Stéphanie de Muru revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd’hui, avec Antoine Boitel, journaliste, auteur de “Le calvaire sécuritaire”, publié aux éditions de l’Observatoire, ils évoquent le dispositif de sécurité mis en place pendant la cérémonie et durant les Jeux olympiques mais également sur l'attaque contre la SNCF qui a paralysé le réseau TGV ainsi que le réseau Eurostar.
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00:00Et puis bon, bien sûr, les JO, on le sait, on en a beaucoup parlé, les médias, évidemment, la sécurité et puis malheureusement, ce matin, on est obligé un petit peu d'en parler aussi,
00:10puisqu'on vous rappelle, chers auditeurs, que de graves perturbations ont lieu en ce moment sur les réseaux SNCF, actes de sabotage.
00:20On retrouve plutôt Antoine Boitelle, journaliste spécialisé dans les questions sécuritaires,
00:26auteur du livre « Le calvaire sécuritaire » où comment les JO vont bouleverser durablement le quotidien des Français aux éditions de l'Observatoire.
00:33Bonjour Antoine.
00:34Bonjour.
00:35Alors, on commence évidemment avec cet acte de sabotage. Malheureusement, on en parlait de ces menaces, je me souviens que vous l'avez reçues à l'époque pour votre livre.
00:43Elles étaient presque attendues, mais bon, c'est dommage, ça arrive.
00:47On savait que quelque chose allait être tenté. L'occasion était trop belle, malheureusement, pour les ennemis de la France de s'en prendre à cette vitrine de Paris, de la France.
00:56Ce qu'on n'avait peut-être pas anticipé, mais on peut sécuriser 6 km de Seine pendant une inauguration.
01:02C'est peut-être plus difficile, évidemment, de sécuriser tout le rail français le jour de la cérémonie.
01:09Il semblerait que les premiers éléments montrent que l'attaque était très coordonnée entre 4 et 5 heures du matin avec des destructions qui interviennent à des endroits où les TGV se croisent, où il y a des sauts de moutons, comme on dit, etc.
01:21Malheureusement, on voit que le pire est quand même toujours attendu.
01:27Et si, bien sûr, on a dissuadé pour l'instant une attaque sur Paris avec un déploiement XXL de dispositifs de sécurité,
01:35on se rend compte que finalement, ça repousse peut-être le problème un petit peu plus loin.
01:38On peut noter au passage que si ça empêche de venir à la cérémonie aujourd'hui d'inauguration,
01:42ça peut aussi éventuellement empêcher les Parisiens de repartir de la capitale.
01:46Et oui, parce que c'est un gros jour de départ en vacances.
01:49C'est un sacré bazar quand même.
01:51On a vu que l'Eurostar, Baptiste Morin nous expliquait que l'Eurostar était impliqué, était touché.
01:56Ça a des conséquences quand même importantes.
01:59Ça peut gâcher potentiellement la fête, pour certains en tout cas.
02:04Pour ceux qui voulaient venir à la cérémonie d'inauguration par le TGV ce matin déjà,
02:07ça va être très compliqué.
02:09Pour ceux qui voudront repartir en TGV même demain matin,
02:12puisque malheureusement on dit qu'il va y avoir des perturbations pendant tout le week-end,
02:16ça va être encore plus compliqué.
02:17On attendait aussi une journée noire sur les routes autour de Paris.
02:20Imaginez tous les gens qui ne peuvent pas prendre le train
02:22et qui vont décider de monter dans leur monospace pour partir en vacances.
02:26Ils vont être tous sur les routes avec moi tout à l'heure.
02:29Antoine Boitel, vous parliez dans votre livre de toutes les menaces qui pouvaient venir.
02:34On ne va pas gâcher la fête ici, ce n'est pas le but,
02:36parce qu'on est sûr que tout va bien se passer.
02:39Oui, exactement.
02:41Mais c'est vrai que là, les policiers sont sur les dents.
