Comment traverser le chaos du changement : le temps des chenilles [Benoît Heilbrunn]

  • le mois dernier
La volonté d’imaginer un futur désirable nous oblige à dépasser de nombreux héritages pesants et massifs de la modernité. Qu’il s’agisse du croissantisme (qui lie la réussite d’une société à sa seule croissance économique), de l’extractivisme (qui valorise des logiques frénétiques d’extraction des ressources naturelles), du néolibéralisme ou encore de l’accumulation délirante du capital. Si tout le monde s’accorde sur la nécessité de reconstruire un nouvel ordre, se pose une question de méthode et de process. S’agit-il de ralentir, de bifurquer, de muter, de renverser ? Le principe de durabilité qui s’est imposé comme un mantra se nourrit par exemple d’une croyance immodérée dans la possibilité d’une transition, notamment énergétique. Pourtant comme le rappelle l’historien des techniques Jean-Baptiste Fressoz, il s’agit d’un leurre. L’histoire des énergies ne répond pas à une logique de substitution, comme le laisse croire l’idée de transition, c’est-à-dire de remplacement de l’une par l’autre. Au contraire, les énergies sont étroitement intriquées et fonctionnent en symbiose. Les énergies s’ajoutent les unes aux autres, quand le développement d’une nouvelle source ne stimule pas les anciennes. Ainsi, l’Angleterre de 1900 consomme plus de bois pour boiser les galeries des mines de charbon qu’elle n’en brûlait au XVIIIe siècle. Le charbon n’a pas remplacé le bois, il a stimulé sa consommation. [...]

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