Les Enquêtes Impossibles - Le meilleur ami de l´homme _ Messe funèbre

  • il y a 4 mois
Description: “Les Enquêtes Impossibles” est une série documentaire fascinante animée par Pierre Bellemare, qui plonge dans des enquêtes criminelles complexes résolues grâce à la science forensic. Chaque épisode révèle comment des techniques avancées et des analyses minutieuses ont permis de résoudre des affaires qui semblaient insolubles, mettant en lumière le travail méticuleux des enquêteurs et experts. Cette série est un incontournable pour les amateurs de documentaires de crimes réels et d’histoires captivantes de justice".
Un florilège d'histoires vraies. Les unes sont pathétiques et cruelles, d'autres, plus légères, peuvent faire sourire, mais relatent des faits divers parfaitement authentiques. Dans la plupart des cas, les faits étranges dont parle la presse trouvent un dénouement.

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Personnes
Transcription
00:00En 1989, une fillette de 4 ans est conduite d'urgence à l'hôpital, une artère de
00:25la jambe sectionnée.
00:26Elle meurt peu de temps après son admission.
00:31Selon les médecins, cette blessure ne serait pas due à un accident.
00:36En 1981, Cassie Hansen, 6 ans, disparaît mystérieusement pendant l'office religieux
00:44du soir.
00:45Il n'y a pas de témoin oculaire.
00:48Le seul indice dont dispose la police est un cheveu, mais un cheveu qui présente des
00:56caractéristiques très inhabituelles.
00:58Bonjour, soyez les bienvenus sur ce plateau pour un nouvel épisode des enquêtes impossibles.
01:05Les drames impliquant des parents infanticides sont particulièrement insupportables.
01:14Dans la grande majorité des cas, ils concernent des hommes et surviennent au sein de couples
01:21divorcés quand l'un des conjoints a la garde des enfants pour le week-end ou les
01:26vacances.
01:27Ainsi tenait, en 2003, le maire du village de Bouk, en Meurthe-et-Moselle, en instance
01:34de divorce avec sa femme, supprimé ses trois enfants avant de se donner la mort.
01:40Trois ans plus tard, à Tourcoing, un informaticien de 37 ans tuait lui aussi ses trois enfants
01:46de 9, 6 et 4 ans à coups de couteau dans des circonstances similaires.
01:51Peut-on imaginer une situation plus dramatique qu'un infanticide ?
01:56Eh bien oui, peut-être, lorsqu'au meurtre d'un enfant s'ajoute une erreur judiciaire.
02:04Emory, au Texas, est une petite ville rurale située à 120 kilomètres de Dallas.
02:13C'est un endroit paisible où vivent seulement 1000 habitants.
02:16En 1988, Debbie Lovelace et les deux filles qu'elle a eues d'un précédent mariage
02:28emménagent avec John Miller.
02:30Il est également divorcé et travaille dans la construction.
02:34Mon mariage avec John a été heureux.
02:38C'était vraiment un homme bien.
02:40Il a toujours pris soin de moi et des enfants et notre vie de famille était heureuse.
02:44On était bien tous ensemble.
02:49On faisait plein de choses avec les enfants.
02:51On ne les laissait pas à la maison quand on sortait.
02:54On les emmenait partout avec nous.
02:56On formait une famille vraiment très unie.
02:58John, Debbie et les filles emménagent dans une ferme de deux hectares située à la sortie
03:07de la ville.
03:08L'ensemble de la propriété est composée d'une maison, d'une grange et compte des
03:13chevaux et d'autres animaux de ferme.
03:15La petite April, 4 ans, adore la vie à la ferme.
03:23Elle adorait jouer dehors, elle aimait passer du temps à l'extérieur.
03:27April aimait beaucoup monter aux arbres.
03:29J'avais toujours un mal terrible à l'en faire descendre.
03:32Elle pétillait, c'était vraiment une petite fille pleine de vie.
03:36Elle n'arrêtait pas une minute, elle était toujours en train de courir.
03:39Je crois qu'elle ne savait pas marcher puisqu'elle ne faisait que courir tout le temps.
03:43Elle respirait la joie de vivre.
03:45Le 4 janvier 1989, la fille aînée du couple part à l'école.
03:51April sort pour jouer dehors.
03:53Debbie va qu'à ses occupations, tandis que John travaille dans un vieux bâtiment
03:59se trouvant à l'angle de la propriété.
04:01Aux alentours de midi, Debbie appelle April pour venir déjeuner, mais elle n'obtient
04:08aucune réponse.
04:09John arrive soudain vers la maison, portant April dans ses bras.
04:15La petite fille saigne abondamment, elle a une blessure grave à la jambe.
04:19Elle n'avait plus aucun vêtement sur elle.
04:22Et moi, je ne pouvais pas m'empêcher de hurler.
04:24J'étais hystérique, son corps était noir et bleu, et on pouvait s'en rendre compte
04:31à bonne distance.
04:32C'était horrible.
04:33C'était vraiment horrible.
04:37Sa jambe gauche était ouverte, il y avait une large entaille dans sa chair, elle était
04:45ouverte jusqu'à l'os.
04:47Je savais que la situation était vraiment critique, et qu'elle ne disposait que de
04:50très peu de temps pour être soignée et survivre.
04:53Même si John est un secouriste expérimenté, il est impuissant dans cette situation.
05:00April a déjà perdu beaucoup trop de sang.
05:03La blessure de 10 cm sur 15 a déchiré une grande partie de l'artère fémorale d'April.
05:09C'était comme s'il manquait une grande partie de sa jambe, comme si elle avait été
05:16arrachée.
05:17Les médecins tentent l'impossible pour sauver la petite April, qui est déjà dans un état
05:23très critique.
05:24C'est comme si elle en avait déjà trop supporté, et là elle s'en était trop pour April.
05:33Elle a subi comme un deuxième choc, elle ne pouvait plus se battre.
05:40La petite April, 4 ans, meurt sur la table d'opération.
05:45John déclare à la police qu'il a retrouvé sa belle-fille, April, dénudée sous un arbre
05:54et saignant abondamment de la jambe.
05:55Selon John, la petite fille aurait déclaré que c'était la faute des chiens.
06:02Le shérif ordonne qu'une autopsie soit effectuée.
06:08La police soupçonne qu'il y a eu meurtre.
06:10John Miller a déclaré que sa fille, April, lui a dit avant de mourir que les chiens l'avaient
06:20attaqué.
06:21Le shérif pense qu'il s'agit en réalité d'un meurtre.
06:26Le journaliste David Anners a couvert cette tragédie pour le journal local.
06:31La mort de cet enfant nécessitait l'ouverture d'une enquête.
