Au Royaume Uni, la gauche l’emporte en faisant de l’anti-Mélenchon

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00:00Bonjour Eugénie Bassier ! Bonjour à tous !

00:02Eugénie, vous souhaitiez revenir ce matin sur les élections britanniques d'hier qui viennent de donner une majorité écrasante au Labour.

00:07Quelles leçons en tirer pour la France ?

00:10C'est vrai qu'en France, en ce moment, on est trop occupé à construire des barrages pour regarder ce qui se passe de l'autre côté de la Manche.

00:15Pourtant, c'est très intéressant parce qu'à première vue, le Royaume-Uni peut sembler bien mal en point depuis le Brexit,

00:21déchiré par le communautarisme et la crise des services publics.

00:24Mais à l'occasion de cette élection, on voit aussi un pays où le débat démocratique a lieu de façon constructive

00:30et où l'alternance entre droite et gauche de gouvernement fonctionne correctement.

00:34Quand on regarde le duel Trump-Biden aux Etats-Unis, où l'on a un face-à-face entre la vulgarité et la sénilité,

00:40quand on contemple l'état du débat public français qui se résume à un seul sujet, non pas sa rane,

00:46on ne peut que souligner la vitalité de la vieille démocratie britannique.

00:50À rebours de pays européens où la droite consécutive et populiste grimpent inexorablement,

00:56c'est la gauche qui triomphe dans les urnes. Comment expliquer cette défaite de la droite ?

01:01Il y a plusieurs raisons à cela. D'abord, l'usure naturelle des conservateurs qui sont au pouvoir depuis 14 ans,

01:06qui sont déchirés par des divisions internes incapables de réaliser leurs promesses.

01:10En 2019, les Tories avaient gagné les bastions traditionnellement de gauche sur un discours axé sur un rééquilibrage social,

01:17ce qu'ils appelaient le « leveling up ». Ils avaient gagné le vote de ceux que David Goddard appelle les « somewhere »,

01:22les gens de quelque part, dont les « anywhere », l'élite diplômée et sans attache, avaient oublié l'existence.

01:28Hélas pour eux, le Covid et la guerre en Ukraine les ont empêchés d'avoir les marges budgétaires suffisantes pour mener à bien leur projet.

01:35Ils ont aussi totalement échoué sur l'immigration.

01:38685 000 personnes sont entrées au Royaume-Uni en 2023, un record, bien plus qu'avant le Brexit.

01:44D'ailleurs, Nigel Farage, le candidat populiste, en a profité puisqu'il vient de faire une percée historique avec quatre sièges au Parlement.

01:51Et comment vous qualifiez, Eugénie, le Labour de Keir Starmer qui triomphe dans les urnes ?

01:56On pourrait tout simplement le qualifier comme le contraire du nouveau Front populaire.

02:00Alors que la gauche française s'est soumise au programme de la France insoumise, aberrant sur le plan économique,

02:06ne tenant absolument pas compte de la question sécuritaire et migratoire, et complaisante avec l'islamo-gauchisme,

02:12Starmer a fait exactement l'inverse.

02:14Il a condamné fermement les actes terroristes du Hamas, défendu le droit d'Israël à se défendre.

02:20Il a purgé le parti des éléments antisémites, proche de Jérémy Corbyn, le Jean-Luc Mélenchon britannique.

02:26Il promet de ne pas augmenter les impôts et affirme que le Labour est le parti des entreprises.

02:31Il promet aussi de faire baisser l'immigration.

02:34Je le cite, « Je contrôlerai nos frontières et ferai en sorte que les entreprises britanniques soient aidées à embaucher en premier des Britanniques ».

02:41Il dit que le nucléaire est une part indispensable du mix énergétique britannique.

02:45Et, tenez-vous bien, dans la dernière ligne droite de l'élection, il a même déclaré que les trans n'avaient rien à faire dans les toilettes pour femmes,

02:52afin de rassurer l'électorat conservateur.

02:54Bref, à peu près tout l'inverse du programme du Nouveau Front Populaire, qui veut régulariser plus d'immigrés,

03:00ne parle ni de nucléaire ni de défense, prévoit plus d'impôts et veut désarmer la police.

03:05Alors, comme toujours, la gauche française est prisonnière de ses extrêmes,

03:10est condamnée à survivre uniquement par le théâtre antifasciste.

03:14Elle ferait mieux de travailler un peu plus et peut-être de regarder vers les travaillistes.

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