• il y a 2 mois
Avec Jean-Claude Delgènes, fondateur du cabinet "Technologia", auteur de "Idées reçues sur le suicide, mieux comprendre pour mieux prévenir" et de "Idées reçues sur le burn-out" aux éditions Le Cavalier Bleu

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##LA_VIE_EN_VRAI-2024-08-29##

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Transcription
00:00La vie en vrai.
00:016h47, sur Sud Radio, la tennis-woman Caroline Garcia a été éliminée au premier tour de l'US Open.
00:07Interrogée ensuite par l'équipe, elle a répondu qu'elle était possiblement en burn-out avec ces mots.
00:12« Des fois, t'as l'impression de courir dans la roue, de chercher un moment pour en sortir et tu n'y arrives pas.
00:16Il n'y a pas de sortie du tunnel. »
00:19Ces mots qui ont mis en lumière ce phénomène qui concernerait plus de 3 millions de Français, 12% de la population active.
00:24Et pour en parler avec nous, Jean-Claude Delgène, fondateur du cabinet Technologia spécialisé dans la prévention des risques professionnels.
00:31Bonjour.
00:31Bonjour.
00:32Alors, merci beaucoup d'être avec nous.
00:34Tout d'abord, est-ce que vous pouvez nous définir ce qu'est le burn-out ?
00:37Le burn-out n'est pas une maladie professionnelle, n'est pas reconnue comme telle en tant que maladie professionnelle,
00:43mais c'est un ensemble de symptômes qui forment un syndrome qui peuvent effectivement conduire la personne dans des situations extrêmes.
00:51En fait, il y a quatre phases dans ce syndrome.
00:55La première phase, c'est celle de l'engagement.
00:57J'ai un travail, je m'engage, j'ai une activité, je travaille.
01:00J'ai à la fois des contraintes et des plaisirs.
01:02La seconde phase, c'est celle où la personne pousse trop loin l'engagement.
01:08Elle peut, par exemple, au bout d'un an, un an et demi, se sur-engager et commencer à épuiser effectivement ses ressources, ses possibilités.
01:17Ensuite, si vous voulez, si elle continue toujours à travailler trop, à être dans une situation un peu fébrile d'activité où elle commence à perdre du sens,
01:26elle va rentrer dans une phase qui s'appelle la troisième phase, l'acharnement frénétique.
01:30Et là, effectivement, elle commence à être un peu comme le sauteur de Hüttler.
01:36Vous savez, dans le 110 mètres haut, elle saute les uns après les autres sans véritablement avoir, je dirais, une vision globale et elle s'épuise.
01:44Et effectivement, quand vous êtes dans cette situation-là, vous êtes dans une situation de fragilité.
01:49Vous pouvez être, y compris, rattrapé par ce qu'on appelle le syndrome de l'imposteur.
01:54Pourquoi ? Parce que quand on travaille trop, on travaille mal, on fait des erreurs, on commence à perdre, je dirais, confiance en soi.
02:00Y compris, le management vient nous dire qu'est-ce que tu fais là ? Tu m'avais habitué à mieux.
02:05Donc, on est dans une situation très difficile de tension où on essaye, y compris très souvent dans cette phase 3,
02:12de récupérer la reconnaissance qu'on avait en phase 1 et en phase 2 lorsqu'on était un cador parce qu'on travaillait bien.
02:18Et là, très souvent, en phase 3, on se réactive encore plus pour essayer, effectivement, de récupérer ce qui est important pour nous,
02:27la nourriture narcissique que nous renvoient les autres, vous savez, en termes de travail.
02:32Et puis là, très souvent, c'est la phase 4. La phase 4, c'est l'effondrement avec tout ce que ça suppose.
02:37C'est-à-dire, ça peut être l'AVC, ça peut être l'infarctus, ça peut être la tentative de suicide, ça peut être la dépression aussi.
02:44Donc, ça, c'est les 4 phases. Dans ces 4 phases, vous avez différents symptômes, dont un des symptômes, c'est effectivement la perte de sens.
02:52Pourquoi je fais tout ça ? Où j'en suis ? Le fait qu'y compris, vous ayez une manifestation du corps avec, par exemple,
03:00des éruptions cutanées, de l'eczéma, du psoriasis, de la perte de poids, les troubles du sommeil, etc.
03:07Donc, ce n'est pas du tout, il faut bien le comprendre, le burn-out, quelque chose qui est, je dirais, à négliger.
03:14C'est au contraire, quand vous êtes en phase 3, il faut véritablement prendre un thérapeute pour pouvoir sortir de cette phase-là.
03:21Et très souvent, en fait, on considère notre corps comme une ressource illimitée qui suffit simplement que le cerveau commande.
03:28Non, mais c'est beaucoup plus complexe que cela. Et lorsqu'on exagère, lorsqu'on ne tient pas compte de sa maison propre, de son corps,
03:35eh bien, on peut s'exposer à des situations, je dirais, véritablement débilitantes et avec des risques énormes.
03:42Et quand on est employeur ou bien collaborateur, ce ne sont pas les mêmes symptômes que l'on voit.
