose c'est une conception de la religion
04:48et de la pratique religieuse qui les rapproche, pour certains,
04:52du salafisme ou du wahhabisme.
04:55– Ce sont des extrémistes islamistes.
04:57– Oui, alors parfois, ça peut être nuancé,
05:03mais la tendance religieuse de la communauté tchétchène en France
05:07est beaucoup plus dure que celle qu'on trouve en Tchétchénie.
05:10– Alors, écoutant cet imam, il n'y a pas de question d'assimilation
05:14des tchétchènes en France, c'est parfaitement clair dans son esprit
05:18qu'il restera à côté, en dehors de la République française.
05:23– De toute façon, eux ne sont pas venus pour trouver du travail,
05:26ce n'était pas une immigration économique,
05:28c'est vraiment leur opposition radicale à Kadirov les a emmenés en France.
05:32Si un jour ils ont la possibilité de retourner en Tchétchénie,
05:35de faire tomber Kadirov, de changer le pouvoir,
05:38ils le feront immédiatement, ils ne sont pas plus attachés à la France que ça.
05:42Il y a une mafia tchétchène qui est importante en France,
05:45comme beaucoup de mafias caucasiennes d'ailleurs,
05:47la mafia géorgienne est extrêmement importante,
05:49donc ils ont des intérêts économiques, mais leur priorité, leur rêve,
05:53leur idéal, c'est de retourner en Tchétchénie,
05:55de faire tomber Kadirov et d'installer un pouvoir.
05:58Et d'ailleurs, la Tchétchénie, ils ne l'appellent pas Tchétchénie,
06:00en fait, ils l'appellent Lichkyri.
06:02Lichkyri, c'est une espèce de grande Tchétchénie,
06:04au-delà des frontières actuelles,
06:05qui englobe notamment le Daguestan et l'Ingouchi.
06:08– Ce qui est très intéressant de les suivre en France,
06:10c'est que les tueurs de Samuel Paty et Dominique Bernard
06:14font partie de cette communauté en France de réfugiés tchétchènes ingouches
06:18pour une partie radicalisée qui fournit des contingents
06:21de plusieurs centaines d'hommes d'ailleurs,
06:23pour se battre aux côtés des Ukrainiens dans le Donbass.
06:26– Oui, c'est tout à fait juste.
06:29La présence de Tchétchènes en Ukraine, aux côtés de l'armée ukrainienne,
06:33elle est vérifiable très simplement.
06:35Il y a des reportages qui existent sur YouTube sur le sujet.
06:38Alors, ils ne sont pas des milliers, ils sont quelques centaines.
06:43Mais effectivement, ils tiennent à participer.
06:46Le paradoxe aussi de leur présence en Ukraine,
06:48c'est qu'ils sont alliés à des ultranationalistes d'Azov,
06:54Zelensky et de confession juive.
06:56Et donc, ça participe un peu de cet attelage un peu hétéroclite
07:02des forces ukrainiennes qui combattent contre les forces russes.
07:06Eux, effectivement, que ce soit les soldats tchétchènes en Ukraine
07:11ou ceux de la diaspora à Nice ou ailleurs,
07:15ils sont russophobes vraiment primaires.
07:19– Dans le cas de Samuel Paty, Abdoulaye Anzorov
07:22et dans le cas de Dominique Bernard,
07:25on a ce même type d'éléments radicalisés.
07:28Cette radicalisation, on l'avait déjà quand même observée,
07:31des radicalisations issues de la Tchétchénie, en Syrie par exemple,
07:36puisque beaucoup de Tchétchènes se sont engagés aux côtés,
07:40voire au sein de Daesh, de l'État islamique.
07:43– Absolument, puisque le pouvoir tchétchène, les forces de la police,
07:47c'est pareil au Dagestan, c'est pareil en Ingouchi,
07:50mènent depuis 2004 une lutte radicale contre les djihadistes.
