Daniel Giberstein : "J'avais obligation de porter les DIM que mon père créait"

  • il y a 3 mois
Avec Daniel Giberstein, réalisateur et fils du fondateur de l'entreprise DIM.

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Transcript
00:00Le 10h30, Sud Radio Média, Valérie Expert, Gilles Gansman
00:05Bonjour à toutes et à tous, bonjour Gilles.
00:07Bonjour, c'est l'été.
00:08C'est l'été, voilà.
00:09C'est enfin l'été.
00:10Mais pas partout, il paraît que dans le Sud, il ne fait pas super beau.
00:12On commence toujours notre petit point météo.
00:14Oui, absolument.
00:15J'ai eu une amie qui est à Cannes et qui m'a dit qu'il ne faisait pas très beau.
00:18Voilà, le point météo du jour.
00:20Vous êtes des amici ?
00:21Non, au Cannes, il y a de tout.
00:23Oui, c'est vrai, il y a de tout.
00:24Il y a de tout, comme partout.
00:25Mardi 25 juin, bonjour Daniel Giberstein, merci d'être avec nous.
00:32Bonjour Valérie.
00:33Vous êtes réalisateur, on va parler avec vous d'un documentaire formidable,
00:37Dim Story, le silence des tableaux.
00:40On peut le voir en rediff sur LCP.
00:45C'est ce soir la première.
00:46C'est ce soir.
00:47Demain soir.
00:48Demain soir.
00:49Et c'est en rediffusion évidemment plusieurs fois le samedi.
00:53Allez-y parce que LCP, ce n'est pas forcément une chaîne sur laquelle on a l'habitude d'aller forcément.
00:59Et là, c'est vraiment un documentaire incroyable sur Dim.
01:03Tout le monde connaît Dim.
01:04C'était votre papa.
01:06Vous n'aviez pas la musique ?
01:08Dim fait partie du patrimoine national.
01:11Absolument, Dim fait partie de Céleste.
01:14La saga publicitaire Dim étant racinée dans l'inconscient collectif,
01:17c'est vraiment une saga publicitaire exceptionnelle.
01:21C'est incroyable.
01:22D'ailleurs, on apprend dans ce documentaire.
01:24Moi, ça m'a assis.
01:25On apprend des choses très graves et d'histoires.
01:28On va en parler après la publicité.
01:30Mais c'est Lalou Chiffrine, celui-là même, qui a composé la musique de Mission Impossible.
01:37C'est incroyable.
01:38C'est le grand compositeur.
01:39Il avait composé cette musique pour un film qui s'appelle The Fox, Le Renard,
01:43dans un tempo complètement différent.
01:46Et quelqu'un chez Publicis l'a repéré et l'a adapté.
01:50Et ils ont pris, au départ, c'est raconté dans le film,
01:53les droits pour un an seulement.
01:55Ils ont renouvelé pendant 40 années successives les droits de la musique.
01:59Ça a apporté un peu d'argent à Lalou.
02:00Il paraît qu'il s'est acheté une belle piscine à Los Angeles.
02:03Mais on va parler de Dim, de cette marque effectivement mythique
02:07qui fait partie de la vie des Français,
02:09qui fait partie des marques iconiques.
02:12Et puis de l'histoire de votre père, de son douloureux passé.
02:16Ça ne parle pas d'être vraiment au bon moment.
02:20Voilà, c'est la musique de Dim.
02:22Mais on va en reparler.
02:23Mais Bernard Giberstein, votre père, cachait un drame assez profond
02:28dont il n'a jamais parlé avec vous.
02:29Il a mis fin à ses jours.
02:30Et c'est ce que vous racontez également dans ce documentaire formidable
02:34et extrêmement bien réalisé.
02:36Vous avez mis des Dims pour l'émission ?
02:38Non, il fait trop chaud.
02:39Mais les Dim Ups, ça a été, dans les années 80, un truc formidable.
02:45Alors, vous parlez des Dim Ups.
02:47Je vois que vous connaissez bien.
02:49Mais c'était une idée qu'il avait eue en 1965.
02:53Incroyable.
02:54Et je peux vous en parler précisément
02:56parce que j'avais obligation de les mettre pour tester les élastiques.
03:01Parce qu'à l'époque, il cherchait un élastique qui puisse...
