• il y a 10 mois
Magali Berdah et son avocat David-Olivier Kaminski étaient les invités de BFMTV ce samedi soir pour parler de l'affaire de cyberharcèlement qui oppose la cheffe d'entreprise au rappeur Booba.

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Transcription
00:00 - Bonsoir Magali Berda. - Bonjour.
00:02 - Merci d'être avec nous. - Merci.
00:03 - Vous êtes fondatrice et directrice de l'agence d'influence sur Shona Evans.
00:06 Vous êtes venue ce soir en compagnie de votre avocat.
00:08 Bonsoir Maître Kaminsky. - Bonsoir.
00:10 - Vous êtes l'avocat de Magali Berda, je le disais.
00:12 Magali Berda, d'abord ce rappel à l'ordre
00:14 adressé par un juge parisien en début de semaine à Bouba.
00:17 Comment l'accueillez-vous si je puis dire ?
00:21 - Je l'accueille bien parce que la justice avance.
00:24 Après je l'accueille un peu légèrement
00:26 par rapport à tout ce qui s'est passé depuis
00:28 la mise en place de son contrôle judiciaire le 2 octobre.
00:31 Et puis il avait déjà dérogé à ce contrôle judiciaire
00:34 et il a été déjà rappelé à l'ordre le 5 octobre.
00:37 Donc ça c'est quelque chose qu'il faut dire aussi
00:39 parce que c'est la deuxième fois qu'il est rappelé à l'ordre.
00:41 Et d'ailleurs il a fait appel, parce qu'il y a eu un renforcement.
00:43 Mon avocat vous en parlera mieux que moi certainement.
00:46 Donc ça fait des mois que le contrôle est...
00:49 C'est dur pour moi parce que chaque tweet qu'il fait
00:52 ça engendre derrière des millions, vous l'avez dit tout à l'heure.
00:55 Un tweet a engendré des millions de vues.
00:57 En fait il en a fait plusieurs dizaines.
00:59 Et même une chanson.
01:01 Donc on se dit c'est quand l'arrêt ?
01:03 Moi ce qui me dérange aujourd'hui,
01:05 parce que ça fait quand même presque deux ans maintenant,
01:08 donc ça commence à dater, je pense que cette histoire
01:10 tout le monde la connaît.
01:12 C'est quoi la fin ? C'est quoi l'arrêt ?
01:14 Qu'est-ce qui va arrêter ça ?
01:15 Et puis quand c'est pas sur moi, c'est sur les autres.
01:17 C'est surtout ça qui me fait peur.
01:18 C'est que quand il ne s'attaque pas à moi,
01:20 en fait il a le même procès sur aujourd'hui
01:22 un médecin, des journalistes.
01:23 On va y revenir et on va reparler de ce fléau
01:26 du cyberharcèlement avec vous Raphaël Gravely
01:28 que j'ai oublié de présenter.
01:29 Bonsoir Raphaël.
01:30 Bonsoir François.
01:31 On va en parler dans quelques instants avec vous.
01:32 D'abord Maître Kaminsky, est-ce que vous auriez voulu
01:34 dès ce début de semaine un placement de Bouba
01:37 alias Eliafa ou Eliafa alias Bouba
01:39 un placement en détention provisoire
01:41 pour marquer le coup si je puis dire ?
01:43 Aux côtés de mes confrères Antonin Gravelin-Rodriguez
01:47 et Rachel Flor-Pardot,
01:49 on suit ce dossier depuis maintenant plusieurs années
01:52 et on a assisté en temps réel au cyberharcèlement.
01:55 Il faut quand même rappeler que ce cyberharcèlement
01:57 c'est d'abord, si je puis dire, un chef de meute,
02:00 une piraterie, des personnes qui adhèrent un petit peu
02:03 à tout cela et qui sans connaître Magali Berda
02:06 se sont déchaînés sur elle.
02:08 Il faut comprendre que le cyberharcèlement
02:10 c'est en réalité comme un coup physique,
02:13 un coup mental qu'on vous met.
02:14 Chaque sortie sur un réseau social
02:18 c'est un coup dans la figure.