06:37Et je pense que ce qui leur est immédiatement venu à l'esprit, c'est que c'était un homicide.
06:43Durant l'autopsie, le médecin légiste remarque la présence de longues marques verticales et de
06:48nombreuses plaies partout sur son corps.
06:51Il soupçonne alors qu'il s'agit de maltraitance.
06:56Le médecin légiste ne peut pas confirmer que la blessure à la jambe d'April a été causée par la
07:00morsure d'un chien.
07:01En effet, la plaie ne présente pas d'extrémité dentelée caractéristique des morsures d'animaux.
07:07L'entaille est très nette.
07:09Le spécialiste en conclut qu'elle a été faite par un couteau et que la petite fille a été assassinée.
07:21Ne dit-on pas que chaque famille est une énigme, que derrière des apparences de normalité,
07:27toutes dissimulent à des degrés divers, mystère et secret.
07:34L'affaire qui nous intéresse est bouleversante.
07:37April, 4 ans, a été retrouvé grièvement blessé au pied d'un arbre, le corps couvert d'échymose et une
07:47artère fémorale tranchée.
07:50Son beau-père affirme qu'avant de sombrer dans le coma, la fillette a eu le temps de lui dire que les
07:56chiens l'avaient attaqué.
08:00Mais cette version des faits a été démentie par l'autopsie.
08:04En effet, les blessures ne correspondent pas aux marques dentelées de mâchoire canine.
08:11Dans ce cas, si April a été assassinée, ses parents et notamment John Miller, son beau-père, sont les
08:18premiers suspectés.
08:20Alors, c'est pourquoi, au lendemain du service funéraire, le couple est pris dans une tourmente
08:24médiatique et judiciaire qui ajoute encore à son chagrin.
08:30Les policiers étaient partout.
08:35Je ne pourrais pas vous dire combien ils étaient, mais ils avaient vraiment investi les lieux.
08:39Ils parcouraient la propriété, cherchaient dans la maison et dehors.
08:44Je leur ai dit mais que se passe-t-il?
08:46Que faites-vous là? Et ils m'ont répondu qu'ils enquêtaient sur la mort d'April.
08:50Ils ne pensaient pas que des chiens pouvaient avoir fait ça à ma petite fille.
08:58Et ça m'a terrifié parce que je n'arrivais pas à croire ni à comprendre que quelqu'un ait pu venir
09:04chez nous et lui faire ça.
09:07La police retrouve du sang d'April sur le poteau d'une clôture et sur quelques feuilles.
09:12En revanche, elle ne relève aucun indice attestant d'une attaque de chiens.
09:17Il y a trois chiens dans la propriété.
09:19Deux appartiennent à la famille et un aux voisins.
09:22Aucun des animaux ne s'est jamais montré agressif ou n'a eu un comportement méchant auparavant.
09:28Dans la maison du couple, les enquêteurs trouvent tout un attirail associant les parents à des pratiques rituelles.
09:37Ils ont pensé que la blessure d'April avait été faite pour célébrer une cérémonie occulte
09:43et que c'est ça qui avait entraîné sa mort.
09:45C'est une hypothèse qu'ils se sont donné beaucoup de mal à étayer.
09:50La police trouve également un fer à friser électrique et deux types de punaises.
09:54Ces objets auraient pu causer les marques et les plaies présentes sur le corps d'April.
10:01Les enquêteurs interrogent le couple sans relâche concernant le couteau.
10:06On nous a interrogé pendant des heures sur le couteau qui aurait été utilisé pour faire la blessure.
10:11Est-ce que j'avais encore le couteau ? Où était-il ?
10:14Ça n'en finissait pas.
10:16Le couteau de John est confisqué et tous les autres objets trouvés dans la propriété
10:20sont envoyés au laboratoire de la police scientifique.
10:23Une première analyse montre qu'il s'agit peut-être de sang sur le couteau.
10:27Cet élément est suffisant pour que John Miller et Debbie Loveless soient inculpés de meurtre.
10:33Penser aux visions horribles que cela suscite, de les imaginer portant cette petite fille,
10:40en lui mutilant la jambe avec ce couteau, en lui faisant une horrible plaie ouverte
10:44et lui sectionnant l'artère avant de la frapper à plusieurs reprises,
10:48en utilisant un fer à friser.
10:50Et après tout ça, il se serait acharné sur elle avec des punaises.
10:55John et Debbie passent au détecteur de mensonges.
10:58C'est concluant pour Debbie, mais pas pour son mari.
11:02Les autorités locales ont brandé les résultats du test du détecteur
11:06et m'ont dit vous avez échoué, vous devez être le coupable.
11:10Il a échoué à ce test et je n'arrivais pas à comprendre.
11:13Je n'avais jamais vu la moindre trace de violence chez John, aucune agressivité.
11:19Et là, ces officiers de police me disaient que c'était lui le coupable
11:22et je n'arrivais pas à comprendre.
11:24Tout ça n'avait aucun sens pour moi.
11:26Ensuite, j'ai essayé de me poser des questions et de chercher pourquoi il aurait pu faire ça.
11:31Durant le procès, la défense de Debbie et de John est assurée par des avocats commis d'office.
11:37L'un d'eux n'a pas voulu utiliser la théorie de l'attaque des chiens.
11:41L'un des avocats est venu me voir et m'a dit écoutez, on ne peut pas avancer qu'elle a été attaquée par des chiens.
11:47Il a ajouté que le procureur leur avait dit qu'il n'avait rien.
11:50Il n'y avait rien pour prouver l'attaque.
11:52La défense n'avait pas d'argument.
11:54L'accusation dépeint John Miller comme un beau père agressif qui s'est emporté contre la petite Aprile.
12:00Il a perdu le contrôle de lui-même.
12:02La violenté fut assassinée.
12:04Debbie est présentée comme une femme battue, trop effrayée par son mari pour tenter de faire quoi que ce soit.
12:11Le rapport d'autopsie apporte une preuve supplémentaire prouvant qu'Aprile a bien été assassinée.
12:16Les objets saisis chez le couple qui auraient servi à mutiler le corps sont également montrés comme pièces à conviction durant le procès.
12:23Vous êtes assis là et vous les écoutez échafauder leur théorie sur la façon dont le crime s'est produit.
12:28C'est une affaire vraiment atroce.
12:30C'est horrible de les imaginer tenir cette petite fille à leur merci et de lui faire subir tout ça.
12:36Paul Chitwood, l'avocat commis d'office pour défendre John, demande au juge plus de temps pour interroger les témoins de l'accusation.
12:45Il demande également des fonds pour engager son propre expert scientifique.
12:49Ces deux requêtes sont rejetées.