07:55Alors, la plupart ont été exterminés, sont en prison, ont été neutralisés,
08:02comme on pourrait dire dans la police française,
08:04c'est-à-dire qu'en gros, ils ont été éliminés.
08:06Mais il reste aussi, il reste toujours des éléments radicaux
08:10qui, ne pouvant faire le djihad en Russie, ont cherché des terres de djihad.
08:16Et la terre de djihad la plus proche de la Tchétchénie, c'est la Syrie,
08:19puisque la Syrie, c'est la frontière sud du Caucase.
08:23Et donc, beaucoup de Tchétchènes sont partis,
08:27qui étaient recherchés, menacés en Tchétchénie, sont partis faire le djihad.
08:31Et d'ailleurs, en Syrie, les Tchétchènes ont toujours fait figure
08:36de meilleurs combattants de l'État islamique.
08:40Je vais poursuivre sur cette notion de radicalisation, Charles d'Anjou.
08:43Je vois les explications de vos intervenants dans le reportage.
08:46Il y a un témoignage qui affirme que c'est le manque de pères tués à la guerre
08:50qui a créé des enfants radicalisés, et c'est ça qui se fait ressentir.
08:54Est-ce que ce n'est pas plutôt la culture de guerre qui est inhérente
08:57à la Tchétchénie, au peuple tchétchène ?
08:59Il y a les deux, chez les Tchétchènes, quand les morts doivent être vengés.
09:03Donc, il y a deux phénomènes qu'on peut observer très facilement.
09:07Pour les femmes, on a parlé de veuves noires qui commettaient
09:10des attentats terroristes dans le métro de Moscou pour venger
09:14la mort de leur mari sur le front en Tchétchénie.
09:17Ça, ça existait, on ne l'a pas en France.
09:19Par contre, ce qu'on a en France, effectivement, c'est des jeunes,
09:23je dirais, dont l'autorité parentale est défaillante ou inexistante,
09:27et qui, eux, ont pour modèle deux choses.
09:31D'abord, leur identité tchétchène, ça c'est vrai, qui est très présente.
09:35Et puis aussi, et c'est un fond commun aux jeunes radicalisés
09:39qu'on trouve en France, qu'ils soient arabes, subsahariens ou tchétchènes,
09:43c'est un petit peu cet idéal du djihad qui permet de devenir un aventurier,
09:49de devenir quelqu'un, de se construire une identité,
09:51d'être dans une espèce de romance du chevalier du djihad.
09:58Ça, c'est aussi très présent.
10:00Ils n'ont que 18 ans, mais ils ont toutes les références de l'État islamique,
10:03des combats en Syrie, des tchétchènes en Syrie.
10:06Tout ça a été vu, revu sur Internet depuis l'adolescence.
10:12C'est même un intervenant, peut-être le même d'ailleurs, qui dit,
10:14finalement, la radicalisation s'explique par le fait qu'il y a trop de liberté en Occident.
10:18Et puis, il y a un intervenant aussi important,
10:22c'est l'entretien que vous a accordé le ministre de l'Information tchétchène.
10:25Alors, lui, il dit, la culpabilité dans l'affaire Samuel Paty,
10:28elle est due aux dirigeants français.
10:30Oui, parce que du point de vue des tchétchènes,
10:33que ce soit en Tchétchénie ou des jeunes radicalisés de la diaspora tchétchène,
10:38en fait, le modèle occidental proposé par les élites politiques
10:42et poussé dans les médias mainstream,
10:44eh bien, c'est celui d'un Occident d'une société décadente.
10:48Ils font référence à Emmanuel Macron marié avec une femme qui a 20 ans de plus que lui.
10:54Ils font référence à la Gay Pride, aux droits LGBT.