02:43Je pense que je n'ai jamais vu autant de policiers dans Paris.
02:46Il y a des gyrophares partout.
02:48On a l'impression qu'il y a autant de policiers que de Parisiens.
02:50Comme quoi on peut tout.
02:52On avait beaucoup pensé à l'histoire de est-ce que les rues seront sûres ?
02:55Est-ce qu'on arrivera à sécuriser le champ de Mars ?
02:57C'était quand même un cœur important de la machine.
03:00On se disait, regardez tous ces vendeurs sauvettes, où est-ce qu'ils vont aller ?
03:03Moi, je suis allé sur le dispositif le jour de la fermeture, le 18.
03:06Effectivement, il n'y avait plus un vendeur sauvette
03:08autour de la tour Eiffel et du champ de Mars.
03:10Mais où est-ce qu'ils sont ? Ils les ont déplacés ?
03:12Je sais qu'il y en a déjà qui sont déplacés
03:16vers le cœur de Paris, vers le nord, un petit peu plus au nord.
03:18En réalité, ils ne sont juste pas dans les dispositifs olympiques.
03:21Mais bien sûr, leur activité ne va pas cesser.
03:24Les vendeurs de cigarettes à la sauvette
03:26leur plaint, comme toujours.
03:28Et puis, les vendeurs de tour Eiffel, il faudra qu'ils soient un petit peu patients, évidemment.
03:31Vous m'avez envoyé d'ailleurs hier le dispositif de sécurité pour aujourd'hui.
03:35Alors, ça donne mal à la tête. J'avoue que j'ai renoncé.
03:38C'est incroyable.
03:40C'est pour les fonctionnaires, évidemment.
03:42C'est important pour eux, évidemment, de savoir
03:46où sera placé qui, quelle attitude avoir avec les personnes
03:50qui se trouveront aux abords du dispositif, qu'il faudra filtrer.
03:53C'est ce qu'on attendait jusqu'à présent, c'est-à-dire
03:56le dispositif selon les couleurs, le code couleur, QR code
04:00autour de la scène qu'on connaît bien dorénavant, le rouge, le gris
04:03qui a le droit de circuler, qui n'a pas le droit de circuler.
04:05Et puis, les 45 000 policiers et gendarmes,
04:09les 20 000 effectifs de sécurité privée,
04:11les presque 20 000 militaires,
04:132 000 policiers municipaux de Paris.
04:15Et vous rajoutez à ça, Antoine Boitel,
04:17toutes les délégations étrangères
04:19qui ont ramené leur propre service de sécurité.
04:22On a vu les Qataris en voiture blindée dans Paris.
04:25J'imagine que la délégation américaine aussi,
04:28les Israéliens n'en parlons pas, avec les athlètes
04:31qui sont un petit peu ciblés par certains propos.
04:34Alors moi, au moment où j'écris mon livre,
04:36j'avais dans l'idée que les délégations étrangères,
04:40donc les forces de sécurité étrangères,
04:42protégeraient leur propre délégation.
04:43On s'aperçoit quand même assez rapidement
04:45qu'en réalité, ils patrouillent dans les rues de Paris.
04:47Et ça, ça fait partie de l'amitié entre les peuples.
04:49La France le fait aussi quand ils se déplacent à l'étranger.
04:52Ça reste encore normal.
04:53On m'a fait savoir dans certains services spécialisés toutefois,
04:56qu'il fallait faire montre d'amitié
04:59avec les autres services spécialisés d'autres pays.
05:01Je pense notamment aux brigades sinophiles.
05:03Parfois, il a fallu pousser très fort
05:06pour que les formations soient presque accélérées
05:09pour avoir le plus d'effectifs possible
05:11dans certains services où on manquait un peu,
05:13où on péchait un peu par là.
05:14Et on leur a dit, écoutez,
05:16vous allez aussi travailler avec des sinos,
05:19des policiers qui s'occupent des chiens étrangers.