12:53Un expert de la défense certifie que même si les premières analyses du sang retrouvées sur le couteau de John ont montré qu'il s'agissait peut-être de sang humain,
13:03des tests complémentaires ont prouvé que ça n'en était pas.
13:09Aucune trace de sang n'a été retrouvée sur le fer à friser et sur les punaises.
13:15La théorie de l'attaque de chien n'est pas présentée à la cour.
13:20À ce point de l'enquête, policiers et procureurs doivent trancher entre deux hypothèses.
13:27Soit la fillette a été assassinée par ses parents, soit elle a été mortellement mordue par l'un des trois chiens avec lesquels elle jouait.
13:40Pour étayer la première supposition, le médecin légiste affirme que les blessures sont dues à un objet tranchant et non à des crocs d'animaux.
13:49Élément aggravant, John Miller, le beau-père d'April, a été dépeint par certains comme un être tyrannique et brutal et des accessoires d'occultisme retrouvés dans la maison pourraient laisser penser que le couple s'adonnait parfois à des pratiques secrètes.
14:10Aurait-il sacrifié la fillette au cours d'une cérémonie satanique ?
14:16Faute de preuves médico-légales, la seconde hypothèse selon laquelle les chiens l'auraient mordu à mort est abandonnée par la défense.
14:27Cette affaire m'en rappelle une autre, non moins tragique.
14:31En août 1980, Lindy et Michael Chamberlain, un couple d'Australiens, campent dans le bush avec leurs enfants, un garçon de 4 ans et Azaria, sa sœur, âgée de quelques mois.
14:46Tandis que Lindy prépare le dîner, un cri retentit en provenance de la tente dans laquelle dormaient les enfants.
14:52Il y a une flaque de sang sur le sol et Azaria a disparu.
14:56« Un dingo, un chien sauvage, a pris mon enfant ! » hurle Lindy Chamberlain pour alerter les autres campeurs.
15:06La presse s'empare de l'affaire et la monte en épingle. Les enquêteurs retrouvent dans la voiture du couple une paire de ciseaux ensanglantés.
15:13Le coroner conclut à l'homicide. Lindy Chamberlain est arrêtée inculpée d'infanticide et incarcérée.
15:20Et bien six ans plus tard, des promeneurs retrouvent la veste d'Azaria.
15:27Elle est partiellement enterrée dans le désert. Elle présente des marques de morsure de dingo.
15:33Alors Lindy est libérée et perçoit la somme de 1,3 million d'australiens en compensation.
15:42Mais pour autant, la famille est brisée et ne se rétablira jamais du traumatisme qu'elle a subi.
15:48Si j'ai pris le temps de mentionner cette anecdote, c'est pour rappeler les conséquences que peuvent avoir parfois des expertises trop hâtivement conclues.
15:57Pour autant, dans notre affaire, l'analyse des blessures infligées à la petite fille accuse formellement ses parents.
16:04En guise d'argument final, l'un des avocats de la défense a reconnu qu'il s'agissait d'un meurtre.
16:11Il a admis que la petite April avait bien été assassinée.
16:15Il a dit, elle a été tuée, mais l'accusation n'a pas prouvé que c'était mon client le coupable.
16:22John et Debbie se retrouvent à l'hôpital.
16:25Elle a été tuée, mais l'accusation n'a pas prouvé que c'était mon client le coupable.
16:32John et Debbie sont tous les deux déclarés coupables par le jury et condamnés à la prison à perpétuité.
16:41La première fois que cette porte en acier claquait derrière moi, c'était terrible. Je n'avais jamais rien entendu de pareil.
16:49C'est un son très particulier qui donne la chair de poule, et vous savez qu'on ne vous ouvrira plus jamais cette porte.
16:56Je ne pouvais pas fermer les yeux sans la voir telle que nous l'avions retrouvée, peu de temps avant qu'elle meure.
17:04Je n'arrivais plus à dormir. Je pensais que j'allais passer le restant de mes jours en prison.
17:10J'ai commencé à me battre dès le premier jour. J'avais déjà écrit à une association de soutien aux victimes d'erreurs judiciaires, j'ai écrit au gouverneur, à son assistant, j'ai aussi écrit à des membres du congrès.
17:22J'ai dépensé beaucoup d'argent en timbre, alors que j'aurais certainement pu l'utiliser pour bien manger.
17:28Quand vous vous retrouvez dans cette situation, accusé d'un crime que vous n'avez pas commis, vous perdez tout espoir.
17:37Et j'avais perdu espoir qu'on découvre un fait nouveau et qu'on connaisse enfin la vérité.
17:43J'étais innocent, je savais que Debbie l'était aussi, et je n'avais pas l'intention de renoncer à me battre, il fallait que je trouve quelqu'un qui prouverait notre innocence.
17:52Les années passent, Debbie Loveless et John Miller s'inquiètent également pour leur fille aînée, placée dans une famille d'accueil.
18:02Le couple se bat toujours pour tenter de prouver son innocence.
18:08Je ne pensais pas que des innocents pouvaient se retrouver en prison, que des gens pouvaient être condamnés pour un crime qu'ils n'avaient pas commis.
18:15Je crois que j'étais très naïve et stupide de croire que ça ne pouvait pas arriver.
18:23Et finalement j'ai bien vu que ça se produisait, mais je n'arrivais pas à y croire.
18:28J'étais innocente et tout le monde me disait coupable.
18:32John et Debbie maintiennent leur version des faits.
18:36April jouait dehors et était vêtue très légèrement car c'était une journée très chaude.
18:41Selon eux, l'un des chiens aurait attaqué leur fille alors qu'elle était en train de jouer.
18:55Au moment du déjeuner, Debbie et John cherchent April partout et remarquent que les chiens sont agités.
19:01John les suit et découvre la petite April étendue par terre.
19:05Elle saigne abondamment d'une blessure à la jambe.
19:12Selon John, April lui aurait dit avant de perdre conscience que les chiens l'avaient attaqué.
19:21Mais les experts scientifiques qui ont pratiqué l'autopsie ont conclu à un meurtre.
19:27Robert Hardis est l'avocat commis d'office pour assurer la défense des accusés dans leur procès en appel.
19:34Robert Hardis fait partie de ces avocats qui vous redonnent foi en la profession.
19:39C'est une belle âme.
19:41Il ne va pas s'arrêter de chercher jusqu'à ce qu'il trouve.
19:46Un jour, alors qu'il parcourt les preuves du dossier, Hardis tombe sur une boîte contenant des centaines de clichés des blessures d'April.
19:57Il s'agit pour la plupart de photos prises durant l'autopsie et présentées durant le procès.
