France : début d'une semaine politique chargée

  • il y a 3 mois

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00:00Bonjour Jean Garrigue, merci beaucoup de prendre le temps de répondre à nos questions en cette mi-journée.
00:07On attend l'officialisation de la démission, la deuxième démission de Gabriel Attal et de son gouvernement.
00:16Emmanuel Macron n'en a plus trop le choix, il faut accepter cette démission parce que c'est cette semaine que tout se joue,
00:22non pas à l'Elysée, ni à Matignon, mais à l'Assemblée Nationale.
00:26Tout à fait, jamais une élection au perchoir de l'Assemblée Nationale n'aura revêtu une importance politique aussi grande que celle-ci
00:36puisque maintenant, je dirais, l'axe de la vie politique se joue à l'Assemblée Nationale.
00:42On est dans une situation exceptionnelle avec trois coalitions de forces relativement égales
00:50et donc il faut trouver une solution et on va avoir une idée d'une majorité certainement relative
00:59mais potentielle lors de l'élection du président ou de la présidente de l'Assemblée Nationale.
01:05En fonction de ce qui va se dessiner à ce moment-là, on aura peut-être les contours de ce qui pourrait être une coalition de gouvernement.
01:14Alors justement, pour parler très concrètement et que ceux qui nous regardent comprennent bien,
01:18est-ce que dix jours après le second tour des législatives, on y voit plus clair sur l'équilibre des forces
01:26et à la mathématique politique les éventuelles compositions de coalitions ?
01:31On n'y va pas beaucoup plus clair et en grande partie du fait de ce qui est en train de se passer au Nouveau Front Populaire
01:39parce qu'a priori, le Nouveau Front Populaire était le favori pour Matignon
01:44et le problème c'est que le Nouveau Front Populaire n'a pas pu se mettre d'accord et n'arrive toujours pas à se mettre d'accord.
01:51Il est secoué, fracturé, divisé et donc forcément cette solution qui pouvait apparaître comme en tout cas prioritaire
02:00s'éloigne de plus en plus, ce qui fait qu'il faut réfléchir à d'autres solutions qui peuvent exister d'ailleurs.
02:08Une coalition qui pourrait aller des socialistes au LR, ça c'est la grande coalition qui a existé à maintes reprises dans la vie politique française
02:17mais qui sera difficile par les temps qui courent.
02:20On peut aussi imaginer quelque chose qui reposerait sur le centre et la droite républicaine.
02:26Gouvernement minoritaire mais qui pourrait gouverner en évitant une motion de censure venant des deux extrêmes.
02:34Et puis il y a cette idée d'un gouvernement technicien avec une personnalité un peu extérieure au monde politique
02:42et qui pourrait incarner justement une forme d'unité tout en évitant évidemment des réformes qui seraient trop clivantes.
02:52Il y a plusieurs solutions qui se présentent.
02:54Alors pour détailler ce que vous venez de dire, par exemple dans l'hypothèse d'une coalition qui irait effectivement des socialistes aux républicains,
03:04cette grande coalition, est-ce qu'on peut vraiment imaginer des socialistes siégés avec ceux qui ont porté le texte contre lequel ils se sont embattus, la réforme des retraites ?
03:14Si on se réfère à l'état actuel des forces et au discours des uns et des autres, cette solution apparaît comme impossible.
03:22Si on écoute Laurent Wauquiez, il ne veut pas d'une coalition même avec le centre ou avec la gauche.
03:29Perspective 2027, donc je n'accepte pas de me coaliser.
03:35Du côté d'Olivier Faure, là aussi j'ai l'impression que les socialistes seraient quand même très rétifs.
03:41Alors qu'en réalité, on pourrait très bien remettre sur l'ouvrage, sur le métier, en essayant de repenser cette réforme des retraites.
03:54Par exemple, en reprenant l'idée de la réforme par points, qui était la première idée d'ailleurs des macronistes, d'Edouard Philippe,