10:58Et en fait, ça sert aussi un petit peu de motivation et d'argument
11:04pour justifier du point de vue de ceux qui sont ici,
11:10soit un passage à l'acte où on décapite un professeur,
11:15soit même, et d'ailleurs c'est dit dans le documentaire,
11:18il faudrait selon certains, peut-être pas tuer et décapiter,
11:22mais administrer une claque aux professeurs qui parlent de droit de l'homme, etc.
11:28– C'est-à-dire qu'opposants en France radicalisés
11:33qui s'opposent au régime Khadirov ou représentants du régime Khadirov,
11:37ils s'entendent à ce moment-là très précis pour dire que finalement,
11:39la responsabilité, elle est due aux Français.
11:42– Exactement, absolument. – Ce n'est pas effrayant ?
11:46– Je dirais que cet argument, il est repris quasiment dans tout le sud global.
11:51Simplement, la différence c'est qu'avec des éléments,
11:58je dirais, dont la présence paternelle est absente,
12:04qui ont depuis des années et des années cet idéal du djihad,
12:08et bien c'est la justification d'un passage à l'acte, voilà.
12:13– Alors quand on demande à toujours ce ministre de l'Information,
12:16M. Doutaïef, les raisons de l'engagement des Tchétchènes aux côtés des Russes,
12:19alors lui, il apporte une réponse qui est assez surprenante,
12:23il dit que c'est un engagement puissant, c'est même assez redoutable,
12:28et il explique cet engagement par le fait qu'il dénonce l'évolution des mœurs ukrainiennes,
12:34l'idéologie LGBT et je cite, un danger pour le Coran.
12:39C'est par ce biais-là qu'il explique la présence de Khadirov aux côtés de Poutine.
12:44– Absolument, le combat pour les valeurs traditionnelles ou des valeurs spirituelles,
12:49il est commun aux musulmans de Tchétchénie et plus globalement du Caucase,
12:54et aussi aux slaves orthodoxes.
12:56C'est une des raisons, à mon sens,
12:58pour lesquelles les Tchétchènes sont à ce point proches de Vladimir Poutine.
13:05Il n'aurait peut-être pas été d'un autre dirigeant,
13:07mais Vladimir Poutine leur a assuré que, sur le plan des valeurs sociétales,
13:12les valeurs traditionnelles, familiales allaient être sanctuarisées.
13:16Et c'est ce qu'il a fait, puisque la gay pride est interdite,
13:19l'homosexualité n'est pas interdite en Russie,
13:21mais la gay pride, toute forme de propagande, de manifestation est interdite.
13:24Et donc ça, les Tchétchènes, ils savent qu'il y a une alliance spirituelle
13:30entre l'Islam, en Russie, entre l'Islam et l'orthodoxie.
13:33Donc ça, c'est très important.
13:35L'autre raison, effectivement, c'est que ce qu'ils observent en Ukraine,
13:40c'est le soutien de l'Occident au régime ukrainien.
13:47Et de leur point de vue, la simple implication d'un Biden, d'un Macron,
13:52d'un Charles Michel, d'Ursula von der Leyen, des Anglais,
13:56disqualifie le pays et représente même une menace,
14:03ce n'est pas seulement une menace ukrainienne,
14:04c'est la menace de l'Occident contre la Russie,
14:08contre la Tchétchénie et contre la spiritualité et les religions en général.
14:12Une menace civilisationnelle presque.
14:14Mais enfin, on peut quand même se dire aussi qu'il y a des intérêts économiques.
14:17Par exemple, le fait qu'il y ait des subventions considérables
14:20du gouvernement russe pour la Tchétchénie,
14:22ou la fidélité à Poutine, qui permet subsidiairement
14:25le renforcement de l'autorité de Kadirov sur son pays.
14:28En fait, le rôle assigné aux Tchétchènes par Poutine,
14:31c'est d'être les gardiens de la frontière sud de la Russie.
14:34Le Caucase, c'est une terre qui est disputée aux Russes
14:37par les Anglais depuis le grand jeu,
14:39depuis le XVIIIe, d'ailleurs même le XVIIe siècle, par les Turcs.
