La gauche Ubereats

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Transcript

00:00 Eugénie Bastier, bonjour.

00:02 Bonjour, votre coup d'oeil du vendredi.

00:04 Vous nous parlez ce matin d'une enquête passionnante

00:06 sur la livraison de repas à domicile

00:08 qui est publiée dans l'hebdomadaire Le Point

00:10 et les résultats sont assez surprenants.

00:12 Oui, c'est une enquête très révélatrice

00:14 qui a été réalisée par l'institut Cluster17

00:16 pour Le Point sur le profil type

00:18 du consommateur qui utilise, vous savez,

00:20 ces plateformes de livraison de repas à domicile

00:22 Uber Eats, Deliveroo, pour ne pas les citer.

00:24 Eh bien, figurez-vous que ce profil type

00:26 s'apparente à un étudiant de gauche

00:28 vivant dans une métropole.

00:30 Les électeurs se positionnant très à gauche

00:32 sont les plus nombreux à utiliser

00:34 ces plateformes à 29%

00:36 contre 19% des Français en moyenne.

00:38 Alors Cluster17, c'est un

00:40 institut de sondage très intéressant

00:42 puisqu'il a une méthode originale,

00:44 il découpe la population française en groupes

00:46 qu'ils appellent les clusters, il y a les identitaires,

00:48 les libéraux et les progressistes.

00:50 Les progressistes sont plutôt jeunes, plutôt diplômés,

00:52 ils travaillent souvent dans les arts du spectacle,

00:54 ils sont pro-européens, pro-accueil des migrants,

00:56 pro-écologie, ils votent

00:58 à gauche ou à l'extrême gauche.

01:00 Ils représentent seulement 5%

01:02 des Français et c'est chez eux que le recours

01:04 aux plateformes de livraison de repas

01:06 atteint un record à 46%.

01:08 - Fallait poser cette question-là.

01:10 Ça vous choque ce recours massif

01:12 à la livraison de repas ?

01:14 - Vous, vous utilisez ce genre de plateforme, Dimitri.

01:16 Après tout, vous aurez le droit, puisque vous êtes un

01:18 afro-libéral de droite, pro-capitaliste,

01:20 tout le monde le sait. - Mais oui, bien sûr.

01:22 - J'avoue que je suis plutôt étonnée de voir des gens

01:24 qui se disent de gauche recourir sans état d'âme

01:26 à des suppôts du marché le plus

01:28 acharné qui ne payent même pas leurs impôts en France.

01:30 Alors avant, ça avait un nom, on appelait ça

01:32 la gauche caviar.

01:34 Le Point leur avait trouvé un nouveau nom, ils appellent ça

01:36 les boluches, vous savez, les bourgeois mélanchonistes.

01:38 On pourrait appeler ça aussi la gauche

01:40 uberits. La gauche uberits,

01:42 c'est celle qui déguste

01:44 des sushis livrés par des sans-papiers

01:46 qui ont sué à vélo tout en maudissant le capitalisme

01:48 néolibéral. La gauche uberits,

01:50 c'est celle qui appelle à davantage

01:52 de mixité tout en mettant ses enfants

01:54 dans une école privée ultra-sélective

01:56 ou qui prend l'avion pour Tahiti

01:58 avec l'argent du contribuable tout en

02:00 empêchant Chantal et Jean-Pierre d'utiliser

02:02 leur SUV à Paris. - Vous, personnellement

02:04 Eugénie, parce que vous m'attaquez sur les

02:06 plateformes, est-ce que vous les utilisez, ces

02:08 plateformes de livraison de repas ? - J'évite,

02:10 d'abord parce que les plats arrivent froids, et ensuite

02:12 parce qu'il s'agit d'une forme sinon d'esclavage

02:14 du moins d'exploitation. Je préfère,

02:16 je l'avoue, la droite bistro à la droite Deliveroo

02:18 ou la droite steak frites à la droite

02:20 Uber Eats. Alors c'est vrai que moi

02:22 ce que je trouve assez fou, c'est qu'on a

02:24 aboli la domesticité au XXe siècle, parce qu'elle

02:26 était liée à un mode de vie aristocratique

02:28 devenu obsolète, mais on a restauré au

02:30 XXIe siècle une forme de

02:32 domesticité 2.0.

02:34 C'était bien la peine de faire la révolution,

02:36 tout ça pour donner l'illusion à des habitants

02:38 des métropoles en voie de précarisation de

02:40 vivre comme des millionnaires en se faisant livrer

02:42 sur le palier des cafés et des sandwiches

02:44 par un lumpenproletariat de força.

02:46 De força, oui, parce que la livraison à domicile

02:48 repose principalement sur

02:50 l'exploitation des migrants sans papier,

02:52 les natifs, les français,

02:54 refusant de pratiquer des emplois aussi précaires

02:56 que pénibles. Elles ont besoin,

02:58 ces plateformes ont besoin de l'importation

03:00 continue d'une main d'œuvre bon marché,

03:02 facilement exploitable.

03:04 Cela d'ailleurs renvoie à nos débats à l'immigration

03:06 à l'Assemblée en ce moment, et notamment le fameux article 3,

03:08 puisque en prenant

03:10 la régularisation des clandestins et en

03:12 justifiant l'immigration massive

03:14 par humanisme, la gauche se fait

03:16 en réalité la meilleure alliée de ces plateformes

03:18 qui proposent des formes d'emplois

03:20 intrinsèquement déshumanisantes.

03:22 La gauche uberits, c'est plus

03:24 qu'une simple contradiction, c'est une complicité.

03:26 Voilà, si vous cherchiez des raisons pour

03:28 lesquelles vous êtes de plus en plus nombreux

03:30 chaque matin à écouter Europe Un Matin,

03:32 Eugénie Bastier, entre autres,

03:34 en est une preuve. - Bravo d'ailleurs à toute l'équipe de La Matinale.

03:36 - Donc vous faites partie, Eugénie,

03:38 évidemment, et vous revenez avec la semaine prochaine.

03:40 Catherine Né,

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