03:04Son débat, il faut expliquer aux auditeurs,
03:07c'est son débat sans porte-jartelle.
03:10Et donc, il y a un élastique en haut.
03:12Il avait eu cette idée.
03:13Il voulait toujours simplifier la vie des femmes
03:16et donc retirer les porte-jartelles.
03:18Et donc, il nous faisait, à ma maman,
03:22mais à nous également, les enfants, mon frère Michel et moi,
03:26tester pour savoir si l'élastique ne serrait pas trop,
03:29si ça ne glissait pas.
03:31Et je ne vous raconte pas, les jours où on avait les gymnastiques,
03:33c'était quand même spécial.
03:35On va reparler de cette saga.
03:37Et Stéphane, notre fidèle auditeur,
03:39dit que c'est surtout une histoire de technologie incroyable.
03:43Et effectivement, vous l'évoquez dans ce documentaire.
03:46Gilles, on passe au Zapping.
03:52Valéry Macron est-il en campagne ou pas ?
03:54Va-t-il parler encore plus que Gabriel Attal ?
03:57D'ailleurs, il y a un débat ce soir sur TF1.
04:00Il a écrit dans la presse régionale,
04:03il s'est exprimé.
04:05Et cet article dans la presse régionale,
04:07vous vous doutez que ce n'est pas passé inaperçu dans les médias,
04:10comme le constatait Quotidien.
04:12Il devait se faire tout petit, mais finalement, non.
04:15Alors, il, c'est le président de la République,
04:17c'est décidément plus fort que lui.
04:19Dès qu'il en a l'occasion, Emmanuel Macron parle de la dissolution
04:22des législatives, de l'avenir du pays.
04:24Dernière sortie présidentielle en date, c'était hier.
04:27Une lettre de la dernière chance, fraîchement accueillie par les médias.
04:30Répétitive.
04:31Répétitive, très bien, un mot, ça me va.
04:33À contretemps.
04:34À contretemps.
04:35C'est inefficace.
04:37Toute la complexité pour Emmanuel Macron,
04:39c'est de réussir à faire campagne sans faire campagne.
04:41Il doit se planquer tout en faisant passer ses messages.
04:44Et c'était sans compter sur la fête de la musique,
04:46le week-end, ce week-end à l'Elysée.
04:48Il a beaucoup parlé.
04:49Il a d'ailleurs fait une annonce passée totalement inaperçue.
04:52Nous qui avons inventé la Fashion Week,
04:54qui a tant de succès, on s'est dit,
04:56il faut créer la Music Week.
04:58Je prends un engagement, donc l'année prochaine,
05:00on aura la Music Week.
05:02Eh oui, l'année prochaine, on aura la Music Week.
05:04On verra qui dansera.
05:06On a inventé la Fashion Week.
05:07Oui, je pense que c'est plutôt des Italiens.
05:10Il faudrait que je me renseigne.
05:11Je ne sais pas.
05:12Ou des Américains.
05:13Je vais maintenant passer à un son très important.
05:17J'attends votre réaction.
05:18Hier, Anne Sinclair est revenue sur la responsabilité
05:21de la montée du Rassemblement National et des journalistes.
05:24Elle a expliqué qu'il ne fallait pas voter Rennes,
05:27même si, évidemment, elle, en tant que juive,
05:29les déclarations sur la Palestine la touchaient.
05:32Mais elle ne veut pas se culpabiliser
05:35d'avoir laissé le Rassemblement National au pouvoir.
05:39C'était hier dans Le Quotidien.
05:41Je pense qu'on n'a pas su bien expliquer
05:44ce qu'ils voulaient, ce qu'ils étaient,
05:46ce qu'était la préférence nationale.
05:48La préférence nationale, c'est un slogan
05:51qui fait plus chic.
05:53Ça s'appelle la France aux Français.
05:55Ça a été le slogan des ligues d'extrême droite
06:00du XXe siècle.
06:02Vous savez, ça me rappelle cette parabole
06:07qui se trouve d'ailleurs gravée sur le mur
06:10du musée de l'Holocauste à Washington.
06:12Il avait dit, quand on est venu chercher
06:15les communistes, je n'étais pas communiste,
06:18je n'ai rien dit.
