Lucie Castets, candidate du NFP pour Matignon, était l'invitée d'Apolline de Malherbe dans "Face-à-Face" sur BFMTV et RMC, ce jeudi 29 août 2024.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00Il est 8h32 et vous êtes bien sur RMC et BFM TV, bonjour Lucie Castex, merci d'être mon invitée ce matin.
00:16Vous êtes toujours candidate du nouveau Front populaire pour Matignon, Emmanuel Macron a dit non, mais non peut-être que pour l'instant, c'est en tout cas ce que vous continuez à espérer.
00:25On va y revenir bien sûr dans un instant, mais je voudrais d'abord qu'on écoute ensemble Harmonie Comine.
00:30Harmonie Comine, c'est la veuve du gendarme qui a été tuée lors d'un refus d'obtempérer.
00:35Elle s'exprimait hier lors de l'hommage à son mari.
00:38Je remercie notre France d'avoir tué mon tendre époux. Que j'aime tant le père de nos enfants.
00:46Attention, je ne parle pas d'étrangers, mais de récidivistes. Je l'affirme haut et fort, la France a tué mon mari.
00:54La France a tué mon mari par son insuffisance, son laxisme et son excès de tolérance.
01:00Pourquoi cet homme multirécidiviste peut-il évoluer en toute liberté ?
01:05Quand est-ce que nos législatifs ouvriront réellement les yeux ?
01:09Faut-il qu'il soit touché directement pour agir ?
01:13Combien de morts avant que ces assassins soient vraiment punis ?
01:18Qu'est-ce que vous lui répondez Lucie Castex ?
01:20Je souhaite exprimer toutes mes condoléances à cette femme, à toute la famille de l'adjudant Eric Comine.
01:27Ils vivent un drame et je pense qu'il faut avoir toute notre solidarité et notre compassion.
01:33Je pense aussi à tous les policiers, à tous les gendarmes qui font un métier extrêmement difficile au service de tous nos concitoyens.
01:40Il faut penser à leur situation.
01:43Ce qui est extrêmement important, c'est de donner à tous les professionnels de ce secteur-là,
01:48qui sont des agents publics qui font un travail remarquable, les moyens de réaliser leur travail et de réaliser leur fonction dans des conditions satisfaisantes.
01:58Les moyens, ce sont des effectifs, ce sont des moyens financiers et budgétaires, c'est extrêmement important.
02:04On sait qu'il y a des secteurs dans lesquels il n'y a pas suffisamment de moyens.
02:07On sait que beaucoup de personnes, par exemple, regrettent de ne pas avoir de police à proximité, de ne jamais être en relation avec la police.
02:15C'est un des axes sur lesquels l'Union de la Gauche souhaite travailler.
02:18Mais ce n'est pas là-dessus qu'elle exprime son regret à Harmonie Comine.
02:23C'est sur la législation, c'est sur le fait qu'un multirécidiviste,
02:27qui a effectivement été connu pour violence en 2006, pour outrage en 2009, pour violence en 2010,
02:33pour délit de fuite en 2012, pour conduite sans permis en 2014,
02:36violence et outrage sur agent en 2016, rébellion en 2016, violence à nouveau et conduite en état d'ivresse en 2023, soit toujours en liberté.
02:46Je comprends évidemment son émotion.
02:48Je pense qu'il faut que la justice soit la plus efficace possible dans ce drame.
02:53Mais comme dans d'autres situations, je pense qu'il est absolument impératif que la justice ait les moyens de travailler.
02:58Or, on sait aujourd'hui que la justice est dans un état qui n'est pas du tout satisfaisant.
03:01Les décisions prennent des mois à être rendues.
03:04J'ai l'exemple d'une justice aux affaires familiales qui ne peut plus entendre les enfants
03:08parce qu'il n'y a pas suffisamment de moyens, il n'y a pas suffisamment de magistrats.
03:12La justice civile est également totalement dépeuplée parce qu'il n'y a pas suffisamment de magistrats.
03:17Pour vous, c'est toujours une question d'effectifs ou de moyens, pas une question de philosophie ou de laxisme, comme le dit la veuve.
03:25Je pense qu'on ne peut pas réagir.
03:28Je pense que les Français aussi attendent ça, attendent de la stabilité et du sang-froid.
