Bénin-Niger : les dessous de la crise

  • il y a 3 mois

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Transcription
00:00rejoint de manière plus large, quelles sont les conséquences économiques pour les deux pays ?
00:04Elles sont nombreuses, mais il faut préciser, en écho à ce reportage qu'on vient de voir,
00:09que les premières victimes dans cette affaire, c'est finalement la population rurale
00:14qui subvient à leurs besoins quotidiens grâce à ce commerce transfrontalier.
00:19Aujourd'hui, ce sont elles qui souffrent aussi bien au Bénin qu'au Niger.
00:24Et puis à côté de ces populations, on peut raisonner de manière plus, j'allais dire,
00:29macroéconomique, où là aussi, les deux États sont quelque part en train de s'infliger
00:36à eux-mêmes une situation compliquée.
00:39D'un côté, vous avez le Niger qui, par sa volonté ou par son projet pétrolier,
00:47j'allais dire, devait relancer son économie en pas de ce pipeline qu'on peut voir sur la carte
00:53qui permet de produire et d'exporter l'or noir vers l'étranger.
01:00Ce projet, on sait aujourd'hui qu'il est bloqué et pourtant, c'est là-dessus que comptaient
01:06les autorités militaires pour relancer, j'allais dire, renflouer les caisses de l'État.
01:11C'est une infrastructure qui a coûté plus d'un milliard de dollars,
01:14qui devait permettre au Niger d'atteindre 100 000 barils par jour.
01:19Ça n'en fait pas un gros producteur, mais ça a fait un producteur important, intéressant quand même.
01:24C'est d'ailleurs sur ce dispositif pétrolier que toutes les institutions avaient misé
01:30sur une croissance économique forte.
01:32C'est aussi sur cette, j'allais dire, projection positive que les Chinois qui exploitent ce pétrole
01:38avaient accepté d'avancer 400 millions de dollars aux autorités nigériennes.
01:43Mais aujourd'hui, tout cela est au point mort.
01:46Et puis de l'autre côté, vous avez les Béninois, Bénin, où le port, toute l'économie qui vit autour du port de Cotonou
01:55est aujourd'hui au point mort.
01:58Enfin, j'exagère quand je dis au point mort, mais avec un ralentissement sérieux de l'activité.
02:04Parce que ce qu'il faut savoir, c'est que le principal client de ce port, c'est le Niger.
02:10Le Niger qui n'a pas accès à la mer.
02:13Et il y a encore quelques années, ce port représentait 60% du PIB béninois.
02:19Et aujourd'hui, ce port qui perd 20% de son activité, on imagine l'impact sur les recettes du Bénin.
02:27Donc tout cela pour dire qu'on est dans un bras de fer complètement stérile qui pénalise et les caisses des deux États,
02:35mais surtout la population rurale.
02:37Et on l'a bien compris, tout le monde est perdant.
02:39Il y a quand même des efforts de médiation, notamment deux anciens présidents béninois, qui sont rendus à Niamey.
02:46Est-ce qu'on peut espérer une sortie de crise à court, moyen terme ?
02:51En tout cas, cette médiation, cette visite de Nisei Forsoglo, ancien président du Bénin au début des années 90,
03:01et Yaï Boni, qui est le prédécesseur de Patrice Salon, laisse entrevoir cette éventualité.
03:07C'est la première fois que les autorités nigériennes reçoivent des médiateurs dans cette crise.
03:13Mais en même temps, il faut rester très prudent parce que dans ce genre de dispute,
03:17il ne suffit de rien pour qu'on revienne au point de départ.
03:21Mais le fait d'avoir deux anciens présidents qui sont reçus par le général Tiani,
03:28on sait à quel point il peut être très dur et refuser de recevoir des médiateurs.
03:34Il les a reçus, ils sont rentrés, ils ont vu Patrice Salon.
03:38Souvenez-vous, dans le cas du Nigeria, ça avait été à peu près la même démarche
03:43où un ancien président et un émir sont allés à Niamey plusieurs fois par les autorités locales.
03:51Aujourd'hui, entre le Niger et le Nigeria, ça va mieux.
03:54Ce n'est pas le grand amour, mais ça va mieux.
03:57Donc on espère que cette médiation, en tout cas initiée par ces deux chefs d'État,
04:03aboutisse à quelque chose de similaire.
04:06Dans tous les cas, on parle déjà de la création d'une commission tripartite
04:11pour ramener la situation à la normale.
04:13On parle aussi de la CDAO qui souhaite, qui va se saisir très prochainement de ce dossier.
04:21On peut tout à fait remarquer que jusqu'ici, depuis février, depuis le début de ce bras de fer,
04:27la CDAO n'a pas réagi.
04:30Il faut suivre, on va voir.
04:32Mais dans tous les cas, il est aujourd'hui évident que c'est cette initiative des deux anciens chefs d'État,
04:39Yai Iboni et Nisei Forceoglo, qui pourrait donner quelque chose.
04:43Parce que, vous le savez, le Niger a quitté la CDAO.
04:47Et la CDAO n'a pas, en tant que telle, de levier aujourd'hui pour intervenir dans ce bras de fer.
04:54Encore une fois, que je qualifie de complètement stérile.
04:56Merci beaucoup Stéphane pour ce décret.

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