La vie secrète des supermarchés S02E02

  • il y a 3 mois
Dans cet épisode, nous découvrons l'hypermarché de Patrice à Saint-Maximin-la-Sainte-Baume, où une partie des rayons a été transformée en une grande halle de marché. Cette opération vise à attirer davantage de clients dans son magasin dont les finances sont fragiles. Pour relancer les ventes, le jeune directeur a également lancé une opération promotionnelle en distribuant 20 000 coupons de réduction de 10 euros. Un défi de taille pour Caroline, la responsable du rayon fruits et légumes, qui doit s'assurer d'avoir suffisamment de stocks. Cependant, cette opération est la dernière fois que le magasin a le droit d'organiser une telle promotion. Un enjeu important pour faire le plein de clients et redresser la situation financière. En somme, cet épisode nous plonge dans les coulisses d'un hypermarché en difficulté qui tente de nouvelles stratégies commerciales pour relancer son activité, mettant en lumière les défis logistiques et financiers auxquels sont confrontés les supermarchés.
Transcript
00:00Ils sont en première ligne face à la baisse du pouvoir d'achat.
00:04Nos supermarchés, d'énormes machines à vendre qui se livrent à une bataille sans merci pour être le moins cher.
00:10On est dans une période de guerre des prix au niveau de la grande distribution.
00:14Combien est-ce qu'on aime le long ?
00:15On est à 1,52.
00:171,61.
00:18On n'est pas cher.
00:19Le bras de fer n'a jamais été aussi fort entre les producteurs et la grande distribution.
00:23On est toujours catalogués et critiqués sur le fait qu'on cannibalise tout.
00:28En misant sur les produits locaux, les grandes surfaces veulent redorer leur image.
00:33Même si le budget des clients est toujours plus serré.
00:363 bons d'achat de 5 euros en termes de vie.
00:38Et 5 euros, c'est énorme.
00:39Aujourd'hui, c'est énorme.
00:417 jours sur 7, à l'aube, une fourmilière s'active dans les coulisses pour remplir nos rayons coûte que coûte.
00:50Les clients, ils sont très stressants.
00:51Ils courent partout et ils ne repartiront pas sans leurs produits.
00:54Il y a même des bagarres, des fois.
00:56Mais les patrons de magasins peinent à conserver leur nouvelle recrute.
00:59Je ne m'attendais pas à ce que ce soit aussi difficile, en vrai.
01:01Désolé du retard, je ne me suis pas levée ce matin.
01:05Pendant plusieurs mois, nous avons posé nos caméras dans 3 hypermarchés.
01:10A Saint-Comté, près de Caen, Lucas, le jeune directeur d'un magasin de Hardee's Kunz,
01:15doit faire survivre le supermarché que son père lui a confié.
01:18Lucas, il faut que tu doubles un peu les fascines.
01:19Ça va boucher un peu les trous, ça sera un peu plus vendeur.
01:22En pleine crise économique, il ne va pas ménager ses efforts.
01:26Mais regardez, je vous montre juste, si vous avez 10 secondes,
01:28l'entrée de notre magasin, je vous invite à venir me voir.
01:31Dans le Var, Patrice, le directeur de cette hyper XXL,
01:35mise tout sur sa nouvelle halle pour se donner des airs de petit commerce.
01:39J'ai des petits rougis à 12,50 euros, ils sont magnifiques.
01:43Avec des produits frais et du fait maison.
01:46C'est fabriqué chez nous.
01:47C'est bon là, c'est donnement et correct.
01:50A Brest, Laurent, le nouveau directeur, veut remettre du contact humain dans son hyper
01:54pour ne pas risquer de perdre ses clients habitués.
01:57Bah oui, de toute façon, Corinne, c'est votre fille.
01:59Oui, je la connais.
02:01Il peut compter sur ses salariés les plus fidèles, en poste depuis des décennies.
02:06Sois agréable.
02:07Tiens, t'as vu, c'est un plaisir.
02:09Dans la vie secrète des supermarchés, vous découvrirez comment les hyper se réinventent.
02:15Je profite des promos, madame.
02:17Profitez-moi aussi.
02:19Ça, c'est bien vendu, tiens.
02:20Pour faire revenir les clients à coup sûr.
02:23Merci, madame.
02:25Bonne soirée, au revoir.
02:36Dans le Var, la petite commune de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume abrite le plus grand hypermarché de la région.
02:45A sa tête, Patrice Mangematin, un directeur du genre, visionnaire.
02:51Tu vas bien ?
02:51Ça va, très bien.
02:52Tout va bien ?
02:53Impeccable.
02:55Il vient d'investir 25 millions d'euros pour transformer les allées plutôt impersonnelles de sa grande surface en une grande halle plus accueillante.
03:04C'est vraiment un secteur qu'on a imaginé pour avoir une visibilité, un confort, que les gens s'y sentent bien,
03:11qu'ils se retrouvent un peu comme dans une zone marché où ils peuvent se permettre de prendre du temps pour faire leurs courses.
03:17En fait, c'est important.
03:18C'est un super marché.
03:21C'est ça.
03:23Le but, faire rester ses 6000 clients quotidiens le plus longtemps possible pour qu'ils dépensent plus.
03:31Et ils ont l'embarras du choix.
03:34Comme sur une place de village, la boulangerie pâtisserie côtoie la boucherie traditionnelle installée juste à côté du traiteur avec des plats cuisinés à la minute.
03:46Merci, bon appétit, au revoir.
03:49Pour achalander sa halle, Patrice a besoin de tonnes de produits frais et surtout locaux.
03:55Tout ce que sa clientèle recherche.
03:59Ces derniers jours, le directeur a une exploitation agricole dans le viseur.
04:04Cette ferme flambe en oeuvre installée à quelques kilomètres de l'hyper.
04:08Ici, les vaches sont nourries à l'herbe fraîche et avec leur lait, Michel et Dominique Jolivet, les agriculteurs, produisent des yaourts en petite quantité.
04:22C'est fait avec amour, on met de la confiture bio, on essaye de faire un produit qui est super sympa.
04:27Le couple fabrique aussi du fromage artisanal.
04:30Le directeur voudrait mettre la main sur leurs produits pour redorer l'image de sa grande surface.
04:38En tant que supermarché, c'est bien aussi de promouvoir les acteurs locaux.
04:42On est toujours catalogués et critiqués sur le fait qu'en fait, on cannibalise tout, qu'en fait, on cherche à faire du commerce, de la rentabilité.
04:52Donc, non, on ne fait pas que ça.
04:55Patrice vend pour 100 millions d'euros de produits chaque année.
04:59Il espère convaincre ses agriculteurs de travailler avec lui en échange de sa force de frappe commerciale.
05:05Bonjour, bonjour, bonjour, bonjour, bonjour, la famille Jolivet n'aurait jamais imaginé recevoir un jour la visite d'un patron de grande surface.
05:18J'ai perdu un peu la voie, je vous fais visiter, alors allez.
05:23Il faut dire que leurs valeurs sont assez éloignées de celles des géants de l'industrie agroalimentaire.
