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Transcription
00:00Un peu de nouveau, qui nous vient du large, on en parle avec vous Cédric Ferreira,
00:04comme chaque jeudi, cette course autour du monde en solitaire et sans assistance qui se corse un peu.
00:10Ça c'est clair, ils ont pris l'eau et ils continuent de prendre l'eau pendant les heures qui suivent les skippers.
00:15Pour le moment, en tout cas au classement, on fait un point rapide, c'est Charlie Dalin qui est toujours le leader.
00:19Maintenant depuis plusieurs jours, il est suivi de près par Sébastien Simon.
00:23Les deux skippers ont creusé l'écart sur les poursuivants menés par Johan Richombe 3e.
00:28Ils sont au large des îles Kerguelen les skippers et je vous ai mis une carte spéciale celle-ci avec les forces du vent.
00:35C'est pour ça que vous voyez beaucoup de couleurs.
00:37Charlie Dalin et Sébastien Simon qui ont choisi une route beaucoup plus au sud, en pleine dépression.
00:42Qui dit dépression dit vent violent. C'est un système météo, on le rappelle, qui est à la base des cyclones.
00:48Et donc Charlie Dalin et Sébastien Simon, ils affrontent en ce moment des vents jusqu'à 65 km heure avec des rafales jusqu'à 90 km heure.
00:56Des creux dans les vagues qui peuvent aller jusqu'à 8 mètres.
00:59Donc ça secoue dans tous les sens. C'est un pas risqué pour eux.
01:02On verra si ça va tenir dans les prochains jours car qui dit vent violent dit risque de casse.
01:07Les autres passent dans une route beaucoup plus au nord.
01:10Une grosse partie de la flotte est loin derrière aussi dans des dépressions moins violentes.
01:16Cette partie de la flotte qui approche du Cap de Bonne Espérance.
01:19Voilà, ça tangue comme on dit. Vous allez dire peut-être bientôt de la casse.
01:22Il y en a un pour qui ça a déjà cassé.
01:24C'est Louis Burton, l'un des favoris, qui a donc dû renoncer à sa course.
01:28C'est un énorme coup dur pour le skipper de Bureau Vallès.
01:31C'est son quatrième Vendée Globe. Lors de la dernière édition, il avait terminé troisième.
01:35En fait, c'est vrai que la course a été très compliquée pour lui dès le départ.
01:39On l'avait vu dans les premiers jours devoir réparer une fissure sur son bateau.
01:43Ce sont les images que vous voyez où il a dû sortir tous les outils pour réparer cette fissure qu'il avait sérieusement fait douter.
01:49Un problème qu'il avait réussi à résoudre grâce à ses talents de bricoleur.
01:53Mais hier, mercredi, il a averti la direction de course qu'effectivement,
01:56il avait une sérieuse avarie sur un élément mécanique de son gréement.
02:00Qu'est-ce que le gréement d'un bateau ?
02:02C'est l'ensemble des éléments qui permettent de faire avancer le bateau.
02:05Ça comprend le mat, ça comprend le cordage.
02:08Il y avait un élément qui lui rendait l'avis impossible de diriger correctement le bateau.
02:13Après de longues heures de recherche avec son équipe technique, après de longues consultations,
02:18il a annoncé cette nuit qu'il a dû malheureusement pour lui abandonner.
02:22On imagine la douleur, le cœur douloureux de Louis Burton qui a donc dû faire demi-tour
02:27direction le Cap en Afrique du Sud pour aller réparer son bateau.
02:31C'était trop risqué d'affronter les tempêtes qui arrivent dans ces conditions-là.
02:35Et pour vous donner une idée des conditions à bord des bateaux,
02:38en ce moment, je vous propose de prendre la direction de la mer.
02:41On embarque avec eux et on commence avec Conrad Coleman.
02:44Il nous explique clairement la situation.
02:48Voilà comment ça se passe.
02:51Ça bouge, ça bouge, ça bouge.
02:55On surf.
02:57Là, on fait du 22 nœuds.
03:0023.
03:0324.
03:05Et...
03:12On est redescendu à 17.
03:14On accélère et on décélère tout le temps.
03:17Ça mouille. En tout cas, il y a des grosses vagues.
03:19On est pas mal sur notre véranda parce qu'on est bien au sec quand même.
03:25Tu me tiens bien comme en métro ?
03:37Et donc à bord, quand on dit casque et piolet,
03:40là, c'est vraiment casque et piolet. J'en ai pas.
03:43Petit filet.
03:46Injection.
03:48Ça, là, si je pars vers l'avant, je m'arrête dans le filet.
03:51Bon, quel courage. Il y a le filet de protection, il y a le casque et absolument tout.
03:54Évidemment, on pense fort à eux.
03:56On se disait à l'instant, waouh, il faut avoir envie d'y aller quand même.
03:59Alors, ça casse pour Burton, ça passe pour Yannick Betsaven
04:03qui s'est quand même fait une énorme frayeur.
04:05Le champion du Vendée Globe en titre à bord de son bateau Maître Coq.
04:08Son bateau est parti à l'abatté.
04:10Il s'est littéralement couché dans l'eau.
04:12Qu'est-ce que ça veut dire partir à l'abatté ?
04:14Les roues voiles sont mal positionnées par rapport à la direction du vent.
04:17Elles sont mal déployées et donc ça peut provoquer des situations comme celle-ci.
04:22Qui dit mat dans l'eau dit possible casse du mat.
04:24Et là, si le mat casse, c'est clairement l'abandon.
