Jeux Paralympiques : Alexandre Lloveras, entre réalisme et résilience

  • il y a 3 semaines
Il n'a que 23 ans et et il possède une maturité plus importante que ceux de son âge. Alexandre Lloveras est un athlète en cyclisme, champion paralympique en tandem lors des Jeux de Tokyo en 2021. Atteint d'une amaurose congénitale de Léber, le jeune y voit « comme dans un trou de serrure. » Malgré ce handicap, il avoue ne jamais s'être trop posé de questions à ce sujet et avoir « fait preuve de réalisme très vite. » Une façon pour lui dire de vivre comme tout le monde et de ne pas se mettre de barrière. Une philosophie de vie qu'il semble tenir de sa famille.

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Transcript
00:00Je me souviens pas avoir eu ce traumatisme et me dire
00:03je pourrais pas faire ci, je pourrais pas faire ça parce que je pense que j'ai fait
00:06preuve de réalisme assez tôt.
00:08Je m'appelle Alexandre Lioveras, j'ai 23 ans, je suis déficient visuel et à Tokyo
00:13j'ai été champion paralympique en tandem. J'ai une ambrose congénitale de
00:17l'hébert, c'est un nom un peu barbare, j'y vois comme dans un trou de serrure
00:20c'est-à-dire j'ai pas de vision périphérique, j'ai juste un champ visuel central
00:24j'ai pas de vision sur les côtés et j'ai entre 2 et 3 dixièmes à chaque oeil
00:28C'est de naissance, ma vision a toujours été stable
00:31donc ça, ça aide beaucoup, contrairement à des amis qui ont perdu la vue au cours
00:35de leur vie et ils doivent tout réapprendre. Honnêtement je me rappelle pas que mes
00:38parents m'ont expliqué ma déficience visuelle, ce sont des choses qui ont
00:41dû se faire au fur et à mesure
00:43mais je me suis jamais trop posé de questions à ce sujet-là et même des
00:47fois
00:48mes amis à l'école ils me posaient des questions et je savais pas leur répondre
00:51parce qu'en fait je vivais avec mais sans pour autant
00:55me poser toutes les questions que mes camarades se posaient.
00:57Pourquoi t'arrives pas à voir ça et t'arrives à voir ça ? Comment ça t'est arrivé ?
01:02Je me souviens pas avoir eu ce traumatisme et me dire
01:05je pourrais pas faire ci, je pourrais pas faire ça parce que je pense que j'ai fait
01:08preuve de réalisme
01:09assez tôt. Par exemple j'ai compris que conduire une voiture ça serait compliqué
01:14et donc c'est ce réalisme qui a fait que je me suis jamais
01:18retrouvé face à un mur
01:20à ce sujet-là. Quand j'étais petit j'avais une auxiliaire de vie scolaire
01:24donc forcément on a une différence par rapport aux autres élèves et puis pour
01:28jouer dans la cour il y a souvent des adaptations. C'est pas pour autant que je me
01:32suis senti mis de côté. Par exemple je me souviens pour courir dans la cour de
01:36récréation j'avais un ami et puis on faisait le train donc je tenais les
01:40épaules et on courait comme ça dans la cour et ça permettait de jouer avec
01:43tous les autres amis
01:45et c'est des adaptations qui se permettaient de faire comme les autres enfants à cet âge-là.
01:49Mais aussi j'ai eu l'entourage qui m'a poussé dans ce sens-là.
01:53Mes parents m'ont poussé à faire du ski très tôt, j'ai fait de l'équitation aussi.
01:57Des sports qui sont pas évidents à faire quand on est déficient visuel mais voilà
02:02on y allait et puis on se demandait comment on peut adapter ça, comment on
02:05peut rendre ça possible plutôt que de se dire à mince je vais pas pouvoir faire
02:09ci, je vais pas pouvoir faire ça.
02:18A l'âge de 12 ans j'ai rejoint un club d'athlétisme et ensuite à l'âge de 15
02:22ans j'ai intégré le Pôle France d'athlétisme en e-sport. Sur ces trois
02:26années au Pôle, j'ai eu une grosse progression les six premiers mois
02:30et les deux ans et demi qui ont suivi, j'ai été tout le temps blessé, j'ai eu
02:34plein de blessures aux pieds. Ce sont deux ans et demi qui ont été très
02:37compliqués parce que je voyais mon rêve de participer au jeu s'éloigner.
02:40J'ai eu l'occasion en 2018 de faire un stage avec le Pôle Espoir de
02:44paracyclisme
02:46où là j'ai pu faire une semaine de tandem avec un cycliste qui avait un gros
02:49niveau et là ça a été le coup de foudre en fait, j'ai adoré les
02:52sensations de vitesse, de liberté et dans les descentes il était assez à l'aise sur
02:56le tandem, ça allait assez vite, il y avait des super sensations. Le tandem c'est un
03:00vélo à deux places où le pilote est à l'avant donc c'est lui qui passe les
03:03vitesses, c'est lui qui pilote le vélo
03:06et moi je suis ce qu'on appelle le stalker donc le déficient visuel qui est
03:10à l'arrière du tandem. C'est un sport d'équipe où on doit faire preuve de
03:13communication
03:14parce que forcément mon coéquipier en course il a des
03:17informations que je n'ai pas
03:19donc il me décrit la course
03:21en temps réel, il me dit là il y a tel équipage qui est attaqué, il y a tel équipage qui est
03:25devant, si tu te sens bien on peut attaquer, oui je me sens bien et c'est
03:28important de communiquer vraiment. On prend les décisions à deux
03:31et justement c'est important de communiquer sur l'état de chacun
03:35parce qu'on ne va pas attaquer si l'un des deux est en fringales et
03:39ne se sent pas bien. On a des codes quand on est sur le tandem par exemple pour la
03:41danseuse il me dit hop
03:43quand on attaque c'est zumba le code
03:45et on a plein de codes comme ça pour être efficace dans notre
03:49communication et ne pas avoir besoin de dire des longues phrases
03:52quand on est en pleine course et qu'on est à fond.
04:02L'objectif au départ c'était les Jeux de Paris 2024
04:06mais ensuite il y a eu la Covid qui a permis de décaler les Jeux d'un an
04:11et quand j'ai appris que les Jeux étaient décalés j'ai appelé le directeur
04:14sportif de la fédération
04:17et je lui ai dit là Laurent il y a un truc à tenter là il faut y aller
04:21il faut monter un projet.
04:22On avait fait d'assez bons résultats sur la saison donc forcément on était
04:26assez attendu. On prend le départ avec le couteau entre les dents
04:30on avait vraiment envie de tout donner. Il se trouve que ça nous a réussi
04:34pour six secondes
04:35donc ça c'est des souvenirs qui resteront marqués à vie avec la
04:38Marseillaise après. Être champion Paralympique c'était le rêve de ma vie
04:42et là je me suis dit
04:44ça y est tu l'as fait.
04:45Je m'en souviendrai toujours les heures qui ont suivi je me sentais super léger
04:48j'avais l'impression d'avoir
04:50un sac à dos de dix kilos en moins sur les épaules et là je me suis dit tout ce
04:53qui va suivre maintenant tu ne prends plus la tête ça va être que du bonus j'espère
04:57pouvoir revivre ça à Paris avec la famille les amis
05:00et tout le public qui sera présent.

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