05:29Les fournisseurs habituels de Patrice, vous êtes sur combien de superficie?
05:33Là, ici, il y a 14 hectares, 14 hectares.
05:37Le couple d'agriculteurs élève une vingtaine de vaches brunes d'origine suisse, réputées pour la qualité de leur lait.
05:44Dans le fosque, elles entrent, elles sortent, elles viennent manger.
05:48Nous, on table sur la qualité, sortir un produit vraiment exceptionnel, un très, très, très bon produit, simplement, et le plus naturellement possible.
05:57On voit que c'est vraiment, ils ne font pas ça par obligation, ils font ça par ration.
06:02Je pense que ça, ce qui prime, c'est la passion.
06:05Mais il y a un problème pour le directeur de l'hyper.
06:08Si ces vaches de race donnent un lait très riche, elles produisent moitié moins que les vaches laitières traditionnelles.
06:15Et il a besoin de gros volumes pour satisfaire ces milliers de clients quotidiens.
06:19Là, vous allez rester sur une vingtaine de vaches en laitière?
06:21Pour l'instant, oui, on va progressivement augmenter, mais comme nous, on veut quand même préserver le bien être animal.
06:29On ne veut pas qu'il y ait trop de population.
06:32Si les agriculteurs ne sont pas prêts à changer leur méthode pour satisfaire l'hypermarché, ils pourraient tout de même y trouver un gros avantage.
06:40Là, c'est la partie technique.
06:44Vendre plus pour rentabiliser plus vite leurs lourds investissements, comme cette salle de traite robotisée qui leur a coûté 200 000 euros.
06:54Elle peut traire jusqu'à 50 vaches par jour alors que la famille n'en a que 20.
06:59C'est vrai qu'on pourrait aussi augmenter le volume.
07:02On a prévu beaucoup de changes dans le fait que l'exploitation peut grandir et on n'est pas coincé.
07:11Cet équipement redonne de l'espoir à Patrice, mais rien n'est gagné, car le directeur sait qu'en travaillant avec lui, les agriculteurs gagneraient moins d'argent qu'en vente directe.
07:22On a fait des glaces noisettes, fromage frais, des yaourts nature, abricots et fraises, pour commencer.
07:30Alors, Patrice abat sa dernière carte, sa visibilité.
07:34Moi, je peux vous mettre à disposition une vitrine et vous venez animer vos produits, vous venez les vendre, vous venez les faire connaître.
07:42Toute la communication peut la faire.
07:43On peut faire des affiches.
07:45Vous nous dites quand vous êtes prêts et on communique sur les réseaux sociaux.
07:49On parle de vous. C'est important.
07:50Ça peut nous faire peur, parce qu'ils peuvent nous dire en même temps, on vous achète un euro, puis un jour après, c'est 80.
07:56Après, on est, on est, on est mort.
07:59Nous, on a un coût de production qui est cher ici.
08:02On fait du très bon, c'est cher.
08:04Pour rassurer Dominique, Patrice est prêt à s'engager sur un prix d'achat fixe, mais un peu en dessous de leur prix habituel.
08:11Merci beaucoup. Merci, au revoir, au plaisir et au soutien informé, on se téléphone.
08:19Les agriculteurs accepteront ils de sacrifier leurs marges pour distribuer leurs produits dans le plus grand hypermarché de la région?
08:29En attendant, le magasin compte sur son best-seller pour satisfaire la clientèle.
08:35Ces barquettes de plats faits maison individuels vendus entre 3 et 6 euros.
08:41C'est très bon, c'est pas très cher.
08:43C'est parfait pour les gens qui ne cuisinent pas.
08:46Ce succès commercial, le magasin le doit à Sébastien.
08:50Cet ancien chef de restaurant gastronomique vient de prendre les rênes du rayon traiteur.
08:55Le couscous, c'était hier, c'était hier.
08:58Je n'ai pas fini de remplir, on est bien.
09:01Ça me rend fier de faire du fait maison dans un supermarché.
09:06Ça plaît, on a la clientèle qui nous suit.
09:08C'est ça qui me donne la motivation chaque jour de vouloir faire plus pour vendre un maximum.
09:14Sébastien joue sur l'effet de masse.
09:17Son grand rayon doit toujours avoir l'air plein avec ses 35 recettes différentes.
09:21Mais ce jour-là, il y a des trous dans son étal.
09:24Ces côtes de peau, on se prévoit pour demain, il va falloir faire des escalopes de veau.
09:28Il n'y a plus que ça, tu n'as plus de recharge derrière.
09:31Les endives, il te faut priorité.
09:33Comme ça, ça devient vraiment lourdant.
09:35Là, typiquement, vers 10 heures, si on n'a pas sorti le plat, le rayon sera vide.
09:40Et ça, ce n'est pas possible.
09:41Alors, en coulisses, Sébastien travaille à flux tendu.
09:45Dans les cuisines de l'Hyper, il dirige une équipe de 8 cuisiniers professionnels triés sur le volet.
09:52Là, je sais, c'est des gens que j'ai confiance à 200%.
09:56Je n'entends jamais un couteau dans le dos, ceux-là.
09:58Parmi eux, Guillaume.
10:01Les deux cuisiniers se sont rencontrés il y a 20 ans dans un restaurant de la région au début de leur carrière.
10:06Sébastien m'embarque toujours dans des aventures incroyables.
10:10Et c'est aussi parce que j'apprécie travailler avec lui que je les rejoins, parce qu'on fait une bonne équipe, mais on ne s'endort jamais sur nos lauriers.
10:18On est un vieux couple, maintenant.
10:21Je vois plus Guillaume que ma femme.
10:24En passant du restaurant à la grande distribution, Sébastien et Guillaume ont dû revoir leur méthode de travail.
10:31Pour faire du fait maison, c'est toute une organisation.
10:34Il faut faire tout dans un timing bien précis pour arriver à tout faire dans les temps.
10:38Si la préparation est bien artisanale, la cadence, elle, est industrielle.
10:44L'équipe n'a que quatre heures pour réaliser 600 barquettes.
10:48Ce jour-là, au menu notamment, petits pois carottes.
10:52Les petits pois viennent tout droit du rayon surgelé et les carottes de celui des fruits et légumes.
10:58Pour la recette, c'est comme à la maison, mais en beaucoup plus grande quantité.
11:03Je vais mettre 10 litres d'eau en fond blanc et je vais rajouter du thym et du laurier.
11:10Pas d'arôme ni de conservateur.
11:12Le plat est vendu tel quel.
11:14C'est bon, là, s'étonnement est correct.
11:16Reste à peser les portions.
11:18Une étape stratégique, car dans la grande distribution, chaque gramme compte pour gagner de l'argent.
11:24A 250, c'est parfait comme ça.
11:27Faut pas trop dépasser.
11:29Il y a des marges.
11:30Voilà les marges.
11:31Si elle me met 300 grammes, on perd 50 grammes par barquette.
11:34A la fin, on bouge 5 barquettes.
11:35On a perdu une barquette et après, les marges, ça va plus être les mêmes.