06:20Quand on est venu chercher les socialistes,
06:22je n'étais pas socialiste, je n'ai rien dit.
06:25Quand on est venu chercher les juifs,
06:27je n'étais pas juif, je n'ai rien dit.
06:29Et quand on est venu me chercher,
06:31il n'y avait plus personne pour protester.
06:33Moi, je ne voudrais pas qu'on vive cette situation
06:35et qu'on ajoute, quand on est venu chercher
06:38les musulmans, je n'ai rien dit
06:40parce que je n'étais pas musulmane.
06:42Évidemment, on va parler de votre papa
06:45et de la famille qui a été dans les camps
06:49et les histoires qu'il racontait dans ce documentaire.
06:51Moi, je voulais avoir votre regard
06:53sur ce qu'on vit actuellement
06:55et sur le débat actuel
06:57sur l'antisémitisme qui monte en France.
07:00Alors déjà, je voudrais dire que
07:03dans un certain sens, je suis heureux
07:05que mes parents ne soient pas là pour assister
07:07à tout ce qui se passe aujourd'hui
07:08parce que jamais ils n'auraient cru
07:10qu'une situation pareille puisse revenir.
07:14C'est très compliqué
07:18par rapport à ce que vient de dire
07:21Anne Sinclair qui touche beaucoup
07:24toute la communauté juive.
07:28Moi, je sais que Hitler est arrivé au pouvoir
07:33d'une façon démocratique.
07:35Il a été élu et après, on a vu ce qui s'est passé.
07:37Donc, c'est une situation un petit peu impossible
07:41à laquelle la communauté juive est confrontée.
07:44Il faut savoir qu'il faut être très prudent.
07:48Après, il y a des choix à faire.
07:50Je pense qu'il faut éviter absolument
07:57de voter à l'extrême gauche.
07:59Tous les extrêmes sont très dangereux.
08:02L'extrême gauche a dit quand même
08:04un certain nombre de choses
08:05contre la communauté juive.
08:07Et après, par rapport à l'extrême droite,
08:09il faut être prudent.
08:10Et puis, je laisse à chacun le soin
08:12de faire son choix.
08:13Sachant que Jean-Denis Bardella
08:15est né plus de 45 ans
08:17après la fin de la Première Guerre.
08:19Oui, bien sûr.
08:21Aujourd'hui, l'instrumentalisation
08:28du conflit israélo-palestinien
08:31revient plutôt à l'extrême gauche, à l'FI
08:34qu'au Rassemblement national.
08:36Quand on prend les propos de Serge Klarsfeld
08:39qui ont été condamnés ou reprochés par certains.
08:42Mais aujourd'hui, je trouve qu'Anne Sinclair
08:44fait fausse route, moi,
08:46en parlant d'un Rassemblement national.
08:49J'ai beaucoup de gens de la communauté juive
08:51qui me disent qu'ils vont voter Rassemblement national.
08:54Il y a énormément de juifs
08:56qui vont voter RN, tout à fait.
08:58Après, quand on a été baignés, élevés,
09:08comme je le raconte dans ce film,
09:09avec les traumatismes de la guerre,
09:11on a toujours, si ce n'est une réticence,
09:15mais en tout cas une grande prudence.
09:17Valérie, dans C'est à vous,
09:19le spécialiste musical Bertrandical,
09:21il a vu quoi ?
09:23Le documentaire Je suis Céline Dion
09:29sur Prime Vidéo.
09:30Il est disponible dès aujourd'hui,
09:31dès cet après-midi, vous allez pouvoir aller le voir.
09:33Si vous avez regardé La Grande Semaine,
09:34vous l'auriez su.
09:36Sur M6.
09:38Et donc, c'est aujourd'hui que sort le documentaire.
09:41Il a révélé ce qu'il a marqué le plus
09:43dans ce documentaire.
09:45Elle dit, j'ai suivi ma voix.
09:47Il y avait ma voix et je marchais derrière ma voix.
09:49Je faisais ce que me permettait de faire ma voix.
09:52Et elle dit des choses, d'ailleurs.
09:53Elle dit à un moment,
09:54ce qui compte le plus, c'est l'interprétation.
09:57Non, mon pote, c'est que la chanson soit bonne.
09:59Si, elle, elle dit,
10:01le plus important, c'est l'interprétation.
