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Jean-Luc Mélenchon, chef de file de La France insoumise, était l'invité de BFMTV.

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00:00— Bonsoir Samy. Bonsoir Jean-Luc Mélenchon. — Bonsoir.
00:02— Merci d'avoir accepté notre invitation. Nous sommes ici au siège de La France insoumise.
00:06Alors évidemment, nous allons revenir sur l'élection, la réélection de Yael Brune-Pivet
00:11à la présidence de l'Assemblée nationale hier. Mais l'actualité du jour au Palais-Bourbon,
00:14ce sont aussi les élections internes et aujourd'hui des vice-présidences de l'Assemblée nationale.
00:21On l'a appris il y a quelques instants. Les deux députés de La France insoumise, Clémence Guettet et Nadej Abomangoli,
00:26qui étaient candidates à ce poste, ont été élues vice-présidentes, notamment avec les voix du Rassemblement national,
00:31puisqu'on a vu sur les réseaux sociaux que le RN avait notamment voté pour vos candidates LFI.
00:37— Vous êtes sûr de ça ? — Absolument. Vous pouvez vérifier ça sur les réseaux sociaux.
00:40Ça vous gêne que le Rassemblement national ait permis l'élection de vos députés à ce poste-là ?
00:44— Voilà. Alors ça commence très mal entre nous, parce que votre présentation pourrait laisser croire
00:48des choses qui ne sont pas. L'élection des dirigeants, enfin des postes de la direction de l'Assemblée nationale
00:56sont élus d'après une règle de répartition. Cette règle, nous avons décidé, nous, les insoumis d'un côté,
01:03de l'autre côté, le bloc du centre et de la droite, de ne pas la respecter. Nous avons fait un cordon sanitaire
01:09à l'égard du Rassemblement national. Donc, si vous voulez bien suivre, le bloc du centre et de la droite a présenté 4 candidats,
01:17puisqu'il avait droit à 4 postes, et nous en avons présenté 2. Le Rassemblement national, de son côté, a fait un bulletin de vote
01:25avec 6 noms, dans lesquels il y a les 2 noms insoumis, plus les 2 noms du centre et de la droite, plus les 2 noms du RN.
01:34Par conséquent, ce n'est pas un vote où nous avons été élus grâce aux voix du Front national.
01:40C'est un vote dans lequel le Rassemblement national a voulu imposer une composition du bureau de l'Assemblée,
01:47et il a échoué. C'est notre proposition, 2 insoumis, 4 de droite, qui sont la proportionnelle normale pour l'Assemblée,
01:56sauf que le Rassemblement national ne sera pas présent au bureau de l'Assemblée, à ce niveau-là, en tout cas.
02:03– Vous mentionniez effectivement ce barrage, y compris à l'Assemblée nationale, pour éviter que le Rassemblement national,
02:11les élus du RN occupent des postes à responsabilité à l'Assemblée. Ils ont 143 députés, 10 millions d'électeurs ont voté
02:18pour le Rassemblement national aux élections législatives. Est-ce vraiment respecter le vote de ces électeurs du Rassemblement national
02:25d'éviter, d'exclure, de vouloir exclure le RN à ses postes de responsabilité ?
02:30– Les électeurs du Rassemblement national sont légitimement, puisque le Rassemblement national n'est pas à partir interdit,
02:37représentés à l'Assemblée nationale et ils vont librement présenter des amendements, des propositions de loi,
02:43intervenir dans les débats avec un temps de parole. C'est une chose qu'il soit représenté, c'est une autre qu'on lui donne,
02:49les pouvoirs de décider dans l'Assemblée. Au demeurant, ça n'avait dérangé personne à l'époque, que le barrage qui empêchait,
02:57nous, les insoumis, d'avoir une représentation en 2017 ait fait que nous n'avons pas été représentés, on l'a été à partir de 2022.
03:05– Donc il faudrait n'avoir d'indignation que constante et non pas suivant les situations.
03:10Par conséquent, là, oui, il y a une décision politique qui a été prise de mettre en place un cordon sanitaire,
03:17ce n'est pas un front, une alliance républicaine, c'est un cordon sanitaire.
03:23Personne ne veut que le Rassemblement national puisse diriger les débats de l'Assemblée nationale cette fois-ci.
03:29Alors c'est une heureuse transformation du point de vue des macronistes qui, la dernière fois,
03:34avaient fait élire deux vice-présidents du Rassemblement national.
03:37Ils ont renoncé à cela à cet instant-là, mais hier, ils ont fait le contraire.
03:42Enfin bref, ce sont les élections internes de l'Assemblée nationale.
03:45Mais oui, vous avez raison, il y a un cordon sanitaire.
03:48– Hier, Gaëlle Braune-Pivet a été réélue présidente de l'Assemblée nationale avec 220 voix en sa faveur,
03:5414 voix de plus que le candidat unique du nouveau Front populaire, le communiste André Chassaigne,
03:58qui en a obtenu 207.
04:00Pourtant, le nouveau Front populaire est arithmétiquement à l'Assemblée nationale
04:04la première force coalition politique.
04:06C'est un échec de ne pas avoir réussi à obtenir le perchoir, Jean-Luc Mélenchon ?
04:09– D'une certaine manière, oui, mais auparavant, notons les points qui ont été acquis.
04:13Le premier, c'est que, comme nous l'avions souhaité et nous avons un peu, comment dire, forcé la main de tout le monde,
04:20il y avait une candidature unique qui s'est réglée en deux jours.
04:23Ce qui est mieux que nos non-performances pour le Premier ministre.
04:28Donc, nous avons eu un candidat commun.
04:30Et brillamment, il a été en tête de l'élection jusqu'au 3ème tour.
04:34Il faut savoir, pour connaître les règles de l'Assemblée nationale,
04:37qu'au 1er tour, nous avions gagné, au 2ème tour, nous avons gagné,
04:41mais entre se retirer les uns après les autres les candidats de la droite et du centre.
04:46Et à la fin, Mme Brune Privé a bénéficié des voix de la droite et du centre,
04:51plus de voix du RN, et nous avons été battus.
04:54Ce n'est pas le seul problème que cela pose.
04:56– C'est un accord qui a été passé.
04:58– Peut-être bien, mais en attendant, des voix du RN, que vous n'avez pas notées cette fois-ci,
05:02se sont exprimées en faveur de Mme la présidente sortante,
05:05qui est une des plus mauvaises présidentes qu'ait eu l'Assemblée.
