Avec Jean-François Lamour, ancien ministre des Sports et double champion olympique d'escrime (sabre).
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00:00SUDRADIO, les jeux dans tous leurs états. Thierry Guerrier, Joseph Ruiz.
00:07Et bien imaginez-vous que l'actualité des JO aujourd'hui, c'est l'entrée en vigueur.
00:12Alors, on va voir si c'est symbolique, si ça fait seulement sourire,
00:14ou si c'est une réalité de ce qu'on appelle la trêve olympique.
00:17Ça date d'avant Jésus-Christ, depuis les jeux antiques.
00:20Neuvième siècle avant Jésus-Christ, la trêve olympique.
00:22Mais, Kesako, qu'est-ce que c'est que ce truc, Joseph ?
00:25Effectivement, on se demande un peu ce que c'est,
00:27parce que quand on entend trêve olympique,
00:30on se demande si c'est une réalité ou finalement un symbole.
00:33La trêve dans la guerre, on arrête de se taper dessus,
00:35bienveillance, qu'est-ce que c'est ?
00:37C'est ça, exactement. Depuis la guerre en Yougoslavie,
00:39ça a été mis en place, mais on va se demander
00:41si véritablement c'est quelque chose qui est encore en vigueur aujourd'hui.
00:44Alors, ça démarre aujourd'hui, c'est censé démarrer aujourd'hui,
00:47et on va en parler aujourd'hui sur SUDRADIO,
00:49avec Jean-François Lamour, ancien ministre des sports
00:52et double champion olympique d'escrime en charme.
00:55Bonjour, monsieur le ministre.
00:56Bonjour.
00:57Bonjour, messieurs.
00:58Alors, du coup, on vous pose la question clairement,
01:00est-ce que cette trêve olympique, c'est plus du symbole
01:03ou est-ce qu'elle est encore en vigueur aujourd'hui ?
01:05On est dans le domaine du symbole et du vœu, oui.
01:08D'ailleurs, je crois que cette trêve, elle est validée par l'ONU,
01:14mais au vu de la situation internationale,
01:16que ce soit en Ukraine ou en Israël et Palestine,
01:21je ne sais pas si tout ça va être respecté, effectivement.
01:26On est plus dans le domaine du souhait,
01:28et on ne peut effectivement qu'encourager Thomas Barre,
01:35le président du CIO, de tenter effectivement d'imposer cette trêve.
01:39Mais, encore une fois, au vu de la situation internationale,
01:43je ne sais pas si cette fois-ci, elle sera respectée.
01:45Jean-François Lamour, vous avez été vous-même d'abord un grand champion.
01:50Vous tirez toujours d'ailleurs au sabre.
01:52Aujourd'hui, vous faites encore un peu, parfois ?
01:55Non, j'ai arrêté, ça va vous faire sourire,
01:58mais j'ai arrêté très vite après la fin de ma carrière,
02:01c'était en 92, et pour une simple raison.
02:04En 92, je faisais encore 5 heures d'entraînement par jour,
02:08et je commençais à travailler.
02:10Donc, évidemment, cet entraînement s'est réduit à une heure par semaine, à peu près.
02:15Et à partir de ce moment-là, vous commencez à vous faire battre
02:18par des gens que vous battiez avant, et ça, c'est insupportable.
02:21Et vous êtes mauvais joueur, M. Lamour ?
02:23Complètement, complètement.
02:25Donc, j'ai arrêté très vite dans les pieds.
02:28Plus sérieusement, j'ai arrêté à 36 ans,
02:31et les articulations commençaient à souffrir diablement,
02:34donc j'ai préféré arrêter.
02:37Bon, mais alors, vous avez été à la fois un de nos grands champions,
02:40et puis vous avez été un de nos politiques,
02:42puisque vous avez donné votre expérience au service,
02:46au service du sport, comme ministre des Sports.
02:49Comment vous appréhendez les Jeux Olympiques aujourd'hui,
02:54comme symbole, justement, de la bienveillance,
02:57d'une capacité à se découvrir, à se rencontrer de façon amicale,
03:03entre les nations et entre les cultures ?
03:06Est-ce que vous trouvez qu'aujourd'hui,
03:08au-delà de l'événement festif et de l'organisation événementielle,
03:12ça reste ce grand moment ?
03:15Oui, je le pense sincèrement.