02:19 Sortie, comprenez, menace, menace de mort
02:24 Menace, menace de mort, injures à caractère antisémite,
02:31 la provocation à la haine, des gens qui se défoulent
02:35 dans tous les sens.
02:36 C'est ça qui a été vécu et en termes de nombre
02:41 de messages reçus, Magali Berda a été la femme
02:45 la plus harcelée, cyberharcelée de France.
02:48 Donc il faut comprendre que nous on a vécu
02:50 en temps réel les commissions d'infraction.
02:52 Vous auriez aimé qu'il soit placé en détention provisoire,
02:54 est-ce que vous aimeriez en parallèle qu'il soit,
02:57 si cela est possible, et je m'adresse à vous,
02:59 Magali Berda, bannie des réseaux sociaux.
03:03 Je pense que pour moi et ce que ressentent
03:05 les victimes aujourd'hui de cyberharcèlement,
03:07 le cyberharcèlement c'est comme le monde réel,
03:10 sauf que c'est virtuel.
03:11 Dans le monde réel, quand vous agressez
03:13 quelqu'un physiquement, vous êtes arrêté.
03:16 Sur les réseaux sociaux, quand vous avez agressé
03:18 quelqu'un tous les jours pendant presque deux ans,
03:21 vous n'êtes pas arrêté.
03:22 Et les plateformes aujourd'hui, pour moi,
03:24 ont cette responsabilité parce que vous savez,
03:25 des gens qui sont, excusez-moi du terme,
03:28 un peu dérangés, malheureusement il y en aura toujours.
03:30 Mais il y a une responsabilité des plateformes
03:32 pour authentifier ces actes.
03:34 Ce qu'ils ont fait, puisque Twitter nous a envoyé
03:36 un courrier en reconnaissant que Booba
03:38 enfreignait les règles constamment,
03:40 qu'ils ont retiré plus de je ne sais combien de tweets,
03:42 mais malheureusement le lendemain
03:43 il en refaisait, il en refaisait.
03:45 Et j'ai envie de dire, pour moi,
03:47 oui, il est responsable, mais pour moi,
03:50 Twitter est aussi responsable que lui.
03:52 Et j'en veux aussi parce qu'ils auraient pu
03:54 arrêter ça tout de suite en lui supprimant
03:56 son compte Twitter parce qu'il est dangereux.
03:58 Il est dangereux, mais pas que pour moi,
03:59 il est dangereux pour d'autres aujourd'hui.
04:01 Raphaël Grably, est-ce que c'est possible
04:02 de bannir quelqu'un des plateformes ?
04:04 Et est-ce que ça bouge vraiment ?
04:05 Parce que ce n'est pas la première fois
04:06 que vous êtes sur ce plateau pour parler de ce sujet.
04:08 Est-ce que ça bouge vraiment du côté des plateformes ?
04:10 Alors oui, les plateformes peuvent parfaitement
04:12 bannir un compte.
04:14 Booba avait été banni d'ailleurs d'Instagram.
04:15 D'ailleurs, je crois même que c'est ce qu'il...
04:17 Il vous reprochait à la base, si on lit les comptes rendus,
04:19 les procès-verbaux des auditions,
04:21 c'est pour lui le début du conflit,
04:23 c'est le fait qu'à ses yeux, vous ayez été
04:25 entre guillemets, je cite, "complice"
04:27 avec Facebook et Instagram pour lui faire bannir ses comptes.
04:29 C'est complètement faux.
04:30 Oui, mais enfin voilà, c'est en tout cas
04:31 ce qu'il dit face au juge.
04:33 Alors, sur le papier bien sûr, Instagram a banni
04:35 par exemple Booba.
04:37 Twitter a choisi de ne pas le bannir,
04:39 avec une spécificité, c'est que ses plateformes
04:41 sont des plateformes étrangères.
04:43 Et donc, si elles ne désirent pas bannir quelqu'un,
04:45 pour le moment, on ne peut pas faire grand-chose.
04:47 Ça ne va peut-être pas aller en s'arrangeant
04:49 avec le Twitter version X d'Elon Musk ?