05:08Mais ce qui est important, c'est de voir qu'à cette occasion,
05:12il s'est fait un vote à 14 voix de différence, nous sommes bien d'accord.
05:16– Absolument.
05:17– Or, nous contestons le fait que 17 ministres aient pu voter à cet instant,
05:23compte tenu du fait que, d'après nous,
05:25il aurait fallu vérifier les mandats de l'Assemblée nationale,
05:28et alors on aurait constaté que dans ce délai,
05:31ces ministres ne devaient pas avoir la possibilité de voter.
05:34– Il y a effectivement une controverse aussi de la part des juristes
05:37qui n'ont pas arrêté cette question.
05:39Effectivement, il y a, d'après la Constitution, une incompatibilité
05:42entre le mandat de député et la fonction de ministre,
05:44mais en quelque sorte, il y a un article de loi qui,
05:47dans sa dernière phrase, est une forme de flou,
05:50et qui a permis, selon en tout cas la lecture qu'en a fait le gouvernement
05:54et la majorité, de permettre à ces ministres démissionnaires de voter.
05:57Pour être très clair pour nos téléspectateurs.
05:59– Pardon, si vous voulez bien, nous avons 20 minutes,
06:01et là, les cours de droit constitutionnels sont bienvenus.
06:03– Mais c'est important de préciser ça à nos téléspectateurs.
06:05– Oui, mais ce qui est important aussi, c'est de mentionner le fait
06:09qu'au-dessus de la Constitution, il y a aussi un autre texte,
06:14vous êtes d'accord ?
06:15La déclaration des droits de l'homme et du citoyen,
06:17qui dit, dans son article 16, que doivent être constamment séparés
06:21le pouvoir législatif, le pouvoir exécutif,
06:25et le pouvoir exécutif c'est le gouvernement et les ministres,
06:28législatif c'est les parlementaires, et la justice.
06:31Il ne faut pas que les trois soient dans la main de même personne.
06:34Bien, lorsque vous êtes à la fois ministre expédiant les affaires courantes,
06:38et député, il y a une contradiction avec les mesures
06:42de la déclaration des droits de l'homme.
06:44Alors s'il y avait un flou, il y a une manière de régler le flou,
06:47c'est de regarder le texte supérieur, celui de la déclaration des droits de l'homme
06:51qui dit qu'on ne peut pas être à la fois ministre et député,
06:54c'est-à-dire dans l'exécutif et dans le législatif.
06:57– Allez-vous mener un recours ?
06:58On entendait Sandrine Rousseau dire qu'elle allait regarder
07:00s'il y avait possibilité d'engager des recours.
07:03– Alors nous avons consulté, et c'est encore en train de se faire,
07:07au groupe, comme c'est le groupe parlementaire,
07:09ce n'est pas à moi de m'exprimer sur le sujet,
07:11je suis sûr que Mathilde Panot vous dira, le moment venu,
07:14ce dont nous avons disposé, mais nous sommes en train de regarder
07:18de quelle manière le recours peut être le plus efficace.
07:20Je vous signale que dans toutes les législatures de l'histoire de France,
07:25on vérifie les mandats, vérifier les mandats ça veut dire
07:28qu'on s'assure que la personne qui vient est bien celle qui est élue
07:30et c'est bien elle qui a le droit de délibérer.
07:32Cela n'a pas été fait cette fois-ci, alors même qu'il y avait un flou,
07:35on aurait dû prendre cette décision avant et non pas après.
07:39– Mais peut-être, Jean-Luc Mélenchon, que nous n'aurions pas eu ce débat-là
07:42ce soir avec vous sur ces 17 voix de ministres députés,
07:46sur ces 13, je rectifie, ces 13 voix d'écart entre Yael Brown-Pivet
07:48et André Chassaigne, si le Nouveau Front Populaire avait réussi au fond
07:51à élargir sa majorité et à permettre à André Chassaigne peut-être
07:55de récupérer des voix de certains députés macronistes
07:59qui auraient pu voter pour lui.
08:01Est-ce que ce n'est pas aussi un échec de cet élargissement
08:03du Nouveau Front Populaire ?
08:06– Oui, vous avez sans doute raison, mais ça prouve une chose
08:11qui fait que votre question suivante va être embarrassante,
08:14c'est que vous venez de donner la démonstration qu'il n'est pas possible
08:18d'élargir, y compris avec une personnalité sympathique,
08:22plutôt acceptée par tout le monde, qui avait donné des gages
08:25de bonne volonté à de nombreuses reprises en fustigeant
08:30la conduite des insoumis, donc même quand on présente
08:33quelqu'un qui apparemment n'a aucun des défauts
08:36qui sont d'habitude mis en avant, ça ne sert à rien,
08:39les voix ne changent pas et se reconstitue immédiatement
08:43une alliance dont le résultat est…
08:45– Tant qu'un seul a emporté.
08:46– Le contraire, pardon, si, quelqu'un a gagné l'élection,
08:49c'est Mme Brune Privé, mais le Président de la République
08:52avait dit qu'il fallait un changement des pratiques et des dirigeants,
08:56eh bien ni les pratiques ni les dirigeants n'ont changé,
08:59nous pouvons donc venir maintenant à qui est l'auteur principal
09:02de toute cette situation, dont je doute qu'elle intéresse passionnément
09:05ceux qui nous écoutent, la question est, comment en est-on arrivé là ?
09:08Il est clair qu'en France, les élections, comme dans toutes les démocraties du monde,
09:13ne purgent plus les crises politiques, les questions politiques posées,
09:17et donc depuis 20 ans, on reproduit la même politique sans cesse,
09:21pourquoi ? Parce que le pouvoir essentiel, celui du Président de la République,
09:25au deuxième tour, se joue dans un match des peurs,
09:28de quoi a-t-on le plus peur ? De la maltraitance sociale des politiques libérales
09:32ou du rassemblement national, donc on ne règle aucune crise,
09:35mais pendant ce temps, la crise avance, et nous sommes dans l'impasse dans laquelle nous sommes,
09:38ce n'est pas nous, je me permets de le rappeler, qui avons dissous,
09:41c'est le Président, même pas sur un fait de politique qui aurait été lié à un vote de l'Assemblée,
09:46comme le refus de voter les retraites à 64 ans, mais sur une élection européenne,
09:51dans laquelle la participation est loin d'avoir été ce qu'elle aurait dû être,
09:55et qu'on a vérifié ensuite aux autres élections,
09:58donc le Président de la République dit,
10:00eh bien puisque c'est ça, je le prends comme un acte de confusion politique,
10:04je demande, il dit lui-même le mot, une clarification politique,
10:08il a une clarification politique qui est la négation de 27 sondages consécutifs,
10:13c'est nous qui arrivons en tête, et le RN en dernier, et lui en second,
10:16il est donc battu, dans sa lettre, que fait-il ?