10:03Alors, effectivement,
10:04elle a toujours choisi des bonnes chansons.
10:05Elle a toujours eu un bon choix de répertoire.
10:07Mais c'est vrai qu'elle réduit elle-même
10:11sa carrière à sa voix.
10:12Et comme sa voix meurt...
10:14Sa carrière meurt.
10:15Oui, c'est un requiem.
10:18Incroyable, hein ?
10:19Documentaire qui est disponible dès maintenant
10:21sur la plateforme Prime.
10:23Ce week-end, c'était donc la fête de la musique.
10:25J'en ai parlé hier.
10:27Et je voulais vous parler également de Simon Makhiovac.
10:29Vous savez qui est Simon Makhiovac ?
10:31Eh bien, il est steward chez Wedding.
10:33Vous savez, la compagnie.
10:35Il est passionné de musique
10:36et il a proposé à sa compagnie...
10:38Alors, vous savez que les règles dans l'aviation,
10:40c'est très, très compliqué.
10:42Il a proposé de jouer un concert
10:44durant un vol entre Barcelone et Paris.
10:48Eh bien, Wedding a dit oui.
10:50Et du coup, ils ont joué de la musique classique
10:52à un concert avec une équipe de stewards
10:54en plein vol dans l'avion.
10:56Alors, nous sommes à 10 000 mètres d'altitude
10:58avec le bruit de l'avion, évidemment.
11:00On ne va pas couper des moteurs.
11:02PNC à vos instruments.
11:10Alors, évidemment, il y a le bruit de l'avion.
11:22Mais ils sont avec leurs instruments
11:24dans l'avion, équipés.
11:26Qu'est-ce que vous en pensez ? C'est joli, hein ?
11:28Oui, oui. Tout le vol, c'est un peu long.
11:30Non, je pense qu'ils ont fait une partie.
11:32Parce que je pense qu'après,
11:34les gens ont envie d'être tranquilles.
11:36On se retrouve dans un instant pour parler
11:38de la saga DIMM avec vous,
11:40Daniel Gilbertstein.
11:42DIMM Story, le silence des tableaux.
11:44Formidable saga et histoire familiale
11:46très lourde.
11:48Derrière cette légèreté du collant
11:50et de la musique se cache
11:52une histoire familiale
11:54assez tragique.
11:56A tout de suite.
12:08Je pense que cette musique
12:10résonne
12:12dans toutes les têtes.
12:14De la Luciferine, je ne savais pas.
12:16Pardon ?
12:18De la Luciferine, absolument.
12:20Daniel Gilbertstein est avec nous.
12:22Vous êtes réalisateur, vous êtes le fils
12:24du fondateur de DIMM, Bernard Gilbertstein.
12:26L'un des fils, avec mon frère Michel.
12:28Et vous avez réalisé
12:30ce film
12:32qui raconte la saga DIMM, mais qui raconte
12:34surtout l'histoire d'un homme exceptionnel,
12:36visionnaire.
12:38Au départ, vous nous disiez que c'est un film familial.
12:40Au début,
12:42si vous voulez, j'ai voulu
12:44aller recueillir des témoignages
12:46de collaborateurs,
12:48ouvriers, cadres, qui avaient travaillé avec lui,
12:50qui avaient vécu cette épopée.
12:52Et puis, en les écoutant,
12:54j'ai vraiment découvert
12:56la proximité qui le liait avec ses salariés.
12:58C'était vraiment pour lui
13:00une seconde famille
13:02que je ne soupçonnais pas.
13:04Et donc, le film
13:06a pris de l'ampleur au fur et à mesure des interviews.
13:08Et, en même temps,
13:10j'ai découvert son passé
13:12dont il ne parlait pas
13:14avant DIMM,
13:16c'est-à-dire sa jeunesse
13:18en Pologne, et puis
13:20tous les actes de bravoure
13:22pendant la guerre, où il a sauvé
13:24des familles juives. Tout ça, je ne le savais pas.
13:26Parce qu'il arrive donc...
13:28Il quitte la Pologne pour aller faire
13:30des études.
13:32Et ça va le sauver.