11:39Même l'emballage est fait sur place grâce à cette machine.
11:43Elle injecte dans la barquette un gaz inerte pour allonger la durée de vie du plat.
11:49Les petits pois carottes pourront être mis en vente pendant une dizaine de jours.
11:53Pas mal pour un produit frais, mais loin de la durée de vie des produits industriels.
12:01A 41 ans, Sébastien est un chef amoureux de la bonne cuisine.
12:05Après des débuts en restaurant gastronomique, il a passé 20 ans comme cuisinier pour un traiteur de mariage,
12:11avant de rejoindre les cuisines de L'Hyper il y a deux ans.
12:13La passion, je l'ai depuis l'âge de 12 ans.
12:15Ça m'a toujours plu, la cuisine.
12:17À l'âge que j'ai, je suis toujours dedans et je fais toujours ça par plaisir.
12:21Sa reconversion, il la doit à Caroline, sa femme, la responsable des 60 caissières de L'Hyper.
12:28Vous avez fait de la déco?
12:30Ils se sont rencontrés il y a 20 ans dans le restaurant où Sébastien était chef cuisinier.
12:35Seb, c'est un très bon mari.
12:37C'est l'homme de ma vie et voilà.
12:39Lassée de voir son mari travailler tous les week-ends, Caroline l'a poussée à postuler à L'Hypermarché,
12:45au lancement du pôle traiteur.
12:46Je suis très contente de s'inscrire de lui parce qu'il a fait un sacré challenge.
12:50L'autre challenge de Sébastien, c'est de passer du temps avec ses trois enfants,
12:54qui ne manquent jamais une occasion de venir l'embrasser au magasin.
13:01Bon anniversaire, merci, chérie.
13:04Vu que je commence à 4 heures, je ne les vois jamais.
13:06Ils dorment quand je pars.
13:08Au moins, je les vois un petit peu.
13:13Cette dose d'amour avec mes enfants avant de retourner en cuisine.
13:17Mener une vie de famille nombreuse tout en relevant les défis du rayon traiteur,
13:22le quotidien du chef cuisinier est loin d'être de tout repos.
13:29À L'Hypermarché de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume,
13:32dans les cuisines, la journée de Sébastien s'annonce difficile.
13:36Les bocaux, on les a mis à laver.
13:39On lave les bocaux comme ça, dans la foulée, on les met dedans.
13:42Patrice, le directeur du magasin, vient de lui lancer un gros défi.
13:46C'est bon pour toi, pour demain?
13:50Je vais monter les bocaux, c'est bon.
13:52Il veut que Sébastien conditionne ses plats dans des bocaux en verre,
13:55comme ceux de nos grand-mères.
13:57Objectif, allonger la durée de vie de ses recettes pour les vendre plus longtemps.
14:03Les bocaux, c'est des produits avec une durabilité qui est beaucoup plus
14:07importante que les barquettes qui ont entre 10 et 15 jours.
14:09Là, on travaille beaucoup à feu tendu.
14:11Le directeur a investi 60 000 euros dans ce stérilisateur
14:17dernière génération.
14:20Un autoclave, une espèce de grosse cocotte minute,
14:23souvent utilisée dans les hôpitaux pour désinfecter le matériel médical.
14:28Une machine que Sébastien n'a jamais utilisée.
14:32La nouvelle machine, on ne sait pas comment elle marche.
14:35Il faut s'adapter. Les nouveaux process, c'est toutes mes inquiétudes à l'heure actuelle.
14:39Mais ce n'est pas le seul défi que Sébastien va devoir relever.
14:43Il va devoir adapter la cuisson de ses recettes.
14:46Pour sa première fournée de bocaux, il a choisi la ratatouille,
14:50l'une de ses meilleures ventes.
14:52J'ai fait une recette comme je fais pour les barquettes.
14:54Il va falloir qu'on la cuise juste saisir et elle va finir de cuire dans le bocal.
15:00Ce projet là me met un peu la pression parce que c'est un procédé que je ne connais pas.
15:04Je n'ai jamais fait de production de bocaux, on va dire à grande échelle.
15:10Et l'horizon de Sébastien n'est pas près de s'éclaircir.
15:13Car avec ses bocaux transparents, il risque de se heurter à un problème esthétique.
15:19Dans la grande distribution, on va dire que la première des choses, c'est le visuel.
15:23Là, ma crainte, c'est le changement de couleur déjà et qu'après, avec la cuisson,
15:28le jus de cuisson se met au fond et que les légumes réduisent.
15:33Et s'il y a un espace trop important en haut, visuellement, le client va penser qu'on n'en met pas beaucoup dedans.
15:43Seul un test de stérilisation le dira.
15:46Une étape indispensable pour empêcher la prolifération de bactéries et donc les intoxications alimentaires.
15:53Pour sa première utilisation, Sébastien fait appel à Gilles, le responsable de la maintenance du magasin.
15:59Il y a le Christophe, t'as pu le faire.
16:02Ah merde, je croyais celui-là.
16:03Non, c'est celui-là qu'il faut voir.
16:05Celui-là, il est à gommer à peine.
16:09Cette machine est assez complexe.
16:11Je ne sais pas ce qu'il a touché.
16:12Je ne comprends rien à la machine.
16:14La notice, elle est en allemand et on ne parle pas la langue.
16:19On ne comprend pas du tout.
16:22Patrice, le directeur, doit venir en renfort.
16:25Donc, il faut fermer, vas-y, fermez la cuve, la mène sous pression, on va appuyer sur la...
16:31Il voudrait mettre ses bocaux en vente le plus vite possible pour amortir son investissement.
16:36Parce que là, il faut que je mette le pied dessus.
16:39Mais cela semble mal parti.
16:41Là, il est droit, là, il est droit.
16:46Une fois fermé et rempli d'eau, l'autoclave est censée monter en pression, comme dans une cocotte minute.
16:53Pour garantir une stérilisation efficace à plus de 110 degrés.
16:57Mais le manomètre n'annonce pas de bonnes nouvelles.
17:00La machine fait ça avec lui.
17:04La pression chute sans cesse.
17:07Si la stérilisation n'est pas conforme, le magasin ne pourra pas lancer sa nouvelle gamme.
17:12Un bar à 8.
17:13On est en pression, un bar à 9.
17:14Un projet ambitieux, mais indispensable pour pérenniser l'activité du magasin.
17:19Ferme, ferme, ferme.
17:23Si cet hypermarché a les moyens d'investir de l'argent pour se renouveler.
17:30D'autres enseignes plus modestes se battent pour survivre dans un secteur très concurrentiel.
17:40A Saint-Comté, dans le Calvados, il y a un directeur qui se lève bien plus tôt que les autres.
17:47Ce magasin de Hardiskoun vient tout juste de sortir de terre.
17:51A sa tête, l'un des plus jeunes directeurs de France, Lucas Campion, 23 ans.
17:59Depuis l'ouverture du magasin, il y a six mois, il travaille 80 heures par semaine.
18:05Toutes ses journées commencent avant le lever du soleil.
18:08C'est une chorégraphie qui est bien rodée.
