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Double champion paralympique de voile (2.4mR) à Athènes (2004) et Rio (2016), Damien Seguin est aujourd'hui dans la boite à souvenirs. Il viendra notamment nous raconter sa préparation pour le prochain Vendée Globe, qui démarrera le 10 novembre 2024. Après une septième place exceptionnelle en 2020, le skipper vise le top 5 !

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Sport
Transcription
00:00Bonsoir à toutes et à tous, on est dans la boîte à souvenirs et on a la chance,
00:08le plaisir d'accueillir le skipper Damien Seguin, triple médaillé paralympique en voile.
00:14Il est avec nous, ça va Damien ?
00:15Ça va super bien, merci.
00:17Je rappelle quand même ton palmarès parce qu'il est quand même assez dingue.
00:19Tu as décroché la médaille d'or à Athènes et à Rio, l'argent à Pékin et tu as fait
00:24quatrième à Londres mais tu étais porte-drapeau aussi, un moment marquant je suppose.
00:29Si tu devais nous donner ton meilleur souvenir des Jeux, tu en as vécu pas mal, des belles émotions.
00:34Oh oui, c'est difficile de faire le tri, de sortir un seul moment.
00:38Je vais dire la célébration à Athènes, mes premiers Jeux, j'étais tout minot, j'avais
00:4624 ans, ce qui est vraiment très jeune pour un skipper dans cette discipline.
00:49Ça m'a donné le virus clairement, ça m'a donné envie de continuer, de persévérer
00:54et puis j'ai fait mon entrée en équipe de France qui est devenue vraiment ma famille
00:58par la suite.
00:59Donc voilà, ça a été le début de beaucoup de choses.
01:00Justement, tu nous parles de cette première médaille, cette médaille d'or à Athènes
01:04en 2004, 20 ans plus tard, on est maintenant 20 ans plus tard au Jeux Para de Paris, comment
01:09tu juges l'évolution du parasport ? On sent qu'il y a un réel engouement maintenant.
01:13Il y a un réel engouement, c'est clair que j'ai vécu cette ascension du paralympiste
01:19avec cette révolution qu'on avait déjà connue à Londres en 2012 avec une médiatisation
01:26importante, avec du monde autour des stades, etc.
01:29Et là, on est en train à Paris de revivre cette autre évolution.
01:33Anthony Estonia m'a très bien parlé sur la cérémonie d'ouverture, mais l'enjeu
01:36il est là, il est de marquer un pays, une nation dans l'évolution qu'on peut avoir
01:40sur la perception du sport, du parasport, du handicap en général, etc.
01:44Donc, il y a beaucoup de choses à pouvoir en sortir, mais encore une fois, on aimerait
01:49toujours que les choses aillent un peu plus vite, mais il faut laisser le temps aux mentalités
01:53de changer, aux choses de s'installer et je pense qu'on est quand même sur une très
01:57bonne voie.
01:58Donc, c'est plutôt rassurant et je suis très optimiste pour la suite.
02:01Justement, ça rejoint un peu ce que tu viens de dire, mais je suis tombé sur un article
02:04du Monde qui est sorti aujourd'hui, qui dit en fait que l'inclusion des personnes en situation
02:08de handicap progresse assez peu.
02:09Ils ont fait un bilan avant ces Jeux de Paris, que ce soit dans l'accessibilité des transports,
02:14dans l'inclusion à l'école, dans l'emploi.
02:16Est-ce que tu penses que ces Jeux de Paris, ça peut justement faire bouger les choses
02:20dans le bon sens ? J'ai envie de dire, Tony Estanguet parlait d'une révolution
02:23paralympique, mais on attend aussi peut-être dans la société plus globalement.
02:26Oui, mais elle ira de pair aussi dans la société.
02:28Quand on met en lumière sur les Jeux de Paris 2024, par exemple, l'accessibilité dans
02:35les métros qui est quasiment impossible pour quelqu'un qui est en fauteuil, on met forcément
02:39en lumière la maman avec sa poussette qui n'arrive pas à accéder au métro.
02:43Donc, toutes les grandes évolutions qui sont des fois portées par le sport et qui sont
02:47permises par cette médiatisation-là, finalement, elles finissent toujours par toucher la société
02:51derrière.
02:52Donc voilà, on parle de révolution, on parle d'héritage aussi des Jeux de Paris 2024.
02:56Donc, ça se passera dans le sport à l'école, ça j'espère bien, et puis dans les aménagements
03:02urbains qu'on aura et qui vont faciliter la vie de tout le monde aussi, et puis peut-être
03:05aussi simplement une évolution dans le regard des gens, tout simplement.
03:08Et ça, ce ne sera pas demain, ça ne va pas changer en un claquement de doigts, ça sera
03:13sur la longueur, mais il faut bien un point de départ et on espère bien qu'en France,
03:16ça va être ces Jeux.
03:17Et puis, ces Jeux, tu les as déjà vécus avec beaucoup d'émotions lors de cette cérémonie
03:21d'ouverture où tu as amené ce drapeau paralympique.