03:33On ne peut pas légiférer sur la base seulement de faits divers.
03:38Je pense qu'il faut regarder à tête reposée l'état de notre législation et faire évoluer ce qui doit l'être.
03:43Mais on ne peut pas réagir comme ça au coup par coup.
03:45En tout cas, ce qui est absolument certain, c'est qu'aujourd'hui, les forces de l'ordre et la justice manquent de moyens pour faire leur travail de manière satisfaisante.
03:53Par ailleurs, enfin, je pense qu'il est extrêmement important de dire que dans ces drames comme dans les autres, il faut se garder d'opposer la police et la population.
04:00Au contraire, ce qu'il faut faire, c'est renforcer le lien entre les forces de l'ordre et la population.
04:04Vous n'auriez pas été dans les manifestations dans lesquelles une partie de la France insoumise était, avec des slogans comme « la police tue ».
04:10Ça n'est absolument pas la question aujourd'hui.
04:13Moi-même, j'ai beaucoup travaillé avec des policiers et des gendarmes lorsque je travaillais sur la lutte contre la criminalité financière.
04:21J'ai beaucoup de respect pour le travail qu'ils font.
04:23Ils le font avec un immense dévouement et un immense professionnalisme.
04:26Et donc, je pense que sur ces sujets comme sur beaucoup d'autres, il faut être nuancé.
04:30Est-ce que ces slogans, et encore une fois, j'y repense parce qu'effectivement, vous dites qu'il ne faut pas opposer la population et la police.
04:36C'est vrai que ces manifestations qui avaient eu lieu devant l'Assemblée nationale, à laquelle de nombreux élus de la France insoumise s'étaient rendus avec ces cris « la police tue ».
04:44Est-ce que ça vous avait mis mal à l'aise à l'époque ?
04:46Ce qui m'avait mis mal à l'aise ou ce qui avait créé chez moi de l'effroi et de l'inquiétude, c'est le fait que dans des situations extrêmement tendues,
04:56il peut y avoir des moments où il existe effectivement des violences qui sont commises par des agents publics.
05:01Ils ont un rôle absolument central, je l'ai dit, je respecte beaucoup leur travail.
05:04Ils ont un travail qui est très difficile.
05:06Et donc, le corollaire de ça, c'est de l'exemplarité.
05:09Il est absolument nécessaire que les agents publics, quels qu'ils soient,
05:13et en particulier ici, puisque c'est l'objet de notre discussion, les forces de l'ordre, soient exemplaires.
05:18Et je pense que la plupart d'entre eux le sont.
05:20Autre question, la situation régulière du chauffard.
05:24Je vous ai fait la liste de tous les délits et des outrages et des violences.
05:30Il s'était malgré tout octroyé une carte de séjour provisoire en 2022, malgré les dix condamnations à son casier judiciaire.
05:38Là-dessus, pour le coup, la loi a évolué.
05:42Comme je l'ai dit tout à l'heure, on ne peut pas toujours faire évoluer la loi.
05:44La loi a évolué puisqu'il y a eu la loi immigration qui a été votée en janvier dernier,
05:49qui stipule que typiquement, une personnalité comme celle-là ne se serait pas vue aujourd'hui octroyer ce titre de séjour,
05:56puisqu'avec un casier judiciaire tel que celui-là, il n'aurait pas obtenu ces papiers.
06:02Est-ce que vous, à Matignon, vous revenez sur cette loi,
06:05parce qu'au contraire, vous vous dites que c'est une bonne chose d'avoir mis davantage de fermeté sur l'octroi ou non de ce titre de séjour ?
06:12Ce qui est certain, c'est qu'à Matignon, nous aurions pour projet de rediscuter de la loi immigration,
06:17puisqu'elle a été adoptée dans des conditions qui ne sont pas satisfaisantes.
06:21Elle ne correspond pas aux idées que nous souhaitons porter et je ne crois pas qu'elle réponde aux préoccupations des Français.
06:28On a un problème d'accueil en France.
06:30Être entièrement sur le volet répressif n'est pas, à mon sens, un bon équilibre.
06:34Et donc, je souhaiterais travailler en direction de davantage d'équilibre,
06:38avec des moyens davantage sur l'accueil des étrangers en France.
06:43Vous le savez, le Rassemblement national, à l'issue du vote de cette loi, a parlé d'une victoire idéologique.