03:18Déjà parce qu'il y a une dimension qui n'existe pas
03:21dans un championnat du monde ou une autre rencontre internationale,
03:24c'est le village olympique.
03:26La quasi-totalité des 10 500 athlètes qui vont se rendre à Paris pour les Jeux
03:31vont résider au village olympique.
03:33C'est une ambiance très particulière où, effectivement,
03:36chacune des nations invitées, chacun des athlètes sélectionnés,
03:41se rencontrent, par exemple, ne serait-ce qu'à la cantine du village
03:46ou dans les rues de ce village, d'un pavillon ou d'un bâtiment à un autre.
03:51Alors c'est la concurrence, c'est la compétition,
03:54souvent une compétition très rude.
03:56Je vous entendais tout à l'heure citer les sportifs français
04:00que nos compétiteurs veulent voir monter sur la boîte.
04:05C'est comme ça qu'on dit quand on est athlète,
04:07on veut monter sur la boîte, c'est ça ?
04:09Exactement. J'espère qu'il y aura des esprimeurs également.
04:12Mais ça se fait effectivement avec une concurrence de plus en plus dure.
04:16Par rapport à mon époque d'esprimeur,
04:19on a des pays comme la Chine, comme la Corée, comme les Etats-Unis,
04:23qui étaient des pays en pleine ascension mais qui n'étaient pas arrivés à maturité.
04:27Et là, vous pouvez imaginer la concurrence que ça peut être.
04:30Mais ça se fait, et ça il faut le répéter aux observateurs, aux spectateurs,
04:36dans un vrai esprit sportif, c'est-à-dire en respectant les règles
04:40et en partageant à un moment donné ou à un autre des moments extrasportifs
04:45qui peuvent effectivement apporter une forme de concorde.
04:48Je ne suis pas dupe, encore une fois.
04:50Souvenez-vous également quand nous avions en 98 gagné la Coupe du Monde,
04:55on avait dit que la société française allait en être transformée.
04:58Ça a été un moment de partage très fort, très puissant,
05:02avec des millions de Parisiens sur les Champs-Élysées
05:05qui partageaient ce moment de fête très clairement, de fierté aussi.
05:10Je crois qu'il faut laisser le sport à cette place-là
05:14et puis continuer effectivement, sous d'autres formes, à améliorer nos sociétés.
05:19Rassurez-vous, l'escrime est cité à 5% parmi les Français qui souhaitent voir ce sport-là en particulier.
05:28J'ai deux noms, un des pays, c'est un romain canon.
05:32Je pense que romain, c'est les pays, ce qui est fait pour les grandes compétitions, pour les Jeux en particulier.
05:38Et puis une femme sabreuse qui s'est vraiment révélée cette année,
05:43Sarah Walser, qui je pense va aussi faire des étincelles au Grand Palais.
05:48On dit qu'avec la carabine, l'escrime pourrait être dans les premières épreuves à rapporter des médailles.
05:53Oui, dès le premier soir.
05:55Ce n'est pas pour rien à mon avis qu'on démarre effectivement par l'escrime.
06:00Selon vous, le sport et la politique, est-ce que le sport est devenu trop politique ?
06:04Souvent, les Français, quand on leur demande, ils disent qu'aujourd'hui, il y a trop d'argent dans le sport.
06:09C'est devenu trop politique.
06:10Comment est-ce que vous protégez l'image du sport, Jean-François Lameau ?
06:15Le sport, ça a toujours été politique.
06:18C'est un moyen de promotion d'un mode de gouvernance d'un pays.
06:22Alors ça peut être une démocratie, ça peut être un pays plus autoritaire, quelquefois une dictature.
06:27Vous le savez, les Jeux de 36 à Berlin, c'était la promotion des exactions d'Hitler.
06:34Il y a d'autres démocraties qui ont aussi porté l'idée des Jeux.
06:39Il y a toujours eu de la politique dans le sport et dans les Jeux.
06:42Et heureusement d'ailleurs, parce que sans la signature du président de la République
06:47pour garantir la bonne fin de l'organisation des Jeux, il ne peut pas y avoir de Jeux,
06:52en particulier aujourd'hui à Paris en 2024.
06:56La politique, elle est intrinsèquement liée à l'olympisme.
