Grands Écrivains : Lettre à Julie de J.J. Rousseau

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Extrait de Julie ou la Nouvelle Héloïse (1761) de Jean-Jacques Rousseau (1712/1778)
Adaptation du texte & réalisation : Lionel Baillemont
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Contrôle caméra : Claudia Zeischka
Musique : Serge Pavkin
Tourné en Camargue au mois de juin 2024
Remerciements à Monsieur Grossi-Méric
© Ophelia Film
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Transcription
00:00Je reçois votre billet, je vole chez votre cousine et je vous aperçois.
00:25Le doux son de votre voix y porte une agitation nouvelle.
00:34L'on parcourt un jardin, l'on dîne tranquillement, ou me confiez une lettre que je n'ose lire
00:53devant ce redoutable témoin.
00:56Le soleil commence à baisser, nous fuyons tous les trois dans un bois.
01:10Le reste de ces rayons et ma paisible simplicité n'imaginaient même pas un état plus doux
01:24que le mien.
01:25En approchant d'un bosquet, j'aperçus, non sans une émotion secrète, vos signes
01:39d'intelligence et le coloris de vos joues prendre un nouvel éclat.
01:47En y pénétrant, je vis aussi avec surprise votre cousine s'approcher de moi et, d'un
02:01air plaisamment suppliant, me demander un baiser.
02:10Sans rien comprendre à ce mystère, j'embrassais cette charmante amie, mais que devins-je un
02:24moment après, quand je sentis, ma main en tremble encore, un doux frémissement, votre
02:35bouche de rose se poser, se presser sur la mienne ?
02:45Qu'avez-vous fait ? Qu'avez-vous fait, ma Julie ?
02:54Je suis encore ivre, ou plutôt insensé, mes sens sont altérés, toutes mes facultés
03:03sont troublées par ce baiser mortel.
03:08Vous vouliez soulager mes mots, cruels, vous les avez aggravés, c'est du poison que
03:20j'ai cueilli sur vos lèvres.
03:21Ils ferment, ils embrassent mon sang et ils finiront par me tuer.
03:27Souvenir immortel de cet instant d'illusion est enchantement, jamais tu ne t'effaceras
03:37de mon âme et tant que les charmes de Julie y seront gravés, tant que ce cœur agité
03:44me fournira des sentiments et des soupirs, vous serez le supplice et le bonheur de ma
03:53vie.
03:54Avant de vous rencontrer, je jouissais d'une apparente tranquillité, j'avais dompté
04:01les fougueuses saillies d'une imagination téméraire, j'avais couvert mes regards
04:07d'un voile et mis une entrave à mon cœur, ô Julie, quelque sort que m'annonce un transport
04:20dont je ne suis plus maître, quelque traitement que votre rigueur me destine, je ne puis plus
04:26vivre dans l'état où je suis et je sens qu'il faut que j'expire à vos pieds ou
04:35dans vos bras, car le feu du ciel n'est pas plus vif ni plus prompt que celui qui
04:47vint à l'instant m'embraser, je songeais à tout cela, parce que d'un coup je vous
04:58vis pâlir, fermez vos beaux yeux, vous appuyez sur votre cousine et tombez, tombez en pamoison
05:15de plaisir.
05:28Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
05:58Les sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org