13:34Oui, il est obligé de quitter la Pologne
13:36parce qu'il y a un numerus clausus
13:38qui interdit aux Juifs
13:40de s'inscrire dans les universités
13:42à Varsovie. Et donc,
13:44il part en Belgique. Et là, chaque été,
13:46il rentre passer ses vacances en famille.
13:48Il est très heureux de retrouver sa famille.
13:50Mais en 1939, il échoue à son examen.
13:52Et il y a une session de rattrapage en septembre.
13:54Il décide de rester en Belgique pour préparer
13:56la session de rattrapage.
13:58S'il avait réussi,
14:00il serait rentré en Pologne. Il ne serait pas là aujourd'hui.
14:02Et là, la Pologne est envahie.
14:04Il reçoit encore
14:06pendant un an, à peu près,
14:08des lettres de sa famille.
14:10À Varsovie, tout est détruit.
14:12On leur prend leur affaire.
14:14Tout est brûlé, etc.
14:16Mais il...
14:18Dans le film d'une heure, je n'ai pas le temps
14:20de raconter tout ça. Mais il part
14:22à Bialystok, en zone russe.
14:24C'était l'accord
14:26germano-soviétique.
14:28Jusqu'à ce que
14:30les Allemands envahissent la Russie
14:32en juin 1940. Les Juifs sont
14:34protégés là. Et il reçoit des lettres
14:36de sa famille, lui disant
14:38« On espère que tu pourras bientôt nous rejoindre parce qu'ici,
14:40c'est calme. » Donc il a toujours un espoir
14:42de les retrouver. Mais en fait, ça va basculer
14:44très vite. Ils vont tous être déportés.
14:46Et en fait, il n'a jamais parlé
14:48de ce passé. C'est en vous penchant
14:50sur son histoire que vous avez
14:52découvert tout cela.
14:54Et peut-être compris son suicide. On peut le dire
14:56puisque le film commence par
14:58le suicide de votre père.
15:00Que vous découvrez, c'est vous qui
15:02le voyez mort. Je suis présent.
15:04Si vous voulez, chez nous,
15:06il y avait les portraits de ses parents qui étaient
15:08au mur. Mais voilà, ils faisaient partie du décor
15:10et on n'en parlait pas.
15:12On n'en parlait pas.
15:14Je regrette aujourd'hui de ne pas avoir posé de questions.
15:16Et donc...
15:20Alors il faut quand même dire
15:22que mon père était quelqu'un de extrêmement
15:24positif.
15:26Il était résolument
15:28tourné vers l'avenir. Il avait
15:30dix idées à la minute.
15:32Et il n'y avait pas un problème où il ne trouve
15:34pas une solution. C'était vraiment...
15:36Mais toute sa vie va son vouloir
15:38d'être hanté sur le fait
15:40que toute sa famille
15:42a disparu.
15:44Et lui est vivant.
15:46Oui, il culpabilise, bien sûr, un peu.
15:48Parce qu'il aurait aimé les sauver. Comme il a sauvé d'autres femmes
15:50les juives. Mais malheureusement,
15:52c'était impossible.
15:54Et il va sans doute
15:56culpabiliser. Alors si vous voulez,
15:58moi, j'interprète
16:00selon ma sensibilité.
16:02Parce qu'il y a une image
16:04qui est très forte dans le film.
16:06C'est lors de ma
16:08Bar Mitzvah, quand je fais
16:10mon discours.
16:12Mon père est plongé
16:14dans un regard mélancolique.
16:16Alors que...
16:18Et là, quand j'ai revu ce film
16:20bien des années plus tard, peut-être 50 ans plus tard.
16:22Où je le montrais à ma maman
16:24qui était malade et je lui ai repassé le film.
16:26Tout d'un coup, j'ai vu le regard
16:28de mon père. Et je me suis dit
16:30mais là, il pensait
16:32à sa première famille.
16:34Et ils auraient aimé qu'elle soit là.
16:36Et c'est quelque chose que j'ai découvert
16:38et qui a été un des éléments déclencheurs pour moi
16:40pour faire ce film.
16:42Parce que vous le faites finalement assez tard
16:44dans votre vie, ce film.
16:46Oui, je le fais très tard.
16:48Il y a eu deux éléments.
16:50Il y a eu ce regard mélancolique
16:52qui m'a
16:54fait comprendre que
16:56il y a quand même certains moments
16:58où il devait penser à sa famille.
