Christophe Euzet, candidat Renaissance battu dans la première circonscription des Pyrénées-Orientales

  • il y a 2 mois

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00:00Ancien député de l'Hérault, candidat battu la semaine dernière au premier tour sur la première circonscription des Pyrénées-Orientales.
00:06Bonjour Christophe Eusée.
00:08Bonjour Stéphanie Beaumont.
00:09Merci d'être avec nous ce matin pour commenter les résultats de ce second tour.
00:12Résultat inattendu, inédit, 150 sièges pour Ensemble.
00:17On peut parler d'une résurrection de votre camp ce matin ?
00:20Non, je crois que ce sont des questions qui intéressent assez peu les Français.
00:23C'est un mouve de soulagement parce que ça témoigne du fait que nous n'avons pas disparu,
00:27contrairement à tout ce qui avait été prédit.
00:29Il y a un corps central dans l'édifice politique français qui existe, qui a vocation à demeurer.
00:34C'est surtout un énorme ouf de soulagement de voir mis de côté le programme mortifère de Jordan Bardella
00:42qui manifestement a fait état du fait que le Rassemblement National était resté,
00:46demeurait un parti d'opposition, un parti de contestation
00:49et qui a fait état cette semaine de son incapacité à rassembler des troupes crédibles
00:53et de l'incapacité qu'il a apporté à un projet cohérent.
00:56Un ouf, mais vous passez désormais d'une majorité relative à l'obligation de vous entendre avec un bloc de gauche
01:04avec qui ça n'a pas toujours été simple.
01:06Est-ce qu'aujourd'hui la France est gouvernable ce matin ?
01:10Je crois qu'il ne faut pas se voiler la face, les choses vont être compliquées.
01:13Quand on regarde les chiffres de près, on se rend bien compte que pour gouverner,
01:16il va falloir faire une coalition, une alliance qui va au très très large et si on écarte,
01:20parce que je pense que c'est le trait qui va se dessiner progressivement.
01:24La France insoumise de ce bloc de coalition, il va falloir aller très large, des socialistes, des écologistes,
01:29des communistes jusqu'au bloc central et peut-être même probablement sur sa droite.
01:35Sur les républicains ?
01:37Si on compte le détail, on n'est pas loin de devoir solliciter quelques voix des républicains,
01:41ça veut dire une alliance extrêmement large.
01:44Moi je crois qu'il faut surtout prendre un temps de respiration maintenant,
01:46savourer les Jeux Olympiques, laisser le pays se reposer un peu, se remettre de ses émotions
01:52avant de rentrer dans des péripéties qui vont s'avérer relativement compliquées.
01:55Qui vous choisissez comme Premier Ministre si vous en avez l'opportunité demain
01:59entre Raphaël Glucksmann, Valéry Rabeau, Gabriel Attal, François Ruffin ?
02:03Écoutez, vous connaissez la Constitution aussi bien que moi,
02:06vous savez que c'est le Président de la République qui choisit le Premier Ministre.
02:08Mais le fait de le choisir n'est pas l'élément essentiel.
02:10L'élément essentiel, c'est de choisir un Premier Ministre qui soit capable de constituer une coalition,
02:15une majorité de gouvernement.
02:17Et dans ces noms-là, vous voyez quelqu'un qui pourrait faire cette aïoli ?
02:20Je pense que le Président de la République est mieux habilité que moi à choisir la personnalité
02:25qui fera consensus autour d'elle, encore une fois.
02:28Pour être très honnête avec vous, moi j'ai l'impression que la coalition qui va être mise en place,
02:32qui passe par l'éclatement du Nouveau Front Populaire,
02:35c'est-à-dire la mise à l'écart de la France Insoumise, je ne vois pas comment on pourrait faire autrement,
02:38va demander des personnalités de très large consensus
02:41pour essayer de faire fonctionner le pays pendant au moins une période d'un an,
02:45de façon consensuelle, apaisée.
02:48Vous vous préparez déjà dans un an à ce qu'on revote ?
02:51Mais je crois qu'il faut être licite sur la situation du pays.
02:55On va avoir un gouvernement d'une très large coalition,
02:59extrêmement large sur l'éventail politique.
03:02On va passer l'été, je vous l'ai dit, en regardant les JO, en s'apaisant un petit peu sur la plage.
03:05A la rentrée, il va falloir voter le budget.
