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Depuis que mon mari c'est fait arrêter par la police, ma vie est calvaire.

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00:00Il y a encore un mois, Karine et son fils menaient une vie paisible à Vorep,
00:05une petite ville près de Grenoble.
00:07On habitait avec papa là-bas, tu te rappelles ? Avec papa ? C'est où on habitait tous les trois.
00:18Un bonheur familial qui a explosé le 23 juillet dernier quand les gendarmes sont
00:24venus arrêter son compagnon. La justice l'accuse d'avoir tué dans le quartier deux petites filles.
00:29Depuis, Karine est une véritable pestiférée dans la cité. Elle a été obligée de fuir son domicile
00:36par peur de représailles. Maintenant, elle est obligée de se tenir à bonne distance de chez elle.
00:43Donc là-bas, je peux plus rentrer chez moi, je peux plus habiter. Pourquoi ? Parce que j'étais
00:49menacée et agressée. Ils ont tapé dans ma porte, ils ont sonné, ils m'ont dit que j'étais un monstre,
00:56que je vivais avec des tueurs d'enfants. On aura ta peau, on aura ta peau, sale salope,
01:01on aura ta peau. Pendant l'entretien, une voiture ralentit. Karine pense que le conducteur l'a
01:11reconnue. Il s'est arrêté là-haut, moi je me casse d'ici, je pars d'ici. Moi j'ai peur,
01:17moi je me casse d'ici. Il m'a repéré, alors c'est pour ça que moi je reste pas ici.
01:20Si la jeune femme est la cible de toutes les insultes, c'est parce que les meurtres
01:29qu'aurait commis son compagnon Georges avait traumatisé toute la région. Il est accusé
01:36d'avoir tué 22 ans plus tôt Sarah, 6 ans, et Saïda, 10 ans. Georges, le meurtrier présumé,
01:44était connu dans le quartier comme un bon père de famille. Il aurait pu mener cette vie tranquille
01:50encore bien longtemps, mais c'était sans compter sur les progrès de la science. Georges a grandi
01:59dans la petite ville de Vaurep. Il est l'aîné d'une fratrie de trois garçons. Dès son entrée
02:05à l'école, Georges se montre différent, il a du mal à apprendre. Le garçon ne retient rien.
02:09Aline, sa mère, est désemparée. Il a commencé à grandir, il n'a pas fait une école maternelle
02:22normale, il n'a pas fait le CP normal, il n'a pas fait de collège, rien, absolument rien. Il ne sait
02:34ni lire, ni écrire, ni compter. Malgré son handicap d'apprentissage, Georges essaie de suivre une
02:42scolarité, mais il a mal dans sa peau et à 12 ans, il se réfugie dans la drogue. Il ne se sentait pas
02:52comme les autres, il se droguait très très tôt. Il commençait à 12, 13 ans, il fumait du ***,
02:59ça a été le drame. Son comportement, il venait affreux. A cause de ça, à cause de la drogue,
03:11oui certainement. Affreux. Sa consommation excessive de drogue le rend même violent.
03:18Il arrivait à baver la mousse, il m'a jeté contre les vitres. Adolescent tirant à la maison,
03:31le garçon semble bien cacher son jeu à l'extérieur, où il apparaît plutôt calme et sympathique,
03:37personne ne s'en méfie. Le 15 avril 1991, Georges traîne dans son quartier, à cette époque il a
03:4715 ans. L'adolescent croise la petite sœur d'un ami à lui, Sarah, 6 ans, qui joue en bas de chez
03:53elle. Ce jour-là, on fête la fin du ramadan, dans les rues il y a du monde. A 21 heures, les parents
03:59s'aperçoivent de la disparition de leur fille. Toute la cité part à sa recherche. Son corps est
04:05retrouvé le lendemain dans ce bois. Selon les enquêteurs, le tueur aurait tenté de la ***.
04:10Serge Puyot, journaliste local, suit cette affaire depuis le début.
