Loïg Chesnais-Girard, président de la Région Bretagne, invité de France Bleu Armorique, jeudi 4 juillet.
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00:00À trois jours du second tour des législatives, quels vont être les arbitrages dans les différentes circonscriptions bretonnes,
00:05alors que pour la première fois, le Rassemblement National est présent partout au second tour valentin ?
00:09On en parle ce matin avec le président de la région bretagne. Bonjour Loïc-Géné Gérard.
00:12Bonjour.
00:13Avant de vous entendre sur la situation politique, un mot sur vous d'abord.
00:16Vous n'êtes plus au Parti Socialiste depuis deux ans, vous n'êtes pas non plus macroniste.
00:21Vous vous situez comment finalement en ce moment et qui représentez-vous ?
00:24Moi je suis un homme de gauche, un social-démocrate européen, décentralisateur qui veut servir son territoire.
00:29Et donc dans le moment, je suis dans la dynamique du Rassemblement de la gauche parce que nous avons besoin d'un enthousiasme,
00:35nous avons besoin d'un espoir face à l'offre du Rassemblement National. Et c'est cela que je pousse en ce moment.
00:41Vous appelez donc à faire barrage au Rassemblement National, peu importe le candidat qui se trouve en face ?
00:47Je pense qu'il serait important de ne pas avoir de majorité absolue pour le Rassemblement National.
00:51Vos auditeurs savent ce qu'ils veulent voter. C'est pas à moi de leur dire, votez ça ou votez ça.
00:57Moi je pense qu'il faut empêcher une majorité absolue du Rassemblement National.
01:00Et effectivement, je soutiens tous les candidats du spectre républicain pour faire en sorte qu'ils puissent offrir une autre forme de politique dans l'Assemblée.
01:10Mais il va falloir que ça change, les citoyens l'ont bien dit très clairement.
01:13Un candidat insoumis face à un candidat Rassemblement National, vous n'appelez pas à voter pour le candidat insoumis ?
01:18Ah si, je l'ai dit, j'ai fait plusieurs messages...
01:20Vous dites l'arc républicain, qu'est-ce que vous entendez par arc républicain ?
01:22Je vais dire les choses très clairement. Nous avons effectivement des problèmes, et j'ai quitté l'EPS à cause de la nupes,
01:28parce qu'il y a des membres de LFI, et parmi les plus éminents d'entre eux, qui utilisent la brutalisation du débat politique, qui utilisent le chaos pour attirer des électeurs.
01:38Et ça va à l'encontre de vos convictions.
01:39Et pour certains d'entre eux, qui utilisent des mots qui sont très clairement condamnés, fermement, notamment quand on parle d'antisémitisme.
01:47Et moi, je suis un républicain convaincu. Ceux-là, ils s'excluent du champ démocratique.
01:52Mais ça ne condamne pas tous les militants d'LFI, ça ne condamne pas même tous les candidats d'LFI.
01:56Donc je ne mets pas un signe d'équivalence entre LFI et l'URN.
01:59Mathilde Dinier, arrivée deuxième dans la circonscription de Redon face au RN Jacques François.
02:05Je lui ai fait un mot de soutien hier.
02:06Donc vous appelez à voter pour elle ?
02:08Bien entendu, bien entendu. Elle était déjà députée, j'ai travaillé avec elle, je connais la ligne qui est la sienne.
02:13Le vote RN, Loïc Chenat-Gérard, a explosé partout en France avec plus de 33% au premier tour.
02:19La Bretagne ne fait pas exception.
02:20Est-ce que vous considérez aussi que vous avez votre part de responsabilité ?
02:24Est-ce que c'est un échec de votre action également en Bretagne ?
02:27Mais qui peut dire qu'il n'est pas responsable de la situation ?
02:30Il y a bien entendu tous nos petits renoncements, certainement.
02:33Et je prends ma part. Mais il y a surtout ce centralisme qui nous étouffe.
02:37Il y a surtout ce showbiz parisien qui est en échec avec la situation que nous connaissons depuis des années et des années,
02:43à savoir on annonce à la télé des grandes choses et il n'y a rien qui se passe dans les territoires.
02:48On annonce des trains gratuits pour tout le monde ou à des prix très bas pour tout le monde.
02:52On annonce des hôpitaux qui seront ouverts. On annonce des instits devant les écoles.
02:57Et qu'est-ce qui se passe ? On annonce des aides pour les agriculteurs versées dans les cinq semaines.
03:01Et il y a quoi qui arrive ? C'est insupportable.
03:03Moi, si j'annonce encore une fois quelque chose ou si un maire annonce quelque chose et qui ne le fait pas,
03:08le samedi matin à la boulangerie, il se fait taper immédiatement par ses concitoyens.
03:12C'est ça la réelle politique. C'est ça la vraie vie.
03:14La vraie vie, c'est des annonces qui sont concrètes ensuite dans la vie quotidienne.
03:17La santé, l'éducation, ce sont effectivement des compétences nationales.
03:21Pour ce qui est de vos compétences régionales comme les transports, le domaine agricole, les lycées,
03:27vous le répétez souvent, vous avez mis de l'argent, vous continuez à investir, pourtant ce n'est pas suffisant.
03:31Nous mettons de l'argent, nous continuons à en mettre et nous devons prendre toutes nos responsabilités,
03:34y compris quand nos propres services sont défaillants.
03:36Il faut continuer à être le plus performant possible.
03:38Mais je le dis, 2 euros sur 10 sont dépensés par les collectivités locales, maires, départements, régions.
03:448 euros sur 10, c'est l'État. Il va falloir que ça change. Il faut passer la main au territoire.
03:48Il faut faire en sorte qu'on décide en local.
03:50Ça peut faire France. Nous pouvons faire équipe de France.
03:53Je ne demande pas le démembrement de la République, je demande le renforcement de la République par les territoires.
03:57Cette capacité à décider localement.
04:00Les maires sont aussi responsables qu'un président de région ou qu'un ministre.
04:04Et c'est insupportable quand on a un problème dans le centre-Bretagne, à Fougère ou à Vésens,
04:08de devoir faire un texto à un ministre et d'attendre qu'il vous réponde pour trouver une solution toute simple.
04:12Je veux décider en local.
04:14Rapidement pour terminer, le vote RN des Bretons, vous le comprenez ?
04:18Vous dites quoi ? C'est une colère ? C'est une adhésion ?
04:21C'est d'abord un désespoir.
04:23Les fins de mois difficiles.
04:25Les galères de gens qui travaillent à temps plein et qui n'arrivent pas à boucler leur fin de mois.
04:30Le sentiment que tout se délite.
04:32Et je le comprends.
04:33Et je comprends cette colère.
04:34Mais nous devons, encore une fois, réagir tous ensemble.
04:36Moi, je veux de l'enthousiasme.
04:37Je veux de l'espoir.
04:38Je veux construire avec la société civile.
04:40On a tous une part dans la société, vous l'avez dit, je l'ai dit.
04:43Y compris les chefs d'entreprise, y compris les responsables sociétifs.
04:46Il faut qu'on fasse bloc ensemble pour répondre à la désespérance.
04:49L'enthousiasme, c'est un bon antidote à la peur et à la désespérance.
04:52Merci beaucoup Loïc Chénier-Gérard, vous qui êtes président de la région Bretagne,
04:55d'être venu ce matin sur France Bleu Amérique.
04:56Bonne journée à vous.