03:07Et puis on va rentrer dans une réalité de la vie politique
03:10qui fait qu'on doit gouverner un pays avec des tendances politiques
03:13qui sont relativement opposées.
03:15Mais je crois que l'essentiel n'est pas là.
03:17Parlons de l'essentiel, vous êtes prêt à voter,
03:19à revenir sur la réforme de l'assurance chômage,
03:21à voter un SMIC à 1600 euros ?
03:23Il ne vous aura pas échappé que j'ai perdu l'élection,
03:26que je ne serais pas en situation de voter.
03:28Hélas, j'aurais aimé prendre part au débat
03:30et savoir ce qui va sortir de tout ça.
03:33Je ne suis pas sûr que ce soit pour l'abolition des retraites
03:37que les Français se soient exprimés.
03:40Et pourtant, hier soir, le nouveau Front Populaire était clair.
03:43Tout le programme, rien que le programme.
03:45Oui, Jean-Luc Mélenchon a même appelé à nommer
03:47un Premier ministre de la France Insoumise.
03:49Je crois qu'il faut être sérieux,
03:51arrêter de prendre les Français pour des enfants.
03:54Et c'est sur ça que je voulais vous dire un mot.
03:56Parce que je crois qu'on ne va pas pouvoir continuer comme ça.
03:59Il va falloir qu'on redevienne un petit peu sérieux.
04:01Il va falloir qu'on se mette autour de la table
04:03et il va falloir qu'on parle.
04:04On ne peut pas se jeter dans les bras d'une dictature fascisante
04:07parce qu'il y a quelques femmes voilées dans la rue
04:10et qu'on voit passer les caravanes de gitanes l'été.
04:12On ne peut pas ignorer la radicalité grandissante d'une partie de la population.
04:16Il faut pousser le curseur de façon à être suffisamment crédible
04:20d'un point de vue répressif.
04:22On ne peut pas faire croire comme le fait Jean-Luc Mélenchon
04:24qu'on va prendre tout l'argent aux riches pour le donner aux pauvres.
04:27Tels euros, ce n'est pas sérieux.
04:29Ce n'est pas digne d'un pays, d'une grande démocratie comme la nôtre
04:31qui a parlé et qui a dit les extrêmes, nous n'en voulons pas.
04:34Émission spéciale législative aujourd'hui sur France Bleue Russie.
04:37France Bleue, matinale spéciale législative 2024.
04:42Stéphanie Morin.
04:43Il y a une heure, Louis Alliot a ce micro évoqué un chaos à l'Assemblée nationale.
04:47Vous lui donnez raison.
04:49À la rentrée, il va y avoir un chaos ?
04:51Non, pas du tout.
04:52Il n'est pas question de chaos, il est question de discuter.
04:55On est dans un pays dans lequel on n'a pas l'habitude de discuter.
04:57Pour une fois, on va devoir se mettre autour de la table
04:59et discuter d'un certain nombre de choses.
05:02Il va falloir qu'on apprenne, c'est assez inédit dans notre pays,
05:05non pas à avancer les uns contre les autres, mais à avancer ensemble.
05:09Je disais tout à l'heure un certain nombre de choses sur lesquelles il va falloir venir,
05:11mais je crois quand même qu'on ne peut pas continuer dans notre société
05:16avec une telle méconnaissance de l'opinion de l'autre,
05:19avec une telle méconnaissance d'ailleurs du système dans lequel nous vivons.
05:22J'ai battu campagne, je me suis rendu compte du fait que
05:25beaucoup de gens ignorent à peu près tout du système institutionnel dans lequel nous vivons.
05:29Il faudrait qu'on remette en question peut-être cette lobotomie de groupes
05:33que nous proposent CNews et BFM TV
05:36et qui conduit à des comportements absolument incompréhensibles
05:39de la même façon que les réseaux sociaux, dont on voit bien les défauts.
05:43Jordan Bardella a surfé sur les réseaux sociaux pendant une période de la campagne
05:47et puis il a pris les réseaux sociaux en boomerang dans la figure sur le deuxième tour
05:52parce que tout le monde a vu qu'en fait ces candidats étaient des candidats fantastiques,
05:55des candidats qui n'avaient rien de sérieux pour représenter le pays.
05:58Alors vous dites qu'il va falloir apprendre à se parler,
06:00en même temps la charge que vous venez de mettre à la France Insoumise
06:03nous laisse penser que ça risque d'être compliqué.
