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Election présidentielle 2012

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00:00Marc Fesneau, bonjour. Et merci beaucoup d'avoir répondu aux nombreuses questions des agriculteurs lors de ce chat. J'ai une première question sur la PAC. La proposition législative est en discussion actuellement.
00:19Et le dernier avis en date vient du comité des régions d'Europe représenté par René Souchon. Il propose le plafonnement des aides à 200 000 euros par exploitation, la reconnaissance des prairies en zone d'intérêt écologique et le réexamen de la suppression des quotas laitiers, des droits de plantation et des quotas sucriers.
00:39Comment François Bayrou se positionne dans ce débat ? Quelles seraient les trois mesures phares qui rendraient cette proposition acceptable ?
00:47Sur la proposition de la PAC, d'abord, avant de parler de contenu législatif, il faudrait qu'on puisse garantir l'enveloppe. On sait qu'il y a un débat sur l'enveloppe budgétaire. La politique agricole commune, c'est une des rares politiques communes de l'Union européenne.
01:00Et donc, pour nous, tout recul en termes budgétaires serait un très mauvais signe à la fois pour l'agriculture, évidemment, mais aussi un mauvais signe pour la construction européenne.
01:07Ça voudrait dire qu'on commence à renoncer à un certain nombre de politiques communes. Or, on a besoin d'une politique agricole commune.
01:12Vous considérez que ce n'est pas gagné ?
01:13Ah non, ce n'est pas gagné parce que le début de la discussion était plutôt dans une période budgétaire, on ne va pas dire heureuse, mais en tout cas solide.
01:21Et puis, les crises sont passées par là et on voit bien qu'il va y avoir une tension et de plus en plus une tension qui va tendre à essayer de diminuer la part du budget agricole dans le budget européen parce qu'il y aurait d'autres besoins et d'autres demandes.
01:34Donc ça, c'est le premier point. Le deuxième point, c'est les différentes options qui sont proposées. Je le prends dans le désordre, mais premier élément, c'est vrai que les mécanismes de régulation de marché, on a tendance plutôt à les défaire.
01:47Et nous, on pense qu'il y a quand même besoin d'un certain nombre de mécanismes de régulation.
01:52François Bayrou a lui-même indiqué qu'il regrettait, mais ceci dit, les choses sont faites, que les cotalétiers aient été supprimés parce que c'était un outil de régulation qui était intéressant
02:00et qui avait permis quand même de maintenir des exploitations, d'installer des jeunes parce que ça donnait de la perspective.
02:05Il y avait des défauts, hein, mais ceci dit, c'est devant nous, mais c'est vrai que la question de se reposer, la mobilisation de ces outils, c'est la même chose qu'on a sur les droits de plantation.
02:14Tout ça participe d'une ambiance générale qui est, il y a des demandes croissantes au niveau mondial et donc, il faut déréguler pour qu'on puisse produire, produire, produire.
02:21Simplement, derrière, il y a des producteurs. Il faut que les producteurs, il ne s'est pas seulement une fonction de production, il faut aussi qu'ils vivent de leur production.
02:29Et donc, il ne faut pas que la production se fasse au détriment de la rémunération des producteurs.
02:34Donc, les mécanismes de régulation, ils doivent être peut-être réinventés, mais ils doivent être maintenus et plutôt développés dans le moment qu'on vit.
02:39On voit bien qu'on va connaître des grandes tensions sur le plan alimentaire et qu'on a plutôt besoin d'outils de régulation pour éviter ces tensions.
02:47Voilà pour ça les mécanismes après de plafonnement des aides.
02:51Pourquoi pas, alors après, on peut discuter des seuils. Il faut voir à quel seuil et qu'est-ce qu'on prend dans les 200 000 et quelle est la part qu'on met de l'emploi dans les 200 000.
03:01Parce que la discussion, elle porte aussi là-dessus. Donc, c'est là-dessus qu'il faut s'attacher.
03:04Et puis, troisième chose là-dessus, il faut peut-être regarder aussi l'adaptation, c'est-à-dire comment nous nous méfions des changements brutaux qui peuvent aussi déséquilibrer des équilibres économiques conçus comme tels depuis longtemps.
03:16J'ajoute que ce n'est pas des mécanismes d'aide, c'est des mécanismes de compensation.
03:19François Bayrou l'a rappelé très récemment devant un millier d'agriculteurs lors du grand oral des candidats à la présidentielle.
03:28Il a rappelé aussi qu'il ne faut pas non plus que le monde agricole se sente complexé vis-à-vis des aides.