18:09Oui, tous les matins, c'est la même chose.
18:14La promesse de son enseigne, les prix les plus bas.
18:18Ici, le litre de jus de pomme coûte moins d'un euro et la boîte de sardines à peine plus.
18:23En moyenne, 30% moins cher qu'ailleurs.
18:28Sur ces produits, on est imbattable parmi les Hardiskounters.
18:32Le client, il est sûr et certain qu'il achète le produit le moins cher.
18:36Pour proposer des prix si bas, Lucas Campion doit réduire au minimum les coûts de fonctionnement de son magasin.
18:43Car dans le Hardiskount, chaque euro compte.
18:47Là, j'ouvre le magasin, donc deux heures avant l'ouverture.
18:50Il fait assez frais. Ils annoncent une journée chaude aujourd'hui et on n'a pas de climat, en fait, dans le magasin.
18:54Une clim, financièrement, ça coûte très cher.
18:57Ça coûte 40.000 euros.
18:58C'est un magasin qui vient de se lancer.
19:00C'est quelque chose qu'on n'avait pas budgété.
19:03Mais son plus gros poste de dépense, c'est le personnel.
19:09Alors, pour faire des économies, Lucas apprend à faire tous les métiers.
19:14Ici, le directeur est à la fois homme de ménage, magasinier et c'est même lui qui cuit le pain.
19:24Alors, ça, c'est pas assez cuit.
19:27Je vais les remettre dans le four.
19:30Lucas n'emploie pas non plus de chef de rayon, trop coûteux.
19:34Il gère lui-même la mise en place de l'espace fruits et légumes, le plus stratégique de son magasin.
19:39Là, il est 6h23 exactement.
19:41Je suis arrivé à 3h moins 10, puisqu'il y a énormément de travail.
19:46Je ne compte pas du tout mes heures.
19:48Il ne faut pas. Il ne faut pas, parce que sinon, on se fait perdre.
19:52Si Lucas donne autant de sa personne, c'est que son patron est du genre très exigeant.
20:01Laurent Campion, 54 ans, vient d'investir beaucoup d'argent dans son nouveau Hardisk Foods.
20:07Alors, il attend des résultats.
20:09Cet homme au regard affûté n'est autre que le père de Lucas.
20:15Bonjour, fiston.
20:18Ça va? Et toi?
20:19Oui, ça va bien.
20:21Lucas, faut que tu doubles un peu les facilles.
20:23On n'a pas beaucoup de...
20:24On n'a pas beaucoup de fonds.
20:25Mais au pire, au pire, au pire, tu les mets sur deux.
20:29Ça va boucher un peu les trous.
20:30Ça sera un peu plus vendeur.
20:32Ça, c'est le restant de ta promotion.
20:33Du haut de ses 20 ans d'expérience, Laurent ne peut pas s'empêcher de pointer les erreurs de son fils.
20:40Directeur depuis seulement six mois.
20:43Là, le prix, il faut vraiment enlever les yeux.
20:45C'est ça me plaît pas.
20:52Voilà, c'est déjà mieux.
20:54Ça me permet, moi, quand j'arrive avec mon oeil extérieur, de voir tout de suite s'il va pas et lui dire tout de suite, cache, c'est bon, c'est mon gamin.
21:01Non, mais à 80%, c'est bien, heureusement, heureusement.
21:05Il va être plus exigeant avec moi que si c'était un directeur de magasin, entre guillemets, hors de la famille.
21:13A seulement 23 ans, Lucas est un jeune directeur sous pression, tout juste propulsé à la tête du nouveau magasin de ses parents.
21:20Je veux bien que pour les Bretts, fassiez comme la dernière fois, me noter ce qu'il y a en stock.
21:25Il a plus que l'obligation de résultat, puisqu'il est le fils du patron.
21:31Vous êtes le lait, c'est bon, le lait en rayon.
21:33Une grosse responsabilité, mais je sais qu'il en a la capacité.
21:37Il faut dire que Lucas travaille avec ses parents depuis l'âge de 13 ans.
21:41En voyant mes parents travailler, je me voyais jeune, être à leur place dans le futur.
21:47Cela ne l'a pas empêché d'obtenir un diplôme d'école de commerce et un poste de chef de rayon dans un hyper concurrent.
21:54A seulement 18 ans, si j'ai cette place aujourd'hui, c'est que je me suis donné les moyens d'avoir cette place.
21:58Je me suis préparé. C'est un choix de ma part.
22:01En pleine crise économique, Lucas doit redoubler d'efforts pour faire survivre le magasin de son père.
22:09Pour moi, le challenge aujourd'hui, c'est de ne pas le décevoir et de donner le meilleur de moi-même pour qu'il soit fier de son choix et qu'il ne le regrette pas.
22:18A Saint-Comté, dans la banlieue de Caen, le magasin de Hardy's Kuhn peine à attirer les foules, six mois après son ouverture.
22:30La faute à ce supermarché, à un sérieux concurrent implanté juste en face du magasin de Lucas.
22:38Ce concurrent, qui est implanté depuis plusieurs années, fonctionne très bien.
22:43Et moi, d'être implanté à côté de lui, ça me permet d'essayer de récupérer sa clientèle.
22:50Pour capter la clientèle de son rival, Lucas positionne chaque matin ses affiches promotionnelles à un endroit stratégique.
23:02À l'entrée de son parking, sur la route qui le sépare de son concurrent.
23:07Dans la grande distribution, tous les coups sont permis.
23:10C'est volontaire d'afficher ses affiches donnant sur son magasin, d'autant plus que pour accéder à son parking, les clients, ils ont le choix de venir chez nous avant d'aller chez lui.
23:19Mais de simples panneaux publicitaires ne suffiront pas pour se constituer une nouvelle clientèle et pérenniser son magasin.
23:27Alors, cette semaine, Lucas va casser sa tirelire dans une opération commerciale sans précédent.
23:32Solène, vous pouvez venir voir, s'il vous plaît?
23:36Alors que les finances de son magasin sont fragiles, le jeune directeur a distribué 20.000 coupons de 10 euros de réduction valables dès 50 euros d'achat dans les boîtes au lait des alentours.
23:48On va faire un test par rapport à l'opération du prospectus.
23:52Donc là, je simule une vente en famille épicerie pour 110 euros.
23:56Parce qu'en fait, 110 euros, il va y avoir une réduction de 10 euros.
24:00Dès que ça dépasse 50, il y a une réduction.
24:04Coup de l'investissement potentiel, 200.000 euros.
24:08Le prix à payer pour tenter de changer les habitudes.
24:10Quand on s'implante sur une zone, il faut savoir au démarrage un petit peu acheter la clientèle et faire changer les habitudes des gens.
24:18Aujourd'hui, c'est ce qu'il y a de plus compliqué.
24:21Mais Lucas ne compte pas s'arrêter là.
24:23Une fois le client tombé dans son filet, il veut le faire revenir le plus souvent possible.
24:29Et maintenant, l'étape qui nous intéresse, c'est les trois bons d'achat de 5 euros.
24:33Donc, le client a obtenu un bon d'achat.