04:51 Exactement. Paradoxalement, il y a une nouvelle
04:53 réglementation qui s'appelle le DSA,
04:55 qui est en vigueur depuis le 25 août dernier,
04:57 2023, qui renforce les obligations de ces plateformes,
04:59 notamment pour la lutte contre la haine en ligne.
05:01 Et dans le même temps, on a vu
05:03 Twitter qui a littéralement abandonné
05:05 toute modération parce qu'elle est dirigée
05:07 par Elon Musk, qui plaide,
05:09 qui est libertarien, qui plaide entre guillemets
05:11 la liberté d'expression absolue, et donc qui ne veut pas
05:13 mettre de modération. Et donc, il y a un conflit
05:15 entre l'Union européenne et Twitter,
05:17 entre Thierry Breton et Elon Musk.
05:19 Donc, à l'heure actuelle, il faut dire
05:21 les choses très clairement. Évidemment qu'une plateforme
05:23 peut bannir un compte. Par contre,
05:25 la justice ne peut que très
05:27 difficilement obliger une plateforme
05:29 à faire bannir un compte. La preuve,
05:31 c'est que la justice avait demandé, il me semble,
05:33 à Instagram de bannir le compte de Booba à l'époque,
05:35 et qu'Instagram a dit "De toute façon, nous, on ne répond pas à la justice
05:37 française", puisque Instagram,
05:39 mais comme Twitter, sont des entreprises
05:41 qui sont basées à Dublin. Il faut savoir que
05:43 quand on utilise une plateforme, quand j'utilise Instagram,
05:45 quand j'utilise Twitter,
05:47 ce n'est pas un contrat avec une entreprise française
05:49 que je signe, entre guillemets, quand je signe les conditions
05:51 d'utilisation, c'est un contrat avec une entreprise
05:53 qui est basée à Dublin, en Irlande,
05:55 dont on parle de responsabilité,
05:57 dont le responsable légal est probablement
05:59 quelque part en Californie.
06:01 - Maître Kaminsky, est-ce que la loi française définit
06:03 clairement le cyberharcèlement, aujourd'hui ?
06:05 - Ce qui explique Raphaël Grabli
06:07 est la problématique de la lutte
06:09 réelle, concrète,
06:11 sur les réseaux sociaux. C'est-à-dire
06:13 qu'en France, on peut poursuivre
06:15 une personne qui a cyberharcelé. La preuve,
06:17 on a eu 28 personnes
06:19 qui ont été jugées, et je voudrais rappeler
06:21 - Le procès s'est terminé cette semaine, on va y revenir.
06:23 - Le procès s'est terminé, je voudrais rappeler que
06:25 le parquet, c'est quand même
06:27 le parquet national
06:29 de la lutte contre la haine en ligne,
06:31 donc c'est un parquet dédié, avec une vocation
06:33 nationale, a requis des peines
06:35 d'emprisonnement
06:37 à l'encontre de cyberharcèleurs, ce qui est quand même
06:39 une première. - Je veux permettre d'ajouter
06:41 ce qui est un rappel important,
06:43 c'est qu'il n'y a pas d'anonymat sur les réseaux sociaux.
06:45 On est sous pseudonyme,
06:47 mais enfin, on retrouve facilement, et alors là,
06:49 pour le coup, les plateformes coopèrent, quand elles ont des
06:51 réquisitions judiciaires, elles coopèrent de mieux en mieux,
06:53 y compris Twitter d'ailleurs, et donc communiquent l'adresse
06:55 IP qui permet ensuite de retrouver le nom. Donc,
06:57 on peut avoir un pseudonyme, mais il n'y a pas d'anonymat.
06:59 - Exactement, mais
07:01 on sait que ces personnes sont finalement retrouvées,
07:03 et ce qu'il faut dire ici à cette antenne,
07:05 c'est que cet anonymat
07:07 ne sera jamais une protection.
07:09 La justice, quand elle souhaite remonter
07:11 quelqu'un, la police
07:13 savent le faire, les remontent, la preuve
07:15 dans ce dossier. Mais pour revenir
07:17 à la question du contrôle judiciaire d'Eliafat,
07:19 d'un mot très court. - Allez-y,
07:21 parce que j'allais revenir justement sur Bouba.
