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00:00On a la chance de recevoir en plateau Sébastien Simon, qui a terminé 3ème de ce prestigieux Tour du Monde.
00:05Bonsoir et bienvenue Sébastien, skipper du bateau Groupe Dubreuil.
00:09Votre Tour du Monde, vous l'avez bouclée il y a un petit peu plus d'une semaine, 67 jours, 12 heures,
00:15environ 3 jours après le vainqueur Charlie Dalin et 2 après le varroaïohan Richaume.
00:20Est-ce que vous êtes arrivé il y a un petit peu plus d'une semaine ?
00:24Comment se passe cette réacclimatation à la Terre ?
00:28C'était intense, on est arrivé, c'est un peu bizarre de passer 67 jours en solitaire
00:33et se retrouver entouré de public, de ses proches, de ses partenaires.
00:37Sablet, je rappelle, donc vous rentriez aussi à bon port.
00:40Voilà, je rentrais à la maison au Sable d'Olonne, donc c'est très particulier, j'ai reçu un accueil incroyable.
00:45D'abord ça a été un petit marathon médiatique, ensuite une belle soirée avec nos partenaires,
00:50et puis la gastro, soit après 67 jours tout seul c'était sûr, on me l'avait plus ou moins dit.
00:56C'était quoi justement du coup le premier repas à terre ?
00:59Ah non, la gastro, malade ! Ah pardon, je pensais à un repas gastronomique.
01:03Non, la gastro, malade.
01:05C'est revendu monde, les virus, tout ça.
01:07Exactement, on m'a dit il y a beaucoup la grippe, ben oui, moi j'ai eu la gastro.
01:11Et puis ensuite un petit marathon médiatique aussi à Paris, faire les plateaux télé,
01:16des moments d'échange, en tout cas ça a été une semaine très très intense.
01:20J'ai eu beaucoup de mal encore à me remettre au travail pour la gestion de mon entreprise,
01:25celle qui gère le projet Vendée Globe avec le groupe Dubreuil.
01:28Donc voilà, c'est bien occupé.
01:30Alors troisième, est-ce que vous en rêviez de ce podium justement avant le départ de ce vendredi ?
01:34Non j'en rêvais pas, l'objectif était tout simplement et humblement de terminer le Vendée Globe.
01:38On a eu une préparation très courte de seulement 18 mois avec ce bateau Groupe Dubreuil,
01:43un bateau qui avait déjà fait ses preuves en remportant The Ocean Race avant.
01:47Donc voilà, on savait que le bateau avait déjà fait ses preuves, mais moi non.
01:51L'objectif était simplement de terminer la course, ce qui est déjà un bel exploit.
01:55Secrètement je rêvais quand même d'un top 5, mais c'était très personnel, je ne voulais pas en parler,
02:01parce que voilà, on savait que le plateau était relevé avec les 40 concurrents au départ.
02:06Et finalement très vite je me suis rendu compte qu'un podium pouvait être réalisable.
02:10Et malgré un foil cassé à mi-parcours, voilà.
02:14On va en parler, racontez-nous un peu cette course incroyable.
02:17Partie donc le 10 novembre des Sables d'Olonne, descente de l'Atlantique à des vitesses,
02:22en tout cas à partir de l'équateur, à partir de Rio, à des vitesses très très élevées.
02:26Ça a longtemps été un trio aussi, un trio de têtes entre vous Charlie et Johan,
02:32et malheureusement cette casse mécanique, ce foil qui casse donc en plein océan indien.
02:38Oui c'est vrai qu'entre Rio et le Cap de Bonne Espérance, limite on a été téléporté,
02:42parce que c'est allé à des vitesses incroyables et des records sont tombés.
02:46Vous avez le record de mille parcourus sur 24 heures.
02:50On a le record avec 615 milles en 24 heures parcourues en solitaire.
02:53C'est le record absolu sur des bateaux monocoque, c'est-à-dire des bateaux à une coque.
02:57Avant ces records étaient détenus par des bateaux de 30 mètres de long.
03:00Aujourd'hui on les a avec des bateaux de 18 mètres en solitaire, ce qui est incroyable.
03:05Et équipés de ces deux appendices.
03:07C'est effectivement grâce à ces foils qui sont comme des ailes d'avion qui traînent dans l'eau,
03:12qui permettent aux bateaux de voler.
03:14Donc c'est un record où on a placé la barre très très haute,
03:18où il faudra probablement attendre 4 ans pour le voir tomber à nouveau.
03:23Et puis ensuite un océan indien aussi très rapide au début, avec effectivement Charlie et Johan.
03:29Il y a une prise de risque de votre part et de Charlie,
03:33de prendre cette option devant une dépression énorme derrière vous qui vous a poussé jusqu'en Australie.
03:39Il y a une dépression très creuse dans l'océan indien qu'on a dû affronter avec Charlie.
03:44En tout cas on a fait le choix de rester très sud.
03:46C'est-à-dire rester vraiment sur le chemin de la dépression.
03:49D'autres ont essayé de s'en échapper un peu par le nord.
03:52Mais l'un dans l'autre, j'ai estimé que ça ne changeait pas grand-chose.
