Allons nous bientôt connaitre l'effet "JO" qui consisterait à transformer l'or olympique en or économique et touristique ? La réponse avec notre expert, Vanguelis Panayotis, président de MKG consulting et Hospitaly On.
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00:00Alors on connaissait l'effet Baldwin, l'effet de masse ou l'effet papillon, va-t-on bientôt connaître l'effet J-O ?
00:06C'est un effet qui consisterait peut-être d'une alchimie à transformer l'or olympique en or économique et touristique.
00:12Et comme notre invité de 8h15 est expert en matière de tourisme, on va lui poser la question.
00:16Les choses sont bien faites. Bonjour, Vangelis Panayiotis, vous êtes président de MKG Consulting.
00:25Et on a une première question à vous, je dirais peut-être la question à 9 milliards puisque c'est les retombées économiques qui étaient attendues.
00:31Est-ce qu'il y a un effet J-O ? Est-ce que l'effet est positif ?
00:34Evidemment, sinon on n'essayerait pas d'organiser les J-O, c'est qu'il y a beaucoup de vertus avec ça.
00:39Je pense qu'il faut se souvenir qu'à 30-40 ans, vous aviez presque 10-15 villes qui candidataient pour obtenir les J-O.
00:45On a vu ensuite que ce n'était pas si évident que ça de transformer effectivement l'or olympique en or économique.
00:50Et depuis, je pense peut-être les J-O français, on va faire un cas d'école parce qu'on a eu beaucoup moins d'investissement à faire.
00:56On était prêt à accueillir des grands événements internationaux, on l'a fait avec la coupe du monde de rugby,
01:00on l'a fait aussi avec l'Euro de football, on l'a fait lorsqu'il y a eu la finale de la Ligue des champions et là on fait avec les J-O.
01:06Donc finalement, je pense qu'en France, on a peut-être une nouvelle spécialité qui est l'accueil de grands événements sportifs.
01:11Si on regarde les chiffres dans le détail, pendant la quinzaine olympique, ce sont un peu plus de 3 millions d'arrivées touristiques qui ont été comptabilisées,
01:183,1 millions, c'est une progression de 27% pour les visiteurs français et 13% pour les visiteurs étrangers.
01:27Est-ce que ces chiffres-là, ils sont de bon augure pour se dire que cet effet, il va perdurer ?
01:33Alors on sait déjà, parce qu'on a des points de comparaison, si on regarde Londres en 2012, on a vu que pendant presque 3, 4, 5 ans,
01:40le fait d'avoir été la vitrine du monde pendant la période des Jeux olympiques, il y a eu un effet de publicité,
01:46en tout cas qui était très positif pour la promotion de la destination.
01:49Donc en réalité, ce qui s'est passé cet été, et on l'a vu dans les autres Jeux olympiques,
01:53c'est que les clients qui venaient traditionnellement pendant cette période,
01:56beaucoup d'entre eux n'avaient pas forcément envie de vivre l'effervescence des Jeux olympiques.
01:59Et ça peut se comprendre, pourquoi pas, ils ont peut-être raté quelque chose, mais ce n'était pas ce qu'ils avaient envie.
02:03D'ailleurs, on les a beaucoup retrouvés sur la Côte d'Azur.
02:05Donc il y avait un effet positif aussi sur d'autres régions qui n'accueillaient pas les J-O.
02:08Exactement, il y a eu des effets de report.
02:10Et ce qui va être intéressant, dans les années qui vont venir, on va avoir à la fois
02:13ceux qui ont découvert, soit en venant, soit à la télé, la destination parisienne,
02:17qui est une porte d'entrée pour la France, et puis tous ceux qui venaient traditionnellement aussi.
02:20Donc on a ce double effet combiné qui est très favorable pour les années à venir sur le tourisme.
02:24On sait évidemment que les dépenses liées au tourisme sont aussi conditionnées par le moral, le moral des troupes.
02:31Est-ce que la ferveur qui a entouré les Jeux olympiques a fait dépenser aux touristes,
02:36et peut-être même aux Français, plus d'argent ?
02:38Alors c'est un petit peu tôt pour le savoir. On va attendre les semaines à venir,
02:41et puis le bilan complet avec les Jeux paralympiques également.
02:44On peut imaginer que c'est plutôt le cas de figure, parce que les hôtels ont été bien remplis.
02:48On ne l'a pas évoqué, mais c'est vrai qu'il y a eu un peu de contraste.
