La drag-queen et rappeuse Piche raconte les coulisses de sa performance à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024 et répond aux critiques de ses détracteurs.
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00:00Et donc après Philippe Catherine, avec nous Pige, qui est rappeuse drag queen, elle a participé évidemment à la cérémonie d'ouverture hier, on ne vous a pas raté Pige, bonsoir.
00:08Bonsoir.
00:10Merci d'être avec nous, il y a votre nouvelle EP également qui est sortie, ça s'appelle Festin, il est disponible partout, on peut l'écouter dès maintenant.
00:17Yes, c'est ça. Sortie du rap queer, on adore.
00:21Super, alors vous avez participé, je le disais, à cette cérémonie absolument historique, incroyable, on sort du stade, on va sur la scène, on voit les monuments, c'est absolument incroyable.
00:29Qu'est-ce que vous avez ressenti hier durant cette soirée mémorable ?
00:34En vrai c'était fou, déjà j'ai ressenti beaucoup de pluie, j'avoue.
00:38Ah oui ?
00:40Ouais, le tableau du coup sous la pluie, donc un peu ça avec le sourcil au niveau de la joue, c'était pas très très agréable, mais par contre, hormis ça, tout le reste, c'était absolument incroyable.
00:48C'était fou de se dire qu'on a fait partie d'un événement historique, il y avait tellement de ferveur, il y avait tellement de personnes qui étaient impliquées là-dedans, qui travaillaient dessus depuis des années, etc.
00:55C'était absolument dingue, vraiment.
00:58Vous parliez de la pluie, est-ce que ça a compliqué les choses ? On voyait un sol détrempé sur le tapis rouge, est-ce qu'il y a des choses que vous n'avez pas pu faire ?
01:04Est-ce que vous avez dû amender votre prestation ? Comment ça s'est déroulé ?
01:08Ben oui, forcément, du coup, des choses que j'ai pas pu faire, non, j'ai fait tout ce que j'avais à faire parce que c'est pas la pluie qui va m'arrêter, clairement.
01:14Donc on est allé au bout de ce qu'on avait à faire. Après oui, forcément, il y a eu des petits trucs techniques qu'il a fallu gérer en même temps.
01:20J'avais des lentilles que j'ai dû enlever sur le plateau directement, j'ai fait balancer les fossiles, j'avais les cheveux mouillés dans la tronche.
01:26Enfin, il y avait vraiment rien qu'il y avait, mais je me suis dit, c'est pas grave, c'est les JO, c'est historique.
01:29Exactement. Ça faisait combien de temps que vous répétiez ce spectacle ? On imagine que c'est pas depuis hier, évidemment.
01:35Comment s'est passée un peu dans les coulisses cette préparation ?
01:38Alors moi, pour le coup, j'y suis à peu près depuis juin. Du coup, Daphné disait que ça fait déjà plusieurs années qu'elle est dessus, Daphné Burki et Thomas Joly, entre autres.
01:46Moi, pour le coup, ça fait à peu près trois mois et donc on a fait quelques répètes, je sais pas, peut-être trois ou quatre en vrai depuis juin.
01:53Et est-ce que vous avez dû garder le secret ? Vous aviez mis des gens dans la confidence ?
01:58Alors, les seules personnes qui étaient dans la confidence, c'est ceux qui devaient m'habiller. Du coup, mon créateur Geoffrey Mingo qui m'a fait la tenue qu'on voit pendant les jeux.
02:06Mais sinon, autrement, on est obligé de garder tout le coup tout en secret.
02:09Donc, ce qui veut dire que votre famille, les gens les plus proches ne savaient absolument pas que vous participiez à cet événement ?
02:15Nope. Ah, d'accord. Non, du coup, il faut cacher du coup. Et puis, c'est encore plus sympa, du coup, quand ils nous découvrent directement à la télé.
02:22J'ai reçu plein, plein de messages pour plein de raisons différentes, évidemment, mais j'ai reçu beaucoup, beaucoup surtout de messages de soutien et de personnes qui étaient très, très ravies du coup que je sois là.
02:30Et très surprises en se disant mais c'est incroyable, il y a des drag queens à la cérémonie d'ouverture des JO, c'est fou.
02:35Et comment vous avez fait pour être sélectionné ? Philippe Catherine a dit qu'il a envoyé une cassette, une petite démo directement à Thomas Joly. Vous, ça s'est passé comment ?
02:43Alors, du coup, j'ai été contacté directement par la direction artistique et les personnes qui s'occupaient de l'organisation des JO.
02:49Et apparemment, ils avaient envie d'avoir la piche. Donc, je suis trop content.
02:53Vous avez parlé il y a un instant des réactions que vous avez reçues, des messages en tout cas, après cette cérémonie.
02:59Quels ont été les messages ? Alors, vous avez dit il y a eu des messages peut-être un peu moins sympas ?
03:03Il y a de tout, oui, on a eu de tout. Je pense que c'est assez évident que forcément, il y a des choses qui ont été relevées, qui peuvent surprendre plus que d'autres et tout ça.
03:13Donc, on a reçu des messages. Mais vraiment, en vérité, majoritairement, c'était quand même très, très bienveillant.
03:18Et après, voilà, des personnes qui ne comprennent pas forcément et qui, du coup, on explique un petit peu.