03:47Comment on peut identifier qu'on a un collaborateur en burn-out ?
03:50Quand vous avez un collaborateur, enfin, un salarié qui est, en fait, touché, vous avez, en fait, très souvent des gens un peu fébriles,
03:59qui s'énervent vite, qui n'arrivent pas à se concentrer, des personnes qui sont susceptibles ou alors qui s'isolent, vous voyez.
04:06Donc, il y a différentes manifestations. En fait, ce qu'on peut dire, c'est qu'il y a une rupture avec la personne qu'on connaissait auparavant, en général.
04:14Donc, l'idée, c'est d'être attentif aux autres, y compris quand la personne va mal.
04:19Par exemple, en phase 3, il y a un proverbe chinois qui dit que quand vous avez quelqu'un qui a de l'eau, en fait, jusqu'au rein,
04:28il faut lui tendre la main pour le sortir de l'eau, vous voyez. Eh bien, c'est ce qu'il faut faire.
04:32Parce que le proverbe chinois dit aussi que quand quelqu'un a de l'eau jusqu'à la tête, il faut lui enfoncer sur la tête.
04:37Il ne faut pas enfoncer la personne et la faire couler. Il faut, au contraire, l'aider.
04:42Repose-toi, prends ton temps, on n'est pas à deux jours près.
04:45Voyez, c'est de la considérer. Tu nous avais habitués à mieux, mais ça va revenir, ne t'inquiète pas, etc.
04:51Donc, il faut que la personne soit aidée, soit suivie. En phase 3, en phase 4, il faut véritablement qu'elle soit suivie par un thérapeute
04:58pour sortir d'une situation qui peut être très problématique pour elle.
05:03Et là, la pause estivale, quand on est en burn-out avant les vacances, la pause estivale ne change rien ?
05:08Si, parce que quand vous êtes, par exemple, en phase 2, même en début de phase 3, avec tout ce que ça suppose comme fatigue,
05:19le premier symptôme du burn-out, c'est une fatigue endémique.
05:22Le corps est bien fait. Quand vous dormez une nuit, vous êtes fatigué, vous dormez une nuit, vous récupérez.
05:28Avec l'épuisement professionnel, le syndrome d'épuisement professionnel, c'est un peu différent.
05:33C'est-à-dire que même si vous dormez, vous ne récupérez pas aussi facilement.
05:36Donc, quand vous avez une fatigue récurrente latente, il faut vraiment aller consulter.
05:41Mais en général, en phase 2 ou en début de phase 3, vous prenez 15 jours, 3 semaines, 1 mois de vacances,
05:47ça vous permet de repartir, ça vous permet d'être véritablement, je dirais, armé,
05:52tout en sachant qu'il faut réfléchir à ce que l'on donne au travail, le sens que le travail a pour nous,
05:57la valeur. Très souvent, les gens se mettent en difficulté parce qu'ils sont en position de,
06:02je dirais, ils ont peur. Ils ont peur d'être disqualifiés, ils ont peur de perdre leur job,
06:07ils ont peur de la concurrence, parce qu'on les met souvent en concurrence.
06:10Donc, tous ces phénomènes-là les amènent à se sortir les tripes et parfois donc à aller trop loin,
06:16à abuser et être dans une grande difficulté. Donc, il faut apprendre à mettre à distance le travail,
06:23à savoir ce que l'on donne, ce que l'on ne donne pas, ne pas sacrifier sa vie.
06:27Les gens qui sont burn-out, ce sont des gens qui s'enflamment. Ce sont les gens qui s'enflamment
06:31et qui, à un moment donné, brûlent trop, si vous voulez, burn-out. Donc, c'est un peu comme
06:34des immeubles qui sont victimes d'un incendie. La face devant va très bien et derrière,
06:39tout est dévasté. C'est ça, vous voyez ? Donc, il faut faire attention. Et il faut faire attention
06:43parce qu'il y a des valeurs qui sont essentielles et qu'il ne faut pas, en fait, négliger. Vous
06:49voyez, le travail, je prends souvent cette expression-là, on jongle avec des balles.
06:55On a des balles en caoutchouc, on jongle. Et puis, parmi ces balles, vous avez des balles en perles
07:01de verre qui sont très précieuses. C'est notre famille, c'est l'amour de notre conjoint,
07:06c'est l'amour de nos enfants. Et donc, quand vous jonglez, il faut faire attention. Vous pouvez
07:11laisser tomber une balle en caoutchouc, une balle professionnelle. Elle rebondira, vous retrouverez,
07:15en fait, un job, vous retrouverez une promotion. Par contre, si vous laissez tomber une perle de
07:22verre, là, ça peut être très grave parce que, là, la perle, elle va se détruire. Vous voyez,
07:25donc, il faut faire attention à ne pas, je dirais, s'exposer à de tels déboires.
07:31Merci beaucoup, Jean-Claude Delgène, pour cette métaphore très, très parlante. Vous êtes donc
07:36fondateur du cabinet Technologia, auteur de « Idées reçues sur le suicide, mieux comprendre
07:40pour mieux prévenir » et « Idées reçues sur le burn-out », disponible aux éditions Le Cavalier
07:45Bleu. Merci beaucoup. Très bonne journée à vous. Au revoir.

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