20:03Mais l'avocat trouve également un autre jeu de photos prises peu de temps après l'arrivée d'April aux urgences.
20:11Ces clichés n'ont pas été montrés au jury et difficile d'affirmer que les premiers avocats de John Hedeby les aient vus.
20:21En comparant les photos, Hardis fait une étonnante découverte.
20:25Les photos de la blessure d'April à la jambe sont différentes.
20:34D'après les photos, on pouvait supposer qu'il s'agissait d'une attaque de chien.
20:39Hardis envoie les clichés à un expert scientifique de l'Institut Médico-Légal de Dallas.
20:47Après les avoir étudiés, l'expert affirme qu'il s'agit d'une attaque de chien.
20:55Il a dit, ce que je peux vous affirmer, c'est qu'il y a des traces de mâchoire canine.
21:00Nous avons pu démontrer que les dents de chien se superposaient parfaitement sur la blessure et que de la chair avait été arrachée à cet endroit.
21:11Dennis Hessen est odontologiste et reconnaît qu'il est parfois difficile d'identifier des blessures d'animaux.
21:19Selon lui, nombre de ces blessures sont rarement imputées à des animaux car ils arrachent souvent la chair au lieu de la mordre.
21:29Lorsqu'on doit se prononcer sur l'origine d'une plaie pour savoir s'il y a eu morsure ou pas, il faut absolument s'intéresser à l'ensemble des éléments pour repérer d'autres indices éventuels et répondre à la question s'agit-il d'une morsure ou pas.
21:42Mais si c'est effectivement le cas et que des chiens sont à l'origine de la blessure d'April, pourquoi l'expert précédent ne l'a-t-il pas établi ?
21:50La réponse est évidente. La blessure avait changé au moment de l'autopsie. En effet, les chirurgiens l'ont nettoyée avant de tenter de sauver la vie d'April aux urgences.
22:03Au moment d'être traité en chirurgie, cette blessure était très dentelée et de forme très irrégulière.
22:13Bien évidemment, le chirurgien a utilisé un scalpel pour nettoyer la plaie, enlever les tissus nécrosés pour avoir une plaie bien nette.
22:24La nouvelle équipe d'experts scientifiques remarque également que les nombreuses écorchures sur le dos d'April sont concentrées sur quatre lignes parallèles, des lignes qui correspondent aux quatre griffes de la patte antérieure d'un chien.
22:38Il y avait là une empreinte de patte et une autre ici. Et on m'a expliqué que tant que la personne blessée était en vie, ces marques particulières, ces bleus qui avaient la forme d'une patte, n'apparaîtraient pas.
22:55Puis April s'est retrouvée sur le dos dans la salle d'opération et elle est morte durant l'intervention.
23:03Alors le sang a ensuite afflué au niveau de ces différentes marques pour bien faire apparaître l'empreinte d'une patte.
23:13Il est maintenant possible d'envisager un nouveau procès.
23:18Aussi incroyable que cela puisse paraître, le premier jeu de photos montrant les blessures de la fillette avant sa mort et prouvant qu'elle avait été mordu par un chien n'a pas été montré au jury.
23:32Et les photos prises post mortem une fois que les plaies avaient été dégagées au bistouri par le chirurgien ont été accablantes pour ses parents.
23:42Sans la persévérance de l'avocat Covid Office et la contre-expertise d'un odontologiste judiciaire, John Miller et Debbie Loveless auraient pu croupir leur vie durant derrière les barreaux.
23:57Aussi après 5 ans d'incarcération et après avoir clamé en vain leur innocence, sont-ils autorisés à lancer une procédure en appel pour la révision de leur procès.
24:08Leur nouvel avocat Robert Hardis remet également la main sur une déposition capitale.
24:15Une femme a déclaré avoir vu les chiens des deux accusés attaquer 3 personnes différentes dans 3 situations différentes.
24:24Elle a fait cette déclaration au shérif qui l'a écarté en disant que les chiens ne faisaient que s'amuser.
24:31Ce témoin n'a pas été appelé à comparaître dans le premier procès.
24:36Fort de ces nouveaux éléments, Hardis demande à ce que l'affaire soit rejugée.
24:41Il s'appuie sur le fait que ses clients n'ont pas bénéficié d'une défense suffisante lors du premier procès.
24:48Paul Chitwood, le premier avocat à assurer la défense de John Miller et Debbie Loveless est même d'accord avec lui.
24:56Il était très énervé.
25:00Évidemment, personne n'aime s'entendre dire qu'il a fait du mauvais boulot.
25:04Et inefficacité de la défense, c'est bien ce que cela veut dire.
25:09Paul Chitwood est aujourd'hui décédé.
25:12Mais il avait pu donner son témoignage en faveur de John et Debbie.
25:15Il a alors rappelé à la cour qu'il avait demandé à pouvoir examiner les déclarations des témoins de l'accusation avant le procès.
25:21Requête qui lui a été refusée.
25:24On lui avait aussi refusé la possibilité d'engager un expert scientifique indépendant pour réexaminer les preuves.
25:31Il a toujours eu la conviction qu'ils n'étaient pas coupables du crime dont on les accusait.
25:38Le bureau du procureur n'a pas souhaité commenter l'allégation selon laquelle on aurait délibérément évité de transmettre certains clichés aux premiers avocats de la défense.
25:48En 1993, le juge ordonne un nom lieu pour John Miller et Debbie Loveless.
25:55Il y a désormais trop de preuves plaidant en leur faveur.
26:00Après cinq longues années d'emprisonnement, le couple recouvre la liberté.
26:06L'enquête menée au début a été plutôt médiocre.
26:10Ils n'ont pas voulu croire à une possibilité d'une attaque de chien.
26:13Ils n'ont même pas creusé cette piste.
26:15Je n'arrivais pas à y croire.
26:18C'en était même effrayant parce que cela faisait cinq ans que j'étais dans cet endroit.
26:22Et ça déjà je n'étais jamais arrivé à me l'expliquer.
26:26Je crois qu'il n'y a pas de mots pour décrire ce que j'ai ressenti.
26:30Le bonheur de rentrer à la maison.
26:33J'allais retrouver ma fille Amy.
26:37Les preuves du procès et de l'incarcération a durement éprouvé les époux.
26:41Après leur libération, Debbie Loveless et John Miller se séparent.
26:47J'ai perdu cinq années de ma vie avec mon fils, avec Amy et Debbie.
26:51Elle s'était envolée, Debbie est partie aussi.
26:54Elle a fini par rencontrer quelqu'un, elle voulait de l'aide et surmonter tout ça.
26:58Et elle est partie.
27:00Alors c'est vrai, je suis sorti de prison, mais ma vie était déjà complètement détruite.
