Dans son édito du 31/10/2023, Jérôme Béglé revient sur la cité de la langue française.
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00:00 Vous savez Olivier Ossoir d'un bilan, un président de la République ne peut pas simplement compter sur le niveau de vie de ses concitoyens,
00:04 le taux de chômage, les réformes qu'il a réalisées ou initiées.
00:08 Pas plus qu'il ne peut s'appuyer sur ses réalisations diplomatiques.
00:11 Les seules actions tangibles et mesurables pour les électeurs sont finalement très minces.
00:16 Une réforme constitutionnelle c'est certes utile mais c'est pas toujours très visible.
00:19 Au contraire, des gestes architecturaux et culturels.
00:22 Georges Pompidou a laissé un centre culturel multiforme qui porte son nom.
00:26 Le musée d'Orsay doit tout à Valéry Giscard d'Estaing. L'opéra Bastille, les colonnes de Burène ou la pyramide du Louvre ont été voulues par François Mitterrand.
00:33 Le musée de Quai Branly par Jacques Chirac. Le Louvre-Lens et la Philharmonie ont été décidées par Nicolas Sarkozy.
00:39 Il fallait donc qu'Emmanuel Macron ait son bâtiment.
00:42 Ce sera donc le château de Villers-Cotterêts-dans-Laine devenu depuis hier la Cité internationale de la langue française.
00:49 Un investissement d'un peu plus de 200 millions d'euros qui doit souligner que dans le monde il y a 320 millions de personnes qui parlent notre langue.
00:57 C'est dans ce château que François Prenier signa le fameux édit qui imposait la langue française sur les terres royales.
01:03 Par ailleurs, au moment où les professeurs des écoles sont attaqués, où le niveau de scolaire baisse,
01:07 dangereusement où la francophonie est malmenée, notamment en Algérie ou au Rwanda,
01:11 l'idée d'égirer en symbole de notre culture une langue c'est pas une mauvaise idée.
01:16 Bien parler notre langue c'est faire sier de son histoire, ses auteurs, son humanisme,
01:20 autant de valeurs qui sont allègrement et régulièrement piétinées.
01:23 Et il y a donc dans cette inauguration un geste politique ?
01:27 Bah évidemment Olivier, un président, est là pour faire de la politique.
01:30 Alors cette inauguration a permis au chef de l'État de mettre les points sur les i, je le cite.
01:35 Il ne faut pas céder aux airs du temps. Dans notre langue le masculin fait le neutre,
01:38 on n'a pas besoin d'ajouter des points au milieu des mots.
01:41 Une petite phrase qui vient calmer l'ardeur de ceux qui veulent transformer la langue de Molière
01:46 en un sabir multigenre.
01:48 Une déclaration bienvenue qui sera d'autant plus appréciée que lorsque toutes les administrations
01:53 ont rompu avec la fameuse écriture inclusive, ce qui n'est pas de main la veille visiblement.
01:58 Mais d'autres mots attaquent notre langue, on y met du franglais partout.
02:02 Et c'est ce même Macron, aujourd'hui défenseur de poids de notre langue,
02:06 qui a commencé à tirer contre son camp,
02:09 comme l'a souligné dans le Figaro l'Académie de Saint-Français Jean-Marie Roy.
02:12 Choose France, la Start-Up Nation, ou le fameux mot cluster qu'on a entendu à l'envie pendant le Covid,
02:18 c'était des mots du pouvoir exécutif.
02:20 Je rappelle qu'une loi tout bon de l'été 1994 vise à protéger le patrimoine linguistique français
02:26 et qu'elle n'est pas, c'est le moins qu'on puisse dire, adoptée et appliquée à la lettre.
02:31 Pas certain que l'inauguration de cette cité internationale de la langue française
02:35 change les libertés linguistiques que s'autorisent les jeunes, les journalistes, les artistes,
02:40 mais également beaucoup de ceux qui nous gouvernent.
02:42 [Musique]
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