07:02Après, il ne faut qu'un contingenté de cette action politique, cette interaction politique
07:08à ce qui est encore une fois nécessaire, c'est-à-dire la bonne organisation des Jeux.
07:13Après, vous ne pouvez pas empêcher un homme politique ou une femme politique
07:16à utiliser le résultat, les bons résultats, soit de l'organisation, soit de leur équipe olympique
07:24à des fins politiques. C'est humain et entre guillemets, c'est de bonne guerre.
07:28Oui, évidemment. Mais là, est-ce que le sport, vous avez l'impression finalement, a un poids politique ?
07:33Alors certes, il est utilisé le sport, mais quand on voit que la trêve olympique n'est absolument plus respectée,
07:38finalement, le poids du sport est très, très relatif désormais en politique.
07:42Il est très relatif, mais moi je n'ai jamais dit le contraire.
07:45Il est une partie des relations entre les sociétés, entre les pays, entre les gouvernants,
07:50mais il faut le laisser à sa place. Le sport ne peut pas, à lui tout seul, régler tous les problèmes de la Terre.
07:57Mais ça peut être aussi une respiration. Encore une fois, là on dit qu'il y a la trêve qui commence.
08:02On verra si elle peut être respectée pendant la quinzaine des Jeux olympiques à Paris.
08:07Je le souhaite, ardemment. On verra si effectivement les responsables politiques le font ou pas.
08:14Jean-François Lamour, allez, je vais être indiscret. Vous avez quel souvenir de vos rencontres ?
08:20Vous avez lié des liens d'amitié avec des champions, des championnes d'autres pays ?
08:27Pas forcément en escrime d'ailleurs, sur ces villages olympiques où vous avez brillé pour la France autrefois ?
08:32Pendant les Jeux, non. Parce que moi, les Jeux, j'étais tellement concentré sur les gralles.
08:38Un escrimeur, le graal, ce sont les Jeux. Donc on ne peut pas se permettre de se disperser, aller trop à la rencontre avant la compétition.
08:50A la rencontre des autres, on est vraiment dans sa bulle, on va à l'entraînement, on se tourne dans sa chambre, on va manger, on dort et on se prépare pour les Jeux.
08:59Et on avait individuelle et quelques jours plus tard, la compétition par équipe.
09:04Effectivement ensuite, on a fait de très très belles fêtes, essentiellement d'ailleurs avec des sportifs du même sport que nous.
09:11J'avais d'excellentes relations, par exemple avec les Hongrois. On s'entendait bien.
09:16Pourquoi les Hongrois ?
09:17Les Russes également. Parce que les Hongrois, c'est une arme très très forte en sabre.
09:22Mon maître d'armes, entraîneur national, était aussi d'origine hongroise et on avait lié des liens peut-être plus forts qu'avec d'autres nations.
09:30On s'entendait malgré tout bien avec les Italiens, vous vous rendez compte ?
09:34C'est toujours très chaud encore aujourd'hui avec les Italiens, on a des escrimeurs français.
09:38Eh bien écoutez, on s'entendait très très bien avec les Italiens aussi.
09:41Et dernière question, vous allez suivre où ces Jeux ? Vous serez sur place ?
09:46Je vais essayer d'aller dans un...
09:51Là vous voyez, j'ai une idée qui me vient en tête, je voudrais aller voir l'équitation au bout du canal.
10:00À Versailles, ça doit être vraiment exceptionnel.
10:02Avec votre épée ou votre sabre ?
10:03Évidemment, je vais suivre l'escrime, vous en doutez, au Grand Palais, parce que là aussi ce sont des images assez incroyables.
10:09Ça va être magnifique. Merci infiniment aux champions olympiques d'escrime sabreurs,
10:13Jean-François Lamour, ancien ministre des Sports, double champion olympique.
10:17Merci d'avoir été en direct sur Sud Radio pour ces JO dans tous leurs états.
10:22Alors je vais remercier Joseph Ruiz aujourd'hui, Amélie Béguin, Thibaut Sadler et Djamel Abdelhak
10:28qui nous ont permis de réaliser cette tranche 10h-13h.
10:32On se retrouve lundi, je vous souhaite à toutes et à tous un super bon week-end avec nous pour ces débats de l'été
10:39et ces jeux dans tous leurs états.
10:42On suit l'actu des jeux, c'est sur Sud Radio.