24:34Alors, cette semaine, quand un client passera en caisse, il aura droit à trois autres bons d'achat de 5 euros valables pendant les trois semaines suivantes.
24:42Donc là, on a les trois bons d'achat de 5 euros, donc datés la semaine prochaine, la semaine d'après et l'autre semaine.
24:52Donc voilà, le but serait qu'on ait des clients qui reviennent encore les trois autres semaines pour utiliser bons d'achat et qui soient fidélisés et qui continuent à venir par la suite.
25:00Avec cette relance commerciale, j'espère passer de 2000 à 2400 clients par semaine, soit une augmentation de 20% de la clientèle.
25:09Un objectif ambitieux, mais le jeune manager de 23 ans ne recule devant rien pour prouver à son père qu'il est capable de relever le défi.
25:21A 1000 kilomètres de là, dans le Var, cette hyper XXL ne souffre pas du manque de fréquentation.
25:29Au rayon traiteur, c'est l'heure de pointe.
25:32Des dizaines de clients se ruent sur les plats cuisinés maison sans s'imaginer que dans les coulisses, toute la production est à l'arrêt.
25:42Sébastien, le chef cuisinier, s'arrache les cheveux.
25:45Il doit réussir à stériliser sa première production de bocaux grâce à cette machine, un autoclave, désespérément à l'arrêt.
25:55Toute l'équipe est sur le pont pour essayer de faire fonctionner le stérilisateur.
26:00Il n'y a plus de pression.
26:04Quand soudain.
26:08Tu n'as pas vidé.
26:13De l'eau s'échappe de la queue.
26:15Ce n'est pas possible.
26:18Ce n'est pas possible, on a une chute comme ça.
26:22C'en est trop pour Patrice, le directeur.
26:24Il a dépensé 60 000 euros pour s'offrir cette autoclave.
26:28Alors, à ce prix là, il aimerait bien qu'il fonctionne correctement.
26:31Il tente de joindre l'assistance technique du fabricant.
26:36Mais personne ne décroche.
26:38La pression est d'autant plus grande que ce jour là, un expert est attendu au magasin pour réaliser un test sanitaire sur les bocaux.
26:46Sans cette validation, ils ne pourront pas les mettre en vente.
26:50C'est pas son électrovanne qui déconne.
26:51C'est impossible que ça coupe.
26:53On est emmerdé, on est emmerdé.
26:56Mais rien à faire.
26:57L'autoclave ne monte toujours pas en pression.
27:00Il faut vraiment qu'on s'active et trouver une solution rapidement.
27:05Ce n'est pas gagné.
27:09C'est un spa, sinon.
27:13Patrice, lui, tente toujours de joindre l'assistance du fabricant.
27:22On recommence.
27:31Allô, oui, c'est Patrice Mangematin.
27:33Quand enfin, un technicien décroche.
27:36J'avais trois bars et demi et dès qu'on remplit, ça tombe à zéro.
27:40D'accord. Face à l'insistance du directeur, le fabricant lui envoie un dépanneur.
27:47Comment allez-vous?
27:47Jean-Marc, donc, notre.
27:49Jean, bien.
27:52Et il voit tout de suite d'où vient le problème.
27:55Il doit y avoir plusieurs appareils qui sont raccordés sur le même réseau.
27:58C'est un autre appareil, une machine à laver qui se met en route.
28:01Il va faire un gros appel d'eau.
28:02Ici, on va voir une chute de pression.
28:06Le réseau d'eau du magasin n'est pas assez puissant pour alimenter cette grosse machine.
28:10On a une deuxième alimentation.
28:12On va voir ce qu'on doit se servir de celle là pour pouvoir envoyer directement sur le plan.
28:16Et on va voir si on a ce chute de pression ou pas.
28:19Le problème hyper dur, c'est que là, il y a un problème quelque part.
28:23Qui autre? Ou sur la machine ou quelque part?
28:25Il y aura pas de problème.
28:28Moi, ça marche bien. J'espère pour vous, sinon je vous facture.
28:35La solution se trouve peut être dans le faux plafond.
28:38Là où passent toutes les gaines techniques.
28:41C'est ici qu'il faudrait que je le pique.
28:44L'équipe de maintenance crée un circuit indépendant pour alimenter l'autoclave
28:48en eau. La pression monte enfin dans la cuve.
28:54Ça marche. L'autoclave semble fonctionner.
28:59Apparemment, on aurait résolu le problème, mais on devrait pouvoir terminer le processus.
29:05Juste à temps pour l'arrivée de l'expert sanitaire.
29:09Comment allez vous? Ali est envoyé par le fabricant pour valider la mise en vente des
29:13qu'est ce qu'on pense? La ratatouille serait bien.
29:16D'accord, très bien.
29:18Il doit vérifier si l'autoclave monte suffisamment en température pour tuer toutes les
29:22bactéries dans la ratatouille.
29:24J'ai des soldes précises pour avoir la température acteur et la valeur.
29:31Le but, éviter l'intoxication alimentaire, la hantise de toute la grande distribution.
29:38Le risque aujourd'hui, si la stérilisation n'est pas aboutie, on risque de
29:42contaminer les clients. Donc là, je suis responsable de ce qui peut se passer derrière.
29:48Salmonelle, Listeria ou encore Echerichia coli.
29:53Le moindre scandale alimentaire pourrait faire fermer le magasin.
29:57Ce moment est très stressant parce qu'un produit mal stérilisé, le risque d'aller
30:03jusqu'à décès du client.
30:08Les minutes s'écoulent comme des heures.
30:13Quant à lui, annonce enfin le verdict.
30:25Donc, on est au delà de ce qui est demandé et on est très bien.
30:29Le bocal de ratatouille est bien stérile.
30:33Il peut être commercialisé pendant deux ans contre dix jours pour les barquettes en plastique.
30:39On voit que c'est super bien stérilisé.
30:44C'est impossible d'ouvrir.
30:46Alors, effectivement, c'est assez scellé, donc on a validé la ratatouille.
30:53Comme la ratatouille sort de la machine, elle n'est pas tassée, elle n'a pas trop rendu d'eau.
30:58Visuellement, je suis content.
30:59Maintenant, il y a le verdict du goût.
31:01On a vécu des péripéties et quand on reçoit le résultat, très, très content et confiant dans l'investissement qu'on a fait sur la machine et qui va nous apporter pas mal de choses dans le futur.
31:23Pour le lancement de leur gamme, Sébastien et son équipe vont fabriquer 500 bocaux.
31:28Reste à savoir si les clients seront prêts à débourser 7 euros pour cette recette de ratatouille dont ils pourront garder le bocal.
31:37Dans le Calvados, près de Caen, Lucas, le directeur du magasin de Hardiskount, ce matin à la caisse, a le sourire.
31:46Quelques jours après la distribution de ses 20 000 bonds de réduction de 10 euros, le magasin fait le plein.
31:53C'est des journées où on s'ennuie pas.
31:56En pleine crise du pouvoir d'achat, les clients ne s'y trompent pas.
