Naima M’Faddel, essayiste, réagit à l’incendie à Meyzieu : «On a mis un pognon de dingue dans ces banlieues-là, sauf qu’on a voulu les traiter à part. Le problème est qu’il faut les traiter dans l’ensemble du pays».
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00:00Écoutez-vous, comment voulez-vous que ça ne se reproduise pas, en fait ?
00:03Encore une fois, je reviens à l'État qui, finalement, de par son laxisme,
00:08de par cette espèce de...
00:11Souvent, on nous brandit l'excuse du désœuvrement.
00:15Moi, je l'ai toujours entendu.
00:17Ça fait plus de 30 ans que je travaille sur les quartiers.
00:19Le chef de l'État l'a dit juste après les émeutes, d'ailleurs.
00:212005, 2005. Qu'est-ce qui s'est passé en 2005 ?
00:24J'étais chef de projet de développement social et urbain sur un quartier.
00:27C'était sur le quartier.
00:28Les gamins ont brûlé.
00:29Des gamins, des mineurs, des pré-ados ont brûlé des centres sociaux,
00:34des maisons de quartier, des écoles, des centres de loisirs, etc.
00:39Dans leur quartier.
00:40L'année dernière, c'était beaucoup plus sur l'ensemble de la ville.
00:44Est-ce que les parents ont été poursuivis ?
00:47Est-ce qu'ils ont payé quoi que ce soit ?
00:50Est-ce qu'ils ont réparé ?
00:51Absolument pas.
00:52Donc, le problème, c'est qu'on est toujours à analyser,
00:57à essayer de comprendre ce qui se passe,
00:58mais en fait, c'est la déféance de notre État de droit.
01:02Et pourtant, nous avons entendu sur les quartiers.
01:04Mais oui, et M. Proutot, tout à l'heure, je l'entends souvent, excusez-moi,
01:09mais quand on dit qu'il n'y a plus rien sur les quartiers, c'est faux.
01:13Moi, j'ai travaillé à Trappes, j'étais directrice des centres sociaux.
01:15Allez voir à Trappes, ce n'est même pas par quartier,
01:18c'est par sous-quartier, tout ce qu'il y a comme services, comme magasins.
01:21Je ne parle pas des services, vous parlez de la police.
01:24Non, mais je vous termine.
01:26Si, si, les centres sociaux...
01:28Non, je ne vais pas parler des services.
01:29Non, mais je vous termine juste, si vous voulez bien, vous allez me répondre.
01:33Vous parlez de la police.
01:34Non, mais je vous parle de la police.
01:35Mais M. Proutot, qu'est-ce qui s'est passé pour la police ?
01:37Pourquoi il n'y a plus de policiers sur les quartiers ?
01:39Parce que moi, je veux bien qu'on me parle de police de proximité.
01:42Il y avait des commissariats annexes.
01:44Ils ont été brûlés, commissariats annexes.
01:47À partir des années 80, 90, 95, même dans ma ville,
01:51il y avait des commissariats qui ont été brûlés.
01:54C'est ça, la réalité.
01:55Moi, je veux bien qu'on dise qu'il faut une police de proximité,
01:59mais la réalité, elle est aussi là.
02:01À partir du moment où vous avez des commissariats annexes
02:03qui sont brûlés et qu'à un moment, l'État recule.
02:07La problématique qu'on a, c'est qu'on a mis un pognon de dingue dans ces quartiers-là,
02:12sauf qu'on a voulu les traiter à part.
02:14Et le problème, c'est qu'il faut les traiter dans l'ensemble du pays.
02:17C'est-à-dire que quand il y en a un qui casse dans les quartiers, il répare,
02:21comme celui qui casse hors quartier.
02:22Et le problème, c'est qu'on a une lecture toujours misérabiliste
02:26par cette idéologie qui a été mise en place,
02:30où on a tendance à...
02:32Oui, les pauvres, mais non.
02:3340 ans de laxisme, vous faites référence à cela.
02:36Nous avons peut-être la réponse de Christian Frito-Naymar.
02:38Je vous dis ça, moi, je travaille avec les habitants des quartiers, toujours.
02:41Je fais des groupes de parole.
02:43Les habitants des quartiers, qu'est-ce qu'ils vous disent ?
02:45Ils savent très bien les familles délinquantes.
02:47Ils savent très bien les gamins qui se comportent mal.
02:50Ils savent très bien les gamins qui foutent le boxon, comme ils me disent,
02:55ou qui sont dans le trafic de drogue.
02:56Ce qu'ils disent, c'est qu'ils veulent de l'autorité, de la fermeté.
02:59Parce que qu'est-ce qu'ils vous disent ?
03:00Nos enfants sont amalgamés après.