10:19Il attend une semaine pour se prononcer, puis il dit, personne n'a gagné,
10:22personne n'a gagné, donc vous allez constituer une nouvelle majorité,
10:25à partir de l'élection du Président de l'Assemblée Nationale,
10:28et voici ce qu'ils ont essayé de faire,
10:30mais j'ai envie de dire que c'est la confusion, et c'est tout,
10:34mais le responsable de ce blocage, le responsable de cette pagaille,
10:38c'est le Président de la République, et personne d'autre,
10:41pourtant c'est le seul qui ne se met pas en cause.
10:43– Le nouveau Front Populaire espérait remporter la présidence de l'Assemblée Nationale,
10:47avec cette défaite au perchoir, Matignon s'éloigne,
10:50est-ce que vous actez ce soir la fin des négociations
10:53entre les différents partis de gauche qui forment cette coalition,
10:56pour essayer de faire émerger une candidature commune à gauche
10:59pour un Premier Ministre du Nouveau Front Populaire ?
11:02– Excusez-moi, je n'ai rien compris.
11:04– Avec le perchoir, le pari que certains dans votre camp à gauche faisaient,
11:10c'était de gagner l'élection à la présidence de l'Assemblée Nationale,
11:14pour au fond essayer de contraindre Emmanuel Macron,
11:17avec cette défaite, est-ce que Matignon s'est fichu,
11:20est-ce que vous arrêtez les négociations entre les partis de gauche
11:22pour trouver un nom commun ?
11:24– On arrête d'essayer de trouver un nom commun ?
11:27– Voilà, c'est ça, parce que ça bloque, ça ne vous a pas échappé que ça bloquait ?
11:31– Non, ça discute, mais c'est quand même incroyable, ça discute, point,
11:37toutes les discussions prennent un peu de temps, là ça va,
11:40le deuxième tour de l'élection c'était le 9, on est le 18,
11:44on est 9 jours après, ça fait moins qu'avec les autres,
11:46les autres nominations, donc accepter qu'on discute,
11:50accepter que ce soit compliqué, personnellement j'en suis très déçu,
11:54je ne peux pas vous le cacher, j'en suis très déçu, mais je l'accepte maintenant,
11:58venant à ce que vous venez de dire qui est le point de départ,
12:00le point de départ c'est que nous avons été mis en échec
12:03pour la présidence de l'Assemblée Nationale,
12:06pas pour une politique gouvernementale,
12:09donc c'est le Président de la République qui a décidé qu'il ferait de cette élection
12:13le test d'une nouvelle coalition majoritaire, pas nous, nous c'est le contraire,
12:17on dit qu'on doit se présenter de manière unie à toutes les élections
12:21et donc nous aurons une candidature de Premier Ministre.
12:24– Qui pour Matignon, parce que Huguette Bellot,
12:26qui est la Présidente du Conseil Régional de la Réunion,
12:29avait les faveurs des insoumis et des communistes de certains écologistes,
12:32refusée par les socialistes, les socialistes et les écologistes
12:35et les communistes ont ensuite proposé Laurence Tubiana, refus des insoumis,
12:40on apprend à l'instant que le parti socialiste dans un communiqué de presse
12:43demande à ce qu'il y ait un vote des députés du Nouveau Front Populaire
12:47pour départager ces deux personnalités,
12:49est-ce que vous acceptez l'idée d'un vote pour avoir une candidature unique ?
12:53– D'abord, vous avez bien noté ma réponse,
12:55nous ne résignons pas à ne pas avoir de candidat, il y a une discussion,
12:59dans le premier cas, comme vous l'avez dit,
13:01ce sont les socialistes qui ont refusé Huguette Bellot,
13:04mais peut-être par respect pour nos auditeurs,
13:07pourrait-on rappeler dans quelles conditions un tel refus a été fait ?
13:10Sans doute vous vous rappelez des motivations qui ont conduit au refus d'Huguette Bellot,
13:14vous pouvez les rappeler.
13:15– Les socialistes considéraient qu'Huguette Bellot avait un profil trop radical
13:19pour être Premier Ministre du Nouveau Front Populaire
13:22et certains socialistes estimaient qu'elle ne pouvait pas occuper ce poste-là
13:25parce que notamment elle avait été absente lors d'un vote pour le mariage pour tous en 2013,
13:30c'était en tout cas ce que nous disaient certains socialistes,
13:32mais la question que je vous pose…
13:34– Il faut-il un vote ou pas ?
13:36Olivier Faure, le Premier Secrétaire du Parti Socialiste,
13:38dit qu'il faudrait régler cette question avec une question démocratique,
13:42par le vote, allez-vous aller au vote vous la France Insoumise ?
13:45– Alors attendez, pardon mais je voudrais moi aussi répondre
13:48à la question à laquelle vous n'avez pas répondu,
13:50vous avez donné des arguments, aucun de ces arguments ne nous a été présenté,
13:53vous m'entendez ?
13:54– Ils ont été présentés par les socialistes.
13:56– Aucun de ces arguments dans la négociation n'a été présenté par le Parti Socialiste,
13:59le Parti Socialiste a dit, nous avons un candidat,
14:02après avoir interdit à tout le monde d'annoncer une candidature,
14:05nous a dit, notre candidat c'est Olivier Faure.
14:07– Ils disent avoir proposé Joana Rolland, Martine Aubry…
14:10– Non, non, non…
14:12– Faut-il un vote ? C'est ma question.
14:14– Attendez, c'est moi que vous interviewez ou des gens qui sont absents que vous faites parler ?
14:17– Non mais je vous pose la question sur le vote, vous ne me répondez pas.
14:19– Je vous réponds d'abord dans l'ordre qui me convient pour que vous entendiez les arguments.
14:22Depuis le début, le Parti Socialiste fait de l'obstruction,
14:26et maintenant nous voici rendus à une candidature qu'ils ont proposée,
14:29vous me dites qu'elle est soutenue par les communistes et par les écologistes,
14:33et bien je la prends de vous parce que ce n'est pas non plus ce qu'on nous a dit.