14:43Il faut se souvenir que toutes ces terres étaient turques.
14:45Les Russes ont conquis de hautes luttes,
14:48ont repoussé les Turcs dans la Turquie actuelle.
14:51Mais que le Caucase, comme la Crimée,
14:54comme les bords de la mer Noire d'ailleurs,
14:56jusqu'à la Roumanie, d'où les Russes ont chassé les Turcs,
15:00sont des territoires qui ont été conquis de hautes luttes.
15:04C'est un peu comme du lait sur le feu.
15:06C'est-à-dire que vous avez un terreau djihadiste,
15:09vous avez l'influence de la Turquie, l'influence des Anglais,
15:13et ils ont considéré, Poutine a considéré,
15:17qu'il fallait sanctuariser, qu'il fallait protéger cette zone.
15:21Et ils ne pouvaient le faire qu'en s'appuyant sur des locaux,
15:24et notamment sur Kadirov.
15:27Vous montrez aussi de la Tchétchénie un autre aspect.
15:30Vous montrez déjà un leader à la tête de l'État
15:34qui est soumis à beaucoup de polémiques et de reproches.
15:38Vous évoquez aussi les tragédies perpétrées par des extrémistes.
15:42Il reste enfin les oligarques.
15:45Vous faites le portrait d'un oligarque exilé,
15:48lui un vrai profiteur de guerre.
15:50Oui, il y a trois cas de figure dans ce contexte de guerre en Ukraine.
15:54Vous avez les Tchétchènes, les Caucasiens qui sont restés
15:58et qui servent comme force de Poutine,
16:01qui sont loyales au pouvoir de Poutine.
16:04Vous avez ceux qui sont partis depuis 20 ans et qui se retrouvent en Europe
16:08et qui, pour une partie d'entre eux, des hommes,
16:11peuvent aller combattre en Ukraine pour Zelensky.
16:14Et puis vous avez un troisième cas de figure qui là est ultra minoritaire
16:18parce qu'il concerne très peu de personnes,
16:21c'est ces hommes d'affaires qui exilaient en fait.
16:24Il y a effectivement le cas de M. Gadjieff
16:27qui a démarré inspecteur des impôts lambda,
16:31qui est devenu député du parti Russie-Uni pendant 15 ans,
16:35qui est à l'origine de la loi d'annexion de la Crimée à la Fédération de Russie,
16:40qui est à l'origine de la loi contre les agents étrangers en Russie
16:44et qui, au commencement de cette guerre,
16:47prend peur par, d'abord dans les Emirats,
16:51puis ensuite aux Etats-Unis où il a sa femme et ses trois enfants,
16:55et qui, pendant un temps, essaie de jouer sur les deux tableaux.
16:58Il essaie de rassurer les Russes et en même temps,
17:01il essaie de donner des gages aux Ukrainiens
17:04parce que la menace, quand on a beaucoup d'argent et qu'on vit à l'étranger,
17:07c'est d'être placé sous sanction américaine ou sous sanction européenne,
17:10ce qui est le cas de beaucoup d'oligarques russes.
17:13Et donc lui, ce qui est intéressant, c'est qu'il a cherché à passer entre les gouttes,
17:16mais qu'il a été rattrapé par la patrouille
17:19et les Russes se sont aperçus qu'il était parti et qu'il ne reviendrait vraisemblablement pas.
17:23Donc ils ont lancé plusieurs chefs d'inculpation contre lui,
17:26notamment pour blanchiment, pour escroquerie,
17:29pour financement du terrorisme et pour assassinat.
17:32Mais en même temps, les Ukrainiens le recherchent
17:35parce qu'ils se sont aperçus, eux, que cet individu
17:38avait organisé un certain nombre d'aides,
17:41de convois humanitaires pour les troupes caucasiennes dans le Donbass.