04:26Heureusement pour lui, ça a été. Mais il nous a raconté cette histoire. On l'écoute.
04:30Alors que je dormais paisiblement, le front m'est passé dessus.
04:35Et le bateau est parti à l'abatté.
04:37Je me suis retrouvé à l'envers.
04:39Les pieds dans l'eau, le mat dans l'eau.
04:42Donc, obligé de remettre tout ça droit en faisant bien attention de ne pas casser les lattes.
04:45Ça s'est plutôt bien passé.
04:47Et puis, depuis ce matin, grand beau temps.
04:51Donc ça, c'est plutôt sympa. Il fait même très bon.
04:56Le plus compliqué maintenant, c'est de faire avancer le bateau là-dedans
04:59parce que c'est les montagnes russes. La mer, elle est défoncée.
05:03La force tranquille quand même. Yannick Bessamen, on voit les vagues passer par-dessus.
05:07Il a l'air serein.
05:08Tranquille, serein, ça passe.
05:10Les skippers qui sont donc, on l'aura compris, dans les mers du Sud,
05:13on se rapproche de l'Antarctique, c'est une zone extrêmement périlleuse
05:17où ils peuvent potentiellement rencontrer notamment des icebergs.
05:20Ça, c'est la crainte des skippers et aussi de la direction de course pour la sécurité.
05:24Vous l'imaginez bien.
05:25Comme l'ont dit certains skippers, voir des icebergs en croisière, c'est sympa.
05:29En compétition, c'est moins intéressant.
05:32Exemple, en 2004, où le skipper Sébastien Joss avait percuté un iceberg,
05:35cassé son safran, abandon.
05:37Et là, la photo que vous voyez, c'est le skipper Jean-Luc Vandenheide
05:41lors du Vendée Globe 1989 avec un énorme iceberg devant lui.
05:44Il avait atterri dans un champ, heureusement sans accident pour lui.
05:47Là, c'est un autre iceberg pris par Samantha Davis en photo.
05:50En 2008, Samantha Davis, qui fait la course actuellement,
05:53elle en avait vu depuis son bateau.
05:55Alors, pour réduire les risques d'accident, depuis 2016, en fait,
05:57il y a une zone d'exclusion antarctique qui est mise en place.
06:01Comment ça se passe ? C'est très simple.
06:02En fait, c'est une zone où les skippers n'ont pas le droit d'aller.
06:05Et s'ils y vont, ils risquent des sanctions.
06:07Vous voyez sur cette carte la simulation du parcours
06:10où les bateaux passent proche de cette zone grisée tout en bas de l'image
06:13qui entoure donc l'Antarctique.
06:15S'ils entrent, c'est des pénalités de temps.
06:17Ils doivent faire demi-tour par l'endroit où ils y sont entrés.
06:19Ou alors, s'ils continuent, là, clairement, ils seront sanctionnés.
06:22Explication avec le directeur de course, Hubert Lemoynier.
06:27En fonction des informations qu'on va recevoir
06:30au fur et à mesure de l'avancée de nos bateaux,
06:34on se rend compte qu'il peut y avoir des détections
06:36soit par image satellite, soit même in situ par des pêcheurs
06:40ou autres navigants qui seraient dans le coin.
06:42Mais aussi, il peut y avoir une descente de la zone des glaces
06:45en fonction de la non-détection.
06:47Donc, selon certaines règles, on peut modifier cette zone d'Antarctique.
06:53Du coup, c'est quoi la meilleure méthode pour éviter ces icebergs ?
06:55Eh bien, on utilise des satellites.
06:57Et ça fait le lien avec ce que nous disait Sylvain Rousseau tout à l'heure.
07:00Ça se passe aussi dans l'espace pour le Vendée Globe.
07:02Une batterie de satellite prend des photos de l'Antarctique,
07:05analyse tout un tas de données pour aboutir à détecter des icebergs
07:09jusqu'à 80 mètres de long.
07:11Quand ils sont plus petits, c'est beaucoup plus difficile.
07:13Et le vrai danger, c'est les growlers,
07:15ces petits morceaux de glace qui se détachent des icebergs
07:17et qui peuvent entraîner des accidents.
07:19Explication avec Franck Mercier de la société CLS.
07:24Ils sont très dangereux, effectivement, pour les bateaux
07:26parce qu'ils sont à peine visibles.
07:27Même avec les moyens du bord du bateau,
07:28c'est quasiment impossible de les détecter.
07:30Et là, c'est vrai que notre modèle de dérive est intéressant
07:33car il permet de simuler cette dérive
07:35et d'anticiper un petit peu cette présence de growlers.
07:39Pour se finir sur une note positive,
07:41le Vendée Globe, c'est aussi un moment d'introspection pour les skippers.
07:44Je vous propose d'écouter Alan Roura
07:46qui nous a fait montrer ses talents de chanteur.
07:52Je voulais être dans le Grand Sud et batter dans le Grand Sud.
07:56Je voulais rentrer dans l'Indien et battre dans l'Indien.
07:59Il y a des albatros un peu partout,
08:01mais bon, comme on ne voit rien dans ce putain de bateau.
08:04On imagine, comme toujours.
08:09Tu voulais de la grosse mer, et ben t'es en plein dedans.
08:13Tu voulais du grand temps, et ben t'es dedans.
08:15Tu voulais te venger, et ben t'es derrière Jean.
08:17Comme toujours.
08:20Le large qui inspire est visiblement aussi un peu la solitude.
08:22Merci beaucoup Cédric.

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