06:49Évidemment, je ne peux pas soutenir ce texte.
06:51Ça veut dire que, pour vous, le fait que Luis Antonio Mendes Vaz,
06:56qui était connu pour violence, outrage, délit de suite,
07:00pouvait, malgré tout, ce n'est pas, pour vous, un motif qui lui aurait pu refuser le permis de séjour.
07:08Je pense qu'une des grosses difficultés qui est mise en lumière avec ce drame,
07:11c'est le fait que la justice n'a pas pu travailler de manière suffisamment...
07:14Pour vous, le fait qu'il ait obtenu son permis de séjour,
07:17qu'il n'obtiendrait pas encore une fois aujourd'hui depuis cette loi, c'était une bonne chose.
07:21Pour moi, le sujet, c'est le fonctionnement de la justice.
07:24D'ailleurs, cette dame le dit dans sa grande douleur.
07:26Elle dit quand même, je ne parle pas d'étrangers.
07:28Elle parle du fonctionnement de la justice.
07:30Je pense qu'il faut se garder de tirer des conclusions hâtives sur la base d'un fait divers.
07:34Je pense que là, la question, c'est les moyens de la justice, l'efficacité de la justice.
07:38Il faut une justice qui rende ses décisions rapidement
07:40et qui soit en mesure de travailler sereinement.
07:42Mais donc, je reviens sur ma question,
07:44cette loi immigration qui fait qu'un casier comme celui-là
07:47n'aurait pas permis l'obtention d'un permis de séjour,
07:50vous, vous estimez que cette loi doit être mise à la poubelle ?
07:53Alors, je n'ai pas parlé de mise à la poubelle.
07:55Ce que j'ai dit, c'est qu'il faudra retravailler sur cette loi.
07:57Cette loi qui a été saluée intégralement par le Rassemblement national,
08:00je ne peux pas, dans ces conditions, et compte tenu du contenu de cette loi,
08:03dire qu'elle me convient.
08:05Lucie Castex, est-ce que lundi, vous retournez travailler ?
08:08Alors, je vais mettre fin à mes fonctions à la direction des finances de la ville de Paris.
08:13Je pense qu'il n'est pas compatible.
08:15Là, j'étais en congé, donc j'ai pris sur mes vacances
08:18pour aller à la rencontre des Français, aller à la rencontre des militants,
08:21aller à la rencontre des syndicats.
08:23Maintenant que les congés s'achèvent, je pense que je vais mettre un terme
08:26à mes fonctions à la ville de Paris de directrice des finances.
08:28Vous démissionnez donc de votre poste à la mairie de Paris ?
08:31Je me retire de mon poste, il ne s'agit pas d'une démission,
08:34puisque je suis agent public.
08:36Vous vous retirez de votre poste, mais vous vous mettez en congé,
08:39en quelque sorte, de votre poste, puisque vous ne pouvez pas démissionner
08:42de la fonction publique.
08:44Je ne démissionne pas de la fonction publique, je suis extrêmement attachée
08:46à la fonction publique, je suis fonctionnaire,
08:48et j'y accorde une très grande importance.
08:50Donc non, je ne démissionne pas de la fonction publique,
08:52je me retire de mon poste.
08:54Vous êtes en disponibilité ?
08:56Les modalités pratiques sont encore en discussion avec mon employeur.
08:58Je vous le dirai le moment venu, quand ce sera précis.
09:00Là, je ne peux pas encore le dire, parce que je ne sais pas exactement
09:02quelles sont les modalités.
09:04Mais oui, j'envisage de me mettre en disponibilité.
09:06Ça veut dire que vous continuez ?
09:08Ça veut dire que vous estimez que vous êtes toujours candidate
09:11pour le poste à Matignon ?
09:13La question, c'est répondre à l'aspiration des Français.
09:16Je pense qu'il y a eu une forte aspiration, et on l'a entendu,
09:19un fort espoir qui est né du résultat des élections législatives.
09:22Les Français attendent, et en particulier les électeurs de gauche,
09:25bien sûr, attendent que l'unité existe.
09:27Je pense qu'en réalité, là, en un mois, on a démontré
09:30que l'Union de la Gauche était une force extrêmement enthousiasmante
09:35pour la vie politique française.
