« Trois ans, c'est trop court pour porter mes ambitions pour l'agriculture »

  • il y a 2 mois
Interview exclusive de Xavier Beulin

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Transcript
00:00Vous deviez recevoir à votre congrès Dacian Solos. Est-ce que c'était pour vous assurer le service après-vente des décisions de Bruxelles ?
00:14Vous savez que dans la PAC, l'essentiel a été voté. On connaît les grandes masses, on connaît les grandes répartitions, premier, deuxième pilier.
00:23Mais il y a un sujet qui reste encore non traité. Il y en a d'ailleurs deux pour la France. Un générique, c'est ce qu'on appelle les actes délégués,
00:30dans lequel se cachent beaucoup de détails et qui sont là aussi des soucis pour les agriculteurs. Par exemple, tout ce qui concerne le verdissement,
00:39les surfaces d'intérêts écologiques, enfin tout ce qui rentre dans ce caractère-là. Pour l'instant, on n'a pas encore les décisions.
00:45Et puis il y a un deuxième sujet qui est plus franco-français. Et là-dessus, je me battrai jusqu'au bout, tant que nous le pourrons en tout cas.
00:52C'est la reconnaissance des actifs agricoles. Vous savez que nous avons une particularité en France. Ce sont à la fois d'avoir des GAEC, des ERL, d'autres formes sociétaires.
01:02Il n'est pas normal que dans cette future PAC, notamment au titre de la redistribution ou de la surdotation sur les 52 premiers hectares,
01:10certains de nos concitoyens, enfin certains de nos collègues agricoles soient à l'écart de cette redistribution parce qu'ayant fait le choix
01:21ou par obligation d'être dans des formes sociétaires qui ne leur permettent pas d'avoir cette transparence au regard du nombre d'actifs dans ces sociétés en question.
01:29Donc ça, c'est un sujet qui me tient d'accord. J'irai d'autant plus qu'à un moment où nous sommes dans un pays où on a pris beaucoup de dispositions législatives
01:37sur la parité, sur la mixité, y compris sur le mariage pour tous. On va se retrouver, nous, dans un secteur agricole où M. et Mme sont en ERL parce qu'ils n'avaient pas d'autre choix,
01:48notamment avant 2010-2011. M. sera reconnu, Mme ne le sera pas. Ce n'est pas normal, ce n'est pas tolérable. Donc là-dessus, voilà.
01:57Ça, c'est un enjeu fort pour nous également.
01:59La France reste en période de crise, crise économique et financière. Certaines catégories de la population sont vraiment affectées par cette situation.
02:09Est-ce que vous estimez, dans ce cadre-là, que les agriculteurs jugent à sa juste valeur la redistribution des aides, le volet financier,
02:17malgré tout, qui reste important, et les soutiens qui sont là, malgré tout ?
02:23Nous avons dit nous-mêmes, au moment où à la fois le budget a été voté et finalement les grandes orientations de la PAC décidées, que nos demandes avaient été prises en compte.
02:35On dit autrement, nous nous sommes satisfaits notamment du niveau de budget auquel nous étions parvenus. On nous prédisait moins 25, moins 30 % de baisse de budget.
02:44Il y aura une baisse pour tout le monde. Elle ne sera pas du même niveau en fonction des secteurs et en fonction des situations, certes, mais on a quand même limité les dégâts.
02:53Par ailleurs, il faut ajouter ce point-là, parce que peut-être les agriculteurs sont sensibles à ce qu'ils baignent dedans chaque jour,
03:00mais pour nous, vos auditeurs et vos téléspectateurs, le point majeur, c'est que nous avons réussi à faire admettre à nouveau, si je puis dire,
03:09après une période quand même de creux qui a duré une dizaine d'années, on a réussi à faire admettre à la Commission européenne que verser des aides de manière indolore,
03:20non fléchée, non couplée à la production indépendante du territoire, ça n'avait pas de sens. Il fallait redonner du sens à ces aides,
03:29d'où les 15 % qui vont être couplés, notamment sur les productions animales, en priorité, et puis un deuxième pilier à travers lequel on va pouvoir corriger
03:38à la fois un certain nombre de handicaps naturels, avoir une politique, nous l'espérons, efficace en matière de soutien à l'investissement et à la modernisation,
03:46dont je dis d'ailleurs que ça aussi, c'est de l'emploi, quelque part. Donc, évidemment, quand on analyse la somme en valeur brute, ça peut paraître beaucoup.
03:56Quand on la ramène, malgré tout, aux dépenses totales, et en particulier aux dépenses qui concernent le secteur agricole,
04:03il faut toujours les ramener aux dépenses globales du secteur agricole, ça reste quand même assez modeste.
04:08Ces 0,3, 0,4 points du PIB, est-ce que c'est exagéré, sachant que le ministre de l'Agriculture est le seul ministre dans chaque gouvernement des 28
04:17dont son budget n'est pas à Paris, mais à Bruxelles ? Donc voilà, il faut relativiser les chiffres aussi, et en tout cas le coût de la dépense par rapport
04:25à ce que génère cet investissement. Puis si vous me le permettez, parce qu'il faut quand même qu'on soit un peu fiers de ce qu'on fait quelque part,
04:31oui, la PAC coûte, mais elle ramène aussi beaucoup de devises à la France, et en particulier son solde extérieur commercial,
04:40il est en particulier fait positivement par l'agriculture. C'est près de 12 milliards d'euros chaque année générés par le secteur agricole et agroalimentaire.
04:48Tout ça doit rentrer en ligne de compte.

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