14:37Mais puisque vous, vous savez mieux à BFM que nous-mêmes qui sommes dans la négociation,
14:41je l'admets volontiers.
14:43Et vous me dites maintenant qu'on nous annonce qu'il y a une date limite.
14:46– Le 23 juillet, mardi prochain.
14:48– Et que se passerait-il le 23 juillet ?
14:50– Alors à l'issue, visiblement le communiqué n'est pas très clair,
14:54mais en tout cas c'est la date limite que fixe le Parti Socialiste,
14:57il faut au maximum pouvoir réunir les députés.
15:00– Eh bien, nous en sommes d'accord.
15:02Le 23, nous devons être tombés d'accord.
15:05– D'accord, donc le 23, il y aura un nom ?
15:07– Évidemment, puisque le Parti Socialiste qui décide de quand les choses s'arrêtent,
15:12quand elles commencent, qui en a le droit de proposer ou pas, a fixé la date du 23.
15:16Je voudrais tout de même signaler comment depuis le début,
15:19ce sont des méthodes tout à fait brutales qui nous sont appliquées.
15:22– À part de qui ? – Du Parti Socialiste.
15:24Et je vais en donner l'exemple de Mme Tubiana,
15:26qui est en effet présentée par le Parti Socialiste.
15:29Je n'ai rien contre Mme Tubiana, je ne la connais pas,
15:31je ne l'ai jamais rencontrée, je n'ai jamais eu affaire à elle.
15:34– Qui a notamment négocié les accords de Paris en 2015 pour la présenter.
15:37– Ce n'est pas tout, elle a aussi été présidente de la Convention sur le climat.
15:41Vous vous en rappelez ? – Absolument.
15:42– Eh bien Mme Tubiana est la personne la mieux placée
15:45pour comprendre notre opposition à sa candidature.
15:49Pourquoi ?
15:50Parce qu'elle, elle a annoncé d'avance qu'il fallait trouver un programme
15:54à négocier avec les autres partis de l'Assemblée Nationale.
15:57– Dans une tribune qu'elle avait signée notamment dans Le Monde,
15:59appelant à élargir cette majorité pour pouvoir gouverner davantage.
16:02– Voilà, et elle a dit dans le même texte qu'on trouverait le moyen de s'accorder
16:06et personne ne nous reprocherait si on diminuait le niveau de nos exigences.
16:10Pourquoi je dis qu'elle est la mieux placée ?
16:12Parce que Mme Tubiana a négocié brillamment l'accord climatique de la COP 21, n'est-ce pas ?
16:19Et elle est la première à savoir qu'ensuite ça n'a pas été respecté.
16:24Et elle a exprimé elle-même la déception.
16:26Ensuite elle a été présidente de la Convention,
16:29dont il était convenu, avait dit le Président de la République,
16:32que ce qui se déciderait là s'appliquerait immédiatement sans filtre.
16:35Rien ne s'est appliqué et elle-même a exprimé son désaccord avec cette méthode.
16:40Donc elle comprend le fait que les Insoumis lui disent
16:43mais si vous pensez que vous allez renégocier notre programme avec d'autres,
16:46comme nous savons que les autres ne l'accepteront jamais,
16:48vu que nous avons vu comment ça s'est passé pour l'élection d'André Chassaigne,
16:52dites-moi vous qui êtes à BFM,
16:54qui parmi les LR, qui parmi le Centre, est d'accord pour appliquer l'impôt sur la fortune ?
17:01Qui parmi eux est d'accord pour rétablir les taxes sur les super profits ?
17:05Réponse personne. Donc de quoi parle-t-on ?
17:07– Au vu des tensions que l'on ressent, Jean-Luc Mélenchon,
17:10entre la France insoumise et les socialistes,
17:12il y a clairement un jeu de rapports de force.
17:14Pensez-vous vraiment, si vous arrivez à établir une architecture gouvernementale complète,
17:19pensez-vous vraiment pouvoir gouverner ensemble entre les insoumis et les socialistes ?
17:23Notamment quand on voit sur les réseaux sociaux
17:26que l'une de vos députés, Sophia Chikirou,
17:28avait comparé le hollandisme à des punaises de lit.
17:30Est-ce que ce sont des bases sereines pour gouverner ensemble ?
17:32– Écoutez, c'est une expression, c'est une plaisanterie,
17:35vous avez le droit de ne pas l'accepter,
17:37mais elle parle de quelque chose de très concret.
17:39Le retour du hollandisme.
17:41Qui, ABFM, ne devrait pas vous surprendre,
17:44puisque vous lui avez immédiatement donné la parole,
17:46et ses premières paroles, une fois revenues dans la vie publique,
17:49ont été pour dire que je devais me taire.
17:51Puis vous l'avez réinterviewée.
17:53– Et nous sommes là ce soir avec vous.
17:54– Oui, oui, oui, vous l'avez réinterviewée,
17:56elle a longuement expliqué pourquoi je devais me taire.
17:58C'est la première fois dans la vie politique
18:00qu'un homme de gauche est interpellé par quelqu'un d'autre
18:03qui se dit de gauche et qui lui demande de se taire.
18:05C'est la première fois.
18:06Alors les comportements de cette nature ne sont pas acceptables.
18:09De même qu'il n'est pas acceptable
18:11qu'une des membres de la direction du Parti Socialiste
18:14parle à propos du député Aurélien Taché
18:16d'un élu d'une réserve d'Indiens.
18:18Cela est insupportable.
18:20Alors comprenez que nous avons le droit de temps à autre
18:22de réagir et de manifester notre, comment dire, agacement.
18:26Mais nous sommes dans une discussion.
18:29Si je ne devais tenir compte que de ce qui a été dit par les autres,
18:32d'abord je commencerais par dire
18:34pourquoi m'avez-vous éliminé de la candidature au poste de Premier ministre ?
18:38– Vous n'êtes toujours pas candidat.
18:40– Pardon ? Non, non, moi j'ai dit que je n'étais candidat à rien.
18:42Mais on a insisté lourdement.
18:44Le but était de nous humilier,
18:46de montrer qu'on écartait quelqu'un et qu'on n'y pouvait rien.
18:48Ensuite nous avons proposé trois non.
18:50On n'a eu de réponse à aucun.
