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Court métrageTranscription
00:00Difficile de passer à côté cet été parce qu'il y a l'IGO, il y a une ressortie en salle un peu étrange mais c'est comme ça, c'est le fabuleux destin d'Amélie Poulain.
00:08Savez-vous quel est le point commun entre tous ces personnages ?
00:15C'est Amélie. Amélie Poulain. Et elle va changer leur vie.
00:20Dis-moi papa, si tu retrouvais une chose de ton enfance à laquelle tu tenais comme un trésor, ça te rendrait comment ?
00:30Pourquoi on ressort le fabuleux destin d'Amélie Poulain parce qu'il y a l'IGO ?
00:34Parce que les distributeurs se sont dit qu'il y a beaucoup de touristes étrangers qui vont venir, notamment des Anglais, des Américains ou en tout cas des Anglophones.
00:42Qu'est-ce qu'on va faire ? On va leur montrer le génie du cinéma français avec des films qui ont eu un certain succès à l'international.
00:47Et puis on va faire quoi ? On va les montrer en salle avec des sous-titres anglais.
00:51L'idée c'est de voir si le fabuleux destin d'Amélie Poulain tient encore la route 23 ans après sa sortie.
00:57Ça avait été un méga carton à l'époque, plus de 8 500 000 entrées en France, 32 millions en tout dans le monde.
01:04Le film à l'époque, il avait beaucoup plu parce qu'il y avait une vision très chromo de Paris.
01:09Ça a été beaucoup critiqué à l'époque justement là-dessus et c'est ce qui avait beaucoup plu.
01:13Ça donnait une image un petit peu hors-sol de Paris, un petit peu intemporelle.
01:16C'est la France d'Amélie Poulain, c'est une France un petit peu idéale qui s'était un peu fracassée sur le réel quelques jours après la sortie du film.
01:25Il y a eu ce fameux deuxième tour de l'élection présidentielle qu'avait opposé Jacques Chirac à Jean-Marie Le Pen.
01:31Alors Samuel le disait, il y a eu des débats extrêmement virulents.
01:35Entre la majorité de la presse et du grand public et une poignée de journalistes qui n'étaient pas du tout sensibles à l'esthétique de Jean-Pierre Jeunet.
01:45Une esthétique, c'est vrai, très vissée, très refermée sur elle-même.
01:50Les critiques de l'époque avaient regretté de ne jamais trouver le moindre lambeau de réel.
01:53Je trouvais l'expression assez juste.
01:56Il faut savoir que ça a été un phénomène énorme.
02:00Amélie Poulain, tout le monde l'avait vue, tout le monde en parlait.
02:03Chirac s'était fait organiser une projo privée dans la salle de l'Elysée pour savoir quel était ce film dont ses conseillers lui rebattaient les oreilles.
02:12Dans la vitrine de la pâtisserie, il y a des sucettes qui sont aux gourmands.
02:15Vous sentez ce parfum ? C'est Pépone qui fait goûter ses melons aux clients.
02:19Allez, allez, goûtez vos melons.
02:21Chez Marion, il faut de la glace aux calissons.
02:23Mais passe devant la charcuterie, 79 le jambon à l'os, 45 le travers de Michel.
02:28C'est quoi ce film ? C'est une espèce de conte de fées dans le Paris d'aujourd'hui.
02:33Mais un Paris d'aujourd'hui qui lorne beaucoup sur le passé.
02:37C'est l'histoire assez triste, finalement, d'une jeune fille extrêmement seule,
02:42dont la mère est morte, écrasée par une touriste québécoise qui sautait du toit de Notre-Dame.
02:47Ça ne s'invente pas.
02:48Elle, elle est serveuse dans un bar à Montmartre.
02:50Alors, pour ceux qui vivaient dans ce quartier, on sait que des millions de touristes, après,
02:55sont venus regarder à quoi ressemblait vraiment le bar de Montmartre.
02:58Le monde d'Amélie Poulain, il est minuscule.
03:00C'est-à-dire, c'est le café, l'appartement d'Amélie, le petit pavillon de son papa.
03:06C'est un périmètre vraiment tout petit.
03:08Quand elle prend le métro, ça tremble.
03:10Il y a des jump cuts, etc.
03:12Et elle n'arrête pas de croiser ce gars hyper mignon qui est joué par un tout jeune Mathieu Kassovitz.
03:17Il s'appelle Nino Quinquempois parce que tout le monde chez Jean-Pierre Jeunet a un nom complètement rigolo rétro.
03:23Parce que c'est ça, c'est une espèce d'univers à la fois de pub et de brocante,
03:27qui est une sorte de mélange des deux.
03:29C'est-à-dire qu'Amélie Poulain, elle a une petite table en formica rouge absolument épatante.
03:32Les rouges, les verts sont hyper saturés dans le film.
03:35Tout devient une espèce de chromo charmant.
03:38Alors, il y a des moments rigolos comme tout, des moments mignons comme tout.
03:41Mais voilà, c'est une espèce de Paris sous cloche et d'héroïne sous cloche aussi.
03:46Elle cultive un goût particulier pour les tout petits plaisirs.
03:49Plonger la main au plus profond d'un sac de grains,
03:52briser la croûte des crèmes brûlées avec la pointe de la petite cuillère
04:00et faire des ricochets sur le canal Saint-Martin.
04:03Un des soucis du film, c'est que finalement, dans cette efficacité publicitaire,
04:08cette obsession d'aller vite et de créer comme ça une vignette après l'autre
04:12et que tout s'enchaîne et que tout soit complètement, parfaitement emboîté,
04:15mais finalement, il n'y a pas beaucoup de vie,
04:17il n'y a pas beaucoup de temps qui s'écoule entre ces personnages.
04:20On est dans une efficacité maximale.
04:22C'est un grand réalisateur visuel, Jean-Pierre Jeunet.
04:25Marie l'a très bien dit, Jeunet, c'est vraiment un as du visuel.
04:28Le film est très plaisant.
04:29C'est vraiment une espèce de petit bonbon très agréable.
04:32La succession de scénettes fonctionne bien.
04:34Il y a du rythme, il y a du rythme.
04:36Et cette fameuse scène aussi où Amélie Poulain,
04:39elle mange des framboises mises sur les doigts.
04:43C'est devenu une espèce de gimmick publicitaire, ça aussi.
04:45Et on regrette un peu que Jeunet, il n'ait pas mis un peu de noirceur là-dedans
04:49comme il le faisait si bien quand il tournait avec Marc Carreau.
04:52Il y avait La Cité des enfants perdus, qui était quand même un film,
04:54vraiment une espèce de conte de fées morbide qui était très, très fort,
04:57qui allait quand même assez loin dans la noirceur.
04:59Et là, Amélie Poulain, c'est bien joli.
05:02Mais voilà, c'est un petit peu un joli dépliant publicitaire
05:05qu'on fait y être avec beaucoup de plaisir.
05:06Ça ne va pas beaucoup plus loin que ça malgré tout.
05:08Amélie Poulain, elle est pour la nostalgie climatisée
05:11et la carte postale d'une époque qui n'a jamais vraiment existé.
05:14C'est bien.
05:15Amélie Poulain, si on aime les nains de jardin, si on aime Audrey Tautou, c'est bien.