Rénelle Lamotte, championne de 800 mètres | We Are Champions
Rénelle Lamotte, athlète française du 800 mètres, partage sa passion pour l'athlétisme et les défis de cette discipline intense : son quotidien d'entraînement, l'importance du suivi psychologique et ses expériences aux Jeux Olympiques :coureuse:
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00:00Je m'appelle Renée Lamotte et je suis en équipe de France d'athlétisme sur 800 mètres.
00:03Vous pouvez me retrouver prochainement au Stade de France le 2 août pour les séries des Jeux Olympiques.
00:11J'ai choisi le 800 mètres parce que c'est une discipline un peu...
00:13J'aime bien dire que c'est la discipline la plus badass et la plus rock'n'roll de l'athlée
00:16parce que c'est des femmes qui se battent, c'est dur, c'est de la résistance.
00:20On se bat toutes sur le même couloir pour être devant.
00:23C'est vraiment très difficile, éprouvant, intense.
00:26J'adore, faut du caractère pour faire cette discipline.
00:28Quand je cours, je ressens de la douleur.
00:29On a tellement mal, mais en même temps, le corps avance quand même.
00:31Moi, je peux m'arracher, je peux donner ma life pour me jeter sur la ligne.
00:35C'est ouvert à tous les profils et dans ma discipline,
00:38il n'y a pas de catégorie d'âge, de poids, mais je fais partie des vieilles maintenant puisque j'ai 30 ans.
00:42Je dirais que c'est un sport assez féministe, en fait, l'athlée.
00:44Il y a toujours plus de densité chez les hommes.
00:46Il y a de plus en plus de femmes qui font de la course à pied.
00:48Je dirais que c'est presque kiff-kiff.
00:49Les plus grosses journées, je suis à trois entraînements par jour.
00:52J'ai un jour de repos dans la semaine.
00:54Je vais faire de la technique, peut-être un peu de vitesse sur la piste.
00:57Ensuite, je vais enchaîner avec la muscu.
00:59Après, je vais manger, faire mes rendez-vous professionnels ou rendez-vous psy.
01:03Et le soir, je vais faire mon cardio de récup.
01:05Il y a beaucoup d'athlètes qui sont suivis par des psys.
01:07Il y en a beaucoup qui ne le disent pas aussi parce que c'est encore un peu la honte d'aller voir le psy.
01:11Moi, je suis hyper fière d'avoir un psychologue et je pense que ça se démocratise de plus en plus.
01:15Il y a beaucoup d'athlètes qui ont des régimes stricts.
01:18Moi, j'ai eu plein de problèmes avec la nourriture parce que justement, j'étais dans ces stéréotypes.
01:21Maintenant, je mange ce que je veux, quand je veux.
01:23Je pense que ma discipline est assez dure comme ça.
01:25Si en plus, je me rajoute des contraintes au niveau de la nourriture, je ne vais pas m'en sortir.
01:29Le plus dur dans ma discipline, c'est que c'est intransigeant, impitoyable, une erreur tactique,
01:34un mauvais choix, une mauvaise décision et ça peut tuer toute une course.
01:37C'est tellement rapide que ce n'est pas de la stratégie et c'est vraiment de l'instinct.
01:40Parfois, tu as une décision et tu dois la prendre tout de suite.
01:43Et si tu ne la prends pas, ta course, elle est morte.
01:45Tu n'as même pas trois mètres de marge.
01:47Donc, il faut avoir un sacré paire de bijoux de famille pour qu'on arrive vie sain.
01:52J'ai rencontré plus de difficultés que de bons moments dans ma carrière.
01:56Mais les bons moments, ils sont tellement extraordinaires
01:58qu'on est prêt à vivre toutes les difficultés de la Terre.
02:00Mes premiers Jeux Olympiques, j'avais la 7e perf top list et je suis sortie au premier tour.
02:04Donc, je termine 46e, je crois.
02:06Et là, je me suis dit, ce n'est pas pour moi, c'est trop violent.
02:09Je vis la défaite comme une rupture amoureuse.
02:11J'ai besoin de six mois pour récupérer.
02:12Six mois où je pleure, je suis en dep.
02:14Souvent, j'essaie de partir loin avec des gens qui ne font pas de sport.
02:17Vraiment me sortir de ce monde parce que c'est trop douloureux.
02:21Je profite à fond de mes victoires, quelles qu'elles soient.
02:24On ne veut toujours plus.
02:25Mais je pense que c'est important de se satisfaire déjà du chemin parcouru.
02:29C'est tellement beau de travailler pour atteindre ses rêves, ses objectifs.
02:33Et tant que j'ai la flamme, je continue.
02:35Les Jeux Olympiques, c'est tellement un truc de fou qu'on fait des cauchemars.
02:40Il faut vraiment imaginer le stress que c'est pour les athlètes
02:42parce que ces quatre ans qu'on prépare, la veille de mes courses olympiques,
02:45je sais que je suis en mode, il me reste huit heures, il me reste quatre heures.
02:49Enfin, je vis le décompte comme ça.
02:50C'est tellement spécial.
02:51On est à fleurs de peau, on regarde une photo de sa famille, ça nous fait pleurer.
02:54C'est vraiment hyper, hyper, méga, giga intense.
02:58En tout, je crois qu'il y aura 46 athlètes alignés sur 800 mètres.
03:02Moi, je me sens capable d'aller loin, mais je n'ai pas envie de me porter l'œil.
03:05Je vais rester concentrée sur ce que j'ai à faire.