L'interview de Barbara Butch, DJ cyberharcelée après sa participation à la cérémonie d'ouverture des JO, en intégralité

  • il y a 2 mois
Barbara Butch, DJ française qui a porté plainte pour cyberharcèlement après sa participation à la cérémonie d'ouverture des JO, était l’invitée de BFM Story ce jeudi. 

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Transcription
00:00Nous sommes en direct avec une des personnalités qui aujourd'hui se retrouve cyber harcelée et elle était au cœur des cérémonies des Jeux Olympiques la semaine dernière.
00:10Le grand public a découvert son nom, a découvert son visage avec d'autres personnes justement.
00:15C'était un des tableaux de l'ouverture, de la cérémonie d'ouverture dans ce tableau intitulé Festivité.
00:21C'est Barbara Butch, la DJ qui est avec nous. Bonsoir.
00:24Bonsoir. Merci de m'avoir invitée.
00:27Merci à vous de parler parce que finalement aujourd'hui c'est vous qui depuis quasiment près d'une semaine êtes cyber harcelée avec ce tableau Festivité.
00:36On le voyait avec d'autres drag queens célèbres, Niki Doll, Paloma et Pish avec sa barbe blonde.
00:41Alors certains ont interprété ça comme une insulte à la religion chrétienne, une moquerie du dernier repas de Jésus avec ses apôtres, la scène Léonard de Vinci.
00:52Déjà quand vous avez chorégraphié tout ça, est-ce que vous vous êtes dit on est sur la scène, le tableau de Léonard de Vinci et ça va être polémique ?
01:03Alors déjà en fait j'aimerais revenir sur une chose, c'est qu'il n'y avait pas que des drag queens et moi sur ce tableau.
01:09Il y avait aussi un couple de danseurs au Vernia, il y avait aussi B-Boy Harper et il y avait aussi Faux Voto.
01:15On était énormément sur ce tableau, le tableau qui a été chorégraphié par Maude Lepladec dont on a tendance à oublier le nom alors que derrière ce génialissime tableau et cette cérémonie,
01:30toutes les chorégraphies ont été faites par Maude Lepladec.
01:33Et du coup moi je suis très fière d'avoir fait partie de ça, de cette scène qui représentait pour moi la diversité de ce monde et de la France particulièrement.
01:45Est-ce qu'au moment où vous l'avez mise en scène, est-ce que vous vous êtes dit aïe aïe aïe ça va chauffer ?
01:51Mais non, mais pourquoi en fait ? Je veux dire des scènes de festin, il y en a dans tout, il y en a partout.
01:57Ce n'était pas celle du Christ ?
01:58Ce n'était pas celle du Christ.
02:00Mais alors du coup on va dire à la fin de chaque BD d'Astérix, attention c'est la scène du Christ, non ?
02:08En fait il y a des festins…
02:10Ce n'était pas présenté de la même manière.
02:12Il y a des festins exactement pareil, là il n'y avait pas, je veux dire moi je n'ai pas la prétention d'être Jésus ou je ne sais pas.
02:19Non mais ça a été mis en scène de la même manière.
02:22Ça n'a pas été mis en scène de la même manière.
02:24Dans tous les festins, dans toute l'iconographie autour du banquet, les tableaux sont faits comme ça.
02:33Après en fait les gens, ceux qui ça a dérangé, c'est tout simplement les personnes qui ne sont pas en accord avec les valeurs de la France.
02:43Et les valeurs de la France, c'est la dignité de chaque personne à vivre sur cette terre.
02:49Donc forcément c'est des personnes qui sont homophobes, grossophobes, transformes, validistes, racistes, voilà c'est tout.
02:56En fait c'est eux qu'on a dérangé.
02:58En fait il n'y a aucun moment, moi ce n'était pas, en tout cas je n'ai pas vu ça comme une attaque au christianisme.
03:08Ou parce que ce n'était pas du tout ça qui était, ce n'était pas le but de ce tableau.
03:15Ce qui était le but de ce tableau, c'était de montrer la diversité qu'est la France.
