Jean-Luc Mélenchon: "Je suis contre le fait qu'on aille faire l'apologie de l'effort permanent"
L’ancien candidat La France insoumise à la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon, était l’invité de Face à BFM ce jeudi soir sur BFMTV.
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00:00 vous mettez à côté de la plaque, on ne parle pas de la même chose.
00:02 Moi je dis on produit plus, avec moins de temps de travail,
00:06 donc on peut partager.
00:07 Et qu'est-ce qu'on fait du temps libre ?
00:09 J'ai toujours entendu "feignant", parce que les gens font rien,
00:15 c'est pas vrai, les gens font plein de choses,
00:16 mais s'ils veulent rien faire, c'est leur droit.
00:20 Je suis contre le fait qu'on aille faire l'apologie de l'effort permanent,
00:27 je suis contre ça.
00:29 Si on ne veut rien faire, s'asseoir sous un arbre
00:31 et regarder un paysage, tout l'après-midi, on le fait.
00:33 Personnellement, un de mes loisirs les plus appréciés
00:37 consiste à m'asseoir et à regarder la mer, des heures durant.
00:42 – Moi aussi, je suis contemplative, M. Mélenchon,
00:45 mais je pense que c'est en effet une disposition qui est essentielle
00:50 pour les êtres humains.
00:51 – Non madame, vous devez travailler, madame Polony, il faut travailler,
00:53 parce que si vous ne faites rien, alors on peut se demander
00:56 comment ça se fait, est-ce que vous ne seriez pas un peu pervertie
00:59 par la fainéantise ? Je vais vous raconter une autre anecdote.
01:02 – Voisiveté, mère de tous les vices, mais c'est la vieille morale.
01:06 – Oui, vous voyez, c'est contre ça que réagissent les gens comme moi.
01:08 – Oui d'accord, mais croyez-vous vraiment que la plupart des gens
01:12 ne cherchent pas plutôt, non pas, le droit à l'appareil,
01:15 c'est plutôt l'idée… – Mais arrêtez, madame…
01:17 – Ecoutez-moi jusqu'au bout, ce qu'ils veulent,
01:19 c'est que les distinctions sociales soient fondées sur l'utilité publique,
01:24 comme c'est dit dans la Déclaration des droits de l'homme,
01:25 c'est-à-dire que le travail paye et qu'il soit reconnu dans cette…
01:28 – C'est une dignité. – Je comprends.
01:30 – C'est le nid froid au sens de l'écore, vous ne pensez pas ?
01:31 – Alors je vais vous faire le parallèle de ce que vous êtes en train de me faire.
01:33 Vous qui voulez que les gens travaillent toute la journée et toute la nuit.
01:36 – Ah, je dis ça ! – Oui madame.
01:37 – Pourquoi vous le caricaturez ? – Mais pourquoi vous me caricaturez-moi ?
01:40 Je fais pareil. – Pas du tout.
01:41 – Mais non madame, écoutez-moi. – Je vous dis qu'il faut du temps libre,
01:44 mais que je me pose la question sur ce concept de droit à l'appareil.
01:47 – D'accord. Tout à l'heure, vous avez passé un truc de 92,
01:51 et en 92, je rappelle à mes camarades que, entre autres,
01:55 la farge réclamée de droit à l'appareil, je n'ai jamais dit
01:58 "mes amis et camarades, notre droit fondamental à réclamer,
02:01 c'est le droit à l'appareil", je réclame le droit d'être humain,
02:04 parmi lequel il y a les épisodes contemplatifs,
02:07 et pendant les épisodes contemplatifs, je vous embête,
02:10 si ça ne vous plaît pas, tant pis pour vous,
02:12 parce que je continuerai à le faire, sauf si vous m'agacez,
02:15 parce que je ne pourrai plus contempler,
02:16 donc je n'ai pas défendu le droit à l'appareil,
02:19 ce qui est présenté comme un défaut,
02:21 la paresse s'est présentée comme un défaut,
02:24 je rappelais que Paul Lafargue défendait le droit à la paresse,
02:27 à l'époque où il n'y avait ni congé payé, ni pause…
02:31 – C'est ce que tu disais ? – Oui, donc c'était le cas de Lafargue
02:33 à une période, après, je dis comme Lafargue,
02:36 Lafargue disait à l'époque "ben ouais, et si on a envie de rien faire,
02:38 eh ben on ne fait rien", donc arrêtez cette caricature,
02:42 je ne défends pas le droit à l'appareil, je défends le droit de vivre.