17:44Et donc ils en ont fait une des personnalités
17:48qu'ils souhaitent voir placer sous sanctions américaines et sous sanctions européennes.
17:52Et la difficulté pour ce monsieur, c'est que ce n'est pas tellement la Russie,
17:55parce qu'à la limite, il pourrait continuer de vivre à Miami ou à Dubaï, etc.
17:58Le problème pour ce monsieur, c'est qu'il est aujourd'hui
18:01très difficile de refuser un caprice aux Ukrainiens
18:04et que si les Ukrainiens font montre du lobbying qu'ils savent faire,
18:08eh bien, il a peut-être des soucis à se faire à Bruxelles ou à Washington.
18:12Et il essaie d'avoir un passeport européen, une nationalité européenne ?
18:15Le passeport, c'est ce que, depuis longtemps d'ailleurs, il n'est pas le seul,
18:18et puis ça a démarré très longtemps, c'est que tous ces gens qui ont beaucoup d'argent
18:21et qui à un moment donné ont un problème, sont en rupture avec le pouvoir russe.
18:24Et il y en a beaucoup. Il y a un sommet, je crois, c'est 65 anciens députés de la Douma
18:29qui se sont réunis à Varsovie il y a une semaine
18:32pour essayer de structurer une opposition qui fasse tomber Vladimir Poutine,
18:36y compris par la force.
18:38Pour tous ces gens-là, le passeport européen, c'est l'assurance,
18:43la garantie de pouvoir vivre en sécurité en Europe.
18:47Dites-moi, un leader de l'État qui crée des polémiques,
18:51des tragédies perpétrées par les extrémistes,
18:53un peuple qui veut garder son identité, des oligarques exilés, profiteurs de guerre,
18:56est-ce qu'il n'y a pas quelques obstacles qui se forment
18:59pour qu'il y ait l'intégration tchétchène dans l'Occident ?
19:03Ça paraît insurmontable.
19:05Non, c'est insurmontable d'abord parce que cette diaspora,
19:09elle est peu nombreuse et il faut dire qu'elle est assez organisée,
19:13elle est assez structurée.
19:15Il y a un Conseil des Sages de la diaspora tchétchène en Europe,
19:18donc tout ça est très hiérarchisé.
19:20Ils ont, il faut le dire, un respect de l'autorité
19:23et de la figure du père et de l'ancien.
19:25Donc ça, c'est ce qu'on ne retrouve pas dans d'autres communautés immigrées.
19:29Eux, c'est vraiment très structuré, très organisé.
19:32Maintenant, effectivement, la mentalité tchétchène
19:37est très proche de la mentalité orthodoxe
19:40et la mentalité orthodoxe est plus proche de la mentalité tchétchène
19:43que du catholicisme du pape François.
19:45Pour préparer ce reportage, vous êtes allé vous-même à Grozny,
19:48vous avez été en Tchétchénie.
19:50Quel est le sentiment que vous avez personnel sur la question
19:53qui est celle que depuis le début de notre entretien ?
19:55Quelle est la mentalité tchétchène ?
19:57Parce que finalement, ce n'est pas tout simplement
20:00parler de références culturelles, historiques,
20:03qui peuvent modeler le comportement ou les attitudes
20:05au sein d'une nation ou d'un peuple.
20:07La Tchétchénie, c'est un nationalisme conservateur.
20:10Les tchétchènes n'ont aucune envie,
20:12il n'y a pas de volonté de djihad ou de conquête territoriale.
20:15Les tchétchènes, c'est un petit peuple de 4 millions, 4 millions et demi d'habitants.
20:18Ils sont très attachés à leur montagne tchétchène.
20:20Pour eux, c'est fondamental.
20:22Ils n'ont pas envie d'aller au-delà.
