Partie 2/5 : Sortir de la crise... économique

  • il y a 3 mois
Interview privée avec Jean Michel Lemétayer

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Transcription
00:00Alors, justement, là, vous introduisez le plan d'urgence. Quel premier bilan vous dressez de ce plan d'urgence ?
00:07Est-ce que vous auriez des nouvelles revendications à faire à travers ce bilan ?
00:11Parce qu'on était justement partis sur une base d'un milliard de près. Là, on est à 1,8 milliard.
00:16On vous avait promis de toute façon de rallonger ces enveloppes au fur et à mesure que les dossiers allaient se poser.
00:22Est-ce que vous avez d'autres demandes à formuler pour accompagner, pour qu'aucun agriculteur soit victime
00:29comme l'a souhaité le ministre de l'Agriculture et passe à côté de ce plan ?
00:34La première chose, c'est que ça montre que, là encore, la revendication de la FNSA était juste.
00:40Puisque les demandes vont bien au-delà de la première annonce faite par le gouvernement,
00:47que ce soit d'ailleurs auprès de Trésorerie, en soutien aux agriculteurs en difficulté,
00:51dans le cadre de la procédure qu'on appelle FACT, où font les vendez-charge, les procédures agriculteures en difficulté.
00:56Je pense aussi aux jeunes en particulier, et puis au côté social avec l'allègement, là aussi, des charges sociales.
01:04On a été entendu, une nouvelle fois pour partie, puisque, à l'occasion du Salon de l'Agriculture,
01:11le Président a annoncé un complément à ce plan de soutien, c'est-à-dire qu'il va être possible d'honorer
01:21tous les prêts qui ont été déposés dans les délais, c'est-à-dire fin février.
01:27Il y a également une enveloppe supplémentaire pour le fonds d'allègement des charges.
01:31Je pense que, s'il y avait et s'il y a possibilité, ce que je souhaite, ce que je demanderais aux ministres,
01:40encore sur le plan de soutien, c'est côté social. Je pense en particulier aux employeurs de main-d'œuvre,
01:48dans les secteurs très touchés, je parlais tout à l'heure de l'arboriculture, parce que l'enjeu, c'est redonner du souffle
01:58à nos exploitations pour cette année 2010. Donc, le plan montre combien il était nécessaire, la réussite de ce plan,
02:07les demandes formulées par nos producteurs. C'est, je crois, à mettre à l'actif de la FNSEA.
02:15Maintenant, il faut tout faire pour que, dans chaque département, on ait la certitude de ne pas laisser tel ou tel producteur de côté,
02:27parce qu'on n'aurait pas trouvé la solution aux conséquences dramatiques d'une situation exceptionnelle de crise.
02:34– Et ce plan d'urgence, dont il a été mis en place à quelques mois de l'entrée en vigueur du bilan de santé de la PAC,
02:43est-ce que vous avez des inquiétudes à quelles vous ne pensiez pas il y a quelques mois, lorsqu'il a été décidé l'an dernier ?
02:51Est-ce qu'il y a des nouvelles inquiétudes qui remontent du terrain de votre part ?
02:56Les prix ne sont pas en rendez-vous pour les céréaliers. Or, il y avait une condition de faire « avaler » le bilan de santé
03:06en disant « bon, on avait misé, M. Barnier avait dit, les céréales vont remonter », comme vous dites,
03:12et le dernier rapport de François Drimmer le confirme, que vu l'abondance des stocks, ça ne remonte pas.
03:17Quel message vous voudriez adresser dans le cadre de ce bilan de santé, à un mois de déclaration PAC ?
03:22– Je n'ai pas changé de position depuis l'an dernier. J'ai toujours dit que le rééquilibrage était nécessaire,
03:32et en même temps, que la hauteur de la marche, et donc l'effort, demandé aux producteurs de grandes cultures
03:40ne serait supportable que si les marchés étaient bons. Ce n'est pas le cas. Ça veut dire quoi ?
03:48Ça veut dire qu'au-delà de l'évolution des aides, le comité de suivi promis par le gouvernement doit travailler,
03:57doit évaluer, sans attendre la fin de l'année, la situation dans laquelle on va se trouver,