04:15Voilà donc c'est dans ce petit bois, juste derrière l'immeuble de Sarah, que le corps de
04:21la fille a été retrouvé. Lorsque les gendarmes arrivent, ils constatent effectivement que la
04:26petite fille a été étranglée, elle porte une trace de strangulation au niveau du cou. On retrouve,
04:32juste à côté du corps, un mouchoir en papier taché de sperme, un petit paquet de mouchoirs
04:39à côté. Voilà des indices qui s'avèreront très importants par la suite. En 1991, les analyses
04:47ADN n'existent pas encore et les traces biologiques retrouvées ne peuvent pas être exploitées. En
04:53revanche, les gendarmes trouvent une empreinte digitale sur le paquet de mouchoirs sur laquelle
04:58ils fondent tous leurs espoirs. Mais selon le colonel Rougier de la section de recherche de
05:03Grenoble, les enquêteurs vont vite déchanter. Elle n'est pas de très bonne qualité, elle ne
05:08permet pas, lorsqu'elle est rentrée en base, d'identifier l'auteur. Persuadés que le meurtrier
05:16connaissait la petite fille, les gendarmes lancent une opération de grande envergure. Ils recueillent
05:22les empreintes digitales d'un millier d'hommes qui habitent la cité, sans résultat. Georges passe
05:28entre les mailles du filet car il réside en bordure du quartier. L'enquête patine. Pendant
05:35cinq ans, le meurtrier ne va plus faire parler de lui. Georges suit une formation professionnelle
05:41pour être peintre en bâtiment. Mais à 17 ans, il abandonne tout. Sans aucun diplôme, il reste
05:48à la maison et continue de fumer beaucoup de ***. Les crises de violence de Georges empirent tellement
05:54que sa mère est obligée de faire appel aux gendarmes. Le jeune homme est interné dans cet
05:59hôpital psychiatrique à Saint-Egreve. Il en ressort au bout de quelques jours car les médecins ne
06:06l'auraient pas jugé dangereux. Pourtant, le dimanche 24 novembre 1996, Georges serait repassé à l'acte.
06:14Le jeune homme a maintenant 21 ans. Il se balade à VTT dans le quartier où a eu lieu le premier
06:20meurtre. Là encore, comme la première fois sur son chemin, il rencontre la petite sœur d'un ami à
06:26lui, Saïda. La fillette de 10 ans se rend au gymnase de son quartier, mais elle disparaît
06:32subitement. Son corps est retrouvé deux jours plus tard, à quelques kilomètres de son domicile.
06:37Donc c'est au bord de ce canal que la petite Saïda Berche a été retrouvée. En 1996, le corps était
06:47en partie immergé dans l'eau. L'autopsie démontrera qu'elle n'a pas été ***, qu'elle est morte
06:55étranglée. Son agresseur l'a étranglée avec une manche de son sweatshirt. On sait que l'eau
07:01crée pas mal de dégâts, notamment au niveau d'éventuelles empreintes ou de l'ADN. Donc les
07:09gendarmes sont confrontés effectivement à de grosses difficultés au niveau des relevés d'indices
07:14sur cette scène de crime. À cette époque, les techniques de recherche ADN en sont à leur
07:20balbutiement. Les analyses sur les vêtements de la petite fille ne donnent rien. Les gendarmes
07:25passent la zone au peigne fin. Ils espèrent y trouver une preuve qui les mènera au meurtrier,
07:30sans succès. L'enquête ne repose plus que sur des témoignages assez vagues.
07:35Certains témoins ont vu la fillette accompagnée d'un jeune en VTT qui a donc progressé sur un
07:48chemin qui est situé un peu en amont. Et ensuite, d'autres témoins ont vu ce jeune en VTT revenir
07:55seul. Des dizaines de jeunes possédant un VTT sont alors entendus. Et parmi eux, Georges. Le jeune
08:03homme raconte qu'il s'est bien promené à vélo cet après-midi là. Mais à aucun moment, il n'aurait
08:08croisé Saïda. Les enquêteurs n'ont pas de raison de le suspecter et le laissent repartir. Pas de
08:16preuves matérielles exploitables, pas de pistes sérieuses. Seule conviction pour les gendarmes,
08:21ce crime ressemble étrangement au meurtre de Sarra. Pendant plus de vingt ans, ils vont chercher le
08:28meurtrier sans succès. Et c'est le hasard qui va les mettre sur la bonne piste. A Vaurep, personne
08:36n'imagine que le meurtrier présumé vit tout près, dans le quartier de ses victimes. À 32 ans,
08:43Georges est maintenant diminué physiquement. Il est atteint d'une maladie génétique incurable,
08:47la maladie de Stenner, qui lui atrophie ses muscles. Il vit de petits boulots dans une
08:54structure pour handicapés. C'est là qu'il rencontre Karine. Patrice est né deux ans plus tard. Pour
09:01Karine, Georges est incapable de commettre un tel crime. Il était sympa, il n'y avait rien d'anormal,
09:08on rigolait, c'était un garçon qui était très gentil. Franchement, c'était quelqu'un de doux,
09:14c'était un amour. C'était un amour pour l'entourage. Et aussi pour ses voisins. Le plus surprenant,
09:22c'est que Georges entretient de bonnes relations avec la maman de la petite Sarra,
09:26sa première victime. Il lui présente même Karine. Elle m'a accueilli avec le café et les gâteaux.