27:07Une enquête bâclée qui s'est appuyée sur de mauvaises expertises scientifiques.
27:12Je trouve que c'est terrifiant.
27:15Et ça aurait pu arriver à n'importe lequel d'entre nous.
27:19Toute cette injustice dont nous avons été victimes, c'est incompréhensible.
27:24Nous avons littéralement été crucifiés pour un crime que nous n'avions pas commis.
27:35Et je ne comprends toujours pas pourquoi ils ont fait ça.
27:38Ainsi se termine cette tragique affaire.
27:42En plus d'une petite fille morte accidentellement, sa sœur a été privée de mère pendant cinq ans et un couple a été brisé.
27:52Triste bilan d'une enquête bâclée et d'une interprétation erronée des preuves médico-légales.
28:00Les erreurs judiciaires ne sont malheureusement pas des événements exceptionnels.
28:03À rapport du ministère canadien de la Justice, on a répertorié les causes principales.
28:10La difficulté de la police et du parquet à remettre en cause une enquête faussée dès le départ.
28:17L'erreur dans l'interprétation des indices matériels.
28:21Les faux témoignages.
28:23Et la fabrication de preuves par la police pour boucler rapidement une enquête et augmenter les statistiques de la police.
28:31Sachez encore qu'en France, depuis 1945, seules sept erreurs judiciaires ont été reconnues comme telles par la chancellerie.
28:43L'affaire Doutreau, par exemple, est restée dans les mémoires.
28:47En 2001, 18 personnes accusées de pédophilie sont placées en détention provisoire pour une période d'un à trois ans.
28:54Après d'innombrables rebondissements et deux procès, treize d'entre elles sont déclarées innocentes.
29:01Cette affaire, qualifiée de naufrage judiciaire, a largement remis en cause le rôle assigné au juge d'instruction qui est, on le sait, inquisitoire.
29:12Néanmoins, plus de 2000 non-lieux ont été rendus en France en 2005.
29:18Lorsqu'un drame survient brutalement et brise une vie, l'entourage de la victime a le désir fou et utopique de remonter le temps,
29:29d'effacer les quelques minutes qui lui restent.
29:32Lorsqu'un drame survient brutalement et brise une vie, l'entourage de la victime a le désir fou et utopique de remonter le temps,
29:40d'effacer les quelques minutes fatidiques au cours desquelles tout a basculé.
29:45L'histoire insensée de gommer le cauchemar et de revenir en arrière.
29:51L'histoire que je vais vous raconter maintenant illustre ce sentiment d'une manière tragique.
29:59C'est une froide nuit de novembre en 1981 dans le Minnesota.
30:03La famille Hanson est en route pour la messe de l'église luthérienne évangélique de Saint-Paul.
30:09Hélène Hanson et ses deux filles, Cassie et Vanessa, se réjouissent de cette soirée en famille à l'église.
30:16Bill, leur père, a d'autres obligations et ne peut pas les accompagner.
30:22Je m'en souviens comme si c'était hier.
30:25On a dîné dans la chambre, on s'est réveillés, on s'est réveillés, on s'est réveillés, on s'est réveillés,
30:30je m'en souviens comme si c'était hier.
30:33On a dîné et les filles sont montées dans la voiture.
30:36Hélène était au volant.
30:38On était dans le garage et Cassie était assise sur le siège passager.
30:44Elle m'envoyait des bisous et me faisait coucou de la main.
30:50Hélène, Cassie et Vanessa arrivent en avance à l'église.
30:54Les filles descendent pour aller jouer dans la salle de jeu où se tiennent les cours de catéchisme le dimanche.
31:01Cassie prévient sa mère qu'elle se rende aux toilettes.
31:07Quelques minutes après, je suis descendue aux toilettes, mais elle n'y était pas.
31:11Alors je suis remontée et j'ai crié son nom plusieurs fois.
31:15J'ai reçu ce coup de fil d'Hélène dans lequel elle me prévenait que notre petite Cassie avait disparu.
31:21Je crois qu'à cet instant, mon coeur a dû s'arrêter de battre.
31:25J'avais le souffle coupé, vous imaginez ?
31:27Plein de choses me passaient par la tête.
31:31Parce que vous connaissez bien votre enfant.
31:34Vous savez qu'elle ne s'aventurerait jamais n'importe où, toute seule, comme ça.
31:41J'ai tout de suite su que quelque chose de grave avait dû arriver.
31:46Comme la fillette reste introuvable, la police de Saint-Paul est appelée sur les lieux.
31:53Dans l'heure, la photographie de Cassie est distribuée à tous les journaux et chaînes de télévision de la région.
32:01Les recherches se poursuivent toute la nuit.
32:05On est restés là toute la nuit.
32:07Il y avait beaucoup de monde avec nous.
32:09Environ 200 personnes étaient là.
32:12Pour nous aider à la retrouver.
32:15La police enquête dans tout le voisinage et des bénévoles passent des centaines d'appels.
32:21En vain.
32:24Le lendemain au petit matin, la police fait une découverte macabre.
32:30La police de Saint-Paul n'a pas trouvé personne.
32:33La recherche a été annulée.
32:37Le corps de Cassie Hansen est découvert dans une peine, derrière un garage, situé à 5 kilomètres à peine de l'église.
32:46Cet agent infiltré est le premier policier arrivé sur les lieux.
32:51Ça a vraiment indigné la communauté.
32:53Ça a indigné un bon nombre d'agents de police.
32:57C'était comme s'ils l'avaient considéré ni plus ni moins que comme un déchet bon à jeter.
33:04Les chaussures de Cassie, dont les boucles ont été enlevées, sont retrouvées à deux endroits différents, mais dans le périmètre de la peine.
33:14Caroline Lowe a couvert l'affaire pour une chaîne de télévision locale.
33:20Une église, c'est normalement un endroit où on peut amener son enfant en toute sécurité.
33:24Le lieu et les gens inspirent confiance, et c'est la dernière chose à laquelle on s'attendrait.
33:30Comment penser qu'un étranger puisse pénétrer dans une église pour enlever un enfant ?
33:36L'autopsie révèle que la petite fille a été agressée sexuellement.
33:41Le sperme retrouvé sur la robe de Cassie indique que l'agresseur est de groupe sanguin O.
33:46Des cheveux n'appartenant pas à la petite fille sont par ailleurs collectés.
33:51La cause de la mort est la strangulation au moyen d'une ceinture large.
33:56Les marques sur la poitrine de Cassie indiquent qu'une autre sangle a été utilisée pour l'immobiliser.
34:05Un membre de l'église se souvient avoir vu un homme blanc dans les 50-60 ans portant des lunettes noires et ayant les cheveux blancs près des toilettes la nuit du drame.
