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Lionel Jospin, ancien Premier ministre et soutien du Nouveau Front populaire, était l’invité de C'est pas tous les jours dimanche ce dimanche 23 juin 2024. 

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00:00Alors là, faisons un rappel. Depuis un siècle et demi, sous la République, après la chute du Second Empire et le rétablissement de la République en France,
00:13jamais les Français n'ont porté un parti d'extrême droite au pouvoir. Il y a eu l'intermède 40-44, le régime dit de révolution nationale,
00:25et c'était sous l'égide, l'occupation nazie. Mais sinon, depuis lors, en 150 années de vie républicaine, jamais les Français n'ont décidé, eux,
00:41de porter l'extrême droite au pouvoir parce qu'ils savent que c'est fondamentalement antagoniste avec des valeurs et des principes de la République.
00:50Pourquoi, Lionel Jospin ? Parce que d'abord, effectivement, certains disent qu'on en a essayé plusieurs. Au fond, il faut leur donner leur chance.
00:57On entend aussi l'argument selon lequel ce sera une cohabitation et donc le président de la République gardera un certain nombre de pouvoirs si Jordan Bardella est à Matignon.
01:05Pourquoi est-ce que c'est tant un péril que ça ? Parce que vous dites que les Français n'ont jamais confié les clés du pouvoir à l'extrême droite, dont acte. Pourquoi est-ce que c'est un danger ?
01:15Eh bien, pour plusieurs raisons. D'abord, je pense personnellement, mon intuition politique, j'ai quand même peut-être une certaine expérience,
01:24que le Front national va à ses élections avec ce que j'appellerais un programme de surface couvert par la restabilité, la respectabilité,
01:35et qu'il va dans la période historique dans laquelle nous entrons, nécessairement, d'une façon ou d'une autre, accompagné par un projet profond ou souterrain
01:46qui, lui, est antagoniste avec les valeurs de la République. Et je pourrais aisément le montrer non pas en restant sur un débat de principes, mais en évoquant des questions très claires.
01:58Je pense sur la question de la liberté de la presse. On voit à l'œuvre un prédateur, M. Bolloré, qui achète des journaux et dans une connivence idéologique et politique avec le Rassemblement national.
02:12L'indépendance du juge, y compris du juge constitutionnel, l'atteinte aux libertés, tout cela est contenu potentiellement dans le programme du Front national.
02:30Et par exemple, si j'examine le thème de la préférence nationale, il faut que les Français comprennent bien que sous le vocable – ce qui peut être agréable – de la préférence nationale
02:41est remise en cause un principe fondamental non seulement de la République française, mais des démocraties européennes, qui est la distinction entre les droits politiques,
02:53ce qui relève de la nation, de la citoyenneté. Et là, seuls les Français, naturellement, votent s'ils sont citoyens français, quelle que soit leur origine.
03:03Et l'accès à la fonction publique, par exemple, n'est pas possible. Et ce qui relève des droits sociaux, du droit du travail, ou alors là ce qui est en cause, c'est l'égale dignité des êtres humains.
03:17Et un homme ou une femme qui travaille dans notre pays, fut-il un étranger, doit avoir les mêmes droits économiques et sociaux que les autres travailleurs.
03:28Sinon, alors, c'est l'inégalité entre les hommes, éventuellement entre les femmes, que l'on fait renaître.

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