18:52Là, pour élire Monsieur le Président,
18:54la candidature d'André Chassenne,
18:56que nous avons soutenue avec cœur,
18:58nous avions d'abord, nous aussi, deux candidats.
19:00Nous les avons retirés pour permettre que cela se passe.
19:03Donc nous avons jusqu'à présent vu
19:05tous nos candidats au poste de Premier ministre rejetés,
19:07nos candidats à la présidence d'Assemblée.
19:09Donc comprenez aussi qu'à certains moments,
19:11comme ce sont toujours les mêmes qui s'opposent à tout,
19:13on manifeste un certain agacement.
19:15Mais je m'empresse de vous dire que la tête reste politique.
19:19Nous sommes prêts à faire un accord sur une personnalité
19:22et à la présenter en commun.
19:24Mais nous y mettons une condition et ce sera la condition clé.
19:27Le programme doit être défendu jusqu'au bout.
19:30Et si quelqu'un doit décider que nous n'appliquerons pas notre programme,
19:33alors il censurera le gouvernement.
19:36Nous voulons revenir à des règles stables et lisibles.
19:39Permettez-moi d'un mot de dire pourquoi tout cela est inacceptable.
19:43De quoi souffre la vie politique française ?
19:45D'une politique de politiciens qui disent une chose dans les élections
19:49et qui en font une autre dès qu'ils arrivent au pouvoir.
19:51Nous ne jouons plus dans cette cour-là.
19:54Nous n'y avons jamais joué.
19:56J'ai quitté le parti socialiste à cause de cela
19:58et je n'y retournerai pas.
20:00Donc, nous avons décidé de respecter la parole donnée aux électeurs.
20:03Nous ne combinerons pas.
20:05Que M. Macron prenne la responsabilité
20:07de faire déposer contre notre gouvernement une motion de censure.
20:11Et ensuite, il verra qu'une fois notre gouvernement tombé,
20:14à notre tour, nous voterons une motion de censure contre la droite.
20:17Et il ne lui restera plus qu'une issue, s'en aller lui.
20:19Parce qu'il y a toujours une solution...
20:21Vous demandez la démission du président de la République
20:23pour, au fond, sortir de l'impasse ?
20:25Alors, je vais recommencer parce que c'est toujours difficile
20:27de se faire comprendre avec un journaliste.
20:29Et moi, je ne suis pas très bon.
20:30– Je vous en remercie pour cette anxiète.
20:31– Merci, mais je reconnais mon tort, ce que je dis n'est pas clair.
20:33Donc, je recommence.
20:35Si nous présentons un gouvernement
20:37et qu'il applique sa politique
20:39et qu'il est censuré immédiatement,
20:41eh bien, nous respecterons la démocratie,
20:43il n'y aura plus de gouvernement.
20:44Mais emporteront la responsabilité
20:46ceux qui auront censuré.
20:48À leur tour, ils présenteront un gouvernement
20:50de la droite et du centre.
20:51Et nous le censurerons.
20:53Donc, il tombera aussi.
20:54En conséquence, il ne restera plus qu'une personne
20:56et qui ne peut pas dissoudre de nouveau l'Assemblée
20:58car la Constitution le lui interdit.
21:00Donc, il ne lui restera plus qu'une possibilité,
21:02s'en aller.
21:03Ce que je veux vous dire,
21:05c'est que nous sommes en train de passer
21:07d'une situation de crise démocratique,
21:09où ça ne collait pas,
21:10à une situation de crise de régime.
21:12Et que l'auteur de cette situation
21:13est le président de la République.
21:15Donc, il y a toujours le recours aux urnes.
21:18La première fois, c'était en renvoyant chez eux les députés.
21:21La prochaine fois, si tout est bloqué,
21:23c'est qu'il s'en aille lui-même.
21:24Mais ce que je suis en train de dire n'est ni un souhait,
21:26ni un ordre, ni une consigne.
21:28C'est un état de fait.
21:30Si le président de la République joue la crise politique
21:33avec un gouvernement du Nouveau Front Populaire,
21:36à la fin, il ne restera plus qu'une issue,
21:38puisqu'il ne peut plus redissoudre l'Assemblée,
21:40c'est son propre départ.
21:41Entendez-moi bien, on n'est plus dans un jeu
21:43de mots, d'astuces.
21:45Je suis en train de décrire ce qu'est une crise de régime.
21:48Et le président de la République conduit le pays
21:50à une crise de régime,
21:52après toutes les autres extravagances
21:54qui ont marqué son quinquennat
21:56et son deuxième mandat,
21:57qui est une suite de choses auxquelles
21:59personne ne comprend rien.
22:00Donc peut-être qu'à un moment donné,
22:02en quelque sorte, pour que la France respire,
22:04il faut que lui comprenne
22:06qu'où il change de pratique,
22:08c'est-à-dire où il se soumet,
22:09où bien il se démet.
22:10Cela, c'est déjà pour devoir de France.
22:12Au moins trois fois.
22:13Chaque fois qu'un président a engagé sa responsabilité,
22:16en 1924, à la sortie de la Troisième République,
22:18ou le président de Gaulle,
22:20avait engagé sa responsabilité
22:22sur le succès d'un référendum.
22:24Il a perdu les partis le lendemain matin.
22:26Donc ce n'est pas nouveau en France
22:28et c'est la démocratie.
22:30Il faut respecter les règles de la démocratie.
22:33Sinon, si on improvise continuellement,
22:35on ment à tout le monde,
22:36on trompe tout le monde.
22:37Alors ne comptez pas, je le dis,
22:39non pas à vous, qui n'y êtes pour rien dans cette histoire,
22:41mais à nos partenaires.
22:42Nous ne participerons pas à un gouvernement
22:45qui ne prend pas l'engagement d'appliquer le programme.
22:49Quelle que soit la forme par laquelle
22:51on ne nous tordra pas les bras,
22:52nous resterons fidèles à la parole donnée aux électeurs.
22:55– Mais dans ce cas, Jean-Luc Mélenchon,
22:56comment est-ce que cette coalition peut-elle tenir sur la durée ?
22:59On sait qu'il y a des socialistes qui échangent parfois,
23:02qui essayent de sonder avec des macronistes de gauche
23:05pour voir s'il y a des…
23:06– Des macronistes de quoi ?
23:07– Des macronistes de gauche.
23:08– Ah d'accord.
23:09– Selon la formule consacrée.
