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00:00Commenter l'issue de ce scrutin avec vous, Fabrice Andriani. Bonjour, vous êtes spécialiste du Venezuela, doctorant en sciences politiques à l'Université Lumière Lyon 2. Merci d'être avec nous.
00:08La commission électorale qui a promulgué la victoire de Nicolas Maduro ce matin dit que le résultat est basé sur un total de 80% des bureaux de vote.
00:20Cela marque, selon elle, une tendance irréversible. Ça laisse encore 20% de marge. Est-ce que l'issue de ce scrutin est pour autant pliée ?
00:30Déjà, l'affirmation même selon laquelle le comptage officiel est basé sur 80% des comptés, ce n'est pas vérifiable à ce stade.
00:42Les chiffres pour l'opposition sont tout à fait contestables. Quand bien même ce serait le cas, ce n'est pas une tendance irréversible sur un score avec seulement 51% pour Maduro.
00:53Ce ne serait pas irréversible, mais quoi qu'il en soit, le fait est que dans à peu près la moitié des centres de vote, les témoins et ce qui est l'équivalent des assesseurs ou des délégués d'opposition
01:06ne se sont pas vus remettre les actes qui donnent le résultat qu'il y a dans les machines de vote de chaque centre électoral, tandis que ce sont les responsables des centres électoraux
01:17qui sont tous affiliés au gouvernement, qui transmettent les résultats au centre national.
01:23Et par ailleurs, la partie de l'opposition, les témoins de l'opposition, qui devaient être au niveau des bureaux centraux de totalisation du résultat des machines,
01:34n'y ont pas eu accès pendant plusieurs heures et devaient se fier sur ce que disait un intermédiaire qui était à l'intérieur de l'observation électorale du centre Carter américain.
01:45Donc en fait, tous les scénarios sont encore possibles. Les résultats sont légitimement contestables et effectivement, vous avez le Chili, pas seulement, mais aussi le Brésil,
02:00et maintenant depuis quelques heures, la Colombie aussi, qui demandent à ce que l'élection soit entièrement transparente, c'est-à-dire que le centre national électoral publie l'ensemble des résultats
02:14sur le site et effectivement, si l'opposition, comme elle le dit, a la moitié des actes avec un résultat aussi écrasant qu'elle proclame,
02:23rien qu'avec la moitié des actes, on pourra le prouver parce que le centre national électoral est censé publier le détail, comme en France, des totaux des voix dans les bureaux de vote.
02:32Donc si ça ne correspond pas aux actes, on le verra tout de suite. Et les présidents de gauche latino-américains demandent aussi un audit complet.
02:39Le chef de la diplomatie colombienne, justement, appelle un audit indépendant. Est-ce qu'il y a une chance qu'il ait lieu, cet audit ?
02:46Non, parce que le dernier audit complet qui a été demandé, il y a très peu de chance. Après, les marges de négociation, les rapports de force ne sont pas les mêmes.
02:54Mais le dernier en date, c'est la première élection de Maduro en 2013 qui avait été gagnée de justesse contre Enrique Capriles.
03:01Un audit a été réclamé, il a été promis par le président et finalement, il n'a jamais été délivré.
03:12En fait, il n'y a jamais eu d'audit. Donc on peut douter qu'il y ait un audit, mais ne serait-ce que juste en confrontant les résultats qui seront publiés en ligne par le centre national électoral
03:21et les actes que dit détenir l'opposition, si vraiment il y a eu une faute massive, ce qui semble en tout cas dans la proclamation des résultats être le cas par rapport à tous les indicateurs.
03:33Il ne se parle pas seulement des enquêtes, mais aussi du niveau de participation, mais pas seulement du niveau de participation, mais également de l'ambiance dans les centres électoraux.
03:40Je veux dire à peu près tous les élus chavistes d'envergure qui sont allés voter se sont fait siffler en long et en large.
03:46Dans les files d'attente qui duraient depuis la veille du scrutin, les gens attendaient depuis la veille pour aller voter et chanter des chants qui appelaient clairement à la chute du régime.
03:57Et même la fête de l'autre côté, la fête entre guillemets de la victoire, malgré certaines images qu'on a vues, en fait les images qui sont diffusées par les médias d'État et par les propagandistes du régime à l'international,
04:11ne montrent pas du tout des dizaines de milliers, des centaines de milliers de gens qui célèbrent comme ça peut être le cas dans d'autres grandes élections nationales.
04:19Fabrice Andreani, l'opposition assure l'avoir emportée avec plus de 70% des voix, ce qui serait énorme.
04:27Cette même opposition qui était confiante de mettre fin à 25 années de pouvoir chaviste continue de rejeter ce résultat et dit notre combat continue.
04:36C'est quoi le risque dans les heures qui viennent ?
04:39Le risque dans les heures qui viennent, c'est qu'une partie des gens, une partie importante des gens qui ont attendu certains toute la nuit et on ne sait pas jusqu'à quelle heure pour se voir.
04:54Ils faisaient pression devant les bureaux de vote comme la consigne pour avoir le droit de participer à l'observation de la publication des actes, de l'obtention des actes et du décompte dans chaque centre électoral.
05:07Ce qui doit aller très vite parce que c'est des machines électroniques.
05:10En fait, que toutes ces personnes se remobilisent aujourd'hui ou dans les heures ou les jours qui suivent et occupent massivement les rues et qu'une partie des corps de sécurité et des groupes civils armés clandestins
05:26qui ont déjà été à l'œuvre en amont du scrutin et au cours du scrutin agissent, répriment massivement la population.
05:35On nous dit justement qu'il va falloir scruter avec beaucoup d'attention la réponse de l'armée, l'attitude de l'appareil sécuritaire.
05:44Effectivement.
05:45Oui, et il faudra voir aussi si en fait une autre hypothèse, mais qui est plutôt optimiste, serait que le chiffre qui a été donné en disant qu'il restait 20% des actes à auditer,
05:56en disant qu'ils ont déjà déployé 80% mais qu'en fait il reste 20% mais que la tendance est irréversible,
06:02vu que c'est une marge très étroite, ça peut être aussi le signe qu'il y a encore une volonté de négociation au sein de l'armée qui a donné des signaux très contradictoires sur les derniers jours.
06:12À la fois d'apaisement et à la fois de dire, de sous-entendre que c'était l'opposition qui appellerait à la violence.
06:19Mais en fait il y a plusieurs signaux comme quoi il y a une partie de l'appareil politico-militaire qui serait prêt à certaines négociations,
06:29sans quoi en fait le scrutin avec une participation aussi massive n'aurait jamais eu lieu.
06:34À chaque fois qu'il y a une participation aussi massive de l'opposition, la seule fois en fait depuis l'élection de Maduro, c'est en 2015,
06:41qui a été le début de la crise politique qui continue encore aujourd'hui de façon intermittente,
06:48c'est-à-dire quand ils ont raflé les deux tiers de l'Assemblée nationale, avec encore une fois une participation record.
06:53Donc généralement quand il y a une participation très forte, il est très difficile de tricher, comme dans n'importe quel système électoral.
07:02Donc quand vous avez des témoins et une participation très forte, généralement ça favorise largement l'opposition.
07:09Merci beaucoup Fabrice Andreani, merci d'avoir été notre invité du jour.
07:13On scrutine évidemment attentivement le jour d'après, le réveil.