09:37Je pense que la société civile organisée, les associations,
09:40les collectifs, mais aussi les syndicats ont accueilli cela
09:43avec beaucoup d'espoir.
09:45Je vais essayer, à mon niveau, de mettre toutes mes forces
09:47pour préserver cette Union de la Gauche.
09:49C'est une question très pratique, mais puisque vous nous révélez ce matin
09:52que vous ne retournerez pas à votre poste lundi,
09:54vous allez gagner votre vie comment ?
09:56C'est encore à déterminer.
09:59Vous allez chercher un autre emploi ?
10:01Possiblement, oui.
10:03Lucie Casset, est-ce que vous êtes toujours la candidate
10:06du Nouveau Front Populaire ?
10:08Candidate, oui. Continuer l'aventure, oui.
10:11Mais est-ce qu'aujourd'hui, vous avez quand même l'impression
10:13que le Nouveau Front Populaire fait toujours bloc pour votre candidature ?
10:16Sans aucun doute, le Nouveau Front Populaire fait bloc.
10:18Il fait bloc non seulement pour ma candidature,
10:20mais aussi pour défendre la logique institutionnelle
10:22qui est celle de notre pays.
10:24J'ai quand même quelques doutes, notamment en écoutant
10:26Carole Delga ce matin, la présidente socialiste
10:28de la région Occitanie,
10:30qui, quand la journaliste lui parle de vous,
10:33répond dans le journal Le Parisien
10:35« On va arrêter de se raconter des histoires ».
10:37Vous choisissez un extrait, j'ai des contacts réguliers
10:39avec Carole Delga cet été.
10:41Mais elle évoque d'autres personnalités que vous.
10:43Elle évoque notamment Bernard Cazeneuve,
10:45dont elle estime que ce serait une des personnalités
10:47possiblement qui puisse faire le job.
10:49La vraie question sur ce sujet,
10:51c'est sur quel mandat et avec quel programme.
10:53Le Parti Socialiste l'a dit extrêmement clairement,
10:55ils s'opposeront à tout gouvernement
10:57qui conduirait à une prolongation
10:59de la politique mise en œuvre par Emmanuel Macron
11:01depuis 7 ans. Ça me semble extrêmement clair.
11:03Et donc je me sens toujours soutenue
11:05par les quatre forces du Nouveau Front Populaire.
11:07Alors là, vous citez le Parti Socialiste,
11:09et en effet, le Nouveau Front Populaire
11:11est aussi composé de la France Insoumise,
11:13qui, elle, continue à dire
11:15tout le programme du NFP,
11:17rien que le programme du NFP.
11:19Alors, la LFI ne dit pas du tout ça,
11:21puisque vous l'avez vu vous-même cet été
11:23à plusieurs reprises.
11:25Alors, ça dépend qui on écoute.
11:27Mathilde Panot a signé un courrier
11:29avec l'ensemble des présidents de groupe au Parlement
11:31et les chefs de parti et moi-même
11:33à tous les parlementaires pour dire...
11:35Alors, on a signé un courrier aux Français
11:37et un courrier aux parlementaires pour dire
11:39nous travaillerons avec tous les parlementaires républicains,
11:41nous trouvons des accords texte par texte
11:43et donc, évidemment, nous prenons acte
11:45du fait que nous avons une majorité relative
11:47et non absolue, et il me semble
11:49que ce message est très clair.
11:51Manifestement, le Président de la République
11:53n'a pas voulu l'entendre et a caricaturé
11:55le positionnement du Nouveau Front Populaire.
11:57Moi, j'ai eu cet été des contacts avec tout le monde.
11:59C'est-à-dire...
12:01C'est-à-dire des personnes hors du Nouveau Front Populaire.
12:03J'avais encore un appel avec Charles de Courson
12:05hier pour évoquer les questions budgétaires.
12:07Charles de Courson, c'est Liott, c'est un des groupes en prise.
12:09Exactement, j'ai eu des contacts avec
12:11des personnalités politiques qui ne sont plus dans le jeu politique
12:13aujourd'hui, mais qui sont quand même influentes
12:15et qui sont aussi une source d'inspiration.
12:17Par exemple, je pense à Dominique de Villepin
12:19avec qui j'ai échangé plusieurs fois cet été.
12:21J'ai eu des contacts avec des députés Modem.
