C'est désormais la plus grosse industrie culturelle, devant le cinéma, devant la musique, devant les livres, avec un chiffre d'affaires de plus de six milliards d'euros en France en 2023. Le jeu vidéo a connu une croissance insolente ces dernières années, mais l'heure de la crise est-elle arrivée ? Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20/l-invite-du-week-end-du-dimanche-25-aout-2024-6141495
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00:00C'est désormais la plus grosse industrie culturelle, devant le cinéma, devant la musique,
00:04devant les livres.
00:05Avec un chiffre d'affaires de plus de 6 milliards d'euros en France en 2023, le jeu vidéo
00:10a connu une croissance insolente ces dernières années.
00:12Mais l'heure de la crise est-elle arrivée ? On va se poser la question ce matin avec
00:16nos invités, alors que se tient jusqu'à ce soir à Cologne, en Allemagne, le Gamescon,
00:21le grand salon du secteur, avec ses 300 000 visiteurs.
00:25Bonjour Anne Desboissoux.
00:26Bonjour.
00:27Merci d'être présente ce matin dans le studio de France Inter.
00:29Vous êtes la présidente du syndicat du jeu vidéo, et à vos côtés, Chloé Voitier.
00:34Bonjour.
00:35Bonjour.
00:36Vous êtes vous, rédactrice en chef adjointe médias et technologies au journal Le Figaro.
00:40Lucas Dassier est également avec nous.
00:42Bonjour.
00:43Bonjour.
00:44Justement depuis Cologne.
00:45Vous êtes vous, créateur de jeux vidéo, et avec votre frère Léo, vous avez créé
00:49Bodycam, qui est l'un des succès de l'été, vous allez évidemment nous raconter comment
00:52il est né.
00:53J'aimerais bien commencer avec vous, Chloé Voitier, parce que vous venez de signer une
00:57enquête sur la crise du jeu vidéo qui s'intensifie, selon vous, depuis un an, en tout cas c'est
01:01le terme que vous utilisez dans cette enquête publiée par Le Figaro.
01:05Comment ça s'explique ? On a pourtant l'impression qu'il n'y a jamais eu autant de jeux, de
01:08joueurs, de consoles en France.
01:10Ah oui, alors c'est vrai que du côté du marché, c'est-à-dire de ce que les gens
01:13achètent, c'est sûr que le jeu vidéo se porte plutôt bien, on voit que les chiffres
01:16augmentent chaque année d'achats de jeux, par contre le problème c'est plutôt en amont,
01:22c'est-à-dire au niveau de la création et surtout du financement de la création de
01:25jeux vidéo.
01:26C'est là en fait que la robinet est en train de s'assécher, il s'est asséché, ça commence
01:30depuis un an, ça s'intensifie en ce moment en grande partie à cause de la montée des
01:34taux d'intérêt et ce qui fait que ça devient de plus en plus difficile de trouver des financeurs,
01:39des éditeurs, des investisseurs pour vous aider en tant que créateur de jeux vidéo
01:43à aller jusqu'au bout de votre projet.
01:45Mais ça veut dire que le robinet était grand, grand ouvert, peut-être un peu trop grand
01:48on peut le dire comme ça ? Il était extrêmement ouvert pendant notamment
01:52toutes les années Covid qui s'étaient traduites par une très grande hausse de la consommation
01:57de jeux vidéo et des achats de jeux vidéo, ce qui fait que ça a attiré bon nombre notamment
02:01d'investisseurs qui étaient un peu étrangers à ce secteur, donc tout le capital risque
02:06est arrivé en masse en se disant on va parier sur des pépites qui peut-être deviendront
02:12les grands succès de demain, mais également au niveau des éditeurs on s'est dit le marché
02:17va continuer à croître de manière exponentielle, donc disons oui au financement de plein de
02:22nouveaux projets, le problème c'est que le marché s'est retrouvé saturé.
02:25Alors est-ce que c'est un constat que vous partagez Anne Desboissoux ?
02:28Oui tout à fait, sur les années Covid effectivement on a vu arriver beaucoup à l'étranger sur
02:34les très grosses structures, plus qu'en France, parce qu'en France on n'avait pas forcément
02:39de structures suffisamment grosses pour permettre à un investisseur d'arriver et de dire
02:47allez dans six mois vous êtes 3000.