34:15C'est vague comme description, mais c'est la seule piste dont disposent les enquêteurs.
34:25Après le meurtre de Cassie Hansen, la police s'attèle à localiser tous les délinquants sexuels se trouvant dans les environs.
34:32Il y avait 107 personnes qui avaient été identifiées par des citoyens ou à l'issue d'une enquête policière comme des suspects potentiels.
34:41Sur ces 107 personnes, 57 avaient soit leur domicile, soit leur lieu de travail dans le quartier où la fillette avait été enlevée.
34:52La police interroge un grand nombre de ces personnes.
34:55Rapidement, elle tient un suspect, mais aussi des aveux.
35:01Rondell Quinley, cette femme qui venait du Texas, prétendait avoir tué Cassie Hansen.
35:08Elle s'est présentée à la police de Saint-Paul pour y faire ses aveux.
35:12Et là, il s'est avéré qu'en fait, elle avait appris l'affaire dans les journaux et qu'elle ne faisait que réciter le contenu des articles.
35:17Elle prétendait avoir agi seule, mais de toute évidence, c'était un homme qui avait laissé son sperme et donc, c'était de la fabulation.
35:27La police entend deux autres témoins qui ont vu un homme blanc porter un enfant inerte à proximité de la poubelle du garage, la nuit du meurtre.
35:36Leur signalement correspond à celui qui a été fouillé.
35:38N'ayant aucune autre piste, la police contacte le département des sciences comportementales du FBI, à Washington.
35:47Les profilers analysent les antécédents et le comportement des auteurs de crimes civiques.
35:53Leur signalement correspond à celui qui a été fourni par le membre de l'église, qui a vu un individu d'une soixantaine d'années près des toilettes.
35:59Le département des sciences comportementales du FBI, à Washington.
36:04Les profilers analysent les antécédents et le comportement des auteurs de crimes similaires.
36:09À partir de là, ils font des recommandations concernant le type d'individu qui doit être recherché.
36:17Les bases du profilage remontent à un peu plus d'un siècle, mais il devient une discipline à part entière aux États-Unis dans les années 1950.
36:26D'anciens agents du FBI commencèrent à interroger les prisonniers pour rechercher des facteurs communs liant leurs crimes.
36:34Ainsi, des schémas ressortirent de l'étude des tueurs en série.
36:38La plupart d'entre eux avaient été victimes de maltraitances dans leur enfance,
36:42ce qui avait pu les conduire à des comportements anormaux, comme la pyromanie, la cruauté envers les animaux ou les enfants,
36:50puis à de petits délits et à la méfiance envers les autorités.
36:56La plupart connaissent ensuite une escalade vers des crimes plus violents entre 25 et 30 ans.
37:02En général, le goût de la manipulation et de la domination conditionnent leur comportement,
37:08et il peut être associé à des perversions sexuelles.
37:12Certains tueurs en série peuvent apprécier la notoriété ou le fait de collectionner des objets ayant appartenu à leurs victimes.
37:22Dans notre affaire, les profs haïleurs doivent échafauder un schéma directeur à partir du peu d'éléments dont ils disposent.
37:29Le meurtre, le meurtrier de la petite Cassie serait un pédophile de race blanche âgé de 50 à 60 ans.
37:40Et il aurait des tendances fétichistes, puisqu'il a arraché les boucles de chaussures de la fillette
37:47pour les conserver en guise de trophée.
37:52L'ancien agent John Douglas a dressé le profil du tueur de Cassie pour la police de Saint-Paul.
38:01D'après lui, il s'agirait d'un homme blanc, un solitaire avec une piètre estime de lui-même
38:08et ayant probablement été victime d'abus sexuels durant son enfance.
38:11Toujours selon Douglas, l'homme pourrait fréquenter des squares ou jouer des enfants.
38:20Ce serait un octambule qui aimerait circuler en voiture la nuit.
38:27Après le meurtre, il n'aurait pas fui le quartier, considérant son acte comme justifié.
38:33Il se peut qu'il ait conservé un souvenir de son crime.
38:36Et dernier point, mais non des moindres, il serait obsédé par le meurtre,
38:40au point de ne pas pouvoir s'empêcher d'en parler.
38:44Les enquêteurs obtiennent plusieurs pistes très utiles.
38:47L'une d'entre elles leur est fournie par Dorothy Noga, employée dans un salon de massage.
38:55« Ça vous va ? »
38:57« Extra ! »
38:58Elle déclare à la police que l'un de ses clients, un chauffeur de taxi du nom de Stuart,
39:03s'est fait masser dans son salon le lendemain du meurtre de la petite Cassie Hansen.
39:16« Au fait, Dorothy, si jamais on te demande, tu pourrais dire que j'étais aussi au salon la nuit dernière ? »
39:23Sa question a éveillé ses soupçons.
39:27Au cours de son interrogatoire, Nolton n'est plus au salon.
39:31Dans son interrogatoire, Nolton n'y est impliqué dans ce meurtre.
39:35Il a par ailleurs un alibi.
39:37Il déclare qu'il était en service, au volant de son taxi, la nuit du meurtre.
39:43Si son alibi venait à se vérifier, les enquêteurs se retrouveraient de nouveau dans une impasse.
39:50Dorothy Noga propose aux enquêteurs d'enregistrer ses conversations avec Nolton.
39:54Mais ils refusent, jugeant l'entreprise trop dangereuse.
39:58Janice Redman, employée à l'office du logement de Saint-Paul, connaît aussi Stuart Nolton.
40:05Huit mois avant le meurtre de Cassie Hansen, un locataire avait déposé une plainte à l'encontre de Stuart Nolton,
40:11car celui-ci avait fait des avances sexuelles à des enfants.
40:16D'aussi loin que je me souvienne, je ne me rappelle pas avoir jamais vu quelqu'un d'aussi terrifiant que lui.
40:24Deux témoignages impliquent Stuart Nolton dans le viol et le meurtre de la petite Cassie Hansen.
40:32Dorothy Noga, qui prétend qu'il lui a fait des confidences dans son salon de massage,
40:39et Janice Redman, employée à l'office du logement de Saint-Louis,
40:42qui a enregistré des plaintes concernant les avances sexuelles qu'il leur a faites à des enfants.
40:48Courageusement, ces deux femmes proposent aux policiers de tenter de le piéger en dissimulant sur elles des micro-émetteurs.
40:55Mesurant le danger que cela représente, les enquêteurs déclinent la proposition de Dorothy Noga.
41:01Mais le temps presse, et la police ne peut pas prendre le risque de laisser en liberté un prédateur aussi dangereux.