02:51Alors moi je suis plutôt pour dire que c'était une fierté extraordinaire.
02:53Je crois qu'on a vraiment plié le game, comme on dit dans le sport, avec ces Jeux olympiques.
02:58Mais avant, on a eu un trou d'air économique.
03:00C'est vrai que les restaurants ne marchaient pas très bien, les hôtels attendaient,
03:02fretillaient de recevoir un petit peu tout ce monde-là.
03:05On a vu que certains, comme Airbnb ou les hôtels, s'en sont très bien tirés.
03:09Les restaurateurs, ça s'est joué à 50 mètres.
03:11Si on n'était pas du bon côté du trottoir, c'était plus mitigé.
03:14Les chauffeurs de taxi, c'était un petit peu négatif aussi.
03:16Mais globalement, l'impact net, lui, est très favorable.
03:20On estime que c'est globalement à plus de 350 millions d'euros,
03:23sur l'hôtellerie uniquement, en termes d'hébergement,
03:25d'impact positif en tenant compte du trou d'air d'avant.
03:27Donc on est plutôt assez contents.
03:29Vous nous avez parlé des hôtels, vous nous parlez des restaurants.
03:31Il y en a certains qui ont quand même pâti de cet effet J.O. sur le tourisme.
03:36Je pense par exemple à Disneyland ou encore au Louvre,
03:39moins 22% de chiffre de fréquentation sur le Louvre.
03:41Ça va se rattraper ?
03:42Oui, c'est un peu la surprise.
03:43J'étais moi-même étonné.
03:44Tous les centres culturels ont été moins pris d'assaut que d'habitude.
03:47Je pense que c'était plus compliqué.
03:49Les gens ne venaient pas forcément pour ça.
03:50On s'attendait à ce que les gens qui venaient sur Paris,
03:52ils allaient profiter de tout ce que Paris pouvait offrir,
03:55dont le Louvre, mais aussi un peu de shopping, Versailles, pourquoi pas.
03:58Et finalement, la fièvre des Jeux olympiques a pris tout le monde.
04:01Tout le monde a été focalisé sur cet événement.
04:03Et je pense que ce qui a vraiment marqué d'un point de vue touristique ce qui s'est passé,
04:07c'est que le premier acteur de ces J.O. c'était Paris.
04:09C'est ça qui était exceptionnel.
04:11On a eu, je pense, les Jeux olympiques les plus scénographiques ou iconiques
04:14qui mettaient en valeur une destination.
04:16Donc quand on parle de tourisme pour les professionnels,
04:18même si c'est triste pour certains, on parlait des taxis ou des restaurateurs,
04:22je pense que dans les années à venir, globalement,
04:25il y aura un effet de traîne qui sera très positif.
04:28Ça va s'organiser comment, cet effet ?
04:30C'est lié à quoi ? C'est quoi la mécanique derrière ?
04:32On a donné une belle image, on s'est montré accueillant.
04:34Qu'est-ce qu'on a montré vraiment ?
04:36D'abord, franchement, il n'y a que les Parisiens qui savent que Paris,
04:39ce n'est peut-être pas la plus belle ville du monde,
04:41parce qu'on y est tous les jours, on connaît tous ses petits défauts,
04:44c'est comme un vieux couple, on n'arrive plus à voir ce qui est magnifique.
04:47Mais les gens se sont émerveillés, donc je pense que cette image va rester.
04:50Ensuite, depuis très longtemps, depuis des décennies,
04:53Paris, la France, pour beaucoup de pays émergents,
04:56au Brésil, on pense à des pays d'Asie, c'est le voyage d'une vie,
04:59c'est un fantasme, on a envie d'aller au moins une fois sur Paris.
05:01Et là, ce qu'on fait, c'est qu'on entretient ça.
05:03On montre effectivement la ville sous son meilleur visage.
05:05J'espère qu'il y aura un héritage très favorable également.
05:08On parle de se baigner dans la Seine en 2025.
05:10Je vous donne rendez-vous, on verra qui sera le premier à se jeter à l'eau.
05:14Allez-y d'abord !
05:16C'est ce qu'on disait avec la maire ou la ministre, ils y sont allés.
05:20On était tous un petit peu sceptiques.
05:22Et je crois que finalement, en France, on s'est redécouvert
05:24que finalement, on avait une maladie qui se guérissait,
05:26qui était le scepticisme ou le pessimisme.