07:23 - Justement, à ce procès,
07:25 on a eu des réquisitions sévères
07:27 de plusieurs mois de prison qui ont été...
07:29 - Parlez du procès qui s'est terminé cette semaine,
07:31 il y a eu 28 personnes qui étaient jugées.
07:33 - Il faut comprendre l'économie de ce dossier,
07:35 c'est-à-dire que ce sont les cyber-harcèleurs
07:37 qui font partie de la meute,
07:39 cette piraterie qui a été
07:41 lancée, si je puis dire,
07:43 à la base, justement c'est ce que reproche
07:45 Magali Berda, par Eliafat.
07:47 Et le sentiment de Magali Berda,
07:49 c'est de dire... L'idée,
07:51 ce n'est pas de mettre un homme en prison.
07:53 Le sentiment et la question, c'est de se dire, à partir de
07:55 quand on arrête la commission
07:57 de l'infraction ? En vérité,
07:59 quand on est mis en examen, sous contrôle judiciaire,
08:01 est-ce qu'on peut continuer
08:03 à commettre des infractions ?
08:05 Est-ce qu'on peut jouer justement
08:07 sur cette notion d'hashtag, en disant
08:09 "le hashtag, je m'adresse à vous directement,
08:11 mais quand je n'en fais pas, je ne m'adresse pas à vous".
08:13 - Parce qu'on peut citer votre cliente, mais ne pas
08:15 la taguer, c'est-à-dire
08:17 faire en sorte que ces messages
08:19 soient adressés directement
08:21 et arrivent dans votre messagerie
08:23 ou soient directement visibles
08:25 par vous, Magali Berda.
08:27 - Je pense même qu'on joue
08:29 avec, si je puis dire, une toute petite
08:31 finesse, qui serait un espace
08:33 vide de la loi
08:35 actuellement possible
08:37 à voir, mais
08:39 je rappelle quand même que sur cette petite finesse,
08:41 il a bien surfé.
08:43 - Justement, est-ce que
08:45 depuis lundi, il se tient à carreau, Bouba ?
08:47 - Alors, il a été reçu par le juge lundi matin.
08:49 - Mais justement, depuis ce rappel à l'ordre, est-ce que
08:51 vous avez... - Il a fait un
08:53 communiqué, pour moi, qui est lunaire.
08:55 - On va le voir. - Parce que quand tu es
08:57 chez le juge et qu'effectivement, tu dis
08:59 "Voilà, j'ai...
09:01 je me suis perdue,
09:03 oui, j'ai fait trop"
09:05 et que le lendemain, tu fais un communiqué de presse
09:07 en disant "Elle se plaint
09:09 mais c'est pas ça, elle raconte ça mais c'est pas ça
09:11 et elle, elle va aller en prison", en fait, j'ai envie de te dire
09:13 mais à quel moment on va pouvoir
09:15 stopper cette campagne de dénigrement
09:17 qui est monstrueuse et qui a aujourd'hui
09:19 pourri ma vie et
09:21 pourri la vie de ma famille,
09:23 si ce n'est l'avoir détruite,
09:25 à quel moment tu vas juste dire
09:27 "Ok, comme devant le juge, je suis allée
09:29 trop loin, désolé" mais non, le lendemain,
09:31 sur Twitter, ça continue et ça continue
09:33 donc. - Ça continue, c'est-à-dire ? - Bah ça continue
09:35 parce que suite à ce tweet-là, qu'est-ce qui se passe ?
09:37 Toute sa meute, elle vient... - Donc pas lui.
09:39 - Pas une menteuse. - Pas lui qui agit à visage découvert.
09:41 - En fait, si vous voulez, c'est qu'il a plein de
09:43 trolls, hein, sur Twitter, qui
09:45 enchaînent et chaque
09:47 tweet qu'il fait, ça engraine. Alors j'ai eu
09:49 par exemple, de là,
09:51 les gens mélangent tout sur Twitter. Ils postent
09:53 ça, "Ah, voilà la sioniste !"
09:55 Tout est mélangé, ils vous attaquent
09:57 sur tout. Faut savoir que les 28 qui ont été
09:59 jugés, donc, ont tous
10:01 confirmé qu'ils m'avaient harcelée par
10:03 rapport à ce qu'ils avaient lu sur les réseaux sociaux.