05:23Et parfois, dans certains services,
05:25je dis policier, mais ce n'est pas forcément la police nationale,
05:27ça grasse un petit peu des dents.
05:29C'est vrai.
05:30En tout cas, on est quand même content de les avoir.
05:32C'est vrai qu'on a vu des scènes surréalistes hier,
05:34par exemple avec le dîner du Louvre.
05:36Il y avait quoi, des goûteurs ?
05:37On se croirait autant de Cléopâtre.
05:40Cléopâtre est venu apparemment.
05:41Elle était dans son sarcophage, je crois.
05:44Oui, bien sûr, ça fait partie.
05:47C'est le CIO qui est organisé,
05:49mais ça fait partie des choses qu'on pouvait en attendre également.
05:52C'est-à-dire qu'il y aura forcément des tentatives
05:54de perturbations venues d'ennemis des JO
05:58ou d'ennemis de délégations qui seraient présentes.
06:00Puisqu'évidemment, on sait qu'il y a des grandes guerres
06:02actuellement à travers le monde,
06:03et particulièrement au bord de l'Europe,
06:05et qu'empoisonner quelqu'un, ça signe...
06:08Oui, on citait beaucoup de pays.
06:11Là, je voyais passer des urgences ce matin
06:13avec des attaques potentiellement iraniennes.
06:15Alors, il y a les Russes, évidemment.
06:17Ça peut venir un petit peu de partout.
06:20Ça vient du bloc Est,
06:22qui se compose depuis déjà une décennie.
06:25C'est-à-dire qu'on pense principalement
06:28en termes occidental versus oriental, dorénavant.
06:31Certains ont choisi leur camp, et malheureusement,
06:34il faut se préparer à ces attaques-là,
06:35qui sont d'une autre ampleur probablement
06:37que celles de, par exemple, l'ultra-gauche,
06:40dont, bien sûr, les forces de l'ordre
06:43étaient sur le qui-vive par rapport à l'ultra-gauche.
06:45Je pense principalement aux services de renseignement,
06:47comme le renseignement territorial,
06:49qui alerte depuis déjà deux ans,
06:50et qui est très en prise avec le problème.
06:52Mais bien sûr, ce n'est pas le même mode d'opératoire
06:54que lorsque c'est une grande puissance qui vient s'attaquer.
06:57Néanmoins, les services sont extrêmement efficaces.
06:59Il y a eu quand même déjà plusieurs arrestations,
07:01plusieurs attaques des jouets.
07:03Oui, alors ça, bien sûr.
07:05Il y a eu même des choses
07:06qui sont passées un peu sous les radars.
07:07Alors évidemment, on peut parler de Saint-Etienne
07:08et de la Gironde.
07:09Saint-Etienne, un jeune radicalisé tchétchène,
07:12de mémoire, ou du Caucase.
07:14Puis, dans la Gironde, deux interpellations.
07:16La DGSI n'a pas été très déserte sur la question,
07:19mais visiblement, on était quand même
07:21sur un passage à l'acte imminent.
07:23Et puis, il y a des choses
07:25qui sont passées un peu sous les radars,
07:26comme, par exemple, un Russe
07:27qui a été interpellé à Roissy, en France,
07:30près de l'aéroport, il y a quelques semaines,
07:32qui s'était brûlé avec de l'acide
07:34et qui est atterri aux urgences
07:36avec des graves brûlures au visage.
07:37Et donc, manifestement,
07:38il était en train de concocter une bombe.
07:41Mais le passage de la flamme,
07:42c'est plutôt bien passé, partout en France ?
07:44C'est ça.
07:45Alors ça, c'est un bon canari pour le coup de grisou,
07:47on va dire.
07:48C'est-à-dire que le canari a tenu bon.
07:49Puisque, quand on se souvient des JO de Londres,
07:51il y avait un accident tous les quatre jours,
07:54en moyenne, sur...