23:10Est-ce que c'est possible…
23:11– Les macronistes de gauche qui ont voté pour…
23:12– Jean-Luc Mélenchon, pardon.
23:13– Qui ont voté pour le président André Chassaigne ?
23:16– Ils n'ont en l'occurrence pas voté pour André Chassaigne
23:18puisque vous avez échoué à élargir cette majorité.
23:21Mais est-il vraiment possible d'appliquer tout le programme,
23:24rien que le programme, comme vous l'avez dit au soir
23:26du 7 juillet Jean-Luc Mélenchon,
23:28avec 192 députés, n'est-ce pas un vœu pieux ?
23:30– Bon, non ce n'est pas un vœu pieux
23:32si on respecte les règles de la démocratie.
23:34Je recommence pour que l'on me comprenne bien.
23:36Un groupe, un bloc est en avance,
23:39le nôtre, Nouveau Front Populaire.
23:41Dans toutes les démocraties du monde,
23:43le Président de la République n'a pas choisi le Premier Ministre.
23:46La Constitution française ne dit pas qu'il choisit, il nomme.
23:49Par conséquent, il doit nommer un Premier Ministre
23:53issu du Nouveau Front Populaire.
23:55– Il n'y a toujours pas de nom.
23:57– Non mais attendez, je ne sais pas si la réunion du bureau politique du RPR
24:01a désigné Jacques Chirac.
24:03Il me semble qu'il n'y a pas eu besoin de ça.
24:05Bon, par conséquent, il sait très bien qui est quoi
24:07à l'intérieur de cette coalition.
24:09Mais c'est lui qui doit nommer.
24:11Il nomme un Premier Ministre du Front Populaire,
24:13le Premier Ministre ira devant l'Assemblée,
24:15présentera son programme et ensuite,
24:17il y aura des lois ou des décrets qui seront signés ou pas signés.
24:21À ce moment-là, l'Assemblée s'exprimera.
24:23Si elle est conte, elle le fait tomber.
24:25C'est la règle de la démocratie et je vous le redis,
24:27à ce moment-là, si le Président de la République
24:29a poussé à ce qu'il y ait une motion de censure,
24:31il y aura ensuite une motion de censure
24:33contre le gouvernement de droite,
24:35parce qu'il en nommera un de droite.
24:37– Et vous en déposerez une systématiquement
24:39pour un gouvernement d'alliance entre le camp présidentiel
24:41et les Républicains. – Evidemment,
24:43puisque nous l'avons fait. – Automatiquement.
24:45– Nous l'avons fait sur tous les 49.3, on nous l'a assez reproché,
24:47mais nous n'avons pas changé notre pratique.
24:49Ce que nous demandons, c'est que la vie politique du pays
24:52ne se règle pas par des combines.
24:54Et maintenant, pour reprendre votre propre argument,
24:56dites-moi où sont ces macronistes de gauche
24:59qui sont prêts à accepter le rétablissement de l'impôt sur la fortune ?
25:03Parce que s'ils y étaient prêts, pourquoi n'ont-ils pas voté
25:05quand on l'a proposé ?
25:07Est-ce qu'ils sont prêts à accepter l'augmentation des salaires
25:09alors qu'ils ont voté contre ?
25:11Les macronistes de gauche inclus.
25:13Donc tout ça n'existe pas, c'est une comédie.
25:15Et la preuve a été donnée par le fait
25:17que tous ces gens ont refusé de voter pour André Chassaigne.
25:19S'ils étaient, comme vous dites,
25:21des gens qui cherchent un compromis,
25:23en disant, bon, vous exagérez, mais on va...
25:25Bon, quand même, on fait un geste.
25:27On élit votre président de l'Assemblée.
25:29Ils ne l'ont pas fait.
25:31C'est eux qui viennent de nous signaler que la porte était fermée.
25:33Il est donc absurde de s'entêter.
25:35Il faut faire fonctionner la démocratie.
25:37Les règles qui existent.
25:39Pas de combines.
25:41Si après que nous ayons fait voter un programme,
25:43nous en faisons un autre arrangé dans les couloirs de l'Assemblée,
25:45la masse du peuple français sera écœurée.
25:47On ne pourra plus devoir une chose pareille.
25:49Il ne faut pas arriver à ce résultat.
25:51Il faut fortifier la volonté démocratique.
25:53Dire, vous voyez, quand vous votez, ça donne quelque chose.
25:55Au Parlement européen,
25:57ils ont réélu Mme van der Leyen,
25:59mais ils n'ont eu aucun mal à élire
26:01un vice-président insoumis.
26:03Tout le monde a voté pour lui.
26:05Enfin, je veux dire tous ceux, sauf les fascistes, bien sûr,
26:07qui n'ont pas voté pour lui.
26:09Il y a un cordon sanitaire.
26:11Donc, il faut arrêter la comédie,
26:13la diabolisation des insoumis.
26:15Tout ça n'est pas sérieux.
26:17Il y a un programme, il a été signé par trois parties.
26:19Ces trois parties se présentent avec ce programme.
26:21Si l'Assemblée n'en veut pas, elle le dira.
26:23Et si tout est bloqué,
26:25le Président de la République devra s'en aller
26:27pour que le suffrage universel fonctionne.
26:29Sinon, imaginez-vous la situation.
26:31On dirait, écoutez, on a fait une combine
26:33et elle n'a pas marché.
26:35Alors, qu'est-ce qu'on fait ?
26:37Eh bien, personne n'en sait rien et nous serons discrédités.
26:39Alors, en tout cas, voici ma conclusion.
26:41Quoi qu'il arrive, il n'y aura pas d'insoumis,
26:43de ce que je peux savoir, de ce que j'ai vu
26:45de la réunion du groupe, de ce que j'ai vu
26:47de notre bureau politique qui s'appelle Coordination,
26:49il n'y en aura pas.
26:51Et je rappelle que ce ne sont pas les élus
26:53qui choisissent le Premier ministre.
26:55C'est un accord entre des partis politiques.
26:57Et si on change la règle du jeu
26:59et qu'on décide que dorénavant,
27:01c'est un troisième tour type Troisième République
27:03avec des élus, des notables
27:05qui votent pour désigner le Premier ministre,
27:07alors on ne sort plus du truc.
27:09Il va falloir faire ça pour pratiquement tous les ministres.
27:11Et puis, ça veut dire quoi ?