02:48On n'avait pas cette capacité, on nous a souvent reproché en tant que Français de
02:52pas prendre assez de risques, ça nous a très probablement protégé de ne pas partir dans
03:00des stratégies complètement folles, on est resté raisonnable et aujourd'hui oui on doit
03:05être un petit peu protégé déjà par ça, mais effectivement on a vu au moment du Covid
03:13beaucoup d'argent arriver de façon très probablement déraisonnable, on est sur un
03:18marché qui est en constante croissance mais il ne pouvait pas faire plus de 20% d'un seul coup.
03:23Et puis il y a eu des retards de jeu, donc nous on a pu continuer à travailler en confinement
03:30mais néanmoins il y a eu des retards de jeu et ces retards de jeu se sont reportés sur
03:35des sorties 2022-2023 et le marché en 2023 a été complètement saturé en nombre de
03:41jeux et d'offres aux joueurs.
03:44Ça représente quoi ? Combien de jeux sortent chaque année ?
03:46Les chiffres c'est autour de 14 000 jeux sortis en 2023.
03:4914 000 jeux ? C'est énorme !
03:5114 000 jeux sortis en 2023.
03:53Même si on joue beaucoup c'est difficile de tout découvrir.
03:55Et puis des très bons jeux dans l'eau et puis des jeux qui étaient peut-être un peu trop opportunistes
04:01et qui n'avaient pas forcément leur place sur le marché.
04:04Ça c'est un constat au niveau mondial, c'est une crise qui traverse les frontières, en
04:08toute façon c'est un secteur, on l'imagine, qui n'est pas très balisé par les frontières
04:13mais ça c'est quelque chose que vous observez un peu partout, Chloé Voitier ?
04:17Oui, c'est une crise qui est mondiale et de toute manière, même en France, la production
04:21française s'adresse à 95-99% à l'international.
04:26C'est un marché qui n'est pas du tout pensé pour justement des marchés nationaux.
04:30On vise beaucoup plus haut, beaucoup plus loin quand on est dans le jeu vidéo parce
04:33que sinon on ne rentre tout simplement pas dans ses frais.
04:36La crise s'est d'abord marquée surtout aux Etats-Unis, c'est là que la vague est surtout
04:41venue en première, elle a été marquée à l'automne dernier par de très grands plans
04:45de licenciements chez les grands acteurs du marché, que ce soit Microsoft, Sony, Epic
04:50Games, Electronic Arts, Activision et là on voit que ça arrive, ça est arrivé depuis
04:56quelques mois en Europe, que ça traverse l'Atlantique et qu'on voit, même si c'est
05:01moins « spectaculaire » que ce qu'on a pu voir chez les très grands acteurs, il
05:07n'empêche qu'on voit des studios qui aujourd'hui sont très fragilisés, certains ont dû fermer
05:11leurs portes, d'autres ont dû licencier à contre-cœur pour pouvoir tenir jusqu'à
05:17la reprise.
05:18J'ai vu certains chiffres, vous allez me dire s'ils sont justifiés, qui estiment
05:21qu'il y a eu 11 000 professionnels du secteur qui ont perdu leur emploi dans le monde sur
05:25les 7 premiers mois de 2024, ce qui est plus que sur l'intégralité de l'année 2023,
05:30donc ça semble effectivement montrer que la crise s'accélère.
05:32Lucas Dacier, vous qui êtes au Gamescom à Cologne, est-ce que les couloirs bruisent
05:39aussi de cette situation de crise ?
05:41Pas vraiment, j'ai l'impression que sur la partie grand public il y a énormément
05:48de monde, il y a toujours énormément de monde, nous de notre côté dans la partie
05:52un peu plus professionnelle, il y a peut-être un peu moins de monde que l'année dernière
05:56mais globalement il y a cette escute, nous on est un jeu assez indépendant qui est sorti
06:01du lot donc évidemment c'est d'autres discussions mais c'est vrai que pour les
06:05gros acteurs la crise se fait sentir.
06:08Vous l'avez effectivement un petit peu mesurée, vous êtes un jeune créateur de jeux vidéo
06:13donc vous n'avez pas évidemment 20 ans d'expérience mais vous avez senti que c'était
06:18une période où ça se contractait un peu, où c'était peut-être plus difficile qu'avant
06:22de convaincre des éditeurs ?
06:25Alors dans notre cas c'était assez particulier parce qu'on a eu un gros succès sur notre
06:30jeu, c'est un jeu indépendant avec très très peu de budget qui a fait beaucoup de
06:35ventes liées au fait que c'était le jeu le plus réaliste du monde et donc en fait
06:40quand on rencontre des investisseurs, des prestataires, ils ont peut-être un carnet
06:44de commandes un peu moins élevé que les années précédentes et les investisseurs
06:48ont peut-être plus envie de prendre moins de risques et donc de notre côté c'est plus
06:52avantageux que désavantageux mais après voilà ça dépend vraiment de chacun.