12:23J'ai eu des contacts avec
12:25des personnes du Bloc Central.
12:27Ce qui est extrêmement important de dire, c'est qu'eux,
12:29ils sont prêts à discuter sur le fond.
12:31Est-ce que vous avez eu un engagement d'eux ?
12:33Et est-ce que
12:35vos discussions avec eux vous ont laissé entendre
12:37que vous auriez pu
12:39constituer une véritable majorité ?
12:41Oui. Vous l'aviez.
12:43On est capables de travailler,
12:45comme je l'ai toujours dit, texte par texte.
12:47Le résultat des élections législatives
12:49nous donne la légitimité pour être à l'initiative.
12:51Et ensuite, il faut laisser la démocratie
12:53vivre et le jeu parlementaire se faire.
12:55C'est-à-dire, il faut nous laisser aller chercher
12:57des accords texte par texte
12:59et nous étions prêts à le faire.
13:01Vous n'en arriviez pas au même chiffre, parce qu'Emmanuel Macron, lui,
13:03dit que vous auriez eu immédiatement
13:05350 députés
13:07contre vous, c'est-à-dire de quoi voter
13:09une motion de censure.
13:11La réalité, c'est qu'Emmanuel Macron ne veut pas nous laisser gouverner.
13:13Il ne veut pas nous laisser faire ce travail
13:15parlementaire, d'aller convaincre
13:17les partenaires à l'Assemblée et au Sénat
13:19qui sont d'autres groupes politiques.
13:21Ce qui est extrêmement intéressant là-dessus,
13:23on demande beaucoup des comptes au NFP sur eux.
13:25Alors, vous seriez censurés immédiatement.
13:27Mais quand on regarde les chiffres,
13:29imaginons que par miracle,
13:31Emmanuel Macron parvienne à souder
13:33l'ensemble du Bloc central et de droite autour de lui.
13:35Il y aurait encore 335 députés
13:37contre lui.
13:39Et donc, de quelle coalition parle-t-on ?
13:41De quel équilibre parle-t-on ?
13:43Et de quelle absence de censure parle-t-on ?
13:45La réalité, c'est que la logique institutionnelle
13:47voudrait que le Président désigne un Premier ministre
13:49issu du Bloc arrivé en tête, et ensuite,
13:51il laisse cette Première ministre,
13:53son gouvernement travailler, ses députés,
13:55ses parlementaires travailler, pour aller chercher des accords.
13:57C'est ça la logique institutionnelle.
13:59Et je pense que sur les sujets sur lesquels nous souhaitions
14:01travailler en priorité, c'est-à-dire notamment
14:03les services publics et le pouvoir d'achat,
14:05nous aurions pu trouver des accords, car en réalité,
14:07énormément de parlementaires
14:09entendent leurs compatriotes,
14:11entendent leurs électeurs dire « oui, moi, mon principal sujet,
14:13c'est le logement ou c'est le pouvoir d'achat,
14:15et je souhaite que vous travailliez dessus ».
14:17Le journal L'Express, le magazine L'Express,
14:19croit savoir qu'une des raisons pour lesquelles
14:21Emmanuel Macron ne vous a pas nommé, surtout pas nommé
14:23au début de l'été, c'est parce que
14:25l'Assemblée nationale ne se réunissant
14:27qu'à partir du 2 octobre,
14:29vous auriez eu tout le temps
14:31avant une éventuelle censure
14:33de pouvoir prendre
14:35par décret la hausse du SMIC,
14:37la fin de la réforme
14:39des retraites. Est-ce que vous
14:41soupçonnez que c'est aussi ça
14:43la raison pour laquelle il a prétexté
14:45les Jeux olympiques ou une trêve de l'été ?
14:47Oui, la réalité, c'est que le président
14:49de la République a attendu au moins 4 semaines
14:51avant de lancer ses consultations.
14:53Comment peut-on faire ça ? Et ensuite, prenez la
14:55stabilité institutionnelle. Il faut laisser
14:57la démocratie travailler.
14:59La réalité, c'est qu'il ne souhaite pas que le Nouveau Fonds
15:01Populaire puisse mettre en place
15:03son programme parce que le programme
15:05du Nouveau Fonds Populaire déplaît
15:07à Emmanuel Macron.