32:00Avoir 10 euros gratuits, c'est quand même pas rien.
32:04Je viens aujourd'hui pour m'en servir.
32:06Ça permet de faire des économies.
32:08Il y avait un bond de réduction de 10 euros et au jour d'aujourd'hui, c'est compliqué de remplir son chariot.
32:16J'en profite 10 euros de réduction pour 50 euros d'achat.
32:21Un beau cadeau pour Patricia, une cliente au budget serré.
32:25J'ai deux grands adultes à la maison qui sont en train de manger et oui, puis tous les petits plaisirs à côté.
32:31Tout ce qu'ils peuvent demander, tout ce qui est crèmerie, yaourt, dessert, ça coûte quand même extrêmement cher.
32:37Et j'estime qu'on se prive à côté sur pas mal de choses.
32:42Au moins, la nourriture, ne pas se priver.
32:43Essayer de faire quelque chose de bien avec des prix intéressants.
32:48C'est pour ça que je viens ici.
32:51Et les bonnes surprises ne sont pas terminées.
32:54Je vais vous donner trois tickets de bon de 5 euros.
32:57Sur différentes dates, à bien faire attention à partir de 35 euros d'achat.
33:01C'est super. 15 euros supplémentaires.
33:04Une bouffe et d'air pour cette mère de famille.
33:06Oui, donc là, j'ai trois bons d'achat de 5 euros et c'est énorme en termes de budget, en termes de vie.
33:13C'est 5 euros, c'est énorme.
33:14Aujourd'hui, c'est énorme.
33:15La stratégie de fidélisation de Lucas fonctionne parfaitement.
33:23La semaine suivante, Patricia est de retour, bien décidée à dépenser ses nouveaux bons d'achat.
33:32Elle va en profiter pour s'offrir des aliments dont elle se prive habituellement.
33:39Alors là, le saumon, c'est le petit plaisir que je vais me faire avec les 5 euros.
33:43C'est quelque chose qu'on adore à la maison.
33:45Mais on ne peut pas toujours l'acheter.
33:47Et là, allez, on n'y pense pas, on se fait plaisir.
33:50On ne regarde pas.
33:53Éblouie par la réduction.
33:55Bonsoir, vous allez bien ?
33:56Ça va et vous ?
33:57Oui, nickel.
33:59Patricia n'a pas prêté attention aux conditions de l'offre, écrite en tout petit.
34:05Elle pense faire une bonne affaire en revenant aujourd'hui, mais elle va vite déchanter.
34:11Par contre, oui, le bon est utilisé pour un minimum d'achat.
34:15Oui, c'est 35 euros minimum.
34:17Là, on est à 19.
34:20Pour bénéficier de 5 euros de réduction, il faut dépenser au moins un 35 euros.
34:25Vous n'aviez pas vu pour les 35 euros ?
34:28Mais malgré le saumon et quelques autres articles, son panier n'est que de 19 euros.
34:34Je vais chercher ce qu'il faut.
34:35Patricia doit retourner dans les rayons pour acheter plus d'articles qu'elle n'avait pas mis sur sa liste.
34:40C'est pas perdu.
34:41Lucas se frotte les mains.
34:42En quelques secondes, il a multiplié par deux le panier de sa cliente.
34:48Donc, ça vous fait un total de 43,68, s'il vous plaît.
34:52Alors, je vais vous donner mon petit bon qui va bien.
34:56Donc, celui de cette semaine, c'est celui-ci.
35:01Donc, au lieu de 43,68, on passe à 38,68.
35:04C'est tout bon, c'est super.
35:06Et je vais vous payer en carte bleue.
35:08Ça marche.
35:1038 euros, c'est deux fois plus que ce qu'elle avait budgété.
35:13Un passage en caisse au goût amer pour Patricia, qui paye tout de même la note rubis sur l'ongle.
35:19Et puis, à la semaine prochaine pour le nouveau groupe.
35:20Ça marche.
35:21Merci, à bientôt, au revoir.
35:23J'ai beaucoup de clients qui sont venus utiliser le monde d'achat.
35:26Et à la fin de la semaine, j'ai réalisé 23% d'augmentation du chiffre d'affaires, alors que j'avais estimé en faire 20.
35:35Ces bons résultats devraient satisfaire le patron de Lucas.
35:38Mais le jeune homme devra encore attendre pour recevoir les félicitations de son père.
35:44Ouais, papa, attends, je suis occupé.
35:48Ben là, il y a deux personnes en caisse, tout de suite.
35:52Oui, c'est juste pour ça qu'ils m'appellent.
35:58Non, mais t'inquiète pas, je gère.
36:00Ouais, bisous.
36:01C'était mon père qui m'appelle pour me dire qu'il y a la queue en caisse.
36:04Oui, je sais.
36:05Il regarde de temps en temps aux caméras.
36:07Il regarde si tout se passe bien à distance.
36:09Son père a fait un gros pari en postant son fils de 23 ans à la tête de ce nouveau magasin.
36:15Lucas, lui, a l'impression qu'il le surveille d'un peu trop près.
36:19Franchement, ça me saoule qu'il m'appelle pour ça.
36:22Je passe un peu pour une brêle, quoi.
36:26Pas question pour Lucas de se reposer sur ses lauriers.
36:30Pour augmenter son chiffre d'affaires, il va profiter de l'affluence pour lancer une nouvelle opération commerciale.
36:37Nom de code, maxi volume.
36:41Des réductions jusqu'à moins 80% sur les produits du quotidien, mais à condition de les acheter en lot.
36:49Un moyen d'écouler un maximum de marchandises.
36:51On est en début de mois, donc les clients ont perçu leur salaire et peuvent se permettre d'acheter un peu plus.
37:01Sauf que les choses ne vont pas se passer comme prévu.
37:04Bonjour Madame.
37:06Au premier jour de l'opération, un produit manque à l'appel et pas n'importe lequel.
37:13Ce pack de 30 bières, l'un des produits phares en promo dans le prospectus.
37:19Je viens de remarquer que j'ai une bière du prospectus que je n'ai pas reçu.
37:23Donc là, c'est un peu contraignant, mais toujours à la place du client qui vient exprès pour chercher ce produit là.
37:28Là, si je ne l'ai pas, c'est problématique.
37:33Sans ces bières dans les rayons, Lucas risque de décevoir des clients qui pourraient se détourner de son magasin.
37:41Le jeune manager a beau chercher dans sa réserve, les bières sont introuvables.
37:49Là, en effet, je ne l'ai pas.
37:52Serait elle restée dans la zone de déchargement à l'extérieur?
38:01La palette de bières n'est peut être tout simplement jamais arrivée au magasin.
38:07Elle n'est pas dehors non plus.
38:09Je vais aller voir informatiquement si je l'ai reçue.
38:19Après vérification informatiquement, en effet, cette bière, je ne l'ai pas reçue.
38:23Il appelle immédiatement sa centrale d'achat pour obtenir des explications.
38:27Oui, bonjour, Céline, Monsieur Campion.
38:29J'ai un produit que je n'ai pas reçu.
38:32C'est de la bière.