05:28Et que finalement, on était tous un peu grognons,
05:30ce qui était notre tradition avant CGO.
05:32Et je vois mal comment on ne peut pas être si fier
05:35de ce qu'on a accompli collectivement en termes de destination.
05:38Alors, la fierté, évidemment, elle est assez globalement partagée.
05:41Néanmoins, et vous l'avez évoqué, presque en le balayant,
05:44un peu d'un revers de main.
05:45Mais les chauffeurs de taxi, j'étais encore ce matin,
05:47en arrivant à Télématin avec un chauffeur de taxi,
05:49qui m'a dit que je n'ai quasiment pas travaillé pendant ces Jeux Olympiques.
05:52C'est un secteur qui a souffert, tout comme les restaurateurs.
05:55Là aussi, on a tendance un peu à le minimiser.
05:57Mais il y a quand même réellement des secteurs
06:00qui s'attendaient à gagner de l'argent
06:02et qui finalement se retrouvent un peu le bec dans l'eau
06:04à cause de CGO.
06:05C'est quand même un problème.
06:06Oui, alors pour les taxis, il y a un vrai paradoxe.
06:08C'est-à-dire que le défaut de Paris, c'était la propreté,
06:10les transports, la sécurité.
06:11Et là, on vient de vivre deux semaines exceptionnelles
06:13sur ces trois éléments-là.
06:14Donc, j'espère que ça va perdurer.
06:15L'effet de bord, c'est qu'effectivement,
06:17c'était beaucoup plus compliqué pour circuler.
06:19Il y a eu beaucoup de chauffeurs privés
06:21qui ont baladé les délégations d'un site à l'autre.
06:23Beaucoup d'entreprises qui ont organisé
06:25des événements corporate
06:27et donc qui ont fait appel à des chauffeurs.
06:29Mais ça n'a pas bénéficié malheureusement aux taxis
06:31pour qui c'était plus compliqué de circuler
06:33malgré les aménagements qui ont été faits.
06:35Et aussi parce que surtout, tous les touristes
06:37qui étaient là ont pu bénéficier de transports
06:39extrêmement performants.
06:40On a beaucoup décrié l'augmentation du ticket de métro
06:42à 4 euros.
06:43J'espère qu'il va rebaisser après cette période de JO.
06:46Mais on peut dire, pour le coup,
06:48Il ne rebaissera pas avant fin septembre,
06:50si je ne m'abuse.
06:51Oui, toutes les bonnes choses ont une fin.
06:54C'est vrai que les taxes, on les voit souvent augmenter,
06:56mais rarement rebaisser.
06:58La fête n'est pas terminée,
06:59c'est peut-être pour ça que vous ne pouvez pas encore
07:01dresser un bilan complet.
07:03Vous attendez aussi des choses des Paralympiques.
07:05Oui, on a à peu près 11 millions de visiteurs
07:07pour le plus de 80% des Français.
07:09On en attend près de 4 millions
07:11pour la partie des Paralympiques.
07:13Comme ça, au feeling, j'ai quand même l'impression
07:15qu'il y a un effet booster.
07:16Il y a eu un tel engouement et une telle réussite
07:18de ces JO classiques,
07:20que je pense qu'il va y avoir un effet booster
07:22sur cette période de la rentrée.
07:24Il faut saluer aussi quelque chose d'assez intéressant,
07:26le côté un peu ludique,
07:27où on a fait ça à la rentrée pour permettre
07:29à toute la partie périscolaire, scolaire,
07:31de pouvoir aussi bénéficier de la vertu
07:34en termes de communication de ces Jeux Paralympiques.
07:36C'est plutôt une bonne chose.
07:37Espérons donc que l'effet JO se poursuive
07:40encore plusieurs mois et peut-être même plusieurs années.
07:43Vous l'avez rappelé, c'est important de le dire,
07:45la fête olympique n'est pas terminée,
07:47puisque les Jeux Paralympiques seront à suivre,
07:49notamment sur France Télévisions du 28 août au 8 septembre.
07:52Ça va être une fête absolument magique aussi.
07:55Donc ne tombons pas dans la tristesse
07:58et la déprime de la fin de ces Jeux,
08:00puisqu'ils continuent d'une autre manière.
08:02Merci beaucoup Vangelis Panayiotis,
08:04président de MKG Consulting et de Hospitality On,
08:08d'être venu sur le plateau de Télématin.