03:22D'autres personnes à qui on a arrêté d'expliquer depuis des années aussi parce qu'il y a des gens qui ne veulent pas comprendre.
03:26Donc, voilà, après, on fait avec. C'est comme ça. L'art, ça divise toujours.
03:30De toute façon, à partir du moment où ça ne remue pas les gens, c'est que ce n'est pas de l'art pour moi.
03:34Vous avez vu notamment les réactions de personnalités politiques aussi. Marion Maréchal, par exemple, qui a tweeté justement sa colère devant cette cérémonie,
03:42qu'elle juge justement peut-être trop queer, trop woke. Qu'est-ce que vous voulez répondre à ceux qui sont de son avis et qui trouvent que c'était une cérémonie woke
03:52et que vous n'aviez pas votre place à cette cérémonie d'ouverture ?
03:56Je pense qu'on commence à avoir un petit adage un peu dans la communauté queer où si Marion Maréchal Le Pen réagit, c'est qu'on a réussi notre coup.
04:02En général, c'est qu'on a fait ce qu'il fallait faire et que du coup, on a été dans la justesse, en tout cas dans la représentation.
04:08Encore une fois, on commence à le répéter tout ça. Mais le truc, c'est que c'est pas la problématique.
04:14C'est pas d'avoir pris la scène véritablement. C'est que ce soit représenté par des queers parce que c'est quelque chose qui a été utilisé et réutilisé dans la pop culture
04:20depuis des décennies et des décennies par tout le monde. Et ça n'a jamais véritablement posé de problème.
04:26Et là, à partir du moment où c'est des queens et des drag queens qui le font, ça pose problème.
04:30Donc la vérité, c'est que c'est pas l'utilisation de ça qui est problématique. C'est le regard que posent les gens sur nous parce qu'on n'a rien fait d'obscène dans cette scène.
04:38Il n'y a rien du tout. Vraiment, il n'y a aucune provocation, rien. La seule chose qu'eux voient comme une provocation, c'est la fluidité du genre.
04:44Mais ça, c'est pas une provocation et c'est pas obscène. C'est juste eux qui le voient comme ça. Et ça, c'est dans leurs yeux à eux, ça les regarde.
04:49Mais comment vous prenez ce genre de critiques, vous, personnellement ?
04:53Moi, je vais être hyper franche, je m'en carre le cul.
04:57D'accord. C'est Franck, oui, c'est sûr.
05:00Moi, c'est Franck. Je vous avoue que quand on est comme je suis, on n'a pas le choix d'apprendre à grandir comme ça et à devoir faire avec les avis des personnes qui sont autour,
05:10qui, des fois, sont fondées, des fois, ne sont pas fondées. Là, en l'occurrence, il y a beaucoup de choses qui ne sont pas fondées et il faut qu'on laisse glisser.
05:15Moi, je pense que j'ai envie de surtout me concentrer et de rester sur le fait qu'il y a une représentation queer et pas que.
05:21En vrai, pendant les JO, il y a eu plein de représentations de plein de minorités de personnes qui avaient besoin d'être représentées.
05:25Je pense que la France a envoyé un super message à l'international.
05:28Je pense qu'on a montré, surtout après le climat qu'on a eu pendant plusieurs semaines et tout ça, qu'on était unis, qu'on était ensemble et que la France, c'est la diversité.
05:35Moi, je suis extraordinairement fier. J'ai rarement été aussi fier. Je suis toujours fier d'être français, évidemment, mais je n'ai jamais été aussi fier d'être français qu'hier.
05:42Vous avez quand même vu qu'une scène a fait particulièrement réagir. Un tableau, en tout cas, c'est celle de la scène qui a été revisitée.
05:48C'est ce fameux repas avec les apôtres. Est-ce que vous pouvez comprendre que certains aient pu être choqués par cette référence biblique ou pas ?
05:56Justement, c'est ça que je vous expliquais tout à l'heure. C'est qu'en fait, cette référence biblique, elle a été utilisée dans la pop culture depuis des années, des années, des décennies.
06:02C'est absolument pas nouveau. Il y en a tout le temps, tout le temps. Cette représentation-là, elle est utilisée tout le temps.
06:07Et encore une fois, à partir du moment où il n'y a pas de provocation réelle, dans le sens où il n'y a pas de choses qui soient considérées comme véritablement obscènes, etc., on ne s'est pas moqué du tout de ce tableau-là.
06:17C'est juste que les personnes qui, eux, le voient d'une certaine manière se disent que c'est de la moquerie parce que, du coup, on est dans des habits, des costumes, etc., qui diffèrent de ce qu'eux acceptent.
06:27Et à partir du moment où on joue avec le genre, en fait, ça pose problème. C'est juste ça. C'est vraiment parce que c'est des queers et des drag queens qui ont utilisé cette représentation-là que ça gêne.
06:36Sauf que, spoiler alert, il y a aussi des drag queens qui sont, j'imagine, dans le christianisme et qui ne se sont pas senties du tout provoquées par ça.
06:45Et il y a énormément de personnes aussi qui sont dans le christianisme et qui n'ont pas du tout été choquées par ça.
06:51Enfin, c'est juste une minorité de personnes qui se sont servies du coup d'un grand chiffre en disant qu'il y a deux milliards et quelques de personnes qui sont chrétiennes et qui ne sont pas chrétiennes.