20:24Ils sont conscients que cette maison commune de la Russie
20:28qui englobe la Tchétchénie
20:30leur a permis de se développer
20:32puisque quand vous allez à Grozny,
20:34si vous connaissez Dubaï,
20:36c'est Dubaï sans l'alcool et les prostituées.
20:39Mais vous avez un niveau de développement,
20:42les routes sont impeccables,
20:44il y a des centres commerciaux,
20:46les femmes sont coquettes, féminines,
20:48certaines sont voilées, certaines ne sont pas voilées.
20:50Il y a un respect, la moindre agression,
20:52c'est ultra sécurisé, il n'y a pas d'agression dans la rue, etc.
20:55Ils savent que cette qualité de vie
20:58alliée à ce retour d'un islam traditionnel local
21:02qui n'était pas le cas dans les années 90
21:05puisque la rébellion de Tchétchène
21:07lors de la première guerre de Tchétchénie,
21:09on vous entendait les soldats dire à la Ouagbar,
21:12mais elle n'est pas religieuse.
21:14Et en fait, le deal qu'ils ont conclu,
21:16qu'ils ont scellé avec Poutine,
21:18c'est que Poutine leur a dit
21:20vous restez dans la fédération de Russie,
21:22vous assurez la protection de cette porte sud
21:24et en échange, on vous offre le développement,
21:26l'accès à la modernité
21:28et vous retrouvez vos racines identitaires et religieuses
21:32et vous pourrez pratiquer comme vous le souhaitez,
21:35évidemment tout ça en accord avec les principes,
21:38la constitution, la législation russe.
21:40Tout ça, ça fonctionne ?
21:42Ou est-ce que c'est tout simplement un peuple
21:44qui est retenu par un dictateur
21:46qui mène, si on en croit la presse européenne,
21:48des exactions sur son peuple ?
21:50Vous savez, cette presse européenne
21:52a longtemps dit que les Russes
21:54étaient opprimés par Poutine,
21:56qu'ils étaient contraints
21:58et en réalité, depuis six mois,
22:00le discours a changé.
22:02Ils se sont fait une raison
22:04et ils ont compris que les Russes,
22:06dans leur grande majorité,
22:08étaient solidaires et soutenaient Poutine.
22:10C'est la même chose en Tchétchénie.
22:12Vous pouvez trouver un ou deux opposants
22:14ou des opposants en Europe,
22:16un ou deux opposants localement
22:18mais la vérité du terrain,
22:20la réalité quand vous allez en Tchétchénie,
22:22c'est que l'immense majorité de la population
22:24de Tchétchénie reconnaît le travail
22:26qui a été fait par Kadirov
22:28et par Poutine,
22:30vit tout à fait convenablement
22:32et est consciente
22:34que l'opposition aux Russes
22:36est stérile
22:38et amènerait,
22:40comme dans les années 90,
22:42à la destruction
22:44et qu'il y a beaucoup plus
22:46à gagner
22:48de cette alliance
22:50avec les Russes,
22:52les Slaves orthodoxes.
22:54– Merci pour ce témoignage Charles d'Anjou.
22:56Merci aussi pour ce reportage passionnant
22:58que l'on peut voir
23:00où, quand, comment ?
23:02– Sur la plateforme OMERTA
23:04qui est téléchargeable via Apple Store
23:06ou Google Play ou via le site internet d'OMERTA
23:08www.omertamedia.fr
23:10– C'est payant, c'est gratuit ?
23:12– L'abonnement est à 4,99€ par mois
23:14et vous avez accès
23:16à ce reportage sur la Tchétchénie
23:18et à 50 reportages
23:20réalisés en France
23:22sur des questions sociétales
23:24ou à l'étranger,
23:26les reportages de guerre par exemple
23:28de Régis Le Sommier en Ukraine.
23:30– Voilà 4,99€ sans engagement
23:32ou avec engagement ?
23:34– Sans engagement.
23:36– Merci Charles d'Anjou.
23:38– Merci Martial.

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