10:05 - Mais pour revenir à Bouba, pardonnez-moi, est-ce que depuis lundi,
10:07 vous diriez qu'il s'est
10:09 vraiment calmé
10:11 à votre égard ? - Alors j'aurais dit ça
10:13 s'il n'avait pas communiqué
10:15 de cette manière-là. Mais quand je
10:17 lis cette communication,
10:19 je me dis en fait, il n'a pas fini.
10:21 - Il y a un élément important, et c'est tout
10:23 le nœud du problème que vous êtes en train d'évoquer,
10:25 parce que dans le contrôle judiciaire
10:27 qui est soumis à Bouba à l'heure actuelle,
10:29 il a interdiction de s'en prendre à vous, de vous mentionner,
10:31 d'avoir des propos injurieux,
10:33 par exemple, à votre endroit,
10:35 mais en revanche, il a l'autorisation
10:37 entre guillemets, de parler de
10:39 son affaire et de ce qu'il souhaite dénoncer. C'est derrière
10:41 ça qu'il se cache. Il le dit d'ailleurs lors de
10:43 cette audition devant le juge, il dit "Je continuerai
10:45 de publier les décisions de justice
10:47 sur ce que je veux dénoncer. Je ne me moquerai plus,
10:49 mais je publierai les décisions de justice."
10:51 Parce que dans cette affaire, il faut rappeler
10:53 un peu l'origine de l'histoire
10:55 et pourquoi on en est là aujourd'hui.
10:57 En tout cas, c'est la défense de Bouba.
10:59 Lui, il dit "Je ne narcelle pas ma
11:01 galiberdage, je veux dénoncer les influs
11:03 voleurs", ce qu'il appelle les influs voleurs,
11:05 au premier rang desquels il vous place.
11:07 En tout cas, c'est dans cette démarche-là
11:09 qu'il a commencé à agir. Et aujourd'hui, il dit
11:11 "Voilà, je..." - Je me permets de rappeler,
11:13 excusez-moi, mais il faut quand même rappeler
11:15 de manière très claire que jamais
11:17 Magali Berda n'a fait l'objet
11:19 en matière de
11:21 fraude, d'accord,
11:23 dans le monde de l'influence,
11:25 à la moindre poursuite.
11:27 - On rappelle juste que... - À la moindre amende
11:29 émanant du ministère de l'Economie et des Finances.
11:31 - Moi, je suis jugée par Bouba. - Jamais. - J'ai un juge,
11:33 aujourd'hui, une personne qui s'auto-proclame
11:35 procureur, enquêteur, policier,
11:37 juge,
11:39 tout ce que vous voulez. Et ça,
11:41 ça s'appelle la justice des réseaux sociaux.
11:43 Et aujourd'hui, détruire quelqu'un
11:45 publiquement devant les politiques
11:47 qui sont là pour
11:49 combattre le cyberharcèlement,
11:51 combattre le cyberharcèlement,
11:53 ce n'est pas le faire que sur des plateaux télé.
11:55 Combattre le cyberharcèlement, c'est le faire réellement.
11:57 - Raphaël Rabhi, vous souhaitiez... - Oui, non,
11:59 il y avait dans le message qu'on voyait qui s'affichait,
12:01 le communiqué de Bouba, c'est le... - La, la, la, quoi,
12:03 une des seules, sinon la seule communication de Bouba
12:05 depuis le rappel à l'ordre de lundi.
12:07 - Exactement, et c'est toute la subtilité,
12:09 il dit "J'ai le droit de la mentionner".
12:11 Alors, oui au sens français,
12:13 c'est-à-dire oui, j'ai le droit
12:15 d'évoquer Magali Berda.
12:17 Par contre, il n'a pas le droit de la mentionner
12:19 au sens de Twitter, c'est-à-dire que "mention",
12:21 c'est une fonction Twitter... - De s'adresser à elle.
12:23 - Exactement, en anglais, c'est un tag,
12:25 donc on met le fameux @, et ce qui génère
12:27 une notification chez Magali Berda
12:29 et qui, à ce moment-là, irait à l'encontre
12:31 de son contrôle judiaire, donc c'est très subtil, l'expression.