15:09On a toujours dit qu'on
15:11avait totalement dépassé tout le programme,
15:13rien que le programme, qu'il fallait faire
15:15des compromis et chercher de la négociation.
15:17Il a refusé de l'entendre et il nous a
15:19figé dans cette position qui n'est pas la réalité.
15:21Si Bernard Cazeneuve est nommé, vous le soutiendrez ?
15:23Il n'y a aucun problème
15:25personnel avec Bernard Cazeneuve, c'est quelqu'un
15:27que j'estime et que je respecte,
15:29qui a été Premier ministre.
15:31La question, ce n'est pas une personne, c'est
15:33sur quel programme et avec quel mandat.
15:35Mais s'il prend une partie du programme
15:37du Nouveau Fonds Populaire,
15:39sur les retraites par exemple, est-ce que
15:41vous diriez que c'est déjà mieux que rien ?
15:43Ce qui m'intéresse, c'est de savoir si un Premier ministre
15:45qui serait désigné, qui ne serait pas
15:47le Premier ministre qui a le mandat du Nouveau
15:49Fonds Populaire, ce serait quel programme
15:51il souhaite mettre en oeuvre et en quoi
15:53il va proposer à nos compatriotes
15:55une politique différente, parce que c'est
15:57ce qu'ils attendent. Et d'ailleurs, le Président de la République
15:59l'a reconnu lors de notre entretien, lors de la consultation.
16:01Il a reconnu que les Français, et pas seulement
16:03ceux qui ont voté pour le Nouveau Fonds Populaire,
16:05attendent un changement de pied politique.
16:07Pour répondre à votre question,
16:09j'aurais besoin de savoir si le gouvernement
16:11que vous mentionnez là
16:13serait vraiment en mesure de porter
16:15une autre politique. Et or, manifestement,
16:17le Président de la République ne le souhaite pas.
16:19Le Président de la République a le droit
16:21et est légitime à considérer qu'il regrette
16:23que nous souhaitions mettre en place
16:25une autre politique que celle qu'il a mise en oeuvre.
16:27Néanmoins, il ne peut pas se servir de ça
16:29pour refuser que nous formions un gouvernement.
16:31Allez-vous aller à Blois pour les universités d'été du Parti Socialiste ?
16:33Oui, je vais à Blois pour les universités du Parti Socialiste.
16:35Et vous, vous considérez qu'au Parti Socialiste, il n'y a pas des voix dissonantes ?
16:37Bien sûr qu'il y a
16:39différentes positions au sein du Parti Socialiste.
16:41C'est sain, ça n'est pas une difficulté.
16:43Voilà, c'est la vie d'un parti.
16:45Moi, je suis en dehors de ça.
16:47Je ne suis pas adhérente au Parti Socialiste.
16:49J'ai des contacts avec l'ensemble
16:51des personnes du Parti Socialiste,
16:53tous les courants, comme on dit,
16:55des contacts extrêmement constructifs.
16:57J'irai à Blois avec un état d'esprit,
16:59c'est de saluer les militants
17:01qui, partout en France, où j'ai été
17:03dans toutes les autres universités d'été comprises,
17:05ils disent leur joie de voir
17:07l'unité de la gauche perdurer. Et c'est ça, moi, mon mandat.
17:09Est-ce que vous serez également à la manifestation
17:11du 7 septembre ? Ça, c'est LFI
17:13qui a lancé cet appel à une grande mobilisation
17:15le 7 septembre.
17:17La CGTL dit qu'elle n'ira pas.
17:19Les Écolos et le Parti Communiste iront.
17:21Le Parti Socialiste n'ira pas.
17:23Et Lucie Castex ?
17:25Je pense qu'il y aura plein de gens du Parti Socialiste qui iront.
17:27Je pense que beaucoup de représentants de la société civile iront.
17:29Moi, personnellement,
17:31pas de problème avec l'idée de manifester.
17:33Il y a eu des grandes manifestations
17:35assez joyeuses pendant
17:37la réforme des retraites.
17:39Je n'ai pas de problème de principe
17:41avec le fait de manifester.
17:43Je pense que si je suis disponible,
17:45je n'ai aucun problème
17:47avec les manifestations, dès lors qu'elles sont pacifiques.
17:49Pas de problème avec, mais ce n'était pas spontanément
17:51l'appel à la manifestation ?