06:56C'était plus difficile peut-être de convaincre que ça aurait été il y a quelques années.
07:01Oui mais grâce à un projet qui rassemble déjà des ventes sur d'autres plateformes
07:07ça marche beaucoup mieux.
07:08C'est quoi les chiffres de votre jeu Bodycam Lucas d'Acier ?
07:12C'est plus de 800 000 ventes sur PC depuis le 7 juin donc c'est un gros succès pour
07:18le monde du jeu indépendant, des jeux qui ont zéro budget, moi j'ai développé le
07:23jeu avec mon frère dans ma chambre donc c'est un projet un peu maison et qui a pris des
07:28années de développement et d'apprentissage avant de logiciels donc c'est un succès
07:34en fait parmi les géants.
07:36Un succès story en tout cas, Lucas d'Acier on peut le dire comme ça, un des voisseaux,
07:41les créateurs ils ont effectivement plus de mal à trouver un financement même avec
07:45un beau projet au départ on peut le dire.
07:48Oui tout à fait alors il faut bien effectivement faire la différence entre les chiffres qu'on
07:53voit, le succès aujourd'hui du salon grand public de la Gamescom, c'est les joueurs,
07:59c'est le marché.
08:00Nous développeurs on est en train de développer les jeux qui sortiront dans deux ans, dans
08:06trois ans, dans quatre ans donc on a toujours ce décalage par rapport au marché.
08:10La tendance qu'on avait observée depuis 2019 c'est que les développeurs de plus
08:16en plus allaient signer des contrats avec des éditeurs.
08:19L'intérêt premier c'est que l'éditeur va financer le développement puis avec sa
08:26connaissance du marché va pouvoir marketer et distribuer et communiquer sur les jeux.
08:32Aujourd'hui ce qu'on remarque c'est que les développeurs allaient de plus en plus
08:36vers les éditeurs et les éditeurs ont suspendu un petit peu la signature de nouveaux contrats
08:42en attendant que tout ce qui était déjà signé et en cours de financement sorte.
08:47Donc oui aujourd'hui pour les développeurs c'est bien plus compliqué depuis un an,
08:52il y a eu vraiment cette prise de conscience l'année dernière.
08:56Ils ont des rendez-vous avec des éditeurs qui disent ton jeu est intéressant, il est
09:02chouette mais je ne peux pas te le signer maintenant, rediscutons-en dans trois mois,
09:07dans six mois, etc.
09:08Donc ça a retardé.
09:10Ils sont là les jeux, ils sont dans les studios.
09:13Là en sortie de cette Gamescom les avis sont un peu plus positifs, les éditeurs commencent
09:20à se dire mince je ne vais plus avoir de jeux pour 2025, 2026, 2027, donc il va y avoir
09:27une reprise qui n'est pas encore là.
09:30Un très bon jeu s'en sortira toujours et trouvera des offres et ce qui est intéressant
09:35aussi cette année c'est que ce n'est pas seulement les éditeurs qui sont les contacts
09:38des développeurs.
09:39Aujourd'hui il y a des investisseurs qui viennent également proposer justement à
09:45des développeurs de les aider à financer leurs projets.
09:49Parce qu'effectivement c'est une filière qui met des étoiles dans les yeux à plein
09:53de jeunes étudiants et étudiantes où on rêve peut-être du succès de Lucas Dacier,
09:58de créer un jeu comme ça dans sa chambre et puis de séduire des milliers de joueurs.
10:03Chloé Voitier, c'est pourtant une filière où il y a de la précarité aussi ?
10:07Oui, beaucoup.
10:08Je pense que la meilleure comparaison c'est peut-être celui de l'industrie de la musique.
10:12Il y a énormément de groupes, de gens qui jouent avec des amis, qui rêvent du succès
10:19et au final très peu de personnes vont émerger.
10:21Dans le jeu vidéo c'est pareil, en fait maintenant les portes d'accès sont très
10:24simples.
10:25Aujourd'hui n'importe qui peut publier un jeu, notamment sur PC, sur les plateformes
10:29de distribution ou sur mobile.
10:32Les portes d'accès sont vraiment très simples, vous pouvez publier sans avoir un
10:35éditeur.
10:36Ce qui fait que c'est pour ça qu'il y a des dizaines de milliers de jeux qui sortent
10:41chaque année.