07:55Non, quatre incidents par jour, en moyenne,
07:57sur le trajet de la flamme.
07:58Là, les incidents, bon, il y en a eu.
08:01Évidemment, il y a des gens
08:02qui essayent de pénétrer dans le dispositif,
08:03qui s'approchent trop des athlètes.
08:05On a vu tous les policiers qui étaient déployés autour.
08:07C'est un bon baromètre, ça, quand même.
08:08C'est un bon baromètre, ça s'est bien passé.
08:10Franchement, ça s'est quand même bien passé.
08:11Il n'y a pas eu d'accident notable.
08:12Il y a eu quelques dronistes
08:14qui ont été mis en garde à vue, etc.
08:16Ça peut venir du ciel aussi, c'est sur les drones.
08:18C'est vrai que les avions n'ont même plus le droit
08:20de survoler Paris ce soir.
08:24Je vous sens conservé, Stéphanie.
08:25Oui, non, moi je le prends avant.
08:27Mais non, on se sent quand même en sécurité.
08:29Alors, Gérald Darmanin, on le rappelle,
08:31qui est ministre des missionnaires,
08:33remettra sa cravate ce soir.
08:35Oui, la cravate, c'était quand même bien l'idée aussi
08:38de garder ce gouvernement.
08:39C'était surtout qu'il soit aux commandes pendant les JO.
08:41On ne va pas trop se voiler la face.
08:43Ça aurait été catastrophique de savoir.
08:45Il avait dit d'emblée que le ministère de l'Intérieur
08:48tiendrait bon, quel que soit le ministre
08:50qui serait en exercice pendant les JOP.
08:52Soit, on est quand même bien content
08:54que ce soit Gérald Darmanin
08:55qui travaille depuis plusieurs années sur le sujet,
08:57et notamment pour ses questions d'attaque du ciel,
09:01d'attaque souterraine, sous-marine,
09:03depuis les balcons terrestres.
09:05C'est-à-dire, on a envisagé tout.
09:08On a tout envisagé.
09:09On a fait une bulle sécuritaire,
09:11une sorte de fan zone de 6 km avec 12 km de quai.
09:14Et à partir de là, on dissuade
09:16beaucoup, beaucoup d'attaques potentielles.
09:18Mais n'empêche qu'on se posait la question
09:20il y a quelques mois de savoir si ça serait possible.
09:22Enfin, Emmanuel Macron voulait,
09:24il tenait à cette cérémonie en plein air.
09:26Bon, ben voilà, on y est.
09:27Ça y est, on le fait, quoi.
09:28Et félicitations à eux.
09:29Ça sera une très belle vitrine.
09:30Je n'en doute pas une seconde.
09:31Cette cérémonie a l'air magnifique.
09:33Toutefois, moi, un des objets de mon livre,
09:36c'est de nous poser la question.
09:38Est-ce qu'on avait quand même besoin
09:39de faire les JO dans Paris,
09:41dans cette ville ancienne,
09:43difficile à sécuriser, populeuse ?
09:45Est-ce qu'il ne fallait pas
09:46être un petit peu plus raisonnable ?
09:48L'impossible n'est pas français.
09:50Raisonnable n'est peut-être pas tellement français non plus.
09:52On a envie d'être optimistes.
09:54On y est, on a sauté.
09:56Il y a Coach Perrin qui commence déjà
09:57à mettre des tatanes derrière la tête.
09:59Merci Antoine Boitel.
10:00Je rappelle le nom de votre ouvrage.
10:02Quel verre sécuritaire aux éditions de l'Observatoire.
10:05Merci d'être passé nous voir dans le studio d'Europe 1.
10:08On va évidemment continuer à parler des JO.
10:10On va recevoir un athlète dans quelques instants,
10:12un ancien champion des Jeux Olympiques,
10:16Pascal Gentil,
10:18qui va venir nous voir dans ce studio aussi.
10:20A tout à l'heure.