17:53Vous vous disiez qu'on aurait pu faire d'autres choses ?
17:55J'ai beaucoup été à des manifestations dans ma vie.
17:57Ça fait partie de la vie démocratique.
17:59Il y a plein de moyens de se mobiliser.
18:01On peut aussi se mobiliser sur les réseaux sociaux.
18:03On peut produire des idées de fond.
18:05Mon souhait, c'est de me mobiliser personnellement
18:07en travaillant sur le fond, en proposant des nouvelles idées,
18:09en allant renouer le contact avec les gens sur le terrain.
18:11Mais je n'ai aucun problème de principe
18:13avec les manifestations. Ça fait partie de la vie politique française.
18:15Une question encore de fond.
18:17François Bayrou, qui était mon invité à ce même micro hier,
18:19à la question de savoir
18:21s'il était pour ou contre la hausse du SMIC à 1 600 euros,
18:23répondait sur,
18:25selon lui, une incompatibilité
18:27entre deux propositions
18:29qui sont portées par le Nouveau Front Populaire,
18:31c'est-à-dire la hausse du SMIC à 1 600 euros,
18:33mais également le blocage des prix
18:35sur les données de première nécessité.
18:37Il prenait l'exemple d'un boulanger.
18:39Il disait, si vous dites au boulanger qu'il y a deux salariés
18:41et qu'il faut qu'il augmente le SMIC
18:43à 1 600 euros,
18:45il va vouloir augmenter le prix du pain.
18:47Or, il y a le blocage des prix,
18:49donc la seule solution qu'il aura,
18:51puisque ses charges n'auront pas baissé,
18:53ce sera de mettre la clé sous la porte.
18:55Alors vous avez vu que dans le programme du Nouveau Front Populaire,
18:57il y avait écrit l'objectif des 1 600 euros,
18:59mais il y avait aussi écrit qu'il y aurait des mesures à prendre
19:01pour protéger les petites entreprises,
19:03pour qui l'augmentation du SMIC
19:05serait une charge,
19:07effectivement, des compensations.
19:09Ce qu'on a toujours dit sur le SMIC,
19:11c'est qu'on se tournera aussi vers les partenaires sociaux,
19:13vers les syndicats,
19:15pour aider à définir les modalités de cette augmentation.
19:17Mais ça veut dire aussi qu'il faudrait repasser par la loi.
19:19Donc ça veut dire, Lucie Castex,
19:21que vous ne prendriez pas la décision
19:23d'augmenter le SMIC à 1 600 euros,
19:25puisque si vous le faites, il faut que vous le fassiez
19:27en même temps qu'une loi qui compense.
19:29On travaillera avec tous ces outils-là.
19:31Ce ne serait donc pas la première mesure.
19:33La première mesure, je l'ai toujours dit,
19:35ce sera la suspension de la réforme des retraites
19:37et ensuite on redonne la main aux partenaires sociaux
19:39pour travailler sur les modalités de financement
19:41et sur des questions qui n'ont pas été suffisamment abordées
19:43par la réforme, qui est injuste
19:45et que tout le monde s'accorde à dire qu'il est injuste,
19:47y compris nos partenaires de Liott et du Modem.
19:49Ils sont tous d'accord pour dire qu'on aurait pu faire
19:51les choses autrement, quelle que soit leur opinion politique.
19:53C'est quand même important de le dire.
19:55Sur la réforme des retraites,
19:57on la suspendrait par décret
19:59et ensuite on se retournerait vers les partenaires sociaux.
20:01J'y insiste, les partenaires sociaux sont extrêmement
20:03preneurs d'échanges qui sont plus importants
20:05avec l'exécutif
20:07et aussi avec le Parlement.
20:09C'est la méthode que nous proposons de mettre en oeuvre.
20:11Et je précise d'ailleurs que la CGT, à propos de la manifestation
20:13du 7 septembre, ne se joint pas
20:15à cet appel à la manifestation.
20:17Lucie Castex, merci d'avoir répondu à mes questions ce matin.
20:19Je l'ai bien compris, toujours le visage
20:21du NFP pour Matignon,
20:23même si vous vous apprêtez à
20:25vous retirer de votre poste de directrice
20:27des finances et des achats au sein de la ville de Paris.
20:29Il est 8h52 sur RMC et BFM TV.