17:00Et l'autre, c'est un message
17:02que j'avais découvert en 1992
17:04dans un livre d'or
17:06où il y a un hommage qui a été rendu
17:08à mon père. Et le message
17:10qui était très court, disait
17:12d'un collaborateur de mon père,
17:14chez DIMM, disait à mon maître
17:16à qui je dois tout
17:18et la vie en particulier
17:20parce que pendant la guerre, il a sauvé la vie
17:22de toute notre famille. Alors sur le moment,
17:24je n'avais pas compris, mais il était resté gravé
17:26dans mon esprit.
17:28Un documentaire fort, incarné
17:30par la voix de Francis Huster
17:32qui met tout son empreinte
17:34dans le documentaire.
17:36Écoutez les 20 premières secondes.
17:38J'ai toujours été admiratif
17:40de mon père.
17:42Pour moi,
17:44c'était un héros,
17:46un homme de cœur,
17:48à l'âme généreuse,
17:50un novateur
17:52qui réussissait tout ce qu'il entreprenait.
17:56Il ne nous a jamais parlé de son enfance,
17:58ni à mon frère Michel,
18:00ni à moi.
18:02C'est en cherchant à comprendre
18:04ses silences,
18:06j'ai découvert ses secrets
18:08et ses fantômes.
18:10Il est incroyable, Francis Huster,
18:12il le fait vivre,
18:14il donne une vie à ce documentaire.
18:16Il le porte.
18:18Il faut ici
18:20remercier Michel Drucker
18:22qui avait fait la première voix.
18:24Non, il avait fait la voix
18:26pour la bande-annonce,
18:28mais il apparaît dans le film
18:30par rapport à l'histoire de ma maman.
18:32Il faut rappeler que votre maman
18:34a été sauvée
18:36par le père de Michel Drucker.
18:38C'est incroyable.
18:40Michel Drucker, qui avait été arrêté
18:42sur dénonciation en tant que juif,
18:44est interné au camp de Nancy.
18:46Il était le médecin-chef du camp.
18:48Il avait pris ma maman en affection
18:50et il a sauvé d'autres personnes également.
18:52Ma maman m'a toujours dit
18:54quand elle a vu Michel apparaître
18:56à la télévision dans les années 60-70,
18:58elle m'a dit que c'est son papa
19:00qui m'a sauvé la vie au camp de Nancy.
19:02Michel a été bouleversé
19:04par cette histoire.
19:06Quand j'ai eu l'idée
19:08de demander à Francis Huster
19:10de faire la voix
19:12du commentaire,
19:14Michel m'a tout de suite
19:16mis en relation avec Francis
19:18et lui a raconté
19:20le thème du film.
19:22Francis a gentiment accepté.
19:24Il faut parler
19:26de l'entreprise aussi,
19:28des idées révolutionnaires
19:30qu'il a, parce qu'il a été
19:32novateur dans beaucoup de secteurs.
19:34C'est vrai que les témoignages
19:36qu'on voit aussi, vous l'évoquiez,
19:38de ses collaborateurs
19:40sont vraiment emprunts de respect,
19:42d'affection et d'admiration
19:44pour l'homme qu'il a été,
19:46sur l'égalité femme-homme
19:48qui n'était à l'époque pas quelque chose
19:50qui était vraiment à la mode,
19:52mais surtout sur la technique,
19:54tous les tests qu'il a faits
19:56pour que ses bas soient différents des autres
19:58et ne se déchirent pas.
20:00Il y a une phrase de Confucius
20:02« Choisissez un travail que vous aimez
20:04et vous n'aurez plus jamais à travailler. »
20:06C'est-à-dire que
20:08c'est une définition un peu
20:10de la passion. Si on est passionné,
20:12effectivement, on travaille
20:14dans la joie
20:16et effectivement,
20:18mon père arrivait à susciter
20:20ça chez ses collaborateurs.
20:22Il était très proche d'eux,
20:24il leur a transmis
20:26sa passion du travail
20:28et également,
20:30il a accompagné la libération
20:32de la femme dans
20:34leur mouvement, dans la liberté,
20:36mais aussi la liberté de travail.