27:13Que dorénavant, le bureau politique
27:15du nouveau Front populaire,
27:17c'est l'intergroupe à l'Assemblée nationale
27:19fort de 190 membres.
27:21Ça serait une folie pure et simple.
27:23On ne peut pas gouverner dans de telles conditions.
27:25– Jean-Luc Mélenchon, il y a quelques instants,
27:27vous aviez l'idée d'une démission
27:29du Président de la République pour sortir
27:31de ce blocage.
27:33– Qui l'aurait créé.
27:35– Ce n'est ni un soin, ni une consigne,
27:37selon vous, vous précisez votre pensée.
27:39S'il y a demain une présidentielle anticipée,
27:41vous iriez, en tant que candidat à la présidentielle ?
27:43– Je ne me suis pas posé cette question.
27:45– Mais si vous pensez à la démission du Président de la République,
27:47il y a peut-être un cheminement intellectuel
27:49qui se fait sur cette question.
27:51– Peut-être, mais mes cheminements intellectuels m'appartiennent
27:53et vous savez de longue main que j'ai souhaité être remplacé.
27:55C'est une formule et j'ai tellement bien travaillé
27:57que je suis en état d'être remplacé
27:59et qu'existent des personnalités du mouvement assoumis,
28:01dorénavant assez fortes
28:03et bien repérées par le public
28:05pour qu'on puisse l'imaginer.
28:07Mais on peut aussi imaginer autre chose.
28:09Par conséquent, ce n'est pas le sujet.
28:11Le sujet c'est, si M. Macron ne permet pas
28:13à la démocratie de se concrétiser par un gouvernement,
28:15il ne faudra pas s'étonner
28:17que ensuite, le mot d'ordre de tout le pays,
28:19avant la fin du mandat,
28:21ce soit Macron démission.
28:23Je doute que je l'ai déjà entendu.
28:25Moi, je ne souhaite pas que les mandats soient abrégés.
28:27Ce n'est pas mon souhait.
28:29Je viens de vous dire que je souhaite le respect des règles.
28:31Mais si le Président de la République
28:33rend impossible le fonctionnement des règles,
28:35alors oui, il devra s'en aller.
28:37Parce que sinon, qu'est-ce que vous voulez qu'on fasse ?
28:39On ne va pas rester sans gouvernement
28:41ou toutes les semaines changer de gouvernement
28:43avec un vote par censure, vous comprenez ?
28:45Ce n'est pas possible.
28:46– Vous parliez d'agacement il y a quelques instants.
28:48Je couvrais la soirée électorale de la France insoumise
28:50le soir du 7 juillet.
28:52Il y avait sur les visages des militants
28:54de gauche et insoumis qui étaient là
28:56de l'espoir, des larmes de joie.
28:58Et dans les témoignages que l'on entend parfois
29:00dans les reportages, quand on interroge
29:02ces électeurs de gauche au regard de ces négociations
29:04qui patinent à gauche, certains nous disent
29:06qu'ils sont écoeurés,
29:08qu'ils sont déçus de la gauche.
29:10Qu'est-ce que vous leur répondez à ces électeurs ?
29:12– D'abord que je ne vous crois pas, et ensuite…
29:14– Vous les interrogez. – Non, non, j'ai le droit.
29:16Oui, oui, mais vous vérifiez que les gens sont bien des gens de gauche, etc.
29:19– En l'occurrence, ils étaient à votre soirée électorale.
29:21– D'accord. – Il y en a d'autres que l'on peut croiser
29:23dans des manifestations, monsieur Mélenchon.
29:26– Le truc n'est pas notre entretien.
29:29– Mais nous ne trouquons pas l'entretien de monsieur Mélenchon.
29:31– Je connais des gens qui regardent BFM
29:33et qui sont très déçus par votre attitude
29:35si favorable au Rassemblement National.
29:37– Pourquoi vous dites ça, monsieur Mélenchon ?
29:39– Parce qu'on me l'a dit, monsieur.
29:41– Nous interrogeons tout le monde de l'occurrence.
29:43– Il y a des gens qui ont cette impression,
29:45donc je me fais l'obligation de m'en faire le témoin
29:47devant vous, comme vous le faites, pour des gens
29:49que vous prétendez avoir retrouvés, ce qui n'est pas vrai.
29:51– Mais je n'ai pas dit que je les avais retrouvés,
29:53absolument pas, monsieur Mélenchon.
29:55J'ai dit qu'on avait interrogé des électeurs de gauche
29:57qui, eux-mêmes, se présentaient en tant qu'électeurs de gauche
29:59dans différents reportages, qui nous disaient
30:01qu'ils étaient écoeurés par la situation.
30:03Il y en a, Jean-Luc Mélenchon.
30:05– Mais bien sûr, d'autant que c'est cultivé.
30:07Parce que quand nous mettons 24 heures pour nous entendre,
30:09pour faire une coalition,
30:1148 heures pour nous répartir les circonscriptions,
30:13et déjà, c'est les Insoumis qui en ont lâché 100.
30:16– Vous en avez eu 230.
30:18– Peut-être bien, mais écoutez-moi,
30:20nous faisons tous les gestes qu'il faut.
30:22Nous retirons nos candidatures à intervalles réguliers,
30:24partout. Par conséquent, nous avons le droit,
30:26au moins au respect, de dire,
30:28ces gens-là font quand même le boulot.
30:30Et je demande aux gens de gauche d'y réfléchir.
30:32Nous venons de prendre dix jours
30:34que nous avons dû interrompre pour passer
30:36à la désignation d'un candidat commun.
30:38Ce n'est rien dix jours pour des partis
30:40qui sont divisés depuis des mois, des mois et des mois,
30:42depuis 2022.
30:44Nous avions-nous conclu l'accord du PES,
30:46qu'aussitôt il était rompu par nos partenaires.
30:48Eh bien, nous avons réussi à colmater tout ça.
30:50C'est quand même pas rien de dire en dix jours
30:52qu'il y a une divergent,
30:54non pas de personne, ce n'est pas un problème d'ego,
30:56c'est sur la manière de penser
30:58la suite des événements.
31:00Les uns disent, nous allons constituer
31:02un gouvernement d'apaisement et tout ça.
31:04Tout le monde veut bien être apaisé.
31:06Moi j'ai demandé, mais qui va s'apaiser
31:08parmi ceux qui ont un impôt sur la fortune
31:10quand on va leur annoncer qu'on ne le rétablit personne ?