04:03et qui finalement n'était pas si, je dirais, étrangère à ce que voulaient les socialistes par exemple.
04:10Bon, c'est une idée comme ça, mais vous voyez que quand on veut, on peut.
04:15Et je rappelle qu'en 1944, le général de Gaulle, quand il a créé l'état Providence,
04:20qu'il a fait passer notre démocratie dans une nouvelle ère qui est celle que nous connaissons aujourd'hui,
04:26il l'a fait en s'appuyant sur un gouvernement qui allait des communistes à la droite républicaine.
04:31Quand on veut, on peut, vous dites, vous avez évoqué le poids massif des députés du Rassemblement National,
04:38qui sont importants dans ce moment politique bien sûr.
04:42Quelle formation aujourd'hui au centre, notamment, peut vraiment se permettre d'assumer,
04:50si ce n'est le soutien du Rassemblement National, son absence d'opposition ?
04:56Écoutez, de toute manière, vous avez 10 millions d'électeurs qui se sentent un peu frustrés,
05:03floués même, par le second tour des élections législatives.
05:07Ce qui veut dire que la coalition qui devrait se mettre en place,
05:11ou en tout cas la politique menée par cette coalition, devrait, à mon sens, de manière logique,
05:18tenir compte des revendications, des espérances de ces électeurs du Rassemblement National,
05:24que ce soit en matière de pouvoir d'achat, en matière de services publics,
05:28en matière d'immigration et en matière de sécurité,
05:32puisque ce sont les principaux items qu'on a vus apparaître dans la campagne
05:37et revendiqués par, notamment, le Rassemblement National.
05:40Donc, c'est toute la complexité des choses.
05:43C'est que, a priori, le Rassemblement National est exclu d'une coalition de gouvernement,
05:48il s'en est d'ailleurs exclu lui-même,
05:50mais, en revanche, il ne faut surtout pas oublier les électeurs qui ont voté pour le Rassemblement National.
05:56Et, justement, depuis dix jours, ce qu'on entend, et pas seulement chez les électeurs du Rassemblement National,
06:03c'est une grande lassitude des Français qui sont allés massivement voter pour ces législatives,
06:08de voir que, finalement, les petits travers, des alliances, des renoncements,
06:14sont revenus très vite après ces élections.
06:18Oui, parce que tout est, en réalité, pollué par cette obsession présidentielle de la vie politique française.
06:25On voit très bien que le calcul d'un Jean-Luc Mélenchon, par exemple, à gauche,
06:31le calcul d'un Édouard Philippe, au centre, le calcul d'un Laurent Wauquiez, à droite,
06:37sont des calculs qui sont tournés vers la perspective de 2027.
06:42Or, nous sommes dans une situation où il faut changer de logiciel,
06:46et réfléchir en termes de majorité de gouvernement au Parlement.
06:51C'est au Parlement, désormais, que les choses doivent se faire,
06:54comme ça se faisait sous la troisième, sous la quatrième République,
06:57comme ça se fait en Allemagne, aux Pays-Bas, partout en Europe.
07:00C'est là qu'il faut réfléchir, et donc ça implique de réfléchir d'une manière différente,
07:05en termes d'alliances, en termes de majorité relative,
07:08afin d'éviter ce qui est l'épée de Damoclès en régime parlementaire,
07:15la motion de censure.
07:16Donc voilà, la seule chose, c'est de trouver un gouvernement
07:20qui puisse, au moins pendant un an, gouverner,
07:23en évitant d'avoir contre lui une majorité absolue,
07:26c'est-à-dire une motion de censure.
07:28Jeudi, en ce sens, c'est une journée, on le disait tout à l'heure,
07:32très importante, et j'imagine qui attise une forme d'impatience pour l'observateur que vous êtes.
07:39Merci beaucoup, Jean-Garrick Historien, spécialiste de la vie politique,
07:43d'avoir répondu à nos questions.

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