06:05Le ORN de son côté parle de tambouille électorale par rapport à ce front républicain
06:09qui l'a empêché d'accéder à une majorité absolue.
06:12Ça paraît compliqué.
06:13Christophe faisait localement sur la circonscription sur laquelle vous étiez candidat.
06:17Sophie Blanc a été réélue.
06:19Il semble que beaucoup de vos électeurs se soient abstenus.
06:22Quels sentiments ou quels enseignements vous en tirez-vous de ce second tour sur Perpignan ?
06:27Moi je crois qu'au-delà de Perpignan, sur les Pyrénées-Orientales globalement
06:31les électeurs ont baissé les bras pensant que le combat était perdu.
06:35Mais moi je crois qu'il faut donner des gages d'espoir à nos concitoyens des Pyrénées-Orientales.
06:42Je crois très honnêtement qu'il y en a marre d'être représenté par 4 députés EES du RN
06:48le doigt sur la couture, qui n'ont même pas le droit de parler au niveau national,
06:52qui ne prennent même pas la parole entre deux tours au niveau local
06:56et qui témoignent du fait que le RN n'a absolument rien à produire.
07:00De la même façon, au niveau local, je crois qu'il faut en terminer avec Louis Alliot
07:05qui ne représente que lui-même, qui n'aime pas la ville,
07:08qui n'aime pas les Catalans, qui n'a aucun projet pour celle-ci,
07:11qui dérivait d'ailleurs d'être ministre à côté de ses fonctions municipales.
07:14Je crois que nous devrions arrêter de nous administrer la fessée nous-mêmes.
07:18Les Catalans veulent mieux, valent mieux que ce projet mortifiant pour la ville de Perpignan.
07:22Mais si les Catalans au contraire veulent du changement
07:24et ils estiment que le RN c'est un parti qui peut les écouter
07:28et qui peut porter...
07:30Est-ce que ce n'est pas aussi une défaite de voir réélu ici dans ce département
07:34alors qu'il y a un renversement au niveau national,
07:36de voir réélu aussi confortablement ces quatre députés ?
07:39Est-ce que ce n'est pas une défaite de la gauche, de votre camp aussi ?
07:42C'est justement ce que j'étais en train de vous dire.
07:44Je crois qu'il faut amorcer quelque chose de nouveau,
07:46faire en sorte de réintégrer la charrette.
07:48Nous sommes aujourd'hui dans une situation dans laquelle
07:50ni le maire de Perpignan,
07:52ni aucun des quatre députés qui nous représentent ici à l'Assemblée nationale
07:56n'est pas en mesure de porter des projets et des propositions au niveau national.
07:59Nous n'existons plus au niveau national.
08:01Je trouve qu'il est extrêmement préjudiciable,
08:03au regard de l'histoire de nos Péganais orientaux,
08:06d'être à la marge d'une société politique
08:08qui va continuer à avancer alors que nous nous reculons.
08:11Est-ce que vous nous dites, Christophe Eusée,
08:13qu'il va falloir compter sur vous en 2026 pour le municipal à Perpignan ?
08:17Je n'ai pas cette prétention, mais en tout état de cause
08:19je me mobiliserai avec ceux qui se mobiliseront
08:22pour mettre un terme à cette gestion calamiteuse de la ville
08:25qui a été récemment dénoncée par un collègue à vous,
08:28de la presse écrite, Le Point.
08:30Pas forcément tête de liste,
08:32mais en tout cas dans une liste qui ira sur cette campagne.
08:35On est à deux ans désormais.
08:37Ecoutez, franchement, je crois que ça n'intéresse pas les Perpignanais aujourd'hui.
08:40Ça ne les intéresse pas de connaître qui ?
08:42Non, de savoir qui sera candidat aux élections en mars 2016.
08:44Mais qui s'intéresse à cette élection ?
08:46Je vous dis que je serai mobilisé en cœur de ville
08:48dans l'université qui est la mienne,
08:50puisque j'enseigne au cœur de ville désormais
08:52et à l'université de Perpignan depuis 25 ans
08:54pour faire en sorte que cette tragédie
08:56qui se passe à Perpignan trouve une issue favorable.
08:58Christophe Eusée,
09:00pour Ensemble,
09:02le groupe de la majorité présidentielle,
09:05vous étiez candidat sur la première circonscription.
09:07Et on a bien compris, on vous entendra encore
09:09sur nos ondes sur France 2 aussi.
09:11Bonne journée à vous.

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