41:14Janice Redman fait aux enquêteurs la même proposition que Dorothy Noga,
41:18cacher sur elle un micro et évoquer avec Stuart Nolton l'affaire du meurtre de la petite Cassie Hansen.
41:25Cette fois-ci, les enquêteurs décident d'accepter.
41:30Lorsque Janice Redman rencontre Nolton, elle lui demande s'il a suivi les actualités sur le meurtre de la petite Cassie.
41:38Ce dernier répond que oui.
41:40Ensuite, il commet une grave erreur.
41:45Il prétend qu'il a fait des confidences dans son salon de massage.
41:50Ensuite, il commet une grave erreur.
41:55Il parle du fait que la fillette a été frappée au visage.
41:58Or, ce fait n'a pas été révélé au public.
42:02Thomas Poach, le procureur en charge de cette affaire, déclare qu'il s'agit là de leur première avancée.
42:10C'était une preuve accablante contre lui, parce que personne n'avait révélé à la presse que la petite fille avait été battue.
42:17Seul le tueur pouvait être au courant.
42:19En même temps, on n'avait pas de témoin et le dossier ne reposait que sur des preuves indirectes.
42:25Alors que la police le suit à la trace, Stuart Nolton traverse une rue du centre-ville de Saint-Paul.
42:30Il est renversé par une voiture et grièvement blessé.
42:33Il est aussitôt conduit aux urgences où il est amputé de la jambe à partir du genou.
42:40Je me suis dit que c'était une intervention divine.
42:44Que les enfants allaient être protégés maintenant et que jamais plus, ils ne pourraient en enlever un autre.
42:51La police a vérifié l'alibi de Nolton et elle découvre que, pour la nuit du meurtre, il n'a pas rendu son carnet de courses.
43:00Lorsqu'il est interrogé sur ce point, il déclare qu'on le lui a volé.
43:04Malgré les mises en garde de la police, la masseuse Dorothy Noga prend l'initiative de téléphoner à Stuart Nolton pour essayer de le faire parler.
43:19On a trouvé son acte vraiment héroïque.
43:21Elle nous a rapporté qu'au cours de leur conversation, il lui avait avoué avoir tué la petite fille.
43:26Autrement dit, il avait tué Cassie.
43:29Dorothy Noga voulait aider à faire avancer l'affaire.
43:32Elle disait être disposée à lui parler et à enregistrer leurs conversations.
43:38Et c'est ce qu'elle a fait, des heures durant.
43:42Mais le suspect ne va pas réitérer ses avoues.
43:47Tard dans la soirée, alors que Dorothy Noga quitte enfin son salon, un homme surgit de l'obscurité et lui tranche la gueule.
43:54Il s'enfuit, la laissant pour morte.
44:05Je suis allé à l'hôpital, elle avait eu la gorge taillée sur tout un côté.
44:09Sa pression sanguine était nulle.
44:11Ils m'ont dit qu'elle ne s'en sortirait pas.
44:15Mais miraculeusement, Dorothy Noga s'est rendue consciente.
44:20Pour essayer de se rappeler les détails de son agression, Dorothy Noga se soumet à une séance d'hypnose.
44:30En 1855, James Bred, un chirurgien anglais, introduit le concept d'hypnose.
44:39L'hypnose évoque encore souvent un sommeil mystérieux, magique ou inquiétant.
44:44Et cette conception génère soit des attentes irréalistes, soit une méfiance exacerbée.
44:52Dans le cas de Dorothy Noga, le sujet de l'hypnose n'est pas le sujet de l'hypnose,
44:56c'est le sujet de l'hypnose.
45:00Dans le cas de Dorothy Noga, le sujet de l'hypnose n'est pas le sujet de l'hypnose,
45:05soit une méfiance exacerbée.
45:09Mais loin d'induire la passivité,
45:11l'hypnose est un état actif dans lequel un certain nombre de phénomènes se produisent
45:16grâce à une collaboration du patient.
45:20L'utilisation de l'hypnose dans le cadre judiciaire a débuté aux États-Unis dans les années 1970.
45:27Dans la plupart des pays européens, elle s'est développée il y a une vingtaine d'années
45:30pour tenter de résoudre des affaires criminelles.
45:35Les entretiens sous hypnose sont proposés aux victimes et aux témoins des faits graves
45:40qui éprouvent des difficultés à restituer justement ces faits.
45:44Aujourd'hui, bien que toujours controversée,
45:47cette méthode a prouvé son efficacité dans de nombreux dossiers.
45:53Dans notre affaire, Dorothy Noga, la masseuse qui s'est efforcée d'arracher des confidences
45:59à Stuart Nolton, le principal suspect, et qui a failli le payer de sa vie,
46:04parviendra-t-elle à identifier son agresseur en état d'hypnose ?
46:10Elle parvient à se souvenir de l'homme qu'il a agressé cette nuit-là.
46:18Elle dit que c'est Stuart Nolton qu'il a agressé,
46:21quelques heures seulement après la conversation téléphonique
46:24au cours de laquelle il a avoué le meurtre de Cassie Hansen.
46:28Et il a enfoncé son couteau tout droit dans mon cou.
46:33Et ensuite il l'a retiré.
46:35Je l'ai senti et j'ai alors tourné la tête comme ça et il m'a dit
46:38« Je vais t'apprendre à tenir ta langue ».
46:40Et après, il m'a tranché la gorge comme ça tout du long.
46:44Dans l'état du Minnesota, la loi ne prend pas en compte les souvenirs recueillis sous hypnose.
46:49Ces témoignages n'étant pas recevables devant la cour,
46:52le procureur ne peut pas s'en servir contre le suspect.
46:55Les experts scientifiques qui enquêtent sur le meurtre de Cassie Hansen
46:58disposent d'un échantillon de sperme indiquant que le groupe sanguin de l'agresseur est O.
47:05En 1983, les tests ADN sont encore loin d'être généralisés dans les affaires criminelles.
47:13Stuart Nolton est de groupe sanguin O,
47:16mais c'est aussi le cas de plus d'un tiers de la population.
47:19La police se procure un cheveu de Stuart Nolton
47:21et l'envoie en même temps que les vêtements de Cassie Hansen
47:24au laboratoire de médecine légale du FBI à Washington, D.C.
47:32Les techniciens utilisent une spatule pour racler les fibres et les cheveux
47:36présents sur les vêtements de Cassie.
47:39Les éléments récupérés sont ensuite analysés au microscope
47:42et comparés aux cheveux de Nolton.
47:49Le travail de comparaison est subjectif.
47:51Même si les échantillons semblent identiques,
47:54on ne peut pas s'en servir contre le suspect.