20:38Il donnait beaucoup de responsabilité aux femmes
20:40et il permettait à ses employés
20:42hommes et femmes de dévoluer
20:44à l'intérieur de l'entreprise,
20:46de grandir avec l'entreprise
20:48et
20:50il ne faisait pas de différence
20:52au niveau salarial et sur le plan du travail
20:54avec les hommes et les femmes.
20:56Il était très novateur
20:58dans ce domaine-là également.
21:00Ce qui est incroyable, c'est qu'évidemment, au début,
21:02aux sorties de la guerre, les femmes portent des
21:04barésies et ce qu'on appelle des bas-coutures
21:06avec la couture derrière.
21:08Il va supprimer cette couture
21:10et alors là, c'est la révolution. Et on lui dit
21:12ça ne va pas marcher,
21:14comment on peut le faire ?
21:16Parce que la couture faisait partie du bar
21:18mais pendant la guerre, les femmes se
21:20dessinaient une couture sur la jambe
21:22et penser à supprimer
21:24cette couture, c'était vraiment
21:26quelque chose qui paraissait impossible.
21:28Il va inventer.
21:30Toute l'histoire est totalement folle.
21:32Déjà, le bas et l'unité.
21:34C'est fantastique. On pouvait acheter
21:36un bas... C'est vrai, on a deux jambes,
21:38on pense qu'il faut les acheter deux par deux
21:40mais en fait, on les file
21:42un par un. Et ça, ça va être un carton
21:44parce qu'il les vend dans
21:46des sachets. Les bas-dimanche, au départ.
21:48Les bas-dimanche,
21:50des bas-chic et pas cher.
21:52Après, il va
21:54inventer le collant, c'est-à-dire
21:56il va libérer les femmes
21:58des portes d'artel.
22:00L'une de ses forces, c'était
22:02et de Diem, à cette époque-là, c'était la
22:04rapidité avec laquelle il pouvait changer.
22:06Parce que, si vous voulez, il prenait
22:08de vitesse tous ses concurrents, comme vous
22:10rappeliez très justement, là, à l'instant,
22:12le chapelet, c'était un carton
22:14total et c'était 100%
22:16des ventes de Diem. Mais il va pas se dire
22:18tiens, on va lancer un nouveau truc auquel j'ai pensé
22:20le collant, on va le tester, on va...
22:22Il y croit et il fonce et il
22:24arrête le chapelet. Et le
22:26succès du collant est encore plus
22:28immense que celui du
22:30bas-dimanche. Au moment où les femmes sont
22:32libérées également avec la mini-jupe de
22:34Marie Corps. Et là,
22:36évidemment, quand on a une mini-jupe, on montre
22:38ses jambes. C'est-à-dire qu'il était
22:40capable de
22:42sentir
22:44ce qui allait marcher
22:46et de comprendre
22:48le besoin des femmes
22:50avant qu'elles-mêmes, les femmes, sachent
22:52ce qu'elles veulent.
22:54C'est extraordinaire.
22:56Il y a une question d'un auditeur qui me dit, qu'est-ce qu'il passionnait
22:58dans la jambe des femmes ? Quel est le secret ?
23:00Pourquoi les bas
23:02et pourquoi la jambe des femmes ?
23:04Je pense qu'il aimait les femmes, déjà,
23:06pour commencer.
23:08Et que
23:10il a voulu...
23:12Il avait vraiment
23:14une volonté de libérer
23:16la femme, dans tous les sens du terme.
23:18Et même,
23:20je le dis dans le film, il a appris à ma maman
23:22à conduire. Ma maman était une des premières
23:24femmes à avoir son permis. Magnifique.
23:26Les images sont sublimes. Elle était d'une beauté
23:28incroyable. Et
23:30effectivement, elle conduisait.
23:32Et puis,
23:34il confiait des responsabilités aux femmes.
23:36Et ça faisait
23:38partie de...
23:40Il voulait leur simplifier la vie. Et c'est ce qu'il
23:42a fait parce qu'il voyait aussi à grande échelle.
23:44Il voyait grand.
23:46C'est ce qu'il va le faire.
23:48Oui, mais c'est ce qu'il a fait.
23:50Son succès. Parce qu'il était capable
23:52de...