03:58Et donc on s'est retrouvés tous les deux avec Charlie isolé dans le sud,
04:02à faire face à des vents assez violents.
04:04Et c'est moi qui ai pris finalement le plus de risques.
04:07Parce qu'à un moment j'ai décidé de mettre le pied sur le frein.
04:10Et c'était mon erreur parce qu'après je me suis retrouvé avec des vagues de 10 mètres de haut.
04:14Alors que Charlie a réussi, le vainqueur du Vendée Globe, à rester devant cette dépression.
04:18Les conditions les plus musclées que vous avez rencontrées sur ce tour du monde.
04:23Sébastien Amous sur ce bateau, vous le disiez, qui avait remporté un tour du monde en équipage.
04:28Il est conçu avant tout et à la base pour l'équipage.
04:31Comment vous l'avez adapté justement à une navigation en solitaire ?
04:34C'est à la suite malheureusement d'un accident qui aurait pu être dramatique.
04:38Puisque pendant les courses qualificatives, ma première course en solo sur ce bateau,
04:41j'ai eu une commotion cérébrale.
04:43J'ai dû me recoudre le front par neuf agrafes par moi-même.
04:48Et puis à mon retour, ils se sont rendus compte que j'avais une fracture de cervicale.
04:55Et donc du coup on a dû adapter avec l'implication du groupe Dubreuil,
04:59de la famille Dubreuil qui est passionnée d'aéronautique,
05:03l'ergonomie du bateau pour essayer d'évoluer dans un environnement qui est très violent,
05:08mais avec plus de sécurité.
05:10On vous voit d'ailleurs avec un casque sur ces images des bouchons anti-bruit
05:14puisque c'est extrêmement inconfortable ces bateaux là.
05:16C'est vrai que ça va très vite, mais c'est des bateaux en carbone avec un bruit assourdissant.
05:20Et ça, ça dure pendant des semaines et des semaines.
05:22Ça dure 67 jours. C'est très bruyant. 75 décibels moyens, 90 dans les plus hauts,
05:29voire 105 j'ai peut-être vu.
05:31Et porter un casque, aujourd'hui, ça devient essentiel
05:34parce que la violence des chocs devient quand même fondamentale.
05:38C'est le premier Vendée Globe que vous bouclez.
05:40Est-ce que vous rentrez différent ?
05:42Non, je suis toujours le même.
05:44C'est une aventure exceptionnelle.
05:46Ça ne vous change pas ? Ça ne change pas un homme ?
05:48Non, ça ne change pas un homme. Enfin, je ne pense pas.
05:50Je ne sais pas. Ce n'est pas à moi de le dire.
05:52Mais en tout cas, ce qui est étonnant, c'est que j'ai déjà oublié tous les mauvais côtés.
05:57Et moi, aujourd'hui, je ne retiens que le meilleur de ce tour du monde.
06:01C'était un rêve que d'aller au bout de cette aventure.
06:03Et aujourd'hui, j'ai toujours dit que j'avais un rêve.
06:06C'était de terminer le Vendée Globe.
06:08Et j'ai aussi dit que j'avais un rêve ultime.
06:10C'était de le remporter un jour.
06:12Donc voilà, j'ai un premier rêve qui est derrière moi.
06:15Et maintenant, il y a le second qui est devant.
06:17Et donc, dans quatre ans, vous repartez sur un nouveau projet.
06:20J'ai la chance d'avoir la confiance du groupe Dubreuil pour les quatre années supplémentaires.
06:25Dans un contexte économique, on le sait, assez morose.
06:28Donc, avoir l'engagement d'une entreprise pour les quatre prochaines années dans un sport mécanique comme le nôtre,
06:34c'est une chance inouïe.
06:36Voilà, ils me renouvellent leur confiance pour les quatre prochaines années.
06:39Essayer de faire monter le projet en ambition.
06:41Puisque nous, on a eu un projet, comparé aux deux leaders ou même à nos poursuivants,
06:46très modeste en termes d'équipe, en termes de moyens et en termes de temps.
06:51Il fait partie des bateaux neufs, mais c'était le premier de la dernière génération mis à l'eau.
06:55Donc, on avait un petit déficit aussi de ce côté-là.
06:57Vous serez encore mieux préparé pour la prochaine fois ?
06:59Là, au moins, j'ai quatre ans devant moi.
07:01Donc, je n'aurai pas d'excuses, disons.
07:03Il reste des marins en course avec des conditions encore très, très musclées pour rejoindre les Sables d'Olonne.
07:08Certains qui ont dû mettre un peu la main sur le frein à main, justement.
07:13Parce que dans le golfe de Gascogne, les derniers milles à parcourir,
07:17qui sont très, très musclées avec une mer très formée.
07:19Oui, effectivement, il y a une tempête qui se profile demain.
07:21Il y a eu déjà du vent ce week-end.
07:23C'est sûr, là, on est par 48 degrés nord.
07:26On n'est pas beaucoup plus sud dans les mers du sud.
07:28Donc, c'est possible que sur un tour du monde, tu affrontes les pires conditions tout proche de la maison.
07:33Merci beaucoup, Sébastien Simon, d'avoir été notre invité.