03:19Avec les danseurs auvergnats, avec les danseurs de voguing, avec tout ça.
03:23Que les gens l'interprètent de cette manière, c'est pas, enfin, ça leur appartient.
03:28Bien sûr, bien sûr, on va discuter avec votre avocate après de votre cas parce que malheureusement aujourd'hui vous retrouvez si barcelé.
03:33Un dernier mot quand même parce que sur ce tableau, puisque c'est ce qui provoque la polémique et que vous retrouvez aujourd'hui au centre des critiques.
03:40Vous dites que ceux qui n'ont pas aimé sont des racistes, transphobes, homophobes.
03:45On peut très bien ne pas aimer sans pour autant être phobe, vous voyez ce que je veux dire ?
03:52Bien entendu, mais là pour le coup, ce n'est pas qu'une question d'esthétique.
03:56On peut ne pas aimer des choses, mais à partir du moment où on n'aime pas tout un tableau qui représente la diversité,
04:04c'est qu'on a un problème avec l'image des autres.
04:07Et ça nous renvoie de soi.
04:09Et là, c'est pour ça aujourd'hui que vous vous trouvez autant harcelé, menacé ?
04:15Moi, je pense que le simple fait d'exister en tant que femme dans un corps gros, oui, m'amène à ce cyberharcèlement.
04:25En fait, j'avais anticipé ça puisque c'est quand même ma vie, c'est comme ça, c'est toujours comme ça.
04:32Le fait d'être un personnage public m'amène à ça et donc j'en étais prête.
04:37En revanche, les menaces de mort, de viol, les attaques antisémites, je n'y étais pas préparée,
04:43surtout pas avec cette violence inouïe et inédite qui vient du monde entier.
04:51Et qui n'a pas de limite, parce que vraiment, toutes ces insultes n'ont pas de limite.
04:56Donc le problème, ce n'est pas moi, ce n'est pas le tableau, ce n'est pas la mise en scène de Thomas Jolie
05:01ou la chorégraphie de Maud Le Pladec, c'est les personnes qui harcèlent.
05:05Il faut bien remettre les choses dans ce contexte.
05:07C'est-à-dire que là, on ne peut plus laisser passer ça sur les réseaux sociaux.
05:12Sur les réseaux sociaux comme dans la vie.
05:15Restez avec nous Barbara, d'où la présence de votre avocate qui est avec nous, Audrey M. Selati.
05:22Vous portez plainte, c'est fait, bonsoir maître.
05:24Bonsoir, oui c'est fait, nous avons porté plainte sur trois fondements.
05:27Le cyberharcèlement aggravé d'une part, des menaces dont les menaces de mort et des injures.
05:32Les injures à caractère antisémite, bien sûr, grossophobes, lesbophobes, etc.
05:37Nous avons déposé cette plainte auprès du procureur de la République de Paris, Mme Laura Becchio,
05:42et du parquet national de lutte contre la haine en ligne.
05:45Celui-ci a d'ailleurs saisi l'office qui gère la lutte contre les crimes.
05:55Cette plainte, ces plaintes vont nécessairement être beaucoup plus exhaustives dans les jours à venir
06:02puisque nous sommes en train de collecter les preuves et nous allons bien évidemment aider les services du parquet
06:08à identifier les auteurs de ces menaces, de ces injures ou de ce cyberharcèlement.
06:15D'autant que nous sommes accompagnés désormais par une entreprise spécialisée
06:21dans l'identification des comptes de cyberharceleurs.
06:23Donc vous allez les retrouver, les identifier ?
06:25Nous allons absolument les retrouver.
06:27Comme dans la ferme IA, par exemple ?
06:29Oui, notamment. Là, nous avons une entreprise qui s'appelle Cyberlight, dont le PDG est David Allouche,
06:35qui nous ont contactés pour nous soutenir.
06:39C'est une entreprise spécialisée pour identifier tous les comptes qui ont envoyé des messages privés de haine.
06:46Des milliers !
06:47Oui, mais ce n'est pas grave, c'est automatisé.