12:33 - N'oublions pas la limite de la loi
12:35 qui est le cyberharcèlement.
12:37 C'est-à-dire qu'on a l'impression que
12:39 la liberté d'expression couvre tous les agissements possibles.
12:41 Mais pas du tout,
12:43 puisqu'il est poursuivi
12:45 pour un cyberharcèlement aggravé,
12:47 vous l'aviez annoncé,
12:49 et il faut quand même rappeler que
12:51 le fait de recommuniquer
12:53 peut, au sens de la loi,
12:55 revêtir de nouvelles incriminations.
12:57 - Vous le disiez,
12:59 le parquet a requis cette semaine des peines de prison
13:01 pour chacun des 28
13:03 accusés dans le procès pour cyberharcèlement
13:05 lié à des appels
13:07 lancés par Bouba,
13:09 lui-même, il y a maintenant
13:11 deux ans, sur les réseaux sociaux
13:13 à votre rencontre,
13:15 est-ce que vous diriez qu'il y a un
13:17 deux poids, deux mesures de la justice ?
13:19 Là, on parle
13:21 de réquisitions,
13:23 ce ne sont pas des peines prononcées, pas à ce stade,
13:25 mais ne serait-ce que dans les réquisitions,
13:27 est-ce que vous avez l'impression que,
13:29 selon que l'on soit anonyme ou
13:31 personnalité publique,
13:33 on ne risque pas la même chose ?
13:35 - Tout d'abord, ce qu'il faut rappeler,
13:37 c'est que Bouba apparaît dans ce
13:39 procès tout au long,
13:41 parce que, au regard
13:43 des messages, ces personnes
13:45 qui ont cyberharcelé font référence
13:47 à la piraterie, c'est-à-dire que
13:49 on comprend qu'elles font référence, et peut-être
13:51 même allégeance, au personnage
13:53 Bouba. Il faut rappeler aussi que
13:55 les enquêteurs l'avaient convoqué, qu'il n'est pas
13:57 venu, qu'en se
13:59 dérobant, si je puis dire, à une convocation,
14:01 il a, entre guillemets,
14:03 écopé d'un autre système
14:05 judiciaire, imposé par la
14:07 justice, qui a été la mise en examen. Sinon,
14:09 il ferait partie, et ce serait le 29ème
14:11 cyberharceleur, et
14:13 peut-être, parce que le parquet l'aurait peut-être
14:15 requis, le grand commanditaire de ce
14:17 dossier. - Bouba,
14:19 et son comportement jugé problématique sur les
14:21 réseaux sociaux, pas seulement vis-à-vis
14:23 de vous, Magali Berda,
14:25 dernier exemple en date, une espèce
14:27 d'alliance improbable, ou pas d'ailleurs,
14:29 entre Bouba et le professeur Haute, le 18 janvier
14:31 dernier, Bouba qui, selon ses propres
14:33 mots, prend le risque de relayer sur son
14:35 compte X une publication qui dressait un parallèle
14:37 entre la vaccination contre le Covid
14:39 et la maladie de Creutzfeldt-Jakob, la maladie
14:41 de la vache folle. Ouvrez les yeux,
14:43 lancé alors l'artiste à ses quelques 6 millions
14:45 et demi d'abonnés. Des acteurs du
14:47 monde médical ont alors réagi, ce qui leur a
14:49 valu une vague de cyberharcèlement.
14:51 Puis arrive Didier Raoult, à la rescousse
14:53 de Bouba, "merci pour le soutien petit
14:55 frère", signé Didier.
14:57 Alors, le docteur
14:59 Jéhomme Barrière, par exemple,
15:01 a été victime d'une vague
15:03 de harcèlement en ligne.
15:05 Docteur Jéhomme Marti, aussi,
15:07 qui a été interrogé tout à l'heure par nos
15:09 équipes, écoutez ce qu'il dit.
15:11 - Ce qui me concerne, c'est les conséquences
15:13 de leurs actes. Les conséquences de leurs actes,
15:15 elles sont dramatiques, parce qu'elles mobilisent
15:17 des milliers de leurs followers,
15:19 voire des centaines de milliers.
