Casquette Verte : « L'Ultra c'est comme la drogue mais c'est légal. » - Ultratrail - UTMB
L'atypique ultra-trailer Alexandre Boucheix, plus connu sous le pseudo de Casquette Verte, s'est confié en vidéo sur ses meilleurs et pires moments vécus en course, juste avant le départ de l'UTMB Mont-Blanc (vendredi 18h00).
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00:00La course la plus douloureuse ou traumatisante ?
00:02La Diagonale des Fous, la seconde, parce que la première on sait pas encore à quel point c'est dur.
00:07On va courir plus de 30 bornes et rentrer dans Mafate, traverser Mafate et on dit qu'il y a encore le chemin des Anglais
00:13et la descente sur la Redoute à Fer avec les racines, les cailloux, le soleil.
00:17L'ambiance réunionnaise, c'est incroyable, c'est incroyable, c'est incroyable.
00:23La course la plus épanouissante ?
00:37Je pense que c'était un off que je me suis organisé, je suis parti de Paris et je m'étais dit que ce serait marrant d'aller jusqu'à la mer en courant
00:43et donc on est allé jusqu'à Montfleur et on s'était dit on arrive à la mer, je pars de la mer, je reviens,
00:48la mer en courant et donc on allait jusqu'à Honfleur et donc on s'était dit on arrive
00:52à la mer, je pars de mon canapé, j'arrive à la mer, je mets les pieds dans l'eau et
00:55je m'ouvre une bouteille de vin blanc donc le niveau d'épanouissance était total quand
01:00ça a fait juste en arrivant.
01:01La finish line la plus animée, la plus incroyable ?
01:05C'était l'UTMB il y a deux ans, parce que je rentrais dans le top 20 de l'UTMB, je faisais
01:12la course en mode 23 heures, j'arrivais avant la première féminine à l'heure de l'apéro
01:17et ça c'est important, on ne le dit pas assez à Chamonix parce que les rues sont
01:20bondées, c'était la teuf et donc ça c'était vraiment le moment où moi j'aime bien surprendre
01:27et c'est peut-être la fois où j'ai été surpris.
01:29La course la plus belle en termes de décors ?
01:33Je pense que ça va être la Saint-Hélion, pourquoi ? Parce que pour moi la course c'est
01:37avant tout un regard sur l'intérieur de soi avant d'être un regard sur l'extérieur
01:42et la Saint-Hélion le truc c'est qu'il fait nuit donc tu vois rien, tu n'as zéro décor
01:45donc le décor que tu as c'est toi et tes souffrances et pour moi c'était celle qui
01:50paraît au niveau des paysages a été la meilleure parce que c'était les paysages
01:53intérieurs que je suis allé voir.
01:54Là où tu t'es le plus marré ?
01:58Je pense que c'était le Mont-Fuji cette année, le 100 miles du Mont-Fuji, l'ultra-trail
02:03du Mont-Fuji parce qu'avec une culture européenne qui plus est française, qui plus est un Parisien,
02:12dans l'univers culturel japonais, le choc est tellement immense que tout devenait drôle
02:19de l'incompréhension qu'on avait entre nos deux cultures et on a cette passion commune
02:24du trail, on a cette passion commune de l'ultra mais pourtant on a deux manières différentes,
02:28totalement différentes de l'aborder et c'était cette différence qui créait les petits moments
02:33rigolos avec les japonais et je crois que je les ai fait rire en plus.
02:36C'est celle où il y a eu le plus d'hallucinations ?
02:40C'est quand même encore la Diagonale des Fous et c'est mon hallucination un peu préférée,
02:45c'est kilomètre 100, 20, 130, première Diagonale des Fous, je ne sais pas qu'est-ce que je
02:50fous là, je suis parisien au milieu de l'île de la Réunion, je suis en train de descendre
02:54le Maïdo dans une forêt où il y a du lichen et ça commence par une hallucination auditive,
02:59j'entends des petits ricanements au loin et quand j'avance, ces ricanements disparaissent
03:04et au bout d'un moment j'essaye d'allumer avec ma frontale les ricanements et je vois
03:08des petits hamas et en fait c'est des sorcières qui portent des chapeaux qui sont en train
03:11de ricaner et je me rends compte qu'elles ricanent de moi et donc ça m'énerve et j'essaye
03:15de les poursuivre dans la forêt et donc voilà, au bout de 10 minutes, un quart d'heure, je
03:20me suis rendu compte que non, il n'y avait pas de sorcières, elles ne ricanaient pas,
03:23c'était mon cerveau qui était en train de complètement faire n'importe quoi, de déconnecter
03:27et c'était peut-être le moment où je me suis rendu compte que l'ultra c'est cool parce
03:32que c'est comme la drogue mais c'est légal.