06:49Des messages privés de haine, des commentaires sous les publications, des commentaires remplis d'injures.
06:55Et ce que nous pouvons dire aujourd'hui à ces gens, à ces cyberharceleurs,
06:59c'est que nous nous retrouverons devant la justice pour de vrai.
07:03Et Barbara Bouch, aujourd'hui, vous avez été menacée, vous nous l'avez dit, mais vous êtes sous protection ?
07:13Disons que je suis en sécurité.
07:16Maître ?
07:17Non, elle n'est pas encore sous protection de policière.
07:19Nous sommes en relation avec le ministère de l'Intérieur qui doit évaluer la réalité,
07:23la probabilité de mise à exécution de ces menaces de mort, notamment.
07:27Mais malheureusement, aujourd'hui, Barbara, les réseaux sociaux, on sait ce que c'est.
07:30Regardez, plus de 85% des Français ont aimé cette cérémonie.
07:35Finalement, les rageux, c'est toujours les mêmes.
07:39Alors, à quoi bon leur accorder autant d'importance ?
07:42Parce qu'en fait, il ne faut pas normaliser la haine en ligne.
07:54Et je refuse de laisser passer ça, et je refuse que cette haine soit normalisée,
08:05qu'on puisse se dire « ah ben attends, il n'y a pas de problème, moi je n'ai pas aimé, je vais aller harceler ».
08:10En fait, c'est une haine qui se propage partout, dans tous les milieux, dans tous les réseaux.
08:14Et en fait, ce n'est pas parce qu'on est une personnalité publique qu'on doit subir.
08:19Mais les responsables politiques dont ça a heurté les convictions, ça vous pouvez le comprendre ?
08:25Oui, mais en fait, ça ne m'appartient pas.
08:30En fait, ça n'excuse en rien l'acharnement.
08:35Bien sûr, bien sûr. Non mais ce que je veux dire, c'est que vous acceptez la critique.
08:38Moi, je ne suis pas d'accord avec les gens, je ne vais pas les harceler.
08:41J'en parle avec mes copains, mais je ne vais pas les attaquer en ligne.
08:46Il y a des personnalités politiques que je ne supporte pas, je ne vais pas les attaquer sous leur publication.
08:51Je ne suis juste pas d'accord avec eux, et d'autres sites, ça s'arrête là.
08:56Oui, on peut être heurté ou pas dans ses convictions, dans ses opinions,
09:00mais rien n'excuse qu'on vienne cyber harceler une personnalité publique
09:05qui est intervenue sur ses JO, que ce soit Barbara Butch, ou que ce soit une queen, ou que ce soit quelqu'un d'autre.
09:10Une queen, c'est ça ?
09:11Une drag queen.
09:12Une drag queen, pardon.
09:13Comme Piche, par exemple, qui d'ailleurs s'est expliqué sur BFMTV.
09:16Voilà, à un moment donné, il faut aussi que les politiques prennent leurs responsabilités
09:21et qu'on essaye tous ensemble de créer une réforme ou une politique
09:27où on peut davantage réguler les réseaux sociaux
09:30pour que ce genre de situation qui arrive trop souvent n'arrive plus.
09:34Il faut qu'à un moment donné, les cyber harceleurs puissent comprendre
09:38que s'ils cyber harcèlent, alors ils seront punis par la loi.
09:41Barbara, un dernier mot.
09:42Si c'était à refaire, vous le referiez sans aucun problème ?
09:45Je le referais sans aucun problème.
09:47J'ai été très fière de participer et d'avoir été choisie par Modleplanec pour être sur cette scène.
09:52Merci Barbara Butch.
09:53Merci d'avoir été avec nous.
09:54Merci Mme Selati, avocate de la DJ.
09:57Vous portez plainte et vous avez une société qui va essayer de découvrir
10:01quels sont tous les comptes, tous les rageurs, les haters, les haineux
10:05qui se cachent derrière les comptes anonymes aujourd'hui.
10:07Et les auteurs de ces ajustements pénaux.
10:09Merci d'avoir été avec nous.

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