15:21 Le rappeur en question,
15:23 il a 6 millions de followers, donc dès l'instant
15:25 où il a des paroles, qui sont
15:27 des paroles anti-vax,
15:29 ou alors dès l'instant où il va traiter
15:31 d'assassin un cancérologue,
15:33 ça fait des flots et des flots
15:35 de gens qui sont
15:37 menaçants, insultants, etc.
15:39 - Bouba, qui s'en est aussi pris ces derniers
15:41 jours à des confrères
15:43 journalistes qui avaient enquêté, fait un
15:45 travail journalistique sur lui. Il y a des tueurs en série,
15:47 il y a aussi des cyber-harceleurs en série,
15:49 Magali Berda, vous diriez cela,
15:51 vous reprendriez ces termes-là à votre compte ?
15:53 - Oui, c'est comme l'a dit Maître Kaminsky,
15:55 effectivement, c'est que
15:57 vous savez, les gens, le cyber-harcèlement,
15:59 comme c'est invisible, ils ne le comprennent
16:01 pas forcément, ça ne se voit pas.
16:03 Mais quand vous avez quelqu'un qui se fait taper
16:05 200 fois dans la rue,
16:07 on va arrêter son agresseur, on va le placer sous
16:09 contre-judiciaire, ou peut-être même l'incarcérer, là,
16:11 ce n'est pas le cas, parce que c'est invisible, les coups ne se voient pas.
16:13 Donc, on le met en contre-judiciaire, ok,
16:15 très bien, mais en parallèle, il continue
16:17 à frapper 200 fois
16:19 d'autres personnes. Alors, la limite,
16:21 c'est quoi ? Qu'il y en ait un qui se suicide ?
16:23 Moi, j'ai eu de la chance, et je ne sais pas comment
16:25 j'ai eu cette chance de survivre.
16:27 Oui, j'en ai déjà parlé,
16:29 effectivement, ça a été très long pour moi,
16:31 ça a été une torture, M. Grabli,
16:33 il connaît mon dossier aussi, j'en ai déjà
16:35 parlé ici à BFM, ça a été une torture.
16:37 Voilà, là, je suis très bien, l'année
16:39 dernière, quand je suis mise sur votre plateau, j'arrivais même
16:41 presque pas à parler, je pleurais.
16:43 Aujourd'hui, ça va mieux, j'ai eu de la chance,
16:45 j'ai eu beaucoup de chance, c'est comme ça.
16:47 Mais, moi, je pense maintenant
16:49 à ceux qui vont venir, parce que comme ils ne s'arrêtent
16:51 pas, qu'est-ce qui va se passer pour
16:53 une jeune femme, pour quelqu'un qui,
16:55 peut-être, lui, ne le supportera pas.
16:57 Et je peux vous garantir que, quand je dis une torture,
16:59 c'est une torture.
17:01 Donc, le jour où il y en a un qui va se suicider,
17:03 alors là, on aura peut-être des politiques,
17:05 peut-être Twitter, qui va se réveiller et dire
17:07 "Ah, peut-être qu'on aurait dû
17:09 faire un peu plus attention à ce dossier".
17:11 C'est arrivé, malheureusement, tout n'a pas changé.
17:13 Mais c'est très grave, parce que là, c'est sous nos yeux,
17:15 on l'a en face.
17:17 Souvenez-vous de la phrase de ce sénateur
17:19 américain s'adressant à Mark Zuckerberg,
17:21 qui a dit "Monsieur, vous avez du sang sur les mains".
17:23 C'est-à-dire qu'il faut comprendre qu'il y a
17:25 des victimes qui sont des anonymes,
17:27 qui ont tellement souffert, qu'elles ont
17:29 mis fin à leur jour. Vous évoquiez
17:31 le sérial Cyber Harcèler,
17:33 c'est vrai que moi, je suis très
17:35 étonné de constater, parce qu'à y regarder de près,
17:37 journaliste, médecin,
17:39 influenceur,
17:41 ça fait quand même beaucoup.
17:43 Merci à tous les quatre d'avoir accepté l'invitation de

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