03:33La course la plus atypique ?
03:38Allez, il y en a deux, le premier c'est le désert d'Atacama où on part de Iquique,
03:41on va jusqu'à San Pedro de Atacama et il n'y a pas de règle, la seule règle c'est
03:45qu'il n'y en a pas, no rules, no spectators, il y a 500 km à faire, on part d'un point
03:50A, on va à un point B, il n'y a pas de village, il n'y a pas d'assistance, il n'y a rien,
03:55il y a juste toi, tes jambes et ta capacité à résister au désert le plus aride au monde
04:00où il n'a pas pu depuis 6 ans, donc c'était très intéressant d'un point de vue physique,
04:05c'était très intéressant de faire des lignes droites de 90 km sans qu'il y ait le moindre
04:08virage, c'était très intéressant de courir sur la bande d'arrêt d'urgence de la panaméricaine
04:12avec tous les gros camions qui sortent des mines de cuivre chiliennes qui n'ont pas prévu
04:17qu'il y ait un petit mec qui soit en train de courir donc ça les surprend aussi un petit
04:20peu donc ça c'était très atypique et à l'inverse il y a aussi une course pirate
04:25que j'organise à Montmartre où il faut faire 291 fois les escaliers à gauche du funiculaire
04:30donc ça fait 80 km de distance et ça fait 11 650 m de dénivelé donc c'est très drôle
04:36de se dire qu'on fait plus que de la montagne, plus qu'un Everest mais dans Paris intramuros
04:40donc il y a ces deux extrêmes que j'aime bien.
04:42La course où tu t'es dit plus jamais ? Je pense que c'est le marathon de Paris, ça
04:48va pas plaire aux organisateurs à l'ASO mais en fait je me suis dit ça parce que le marathon
04:54ça a été pour moi une super porte d'entrée dans le monde de l'endurance et je trouve
04:59que le marathon c'est trop dur parce que c'est un effort qui est pour moi trop court, c'est
05:02un sprint de 42 km et quand on arrive dans ce bois de Bologne là qu'on est cuit, qu'il
05:06faut faire encore le tour pour aller jusqu'à l'avenue Foch, je me le suis dit plusieurs
05:13fois à ce moment là, c'est terminé le bitume, maintenant je pars faire de l'ultra et finalement
05:18c'était bien que ça ait duré qu'un temps donc c'était plus jamais ça parce que j'ai
05:21vécu des belles émotions sur le marathon de Paris mais parce que ça m'a permis d'avoir
05:25envie d'autres choses.
05:26La nuit la plus horrible ? Ah si c'est quand avec mon pote Loïc cette
05:32année on a fait un truc qui s'appelle l'opération Schengen, c'était le principe de traverser
05:365 pays d'un coup sur une seule trace, on est parti des Pays-Bas, on a fait Pays-Bas,
05:41Allemagne, Belgique, on a traversé tout Luxembourg, on a terminé en France et donc les Ardennes
05:49belges et luxembourgeoises et allemandes à 4h du mat en fin de mois de mars sur des
05:57chemins qui sont pas très pris par d'autres coureurs donc ça déborde de ronces et c'est
06:04un peu le bordel.
06:05C'est sous la pluie, c'était quand même une ambiance un peu particulière, j'aurais
06:08bien aimé pouvoir m'arrêter à une petite taverne, une petite brasserie belge et si
06:12c'était horrible c'est parce que les tavernes étaient fermées à cette heure-ci, horrible
06:15pour ça en fait, c'était parce que ça manquait d'interaction humaine.
06:18La chose la plus étrange que tu as mangé lors d'un ravito ?
06:21C'est quelque chose que je vais manger sur l'UTMB parce que ça a beau être étrange,
06:25ça marche et chez moi ça marche très bien, c'est un bœuf bourguignon, lyophilisé certes
06:31mais c'est un petit bœuf bourguignon donc je mange ça, là je sais que je vais avoir
06:34ça, un petit bœuf bourguignon de 4-5h du mat vers Courmeilleur puis après en réchauffer
06:41à champer un petit peu plus tard dans la matinée donc ouais, le bœuf bourguignon
06:46je pense que c'est un truc, on ne s'attend pas à bouffer ça sur un ultra et pourtant
06:49ça passe mais nickel !