03:24On a la photo juste ici, je me permets de la montrer à la caméra.
03:28Je te laisse la revisionner, même si c'est quelque chose que tu as dû vivre extrêmement
03:33intensément aux côtés de John McFarlane, qui est le premier astronaute en situation
03:36de handicap à intégrer l'Agence spatiale européenne, qui est aussi un athlète paralympien.
03:41Est-ce que tu peux nous décrire un peu ce moment-là, à l'instant où tu as ce drapeau
03:46dans les mains et qui s'apprête à se hisser dans les airs de Paris ?
03:51C'était une émotion formidable.
03:54C'est une grosse responsabilité d'amener ce drapeau, le symbole des paralympiques,
04:01c'est les agithos.
04:02Les agithos, ça symbolise l'esprit en mouvement, c'est vraiment ça l'esprit des Jeux paralympiques.
04:07Il y a énormément de symboles derrière, énormément de valeurs et quand on m'a proposé
04:10de pouvoir amener ce drapeau-là avec John, de toute façon, j'ai dit oui tout de suite,
04:15c'était évident, mais j'ai compris aussi le poids de la responsabilité et j'ai découvert
04:20avec John une personne formidable.
04:22C'est des gens comme ça qui sont inspirants, qui permettent de faire bouger les choses.
04:27Mais pour revenir sur la cérémonie en elle-même, c'était un moment qui était un petit peu
04:31hors du temps.
04:32J'ai l'impression que je me suis un peu envolé dans l'espace avec lui ce jour-là et que
04:36je ne suis toujours pas redescendu.
04:37Est-ce qu'à ce moment-là, on l'a dit en introduction, tu as apporté le drapeau aussi
04:41aux Jeux paralympiques de Londres.
04:43C'était autant d'émotion d'avoir ce drapeau paralympique ?
04:46C'était un peu différent à Londres.
04:48C'était ma première cérémonie d'ouverture, mes troisième Jeux, mais finalement la première
04:51cérémonie d'ouverture que je faisais.
04:53D'être capitaine des porte-drapeau, d'être équipe de France, c'était quelque chose
04:56de génial.
04:57Et pour un voileux rentrer dans un stade qui est plein à 80 000 personnes, ce n'est
05:02quand même pas souvent.
05:03C'était une responsabilité qui a été géniale.
05:07J'ai vraiment kiffé d'avoir ce rôle-là.
05:09C'était différent, forcément, ici sur Paris, mais ça met en lumière aussi ma carrière
05:16sportive, les valeurs que j'essaie de porter au quotidien avec mon association des pieds
05:20des mains en faveur des gamins en situation de handicap.
05:24Une belle reconnaissance et encore une fois, si ça peut permettre d'allumer une petite
05:30flamme quelque part dans le regard d'un petit gamin qui dit, si c'est possible pour Damien,
05:34ce sera peut-être aussi possible pour moi, j'aurais tout gagné.
05:37Damien, la voile qui n'est plus dans le programme paralympique depuis Tokyo 2020, j'étais tombé
05:43aussi sur un article, une citation de ta part où tu disais que ça allait mettre en péril
05:47votre discipline.
05:48Qu'est-ce qu'il en est aujourd'hui, l'évolution de la paravoile ? Est-ce qu'on va dans le
05:53bon sens ou pas ?
05:54On va dans le bon sens, oui, c'est vrai que c'était une des craintes de voir cette discipline
05:58sortir du programme des Jeux, il y a moins de financement, c'est moins mis en avant,
06:03etc.
06:04Au final, avec la Fédération internationale et la Fédération française de voile, l'enjeu
06:08c'est quand même que la discipline revienne sur le programme des Jeux paralympiques.
06:11Ce n'était pas à Paris, ce ne sera pas sur les prochains Jeux, mais peut-être à Brisbane
06:16en 2032.
06:17En tout cas, on travaille pour ça, en tout cas, ça nous a permis de lui poser les bonnes
06:19questions au niveau international, comment on faisait accéder des nouveaux pays.
06:23Par exemple, on s'était rendu compte que le continent africain n'était pas du tout
06:28représenté en voile, donc on a développé des clinics là-bas, on a investi de l'argent
06:32pour que les pays puissent s'équiper avec du matériel, on a formé des gens sur place
06:37aussi pour encadrer, donc on a quasiment doublé le nombre de nations qui étaient capables
06:42de représenter leur pays sur cette discipline en voile.
06:44Donc ça, c'est une vraie réussite et je suis persuadé qu'on n'aura pas fait ses
06:48efforts pour rien.
06:49En tout cas, même si on ne revient pas sur un programme paralympique, en tout cas, on
06:54aura permis de rendre ce sport-là le plus accessible possible.
06:58Alors Damien, évidemment, triple médaillé paralympique, mais aussi le seul athlète
07:02handisport à avoir bouclé le Vendée Globe, ça c'est incroyable, en 2020, tu as fait
07:05une 7ème place.
