Dans son édito du 22/07/2024, Jérôme Béglé revient sur l'absence de consensus à gauche autour du nom d'un Premier ministre.
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00:00Oh oui, ce qui s'est passé vendredi soir et samedi est tout simplement stupéfiant.
00:03Le bureau de l'Assemblée nationale est composé de 22 membres,
00:0612 sont désormais issus du nouveau Front populaire,
00:09avec une domination de la France insoumise.
00:11À l'autre bout des chiquiers, aucun député du RN n'a été élu dans ce sénacle
00:16qui a notamment la main sur l'agenda des sessions parlementaires
00:19et sur les sanctions que l'on peut infliger à certains députés.
00:22Ce bureau est censé refléter la composition politique de l'hémicycle,
00:26on en est donc très très très très loin.
00:28Deux choses sont flagrantes, d'abord on a fait comme si les 126 députés
00:33du RN représentant un peu plus de 10 millions d'électeurs n'existaient pas.
00:38Ensuite, en plein scrutin dans la nuit de vendredi à samedi,
00:41les élus Ensemble pour la République, qui sont le nouveau nom du parti macroniste,
00:44n'ont pas pris part au vote et ont déserté le palais Bourbon,
00:47rendant ainsi possible l'élection de cette palanquée de députés NFP.
00:51Entre deux mots, une large partie a donc choisi ce qu'ils considéraient comme le moindre,
00:55sauf que la stratégie des Insoumis et d'une bonne partie du NFP
00:58est de rendre la France ingouvernable.
01:00En leur accordant des postes clés, on rend cette hypothèse plausible, voire probable.
01:06Tout est réuni pour un blocage des institutions et du Parlement.
01:09C'est irresponsable tant de la part d'Amine Monsieur Mélenchon, bien sûr,
01:13que de la part des élus macronistes.
01:15Un autre exemple de cet impérissime.
01:16Le budget 2025 va se préparer sous le regard d'Éric Coquerel,
01:20réélu président de la puissante Commission des Finances de l'Assemblée,
01:23et de Charles de Courson, élu rapporteur général du budget.
01:28Tous les deux sont vendebous sur la politique budgétaire menée depuis 7 ans,
01:33mais pour des raisons exactement et diamétralement opposées.
01:36Coquerel veut plus de dépenses et beaucoup plus d'impôts,
01:39tandis que Courson est un frugal, un orthodoxe budgétaire.
01:42Construire un budget dans ces conditions avec une majorité très relative
01:46s'annonce comme une mission vraiment impossible.
01:48Jérôme, que peut-il se passer dans les jours à venir
01:50et surtout quand est-ce que la France aura un nouveau Premier ministre ?
01:53Alors, l'agenda parlementaire est totalement vide.
01:56Pour qu'une session extraordinaire s'ouvre, il faut un décret présidentiel
01:59sur demande soit du Premier ministre, soit de la majorité des députés.
02:02Autrement dit, c'était pas demain la veille.
02:04Il faut désormais nommer donc quelqu'un à Matignon.
02:06Mais sur ce sujet, on n'y voit pas plus clair que la semaine dernière
02:08et même qu'il y a 15 jours.
02:10Les partis de gauche sont toujours à couteau tiré.
02:12Dès qu'un nom sort du chapeau, il est flingué par d'autres composantes de l'Alliance.
02:16Le rapprochement entre la droite républicaine de Wauquiez
02:20et Ensemble pour la République de Natal et leurs alliés avance tranquillement.
02:24Mais ce rapprochement aboutira à unir un peu plus de 200 députés.
02:28Il en manquera donc près de 70 pour atteindre la majorité.
02:31Ce ne sera pas une mince affaire, 70.
02:32Surtout si Emmanuel Macron se résout à nommer comme Premier ministre
02:35un membre de la droite.
02:37L'hypothèse de Xavier Bertrand, très en vogue ces derniers jours,
02:39semble perdre de sa valeur au profit de Franck Louvrier,
02:42dont la cote monte en flèche ce week-end.
02:44Mais il est maire de La Baule,
02:46il est vice-président du conseil régional des Pays de la Loire,
02:50il est à la fois un bon communicant et un élu de terrain,
02:53un homme plutôt classé à droite, Macron-compatible,
02:55coalition irrévulse, mais capable de travailler avec les sociaux-démocrates,
02:59en gros le PS.
03:00Aucun, avant de le nommer,
03:03quel que soit d'ailleurs le nom de ce locataire de Matignon,
03:06le président de la République va prendre son temps.
03:07Aucune nomination avant la fin des Jeux olympiques,
03:10c'est-à-dire dimanche 11 août.
03:11Et peut-être même pas avant l'ouverture des Jeux paralympiques,
03:14le 28 août.
03:16L'exécutif sera en ordre de marche pour gouverner,
03:18mais dans quelque temps.
03:20Mais pour quel programme ?
03:21Quelle réforme ?
03:22Quelle volonté ?
03:23C'est toujours l'inconnu.
03:24Pendant ce temps-là, la dette continue de progresser,
03:26notre croissance de s'amolir,
03:27et en politique, le temps perdu ne se rattrape jamais.