10:42Mais par contre, pour arriver jusqu'au succès, c'est compliqué.
10:46Ça peut créer de la précarité sur le fait que vous pouvez, par exemple un développeur
10:51qui m'avait dit pour cette enquête, que la réalité de cette industrie c'est que
10:55vous pouvez passer deux ans à travailler sur un jeu en tant que développeur indépendant
10:59et à la fin vous allez gagner 500 euros dessus.
11:01C'est assez peu rémunérateur quand même.
11:04Oui, très peu.
11:05Parce que les ventes, c'est mis sur le marché, puis peut-être que vous allez faire
11:09une centaine de ventes et c'est tout.
11:12Lucas Dacy, racontez-nous un petit peu comment ça s'est passé, peut-être sans rentrer
11:15dans les détails que vous ne voulez pas évoquer avec nous, mais est-ce qu'il fallait pouvoir
11:21se débrouiller un peu financièrement tout seul, en attendant que le succès arrive peut-être
11:25quand on développe un jeu ?
11:26Évidemment, c'est beaucoup de travail seul, en fait on compense un peu le financement
11:34par travailler beaucoup plus que tout le monde.
11:36Évidemment, nous on a été accompagnés de nos parents qui nous ont un peu financé
11:41les ordinateurs, l'endroit où se placer.
11:44On a tous les deux arrêté l'école pour se consacrer au projet à 100% quand ça a
11:48commencé à vraiment prendre de l'ampleur.
11:50Mais c'est vrai que c'est une chance sur des milliers par an et tout ça c'est lié
11:57au fait que nous on a vraiment axé sur une nouveauté technologique qui a permis que
12:03le jeu soit aussi réaliste que ça.
12:05Bon, on ne conseille pas à tout le monde d'arrêter l'école dans l'espoir de voir
12:08son jeu cartonné.
12:09Soyons bien clairs, Lucas Dacy, est-ce que la France, Anne Desvoissous, est un pays particulièrement
12:15dynamique en matière de création de jeux vidéo ?
12:17Ah oui, complètement.
12:18On a une culture en France, on a de très bonnes formations, on a une culture en France
12:27de l'impertinence et de savoir raconter des histoires.
12:31On a aujourd'hui dans nos créateurs tout type de jeux, tout type d'histoires racontées.
12:39On a des jeux qui s'exportent parfaitement à l'international.
12:44On a des talents qui sont très convoités.
12:48Oui, on a tout ce savoir-faire depuis 30 ans.
12:51Et comment ça s'explique ?
12:52La culture, le savoir-faire, la capacité à être très technique, à bien comprendre
13:01ce média et l'utiliser.
13:03Il y a un écosystème aussi qui s'entraide.
13:09Et dans ces périodes-là, et depuis un an, on n'est pas du tout concurrents entre nous.
13:15On fait tous des jeux différents.
13:16On est vraiment en entraide très forte.
13:19Ça fait une émulsion et c'est très particulier.
13:24C'est un cercle vertueux, Chloé Boitier.
13:26C'est un cercle vertueux et il faut aussi ajouter les aides publiques.
13:28C'est aussi un secteur qui est soutenu par l'État, que ce soit par des crédits d'impôt,
13:34mais il y a aussi beaucoup de dispositifs d'aide au niveau régional, au niveau local,
13:38qui sont des aides très importantes pour ce secteur et qui permettent notamment à
13:44des petits studios de collecter des subventions à droite à gauche et de pouvoir financer
13:48aussi en partie leurs jeux.
13:49Le crédit d'impôt jeux vidéo, il a deux objectifs majeurs et ce dispositif est formidable.
13:58Il fonctionne vraiment très bien et il est envié de pas mal de pays.
14:02Le premier, c'est de maintenir de l'emploi en France, c'est-à-dire qu'on puisse être
14:06concurrent en termes de coûts avec d'autres pays où les salaires sont moins élevés.
14:10Le deuxième objectif, il a vocation à pouvoir encourager la création de propriétés intellectuelles
14:18en France et de continuer à les baser en France.
14:21Vous en avez bénéficié, Lucas Dassier ?
14:23Pas spécialement, non.
14:26Nous, on a vraiment utilisé nos fonds propres parce qu'on était à un jeu assez petit
14:32à développer.
14:33Mais on a pas mal utilisé aussi les stagiaires, les écoles de 3D et de jeux vidéo qui produisent
14:42de super étudiants et donc moi, j'en faisais partie et j'ai voulu faire collaborer tous
14:47mes élèves d'études et ceux d'autres écoles.