04:03parce qu'il est clair qu'au marché actuel des céréales, l'amputation des aides à ces producteurs de grandes cultures
04:11va mettre à mal énormément de producteurs. Donc, je suis sur une ligne extrêmement claire à la FNESOA,
04:18la fonction de la situation des marchés au cours de l'été prochain, donc de la nouvelle récolte,
04:22il faudra tout de suite réagir et prendre les mesures de soutien, si nécessaire, aux revenus des grandes cultures,
04:30parce qu'on n'a pas le droit d'attendre le mois de décembre, c'est-à-dire le versement des aides, en termes de trésorerie.
04:38En termes de trésorerie ou en termes de recettes, de ressources, c'est pour la fin de l'année.
04:43Mais on doit faire valoir suffisamment le bon sens paysan, et j'envoie le message au gouvernement pour dire
04:51n'attendez pas décembre, au moment où on envoie des aides, pour dire que la situation va être délicate.
04:56Donc on n'en est pas là, on est au mois de mars. Mais ce que je veux dire par là, c'est que la position de la FNESOA
05:02a toujours été extrêmement claire. Donc 1, comité de suivi. 2, être capable de reconnaître que l'effort demandé
05:14ne sera pas supportable si les marchés savent ce qu'ils sont.
05:17Alors, vous n'êtes peut-être pas sans savoir que les GIA, la semaine dernière, ont été présentés, les GIA d'Île-de-France,
05:24pour être précis, ont été présentés un certain nombre de propositions pour faire face éventuellement à...
05:29La FNESOA y était.
05:31Oui, bon. Mais c'était GIA d'Île-de-France qui conduisait un petit peu avec la FNESOA d'Île-de-France aussi.
05:37Non, non, non, non, non. La FNESOA d'Île-de-France, non, non. Il faut dire les choses justes.
05:42C'était en présence des 3 organisations nationales, dont la FNESOA. Le président de la FNESOA a été représenté par Jean-Bernard Bayard.
05:50Bon. L'idée intéressante, il y avait une idée intéressante qui était de demander une forme d'aide contre Assytlit pour compenser la perte d'aide
05:58si les prêts n'étaient pas au rendez-vous.
06:00Mais c'est pas... Attendez. Pardon, attendez. C'est pas une question nouvelle. J'ai tout... Ecoutez.
06:06Avec les réformes, enfin... Moi, j'ai sans doute l'inconvénient de la constance. Qu'est-ce que j'ai dit avec la Nouvelle PAC et les crises qu'on a vécues ?
06:20Parce que rappelez-vous la flambée des prix de matières premières. Qui revendiquait quoi en 2007 ?
06:27En 2007, quand les prix flambaient, moi, j'aurais souhaité qu'on fasse un effort envers l'élevage, déjà,
06:34quitte à ce qu'après, on fasse un effort envers les grandes cultures. Ca veut dire quoi ? Ca veut dire que, effectivement,
06:42l'Europe doit regarder autrement sa gestion des marchés. On devrait avoir l'intelligence d'aider plus quand ça va mal et d'aider moins quand ça va bien.
06:54Et c'est ça, le système contre Assytlit. Donc, il n'y a rien à inventer. Il y a longtemps que j'ai posé cette question.
07:01Le problème, c'est que le vrai sujet, il ne se passe pas à Paris. C'est comment on fait avancer ce dossier, cette approche,
07:09qui est d'ailleurs notre revendication majeure. Tout le monde sait que la politique agricole est européenne.
07:15C'est comment faisons-nous pour que l'on infléchisse sérieusement la politique agricole européenne, qu'on la sorte du tout libéral
07:28et qu'on la sorte surtout de la logique dans laquelle nous avons été entraînés en 2003, où elle se résume de manière extrêmement simple, cette politique.
07:40C'est le tout-marché et l'aide directe. Et donc, que le marché aille bien, tant mieux. Il va mal, vous avez l'aide directe.
07:47Donc, il faut sortir de ce schéma trop simple qui ne répond absolument pas à des marchés qui sont devenus erratiques,
07:55qui sont devenus extrêmement volatiles. Et on a tout vécu en 3 ans. Tout vécu en 3 ans. Et il n'y a aucune réponse de la politique agricole européenne
08:09par rapport à cette volatilité des prix, enfin des marchés donc et des prix.

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