38:33Il a bien reçu, mais tardivement, donc pas encore préparé.
38:37D'accord, donc c'est un retard du fournisseur.
38:39Oui, exactement.
38:40OK, je vous remercie.
38:42Merci également.
38:43Au revoir.
38:44Lucas va devoir attendre trois jours de plus pour recevoir sa marchandise.
38:49Un gros manque à gagner pour son magasin.
38:52Ce qui est embêtant, c'est que sur une opération qui dure deux semaines comme celle ci,
38:56on réalise à peu près entre 60 et 70% des ventes la première semaine.
39:01C'est vraiment une mauvaise nouvelle.
39:04Le jeune directeur accuse le coup.
39:06En plus de perdre du chiffre d'affaires, il va devoir informer ses clients de la rupture de stock avec un erratum.
39:14Un erratum, c'est une note qui va servir à prévenir la clientèle d'un problème sur un produit du prospectus.
39:20Il faut que le client puisse comprendre pourquoi le produit n'est pas là.
39:25Pas terrible pour l'image du magasin, mais cette note est obligatoire pour ne pas être accusé de publicité mensongère.
39:33Ces clients déterminés à profiter de l'opération Maxi Volume en tiendront-ils rigueur à Lucas?
39:39Dans l'hyper XXL de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume, le grand jour est arrivé pour Sébastien, le chef cuisinier et Patrice, le directeur.
39:51Ils lancent leur nouvelle gamme de plats cuisinés maison vendus en bocal longue conservation.
39:57Là, ça ne se bouge pas, Patrice.
40:02C'est le moment de t'attendre.
40:05Ce sera magnifique.
40:07Pour mettre en valeur leurs nouveaux produits, le magasin leur a réservé un podium spécial au beau milieu de la nouvelle aile de marché.
40:14En plus de sa ratatouille, Sébastien a imaginé quatre nouvelles recettes.
40:19Soupe au pistou, soupe de poisson, velouté de courge, ratatouille, dame de boeuf à la provençale.
40:27Avec Patrice, c'est mon nouveau bébé, on va dire.
40:29Objectif, vendre un maximum de ses 500 bocaux.
40:39Pour cette première journée, Sébastien est sorti de sa cuisine et va se transformer en commercial avec la complicité de Fabrice, un collègue cuisinier.
40:49J'ai fait venir Fabrice avec moi, comme ça, ça me rassure de ne pas me retrouver tout seul à vendre.
40:53Je ne suis pas... C'est pas trop mon truc.
40:55La technique sur les recettes, on l'a, mais après, c'est la vente, c'est différent, c'est différent.
40:59Moi, je suis cuisinier à la base.
41:01Aujourd'hui, je suis animateur de Montréal.
41:03Ça aussi, c'est une grande première.
41:06La pêche au client peut commencer.
41:09Il faut s'éloigner, les laisser s'approcher.
41:12Un premier client tombe dans les filets de Sébastien.
41:15Monsieur, le cuisinier a affûté ses meilleurs arguments de vente.
41:20C'est nos plats tout prêts, tout nouveau.
41:22Donc ça, c'est fait maison.
41:24Avec des durées de vie plus longues, un an et demi, on a de vie dessus.
41:28Mais très vite, quelque chose coince.
41:31Le prix.
41:34Les soupes, il y en a là-bas, elles sont à la moitié prix.
41:37Ouais, mais fait maison.
41:40Ces bocaux, le magasin les vend entre 7 et près de 16 euros pièce.
41:44A priori, une grosse dépense pour un plat cuisiné.
41:47Je n'achète pas aujourd'hui parce que j'avais fait une liste et je ne sors pas de ma liste.
41:51De son côté, Fabrice ne lâche pas le morceau.
41:54Pour faire accepter le prix, il insiste sur la quantité contenue dans le bocal.
41:59Vous avez plus de 600 grammes de viande dedans.
42:01Mangez quand même à quatre dessus.
42:04Contrairement aux barquettes, le bocal fait maison peut régaler toute une famille.
42:09Ils pouvaient manger à plusieurs par rapport à nos barquettes qui étaient pour une personne.
42:13Des fois, une personne, c'est bien.
42:15Oui, non, mais là, c'est plus pour quand vous recevez de la famille.
42:19Ça, c'est quand on n'a pas le temps.
42:24Mais en pleine crise du pouvoir d'achat, les clients sont près de leurs sous.
42:28Le prix, vous voyez, c'est l'individu quand même, parce qu'avec une pauvre, je m'achète pas de dessous.
42:36Pourtant, en y regardant de plus près, les recettes en bocaux sont plus économiques qu'en barquettes.
42:43Au kilo, la ratatouille en bocal coûte presque deux fois moins cher que sa version individuelle.
42:49Avec en prime un bocal réutilisable.
42:55Celui là, il a 12,99 tajine, abricot, poule, goûter.
43:00Vous me direz comme ça, on aura des retours.
43:03D'autres clients ne s'y trompent pas et se laissent tenter par des recettes originales de la région.
43:08Et on va prendre la soupe au bistou, parce que moi, c'est la soupe au bistou, c'est la soupe au bistou, ça c'est pour 4 personnes.
43:18J'ai acheté une soupe de bœuf, ça fait longtemps, en bocal comme ça, pour le coup, c'est une bonne surprise.
43:25À la mi-journée, le magasin n'a vendu que 12 bocaux, pas terrible pour une fréquentation de 6000 clients par jour.
43:32Mais un petit groupe va donner du beau moqueur au chef cuisinier.
43:36C'est ma maman.
43:37Ses parents, venus faire leur course, accompagnés des 3 enfants de Sébastien.
43:43Eux, achètent les yeux fermés.
43:50On est vraiment très fiers.
43:53Il est bon, dans ce qu'il fait.
43:56Timeo, son fils de 8 ans, est son premier fan.
44:00Je l'aime pas trop bien, papa, c'est un super prince, moi, je suis cette part de mon papa.
44:06Il a pleuré ?
44:08Il n'y a pas un plus beau compliment que le compliment de son fils.
44:13Ça me fait quelque chose, c'est mon fils, ça me fait...
44:17Faut que ça passe.
44:21À ce moment-là, je suis très touché, très ému, oui.
44:25En plus de la pression de la journée et tout, je suis un peu plus émotif.
44:32Tu nous diras exactement comment t'as fabriqué quand tu viens de te manger à la maison.
44:38Sébastien n'a pas le temps de s'attarder avec sa famille, car bientôt, il va devoir relever un nouveau défi culinaire.
44:49À Saint-Comté, près de Caen.
44:51L'opération Maxi-Volume organisée par Lucas...
44:54Je vais prendre 2,65 euros, s'il vous plaît.
44:57... attire de nombreux clients au budget toujours plus serré.
45:01Les chariots se remplissent à vue d'oeil, à tel point que Lucas va subir un enchaînement de ruptures de stock.
45:08Vous réglerez par carte ?
45:09Oui, c'est compliqué, mais...
45:11Après la bière, toujours pas livrée par le fournisseur, deux autres produits star manquent à l'appel,
45:17alors que l'opération dure encore une semaine.