14:51On faisait la comparaison tout à l'heure, Chloé Voitier, avec la musique.
14:55Est-ce qu'il y a une French touch dans le jeu vidéo comme il y a dans l'électro, par exemple ?
14:59Je ne vous dirais pas que c'est aussi marqué que ce qu'il y a pu y avoir dans la musique
15:03mais c'est sûr qu'il y a une très belle création française de jeux vidéo et qui
15:07surtout marche bien à l'international.
15:09C'est peut-être ça le plus important, c'est que ça ne s'adresse pas uniquement au marché
15:14franco-français.
15:15Ce sont des succès qui marquent, par exemple, aux jeux de Dontnod, certains jeux qui sont
15:24produits par Ubisoft en France parce que ça aussi, c'est un des effets du crédit d'impôt
15:27aux jeux vidéo, c'est qu'Ubisoft, certes est français, mais produit énormément à
15:31l'international et ça a permis de faire revenir en France certaines grosses productions.
15:34Par exemple, le dernier Assassin's Creed qui est sorti à l'automne dernier a été
15:38fait à Bordeaux et ça, c'est quelque chose qu'on n'aurait pas vu il y a plusieurs années
15:43sans ce dispositif.
15:44Mais ça veut dire que si on regarde deux jeux, pardonnez-moi, un des voix sous, on
15:47ne peut pas forcément reconnaître lequel est français et lequel vient d'un autre
15:50pays.
15:51Il n'y a pas forcément de spécificité française culturelle dans le jeu.
15:54Les joueurs à l'international ne regardent pas la nationalité effectivement des jeux
16:00ou en tout cas, s'ils s'aperçoivent que c'est un jeu français, c'est souvent un
16:05avantage plus qu'un inconvénient.
16:07Et vous voyez, les jeux vidéo sont très reconnus.
16:11L'exemple, c'est le personnage d'Assassin's Creed, qu'on a tous reconnu d'Assassin's
16:17Creed, qui a fait le conducteur de la cérémonie, qui était complètement international.
16:23C'est une belle reconnaissance, ça, quand même.
16:25Oui, complètement.
16:26Complètement.
16:27C'est une belle reconnaissance.
16:28Et oui, ce sont des productions françaises qui fonctionnent très bien, même si ce n'est
16:34pas forcément marqué sur leur front qu'elles sont françaises.
16:36Ce qui est chouette aussi, c'est qu'on voit également des productions qui mettent
16:39en avant des territoires français.
16:42Par exemple, je pense au jeu d'Ordogne l'année dernière, je pense à Plague Tale qui se passait
16:48dans le Bordelais le premier épisode et le deuxième en Provence.
16:52C'est aussi une manière de valoriser certains territoires, mais sans y aller de manière
16:58très frontale, pour dire que ceci est un jeu made in France.
17:01Parlons des joueurs, peut-être, et des joueuses d'ailleurs, parce qu'on a le sentiment
17:05que c'est une pratique culturelle qui s'est vraiment ancrée ces dernières années.
17:09Est-ce qu'on peut dire que tout le monde joue aujourd'hui ou est-ce que c'est un
17:12peu réducteur, quand même ? Anne Desboissoux.
17:15Aujourd'hui, en France, on est 7 Français sur 10 qui jouent, occasionnellement.
17:22C'est pas mal.
17:23On peut le voir dans le métro, autour de soi.
17:26Un joueur sur deux est une joueuse.
17:29C'est vraiment la première pratique culturelle de la jeune génération.
17:34Oui, on a vu pendant les confinements, les parents jouent avec les enfants.
17:42Aujourd'hui, c'est une culture qui est très installée, effectivement.
17:47Qui sont les joueurs de bodycam, Lucas Dassier ? Est-ce que vous savez un peu qui a adopté
17:51votre jeu ?
17:52Beaucoup de monde, de très différents âges, beaucoup à l'international, aux Etats-Unis,
17:59mais c'est vrai qu'on a des personnes de 30 ans, même de 50 ans, qui jouent au jeu.
18:05Après, il y a des plus jeunes.
18:06Après, nous, c'est un jeu assez violent, donc on le déconseille aux moins de 18 ans,
18:10mais c'est assez populaire partout.
18:12Même 50 ans, Lucas Dassier ! Je ne dirais pas si on se sent de jeune ou pas à 50 ans,
18:19mais ça veut dire qu'on n'est plus dans le cliché du jeune geek de 16 ans, on est
18:25bien au-delà de ça.