07:06Là, tu repars pour la prochaine édition en 2024 avec encore plus d'ambition, j'ai
07:11envie de dire.
07:12Oui, c'était un projet un petit peu fou, de faire un Vendée Globe déjà, il faut
07:17vraiment partir longtemps, j'ai mis 80 jours à faire ce Vendée Globe avec une belle
07:217ème place à la clé.
07:22L'idée là, en repartant 4 ans plus tard, c'est non seulement d'essayer d'en boucler
07:28un deuxième, mais d'être encore plus performant, c'est-à-dire que je me suis équipé avec
07:32un bateau qui vole complètement au-dessus de l'eau maintenant, et l'enjeu, c'est
07:37effectivement qu'on ne parle plus de Damien un skipper avec un handicap parmi les valides
07:42mais comme un skipper à part entière, et je pense que j'ai gagné ces galons-là
07:45aux yeux de mes pères, et j'ai envie de continuer à faire ce sport-là parce que
07:49c'est ma passion, et un Vendée Globe, ça reste juste un truc de dingue de toute façon.
07:53Et justement, est-ce qu'il y a des adaptations du fait de ton handicap, parce qu'il y a des
07:56adaptations sur l'embarcation, sur la manière dont tu gères un Vendée Globe par rapport
08:01aux valides, ou alors pas du tout comme tu le dis ?
08:03C'est vraiment à la marge, en fait, la seule adaptation sur le bateau, c'est sur la colonne
08:06de winch qui permet d'actionner les winchs pour démultiplier les forces, il faut avoir
08:13la puissance des deux bras, parce que c'est quand même un bateau qui peut porter quasiment
08:16400 mètres carrés de toile, et voilà, on a juste adapté un manchon sur la colonne
08:22de winch, mais c'est tout, après le reste du bateau il est exactement pareil que mes
08:25petits copains, c'est juste moi, ma façon de faire les choses à une main, elle est
08:28forcément différente de quelqu'un qui a ses deux mains, mais voilà, moi je suis né
08:32comme ça, et je me suis adapté toute ma vie à cette particularité.
08:35Objectif top 5, c'est ça ? Ou alors on peut encore viser plus haut ?
08:39Dans le top 5, il y a aussi la première place !
08:42C'est vrai, c'est vrai.
08:43Mais voilà, il fallait une ambition qui a permis de mettre les choses en place technologiquement
08:48sur le bateau, de pouvoir aussi embarquer l'ensemble de mes sponsors aussi dans l'aventure,
08:54et puis qu'on ait un vrai objectif commun, donc aujourd'hui on est à quelques semaines
08:58de ce départ du Vendée Globe, et je peux dire que je suis prêt, le bateau il est prêt,
09:02et ça va être quelque chose d'incroyable de vivre ce départ-là.
09:06Dernière question Damien, après je te laisserai profiter de ta soirée, les Jeux Paralympiques
09:11ont évidemment commencé, il y a déjà des athlètes qui sont rentrés en lice, d'autres
09:13qui vont rentrer en lice, si tu avais un conseil toi à leur donner, triple médaillé Paralympique
09:18c'est pas rien, un conseil comme ça, que t'aurais aimé peut-être qu'on te donne
09:21aussi quand t'as fait tes premiers Jeux en 2004 ?
09:23Oui c'est un peu le rôle aussi que j'ai aujourd'hui au sein de cette équipe de France,
09:27en tout cas de ce collectif, je suis dans le village, alors bien sûr je ne suis plus
09:31athlète, mais je suis là aussi pour aider les jeunes et surtout les primo-arrivants
09:36sur ces Jeux à essayer d'être performants dès leur première participation, donc moi
09:40le seul conseil c'est de profiter de l'instant présent, s'ils sont présents au Jeux, c'est
09:44qu'ils méritent d'être là, et au Jeux on a toujours des surprises, donc on peut arriver
09:50en ne faisant pas partie des favoris et puis on est là pour renverser la table, et quand
09:54on arrive avec des ambitions de médailles, on est là pour confirmer aussi, mais tout
09:57ça, ça se fait généralement, on n'a jamais vu un champion olympique qui faisait la gueule
10:02en franchissant la ligne d'arrivée, donc il y a un moment donné où il faut savoir
10:05profiter de l'événement pour être super performant, et pour être avec l'équipe
10:12de France depuis une semaine dans le village, il y a une super bonne ambiance, et puis ils
10:17sont morts de faim, on l'a vu sur ces deux premières journées, on a des super résultats,
10:20donc la machine est lancée.
10:21On a une superbe équipe de France qui va nous ramener encore plein de médailles, merci
10:25beaucoup Damien, je te souhaite bon vent pour ce Vendée Globe, et puis j'espère que tu
10:30vas kiffer, que tu vas atteindre la meilleure place possible.
10:32Merci, j'invite tout le monde à venir sur ces Jeux, il y a encore de la place un peu
10:37dans les tribunes ou au Club France ce soir, il y a une ambiance de dingue, donc venez
10:41nombreux.
10:42Merci beaucoup Damien, à bientôt.

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