23:54Il était capable, vraiment, de, si vous voulez,
23:56faire un collant en quelques exemplaires
23:58de bonne qualité. Parce qu'il était
24:00très, très exigeant sur la qualité.
24:02Il disait...
24:04Une cliente déçue est une cliente perdue.
24:06Donc, il fallait absolument
24:08que ce soit 100%. Un peu comme
24:10la sécurité dans l'aviation.
24:12Il ne plaisantait pas avec ça.
24:14Et donc, fabriquer un million
24:16de collants par jour,
24:18d'une qualité irréprochable,
24:20dans 40 usines dans le monde,
24:22il faut quand même arriver à l'organiser.
24:24Ce n'est pas tout d'avoir l'idée. Il faut le faire.
24:26Comment vous expliquez qu'il a tout perdu ?
24:28C'est incroyable. Il était...
24:30Ce qu'il lui a réussi tout au long de sa carrière,
24:32c'est qu'il a eu des idées
24:34qui ont fonctionné à chaque fois.
24:36Ce n'était pas forcément un financier.
24:38Non, mais au Japon, il ne s'attendait pas
24:40à, si vous voulez,
24:42conquérir le marché japonais.
24:44Personne n'y était allé avant lui.
24:46Il essuyait les plâtres.
24:48Et la mentalité japonaise,
24:50on l'a vu par la suite avec Carlos Ghosn,
24:52avec Renaud,
24:54ça a été terrible. Le protectionnisme
24:56japonais... Il y a beaucoup de thèmes
24:58qui sont d'actualité aujourd'hui.
25:00Est-ce qu'il a accepté de...
25:02Et ça, ça a été un revers
25:04auquel il ne s'attendait pas. Est-ce qu'il a accepté
25:06que ses bases soient vendues en Allemagne ?
25:08En Allemagne, oui. Il cherchait
25:10d'ailleurs. C'est incroyable.
25:12Lui, il...
25:14Il cherchait à conquérir
25:16tous les marchés. Le marché allemand
25:18était un très gros marché. Mais en Allemagne, il y avait
25:20un très gros concurrent qui s'appelle Nourdi.
25:22Je crois qu'il existe toujours aujourd'hui.
25:24Et le marché allemand
25:26était très difficile à conquérir.
25:28Et c'est pour ça qu'il est plutôt parti au Japon.
25:30S'il n'avait plus...
25:32En Europe, parce qu'il y a eu l'arrivée du pantalon
25:34qui a quand même été...
25:36Une baisse des ventes.
25:38Il cherchait à compenser en vendant.
25:40Mais quand il vendait au Japon,
25:42il a ouvert une usine
25:44en Corée où il y avait 2000 personnes.
25:46Il essayait toujours...
25:48Pour la confection, les prix de revient étaient
25:50moindres et ça lui permettait d'avoir
25:52un prix bien meilleur pour le marché japonais.
25:54Et il essayait. Il a fait pareil
25:56à Puerto Rico pour le marché américain.
25:58Il était vraiment novateur.
26:00Ce reportage,
26:02ce documentaire plus précisément,
26:04est vraiment un petit bijou de réalisation
26:06d'humanité.
26:08Les petites boîtes de DIMM aussi,
26:10on n'a pas parlé.
26:12Les petits cubes.
26:14La pub aussi, l'importance de la pub.
26:16Le collant en chiffon.
26:18Je voudrais juste
26:20ajouter que j'ai fait ce documentaire
26:22en collaboration
26:24avec mon ami réalisateur
26:26Bernard Casse-de-Pate.
26:28Bien connu en télévision.
26:30Et qui m'a beaucoup aidé.
26:32Et donc c'est à voir demain soir sur LCP
26:34à 20h30. Il y a des replays,
26:36des rediffusions. Vous allez trouver ça
26:38sur vos box.
26:40Ne manquez pas ce document.
26:42Moi j'ai commencé à le regarder
26:44et j'ai été vraiment passionné
26:46par cette histoire.
26:48Merci d'avoir été avec nous
26:50Daniel Giberstein.
26:52Et on vous retrouve évidemment avec ce documentaire
26:54sur LCP. Nous dans un instant
26:56on va être avec une fille de pub.
26:58La fille de Jacques Séguéla
27:00qui elle réalise
27:02des petites pastilles
27:04en hommage à la France. A tout de suite.

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