18:26On est bien au-delà.
18:27En fait, le jeu vidéo est extrêmement divers.
18:31Ça passe du jeu mobile, du petit jeu qu'on va faire pour passer le temps, à des expériences
18:37qu'on va jouer plutôt devant sa télévision, devant l'écran de son PC, dans lesquelles
18:40on va investir des centaines d'heures.
18:42C'est vrai que le public console PC vieillit, on approche quand même plus de la quarantaine
18:51sur l'âge moyen.
18:52Mais aussi, même au sein de cette population, par exemple, les plus jeunes vont plutôt jouer
18:57à des jeux de type Fortnite ou de type Roblox.
19:03Ce sont des jeux en ligne gratuits qui sont constamment mis à jour, alors que leurs aînés
19:09vont avoir des pratiques très différentes du jeu vidéo.
19:12Ça aussi, ça va poser peut-être d'autres challenges à l'industrie.
19:17Ça va aussi, comment se renouveler pour justement parler à cette jeune génération qui a été
19:21éduquée de manière très différente aux jeux vidéo, c'est-à-dire avec la gratuité.
19:26Ça, ce sera peut-être un challenge dans les années à venir, mais en tout cas, oui,
19:29les pratiques et les productions sont très variées.
19:32Tout le monde peut trouver de quoi lui plaire dans le jeu vidéo.
19:34Justement, comment vous voyez évoluer les choses des voissous au-delà de la crise qu'on
19:38a évoquée, pour les raisons que vous avez détaillées depuis le début de cet entretien.
19:44Mais est-ce que vous voyez les choses redémarrer ? Est-ce qu'il va falloir se réinventer ?
19:48Est-ce qu'il va falloir réinjecter de l'argent aussi parce qu'il faut une évolution technologique
19:53aussi permanente pour toujours attirer de nouveaux joueurs ?
19:55Alors effectivement, on est toujours dans une course à la technologie.
19:59On est sur un marché complètement internationalisé.
20:03On pousse assez haut l'exigence aussi, on provoque l'exigence des joueurs.
20:10On peut faire un jeu avec quelques centaines de milliers d'euros et on peut faire un jeu
20:16avec beaucoup de centaines de millions d'euros.
20:18On peut faire des très très beaux jeux, pas très chers, on peut faire des jeux qui
20:26vont être capables de raconter une histoire et qui vont être capables de séduire leurs
20:31joueurs.
20:32On se renouvelle déjà beaucoup.
20:35Moi qui ai 30 ans dans cette industrie, vous n'imaginez pas à quel point elle a grandement
20:40évolué.
20:41C'est tous les jours qu'on se renouvelle.
20:43La concession qu'on ne fait pas, qu'on essaie de ne pas faire, c'est sur la qualité
20:50de ce qu'on produit.
20:52On veut travailler correctement dans des environnements bienveillants, sécurisés pour les développeurs
21:00et les talents qui composent nos studios et pouvoir donner du temps au développement.
21:07Après, ça reste un marché, il faut qu'on puisse investir ce que sera en termes de rentabilité
21:15le jeu derrière.
21:16Sinon, on n'en fera pas un suivant.
21:17C'est quoi les grands jeux, d'un mot Chloé Wautier, que l'on attend pour les prochains
21:22mois ?
21:23Dans les prochains mois, on a parlé d'Assassin's Creed, il y a le prochain qui se passe au Japon
21:28qui sort dans quelques mois.
21:30Aussi, ce qu'on attend beaucoup pour l'année prochaine, c'est la sortie de la nouvelle
21:33console de Nintendo.
21:35On ignore encore le nom qui sera présenté a priori en début d'année mais qui est
21:41aussi très attendue par le marché parce qu'elle risque de donner un petit coup de fouet à
21:43tout ça.
21:44Il suffit que cette console plaise au public, peut-être qu'on va avoir un petit regain
21:51de vente, d'intérêts, de signatures, de contrats pour la remplir de jeux.
21:55Vous viendrez nous en parler après la crise, donc le renouveau de ce secteur.
21:59Merci à tous les trois.
22:00Lucas Dassier, en direct de Cologne, Bodycam, c'est donc votre jeu créé avec votre frère
22:04Léo.
22:05Merci Anne Desvoisseaux, vous êtes la présidente du syndicat national du jeu vidéo et Chloé
22:10Boitier du Figaro Economy, où vous êtes rédactrice en chef adjointe médias et technologies.