La DJ et activiste Barbara Butch subit un déferlement de haine depuis sa participation à la cérémonie d’ouverture des JO de Paris où elle apparaissait autour de drag-queens. Elle prend la parole pour la première fois après avoir déposé plainte
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00:00Meurs d'un cancer.
00:02La prochaine fois que tu joues, je prendrai un couteau et je te trancherai la gorge sur scène.
00:07On va t'abasser très fort, on voit un pédé, un transsexuel, drag queen.
00:10On va vous faire saigner du nez, vous voulez du sang, on va y en avoir.
00:13J'en ai des tonnes.
00:15Tu seras décapité pour un tel blasphème.
00:18Fernando Junior.
00:20Pourquoi pas.
00:21Voilà, je dois faire des captures d'écran, je les envoie à mon avocat.
00:24On se retrouvera soit en enfer, soit devant la justice.
00:28La DJ Barbara Butch subit un déferlement de haine, d'une rare violence,
00:32depuis sa participation le 26 juillet à la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de Paris.
00:37Elle apparaissait couronnée autour de Drag Queen,
00:40dans un tableau vivant lu par quelques-uns comme une réinterprétation de la scène de De Vinci,
00:45un tableau qui représente Jésus lors de son dernier repas.
00:48Barbara Butch a décidé de porter plainte le 29 juillet.
00:51Une enquête a été ouverte dès le lendemain pour cyberharcèlement aggravé et menaces de mort.
00:57Comment ne pas être fière d'avoir fait partie intégrante de ce tableau ?
01:02La fête sur le Mont Olympe, un grand banquet, un festin,
01:06avec comme plat de résistance un petit monsieur bleu qui nous parlait de la paix et de la bienveillance.
01:14Ce tableau représentait pour moi complètement la France,
01:18la France de la diversité, de l'inclusion.
01:21Les gens font leur interprétation, ils ont envie de voir ce qu'ils ont envie de voir.
01:24C'est l'art, on n'arrête pas de me répéter « Don't touch Jesus » et tout.
01:29Je ne comprends pas, je ne vois pas de quoi il parle.
01:32Moi j'étais juste Barbara Butch sur scène,
01:35en train de passer la playlist que j'ai préparée depuis trois mois,
01:39avec comme seul objectif faire mon travail qui est de diffuser un maximum d'amour.
01:47Il s'est passé quelque chose de grand, de fort et de lumineux.
01:51Et je pense que c'est justement cette lumière que représente la France à travers tous ces artistes,
01:57le fait qu'on ait le droit d'être exposés comme ça sur ce plus grand spectacle du monde.
02:03Je pense que pour les personnes minorisées qui ont été représentées,
02:07c'était quelque chose d'hyper fort parce que ça arrive tellement peu,
02:11que du coup, d'un coup, c'est l'émotion et tout ça.
02:15Ça fait ça quand on n'est jamais représenté.
02:17On prend une grosse claque et on se dit « Waouh ! »
02:19On existe en fait, on a notre place, on est là, on est fabuleux, on est fabuleuse.
02:23C'est ça qui dérange les personnes étriquées.
02:25Ça a touché les homophobes, les homophobes, les chronophobes, les queerphobes, les antisémites, les racistes et les transphobes.
02:32Je commence à recevoir des messages plus horribles les uns que les autres.
02:37Je ne sais pas, je peux vous dire quelques exemples.
02:41« Ne croise jamais mon chemin, je ne t'oublierai pas. Tout se paye. »
02:45« Look at you, please, kill yourself. »
02:47« Regarde-toi et s'il te plaît, tue-toi. »
02:50Alors ça, j'en ai eu des tonnes, des suicides.
02:53« Tout le monde va vous tuer. »
02:55Après, j'ai eu des « Jude », ça veut dire juif.
02:59C'est ce que les Allemands écrivaient sur les vitrines des magasins.
03:04C'est ce qu'ils avaient écrit sur l'étoile juive d'ailleurs.
03:07J'ai eu nombre de croix gammées.
03:10Je pensais y être habituée, mais à une auteur comme ça,
03:14on parle de presque deux milliards de personnes qui ont regardé leur télévision,
03:19donc qui potentiellement m'ont regardée.
03:21Forcément, les attaques sont exponentielles.
03:24Je reçois des insultes dans toutes les langues,
03:28juste parce que j'existe,
03:31que mes copines drag queens existent,
03:34que mes copines trans existent,
03:38que mes copains noirs danseurs existent,
03:42que la France qui était représentée existe, tout simplement.
03:46Je ne veux plus, moi personnellement, subir ça,
03:49mais en fait, je pense aux futures générations.
03:52Je pense aux enfants qui déjà vivent dans ce monde
03:55où le harcèlement, le cyberharcèlement, est impuni.
03:58Ce que j'ai fait, je l'ai fait avec fierté.
04:01Si je devais le refaire, je le referais puissance mille.
04:05Je serais toujours là, je serais toujours fière,
04:07j'aurais toujours le point levé.
04:09J'ai envie d'avoir cette place de victime.
04:12Je suis plus une survivante, je suis une guerrière,
04:15et je suis prête à aller au front
04:18pour les gens qui n'y arrivent pas, pour ceux qui ne le peuvent pas.
04:21Donc moi, quand on m'envoie de la haine,
04:24je ne réponds pas par la haine, je réponds par l'amour.
04:27Si ça va trop loin, je réponds par la justice.
04:30Quand là, ça commence à être en meute et en masse,
04:33et que ça devient des milliers et des milliers,
04:35à tel point que je ne peux plus aller sur mon téléphone,
04:38en fait, vraiment, je me suis dit qu'il faut que ça serve d'exemple.
04:43La seule chose à laquelle je pense, c'est les gamins.
04:53Je repense par exemple au petit Lucas qui s'est suicidé à cause de ses potes,
04:57de toutes ces personnes qui l'ont harcelé.
04:59Ce n'est pas normal qu'un gamin se foute en l'air.
05:02Il y a trop de gamins qui se foutent en l'air chaque jour
05:06à cause de l'intolérance des adultes.
05:09Et je veux que ça serve de leçon à ces enfants qui harcèlent,
05:13à ces adultes qui harcèlent,
05:15qui se permettent de faire en sorte qu'on se sente comme des merdes.
05:22Je veux dire à ces enfants, à ces gamins,
05:24juste d'être fiers de qui ils sont.
05:26Mais là, moi, je ne peux pas laisser passer ça.
05:28Je refuse.