47:59Le médecin de l'hôpital de Washington, Stuart Nolton,
48:02est un expert en médecine légale,
48:04mais le travail de comparaison est subjectif.
48:06Même si les échantillons semblent identiques,
48:08comparer des cheveux n'a rien à voir avec des empreintes digitales.
48:15À cette époque, Al Robillard dirigeait le service d'analyse
48:18des fibres et cheveux du FBI.
48:22La comparaison des cheveux ne permet pas d'avoir
48:24une certitude absolue sur sa provenance.
48:28Le fait de dire qu'un cheveu est identique à ceux d'un individu
48:31qui possède les mêmes caractéristiques microscopiques
48:34que les cheveux de cet individu
48:36ne veut pas nécessairement dire que ce cheveu est à lui.
48:42Cela s'explique par le fait qu'un cheveu
48:44ne présente pas de caractéristiques uniques
48:47qui permettraient d'arriver à une conclusion irréfutable.
48:51Il est tout à fait possible que deux cheveux tellement similaires
48:54qu'on ne puisse pas les distinguer au microscope
48:57appartiennent en fait à deux individus différents.
49:03Mais dans cette affaire, l'expert scientifique
49:06fait une découverte capitale.
49:08Sur les vêtements de Cassi, il trouve un cheveu
49:11dont les caractéristiques lui sont totalement inconnues.
49:18Ce cheveu sortait vraiment de l'ordinaire.
49:20À tel point que durant toute ma carrière,
49:22passé à examiner des cheveux au laboratoire du FBI,
49:25je n'ai jamais eu à examiner ou à comparer d'autres cheveux
49:28ayant cette particularité.
49:30Il s'agit d'une affection de la tige pilaire appelée pili annulati.
49:35Plus communément, on en parle comme de la maladie des cheveux annulés.
49:39À mes yeux, c'était un élément significatif.
49:45Le pili annulati est une anomalie de la tige pilaire,
49:49une maladie rare dont la cause est inconnue.
49:55Prenons l'exemple de la queue d'un raton laveur.
49:57Si on l'observe au microscope, on voit apparaître des bandes sur ses poils.
50:01Si ces bandes apparaissent, c'est parce qu'il existe une sorte de cassure
50:05dans cette zone de la cuticule.
50:09Elle commence à se fissurer.
50:13Lorsque Robillard analyse le cheveu de Stuart Knowlton,
50:17il constate que celui-ci présente les signes de la même maladie.
50:22C'est sûr et certain.
50:25J'ai pourtant examiné des milliers de cheveux durant ma carrière
50:29et je n'ai eu ce cas de figure qu'une seule fois.
50:32J'ai étudié deux cheveux et j'ai pu relier la victime et un suspect,
50:36non seulement grâce à des caractéristiques microscopiques du cheveu,
50:40mais aussi grâce à une maladie capillaire.
50:43À la suite de cette découverte, Stuart Knowlton est arrêté
50:47et inculpé du meurtre de la jeune Cassie Hansen.
50:52Lors de son témoignage, Dorothy Noga va tenir les spectateurs du tribunal en haleine.
50:58Elle raconte au jury ce que Knowlton lui a avoué
51:01lors d'un appel téléphonique, quelques heures avant d'être sauvagement agressé.
51:10Knowlton était en service près de l'église
51:13quand il s'est arrêté pour aller aux toilettes.
51:18C'est là qu'il rencontre Cassie Hansen.
51:22Bonjour, ça va ?
51:24Oui, ça va.
51:26Tu t'appelles ?
51:27Cassie.
51:28Tu es là pour la messe ?
51:30Oui.
51:32Avec ta maman et ton papa ?
51:38Juste ma maman.
51:40Il lui demande si elle veut jouer.
51:43À quoi ?
51:46Lorsqu'il l'entraîne à l'extérieur en direction de son taxi,
51:49elle commence à avoir peur et se met à hurler.
51:55Une fois dans le taxi, comme Cassie se débat pour s'échapper,
51:59Knowlton l'étrangle à l'aide de sa ceinture.
52:05Plus tard, il jette son corps dans une veine se trouvant à quelques kilomètres de là.
52:12Il récupère les boucles de ses chaussures, telles des trophées,
52:16et abandonne les deux chaussures à deux endroits différents.
52:22Stuart était un fétichiste des chaussures.
52:25Quand il m'a parlé des chaussures, au début, ça ne voulait rien dire pour moi.
52:29Avec le recul, je sais maintenant que ça avait plus de sens que ce que je croyais.
52:36La description de la maladie capillaire rare de Stuart Knowlton
52:40convainc le jury que le cheveu cannelé retrouvé sur les vêtements de Cassie appartient à l'accusé.
52:49La preuve fournie par le laboratoire du FBI était vraiment cruciale dans cette enquête.
52:53C'était un élément absolument essentiel pour confondre Stuart Knowlton
52:57et pouvoir obtenir sa condamnation.
53:02Stuart Knowlton est reconnu coupable de meurtre avec préméditation
53:06et il est condamné à la prison à vie.
53:11Aujourd'hui, la famille Hansen espère que la mort brutale de Cassie
53:15pourra servir d'avertissement à d'autres enfants.
53:22La famille Hansen a fondé une association baptisée Sauvons les amis de Cassie.
53:27Son but est de sensibiliser le public aux enlèvements d'enfants
53:30qui peuvent avoir lieu à tout moment et n'importe où.
53:41Cette affaire s'est déroulée en 1983,
53:44soit deux ans avant la première utilisation de la signature ADN dans les enquêtes criminelles.
53:51C'est pourquoi les policiers avaient dû se contenter des preuves médico-légales indirectes dont ils disposaient.
53:57Une tâche de sang révélant un groupe sanguin
54:00et les boucles des chaussures de la petite victime retrouvées au domicile de Knowlton.
54:07Fort heureusement, un de ses cheveux, recueilli sur les vêtements de Cassie,
54:14présentait les symptômes de pili annulati, une maladie capillaire très rare.
54:22Sans cette anomalie providentielle, le prédateur aurait pu échapper à la justice.
54:29Sachez encore que pendant le procès, qui dura 13 jours,
54:32Knowlton fut isolé dans une cellule de haute sécurité de la prison de Saint-Cloud,
54:37tant le procureur redoutait les réactions violentes de la part des autres détenus.
54:44Ses avocats avaient d'ailleurs insisté pour que le procès soit délocalisé,
54:48mais cette requête avait été rejetée.
54:53Cette émission est maintenant terminée.
54:55Merci de l'avoir suivie et de nous rester fidèles.
54:58Rendez-vous prochainement sur cette antenne pour un nouvel épisode des Enquêtes impossibles.

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