45:21Donc là, je me retrouve un peu en rupture sur certains produits que je n'avais pas du tout anticipés.
45:27Même hier, je n'aurais pas pensé que ces produits allaient tomber en rupture.
45:32Donc là, je suis sur boisson gazeuse orange.
45:35Je n'en ai plus du tout.
45:38Si on regarde le café, il en reste plus que 2.
45:41J'ai trop sous-estimé le potentiel de vente.
45:44Tout jeune directeur, Lucas n'a pas bien évalué les quantités à acheter.
45:49Mais son manque d'expérience n'est pas la seule raison.
45:52J'ai peu de place en réserve, donc il faut que je commande le plus justement possible,
45:56de manière à ne pas avoir trop de stock.
45:58Si les produits ne se vendent pas, je ne peux pas me permettre de me tromper.
46:03La réserve du magasin de Hardiskount est 30% plus petite que dans un supermarché traditionnel.
46:09Un choix délibéré pour éviter d'immobiliser trop de marchandises.
46:15Mais ce fonctionnement a flux tendu n'est pas sans conséquences.
46:19Car pour remplir ses rayonnages, Lucas va devoir acheter sa marchandise au prix fort
46:24et la revendre à prix cassé.
46:26Tous les produits qu'on a là, je les ai commandés il y a déjà 3 mois avec un certain prix promo
46:30que les fournisseurs ont validé.
46:32Mais ensuite, si là, moi, donc lundi, je vais recommander, je ne bénéficierai pas du prix promo.
46:37Par contre, je vais être obligé de le vendre au prix promo.
46:39Donc là, je vais perdre un petit peu d'argent.
46:42Dans ces cas là, il faut quand même faire le choix de réapprovisionner,
46:44puisque la satisfaction du client, il vient chercher une promo.
46:49On se doit de l'avoir du premier au dernier jour.
46:53Après deux semaines d'opération maxi volume, le bilan est positif pour Lucas.
46:58Il a augmenté son chiffre d'affaires.
47:03C'est un succès, mais ce n'est pas pour autant que je vais m'arrêter là.
47:06On en a encore sous le pied et j'ai déjà en tête d'autres opérations
47:10qui vont faire venir encore plus de personnes.
47:13Le jeune homme a remporté une victoire,
47:15mais sera-t-elle suffisante pour pérenniser l'activité du magasin
47:19dont son père lui a confié les clés?
47:24A Saint-Maximin-la-Sainte-Baume, sur le parking de l'Hyper XXL,
47:29nous retrouvons Dominique, Michel et leur fille Manon.
47:33La famille d'agriculteurs a finalement accepté la proposition du magasin.
47:38Vendre le fromage et les yaourts qu'ils fabriquent dans leur ferme
47:41avec le lait du troupeau de vaches brunes qu'ils élèvent.
47:49Sur leur palette ce matin, leur toute petite production de la semaine.
47:53Rien à voir avec les volumes habituels de l'Hyper de Patrice, le directeur.
47:58Il leur a réservé un emplacement de choix au beau milieu de salle,
48:05de marché, aux fausaires de places de village.
48:08On vous a fait la déco, on a mis les meubles,
48:10comme ça, au moins, vous avez les affiches, vous avez tout.
48:13Grâce à la famille Jolivet, Patrice peut donner un côté terroir
48:16à sa grande surface grâce à leur fromage et yaourts artisanaux
48:20vendus en circuit court.
48:22Je vous laisse faire, s'il y a quoi que ce soit, n'hésitez pas à m'appeler.
48:24On fait le point tout à l'heure.
48:26Allez, merci. Avec ce premier partenariat,
48:30Michel et Dominique acceptent de réduire leurs marges,
48:33mais en échange, ils espèrent être vus par les 6000 clients quotidiens
48:37du magasin.
48:38On vend nos produits ici, au même prix que dans le magasin à la ferme.
48:43Même si on gagne un peu moins d'argent, dans le volume, on gagnera aussi.
48:48À peine installés, les clients font déjà la queue.
48:55Tout ça, c'est au lait ancien.
48:57Surpris de trouver des produits fermiers dans leur Hyper.
49:01C'est un délice, je n'ai jamais vu de fromage comme ça avec des éleveurs.
49:06Je veux dire, des producteurs sur place.
49:09Allez-y, goûtez, goûtez votre mari va l'acheter, il a raison.
49:14Une fois le client ferré, Dominique en profite pour le pousser
49:17à revenir acheter directement à sa ferme,
49:20car il gagne plus d'argent en vente directe.
49:22Allez-y, goûtez, monsieur.
49:25C'est fait à la ferme, juste à côté, là.
49:28Route de Rougier, là, quand vous prenez la route de Marseille, hop, à gauche.
49:31Je vais d'abord tester quelques produits et puis après,
49:34je sais où aller à la ferme, donc je retourne en rue et pour l'entier.
49:37Mission réussie pour la famille Jolivet.
49:40En quelques heures, ils ont écoulé toutes leurs marchandises
49:43et conquis de nombreux clients qu'ils espèrent revoir très vite
49:47à la boutique de leur exploitation.
49:51Ça va ?
49:52La semaine prochaine, dans la vie secrète des supermarchés,
49:55vous découvrirez comment les grandes surfaces luttent
49:57pour recruter de nouveaux employés.
49:59Bonjour, Théo, ça va bien ?
50:01Ça va très bien.
50:02Je vous laisse me suivre.
50:03Bienvenue chez nous.
50:04Dans son hard discount, Lucas compte plus de 20 démissions
50:07en moins de six mois dans son équipe.
50:10En cause, la polyvalence poussée à l'extrême.
50:13Je veux que vous ayez un oeil qui soit constamment sur l'écran de caisse.
50:17Je ne m'attendais pas à ce que ce soit aussi difficile, en vrai.
50:19Je pensais que ça allait être un peu plus simple.
50:20Pour ne rien arranger, le directeur fait face à une épidémie de vol.
50:24On ne remet plus les pieds ici, OK ?
50:26OK, tu dégages.
50:28L'hyper de Saint-Maximin non plus n'est pas épargné
50:31par les problèmes de recrutement.
50:32Dans le drive, Anatole, le responsable, mise beaucoup sur une nouvelle recrue.
50:38Oui, bon, enchanté.
50:39Anatole, enchanté.
50:40On peut se tutoyer, responsable du drive, du coup.
50:43Donc, bienvenue.
50:44Mais les choses ne vont pas se passer comme prévu.
50:47Bonjour, vous êtes qui ?
50:49Là, du coup, j'essaie de l'appeler, mais bon, elle ne me répond pas.
50:52En Bretagne, Anna, caissière depuis 30 ans dans cette hyper,
50:55va mettre à profit ses qualités humaines pour éviter de voir partir à la concurrence.
50:59Tout est parfait, monsieur.
51:01Sa clientèle d'habituée.
51:03Ben oui, de toute façon, Corinne, c'est votre fille ?
51:05Oui.
51:05Ben, je la connais.
51:06Oui, je la connais, Corinne.

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