09:35Donc, pour moi, ça me fait... C'est chaud. On a éclaté. C'est dur. J'arrive pas,
09:48j'arrive pas. J'arrive pas quoi. On n'y arrive pas. C'est un cauchemar. C'est un cauchemar.
10:00Ca va passer, c'est un cauchemar. Tout bascule pour Georges en 2008. Il est arrêté pour détention
10:08de stupéfiants. On lui prélève alors ses empreintes digitales et génétiques. Georges est
10:13désormais inscrit au fichier des délinquants. Plusieurs fois par an, la justice fait des points
10:20sur les affaires non élucidées. Début 2013, une juge décide de renvoyer au laboratoire les
10:25scellés des deux meurtres. Et incroyable, 22 ans plus tard, les éléments retrouvés sur les scènes
10:31de crime livrent enfin leurs secrets. Sur le chemisier de Sarah Asyad a été retrouvée une
10:39trace de sperme qui n'avait pas été identifiée jusque là et au sein de laquelle le laboratoire
10:45a trouvé un ADN nucléaire qui a permis d'identifier l'auteur présumé. Les scientifiques retrouvent
10:51exactement la même trace ADN sur le sweatshirt de la petite Saïda. Le 23 juillet dernier, Georges
10:57est placé en garde à vue. Dans un premier temps, il tient tête aux gendarmes. Mais face aux éléments
11:03matériels, il finit par craquer, mais plein de la folie. Jean-Yves Coquillat, le procureur de la
11:09République, est en charge de ce dossier depuis un an et demi. Pour lui, il ne s'agit pas de meurtre.
11:14Dans le premier cas, il dit qu'il a rencontré par hasard Sarah Asyad et puis qu'il a pris un coup de folie.
11:22Il aura même l'expression devant le juge d'instruction, le diable est entré en moi. Et puis après, eh bien,
11:28il ne sait pas ce qu'il se passe, si ce n'est que la petite fille est morte et il s'en va. Et pour la
11:34deuxième, il a reconnu qu'il l'a frappé simplement à la tête et qu'il est parti la laissant vivante.
11:40S'il y a des traces génétiques sur son sweatshirt, c'est qu'il a réajusté celui ci sur les épaules
11:47de la petite avant de partir. Bon, naturellement, ces explications sont un peu surprenantes, mais
11:53voilà. Georges avait-il conscience de ce qu'il faisait au moment des faits ou a-t-il cédé à un
11:59coup de folie comme il le prétend ? D'après maître de combat, son client n'a rien à faire en prison,
12:05mais devrait être enfermé dans une unité psychiatrique. Pour moi, il n'a pas toutes ses
12:11facultés mortelles, puisque moi-même, qui suis son conseil, je constate qu'il a des difficultés
12:19à s'exprimer et à tenir des propos tout à fait cohérents. S'il est jugé irresponsable de ces
12:24actes, ça signifie que sa place n'est pas dans une maison d'arrêt, mais dans un hôpital. Ce n'est
12:30pas du tout l'avis de maître Hartmann de Sico, un des avocats des familles des victimes. Ce qu'on
12:36sait de façon certaine, c'est que moins d'un an avant la commission du deuxième meurtre,
12:44il faisait son service militaire, il n'a pas été exempté pour ce service et les personnes qu'il
12:51côtoyait à l'époque confirment qu'il était en bonne santé. Si Georges est reconnu coupable,
12:58il risque la perpétuité pour l'assassinat de Sarah et de Saïda, commis il y a 22 ans.

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