31:12C'est normal, c'est la vie démocratique.
31:14C'est pour ça qu'on vote.
31:16Il y a une décision qui s'impose à tout le monde.
31:18Je dis donc qu'il n'y a pas d'élargissement possible.
31:20Par conséquent, il faut en toute hypothèse
31:22y aller franchement.
31:24S'il y avait un élargissement possible
31:26de la majorité.
31:28Je l'ai lu dans le texte de Mme Tubiana.
31:30Elle a dit, ils n'auront pas de mal à trouver.
31:32Personne n'a proposé d'aller faire le tour
31:34des groupes de l'Assemblée.
31:36Personne.
31:38Les socialistes, les écolos n'ont pas dit
31:40ou même Mme Tubiana elle-même.
31:42Écoutez, je fais la tournée des popotes
31:44pour voir sur quoi on pourrait s'entendre.
31:46Personne ne l'a fait.
31:48Pourquoi ? Parce que tout le monde sait que c'est impossible.
31:50Donc ce qu'il s'agit de nous vendre
31:52c'est de dire, vous autres les insoumis,
31:54vous allez oublier un peu le programme
31:56et puis on verra au fur et à mesure.
31:58Non, on ne verra pas au fur et à mesure.
32:00Nous y allons avec notre programme.
32:02Moi j'ai repéré quelles étaient les mesures communes.
32:04Si j'avais été le Premier ministre
32:06qui avait déjà dans le passé
32:08adopté par les uns et les autres
32:10et je serais venu avec cette feuille en disant
32:12déjà ça vous l'avez voté donc il y a une majorité.
32:14Personne ne propose ni méthode, ni façon de faire.
32:16On nous annonce une majorité possible
32:18en élargissant. Non. Non et non.
32:20Il faut présenter notre programme,
32:22le présenter devant l'Assemblée
32:24et ensuite il se passe une chose
32:26que tout le monde connaît
32:28qui est le pouvoir d'amendement de l'Assemblée.
32:30Dès lors à ce moment-là,
32:32nous constaterions, soit s'il y a des gens
32:34qui sont prêts à nous escorter,
32:36à nous accompagner ou à nous supporter
32:38et des gens qui ne le font pas.
32:40Mais proclamer à l'avance
32:42qu'on va s'en remettre à un arrangement possible
32:44est une aberration parce que ça ne correspond
32:46à rien dans la vie du pays.
32:48Aux gens déçus, je leur dis, je suis plus déçu
32:50que vous parce que ça fait 12 jours
32:52que ça dure, que nous avons fait tous les pas,
32:54tous les gestes et que nous avons l'impression
32:56de n'être payés en retour,
32:58même pas par du respect puisque
33:00nous lisons dans la presse que les uns et les autres
33:02ont eu des paroles venimeuses à notre égard.
33:04Plutôt que l'un ou l'une d'entre nous
33:06renvoie une blague
33:08ou une balle au rebond,
33:10aussitôt tous les feux se concentrent sur nous,
33:12indignation.
33:14Nous ne pouvons pas croire à cette comédie.
33:16Je vous demande, à vous, à tous ceux qui m'écoutent,
33:18d'abord d'avoir de la patience et de la confiance.
33:20Nous ne ferons jamais rien à nous-mêmes
33:22qui trahissent le mandat
33:24que nous avons pris avec les électeurs.
33:26Et à tout le monde, je dis, il faut permettre
33:28à la démocratie de fonctionner.
33:30Vous commettriez une erreur énorme
33:32si vous la truquiez, comme cela vient de se passer
33:34à l'Assemblée nationale.
33:36C'est énorme, parce que que va-t-il se passer ?
33:38Les gens vont se dire, voter ne sert à rien.
33:40Je sais très bien, je sais très bien
33:42qu'il y a des gens qui aimeraient bien que le peuple
33:44retourne à la maison et ne revienne plus voter,
33:46alors qu'on a eu tant de mal, nous les insoumis,
33:48à faire venir voter des gens.
33:50Mais ce serait un désastre pour la démocratie française.
33:52Et les gens qui ont voté pourraient se fâcher aussi,
33:54de dire, mais comment ça se fait
33:56que ça ne s'applique pas ?
33:58Ça c'est vu, vous savez quand ? Au dernier Front populaire.
34:00Le Front populaire a gagné,
34:02c'est les socialistes qui ont gouverné, alors que c'était prévu
34:04que c'était les radicaux,
34:06et que s'est-il passé juste derrière, comme il ne se passait rien ?
34:08Eh bien, il y a eu une grève générale.
34:10Par conséquent, ne jouez pas avec le feu.
34:12Pas d'allumettes dans la poudrière.
34:14– Pour revenir à la question de la personnalité,
34:16le parti socialiste, dans son communiqué,
34:18évoquait effectivement cette date limite du 23 juillet.
34:22Vous l'avez dit vous-même ce soir sur BFM TV,
34:24nous aurons un nom…
34:26– Pas de nom, il est dans ce cadre.
34:28– Vous m'avez dit, nous aurons un nom le 23 juillet, ou pas de nom ?
34:32– Ou pas de nom, alors non, nous aurons un nom.
34:34Quoi qu'il arrive.
34:36– Est-ce que vous avez des…
34:38– Ce n'est pas bien de prendre des gens pour des imbéciles d'une manière générale.
34:40Quand je dis nous aurons un nom, cela signifie que je le souhaite,
34:42qu'une fois de plus nous allons faire tout ce que nous pouvons.
34:44– Vous avez précisé votre pensée.
34:46– Mais il ne faut pas exclure qu'il n'y ait pas de nom,
34:48puisqu'il n'y a pas eu de nom jusqu'à présent.
34:50Si c'est pour nous rejouer la musique, c'est Olivier Faure ou personne,
34:52ou Madame Tubiana ou personne, donc il n'y aura pas de nom.
34:54Voilà, ce sont des choses qui sont possibles, qui ne dépendent pas de moi,
34:58parce que tout ne dépend pas que de moi.
35:00Il y a quatre parties, mais bon, ils peuvent décider aussi à trois de faire ce qu'ils veulent.
35:04Pourquoi pas ?
35:05– Merci beaucoup Jean-Luc Mélenchon de nous avoir accordé cette interview.
35:08– On a eu chaud, on peut le dire à ceux qui nous regardent,
35:10parce qu'il fait vraiment chaud dans le studio.
35:12– Effectivement, à vous Samy.

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