03:33Ce ne sont pas des aides, ce sont des compensations pour compenser le décalage qu'il y a entre le prix tel qui devrait être pratiqué et le prix que l'on pratique parce qu'on a décidé d'avoir une politique alimentaire de prix bas.
03:43Donc, oui éventuellement à des plafonnements parce qu'il y a peut-être des excès, mais en même temps il faut prendre en compte les aspects d'emploi et avoir un regard sur les aides qui soit un regard plus détendu.
03:52Vous êtes favorable ou vous êtes flexible ?
03:54Non, parce que c'est trop compliqué sans doute à mettre en oeuvre.
03:58Pour justifier les prix dont vous parliez tout à l'heure.
04:01Pour l'instant on a eu quelques années où il y a eu une tendance à la hausse, c'est vrai que ça pose la question de ça aussi.
04:07Mais à ce stade non, il faut plutôt des mécanismes qui soient stables et qui soient visibles pour tout le monde.
04:11Et les prairies présente-t-on dans les surfaces inter-écologiques ?
04:14Oui, alors il ne faut pas non plus que la perspective de mettre les prairies, on l'a vu les débats qu'il y a eu d'ailleurs récemment là-dessus, de mettre les prairies ayant un intérêt écologique, ce qui est vrai.
04:27Ça gèle absolument toute pratique agricole pour les éleveurs en particulier.
04:31On sait qu'on est dans des années parfois de sécheresse où il y a besoin de retourner les prairies.
04:34Il ne faudrait pas que ça ait tendance à avoir un effet inverse de celui attendu, c'est-à-dire que rapidement les agriculteurs décident de retourner leurs prairies pour ne pas être soumis à ces contraintes-là.
04:42On l'avait un peu vu à la PAC de 1992, il y avait eu un effet où on avait retourné des prairies pour les rendre temporaires et pour éviter de dire que c'est une prairie permanente et pour pouvoir bénéficier du système.
04:52Il y a des contraintes aussi agronomiques, il y a des contraintes écologiques propres à ces prairies-là qui font que si on ne les renouvelle pas parfois, elles perdent de leur intérêt en termes de production mais elles perdent aussi de leur intérêt en termes écologiques.
05:03Donc il faut regarder ça sans doute avec pragmatisme.
05:05Mais c'est vrai que les prairies ont en termes d'impact d'absorption de l'eau, en termes de biodiversité, elles ont un intérêt.
05:13Donc ça doit donner plutôt le sentiment d'éviter de retirer de la production agricole des surfaces agricoles si on mettait des prairies dans les surfaces.
05:19Oui, il y a de ça mais il y a aussi, je répète, la difficulté dans laquelle on va mettre des agriculteurs en gelant totalement des surfaces d'une certaine façon alors qu'il y a des pratiques agricoles qui sont connues.
05:30On sait qu'il y a des prairies qui sont des prairies permanentes, qu'on est obligé quand même de renouveler.
05:34Il ne faut pas que le remède soit pire que le mal.
05:37Vous parliez tout à l'heure des revenus. Le revenu moyen d'un Français, il tourne autour de 1500 euros par mois.
05:44Un revenu disponible, décent et rémunérateur pour les agriculteurs, il serait de combien ?
05:50Il ne peut pas être différent d'un Français classique.
05:55C'est bien la situation, la difficulté dans laquelle on est. C'est une profession qui travaille beaucoup, qui engage des capitaux de façon très importante et qui pour un certain nombre des agriculteurs ne trouve pas de juste rémunération à leur travail.
06:07Il faudrait que les agriculteurs aient le même niveau de vie ou de rémunération que la moyenne des Français si on peut faire des moyennes parce que les moyennes masquent de grandes disparités dans le monde agricole
06:16qu'en dans le monde plus général de ceux qui sont salariés ou chefs d'entreprise.
06:21La question est plutôt qu'on arrête de mettre les agriculteurs en situation de dépendance aux aides.
06:28Il y a beaucoup d'agriculteurs qui aujourd'hui, sans les aides, sans les compensations, n'auraient absolument aucun revenu.
06:34Parfois 80 ou 90 ou même plus de 90% du revenu dépend des systèmes de compensation et c'est ça qui est une véritable difficulté.
06:42Il faut qu'on arrive quand même à un moment à poser la question de dire que les prix, ça doit être aussi les éléments qui permettent la rémunération des agriculteurs et pas seulement les compensations.
06:51Je ne sais pas ce que c'est qu'une juste rémunération mais en tout cas pour le travail qui est fait et les capitaux engagés, manifestement la rémunération n'est pas juste pour les agriculteurs.

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