• il y a 5 mois
Le philosophe Michel Onfray était l’invité de Face à Onfray, ce samedi 15 juin, sur CNEWS. Il s’est exprimé sur la volonté de Marine Le Pen de créer un «gouvernement d’union nationale» : «Un gouvernement d’union nationale n’est pas possible car les deux opposants que sont les blocs macronien et insoumis ne sont pas pour l’union nationale. Ils n’aiment pas la France, les Français, les résultats du vote».

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Transcription
00:00Un gouvernement d'union nationale, est-ce que c'est possible ?
00:03Non, parce que je pense que les deux opposants, le bloc macronien et le bloc insoumis, ne sont pas pour l'union nationale.
00:11Ils n'aiment pas la France, ils n'aiment pas les Français, ils n'aiment pas les résultats des votes.
00:15Après tout, il y a un résultat de vote, les gens ont voté.
00:18Ils veulent qu'ils sortent dessus ?
00:18Ils descendent dans la rue, ils expliquent qu'ils vont mettre le bazar, qu'ils vont mettre le feu, que c'est interdit,
00:23qu'à un moment donné on se dit que vous êtes des démocrates et que vous méprisez le vote des électeurs.
00:28Votez autre chose, votez autrement, évitez les gens qui n'ont pas voté à aller voter pour que vous ayez peut-être une représentativité élargie.
00:35Peut-être d'ailleurs, les gens qui ont compris, moi le premier, qu'il y avait peut-être une possibilité d'être entendus,
00:42car le problème c'est que les gens ne sont pas entendus depuis des années.
00:45En 92, il s'agissait, au moment du traité de Maastricht, de choisir entre une idée et une opposition à cette idée.
00:51L'Europe de Maastricht, ça n'existait pas, ce serait la fin du chômage, de la misère, de la pauvreté, etc.
00:56C'est facile d'embobiner les gens et de leur présenter l'idée comme la bonne idée,
01:01et en face on aurait des nationalistes, d'autant qu'il y avait Jean-Marie Le Pen de l'autre côté.
01:06Après, les gens ont vu ce qu'était l'Europe, ils se sont dit, misère, chômage, pauvreté, etc. ça n'a pas disparu.
01:11Donc en 2005, ils disent non, traité de constitution, ça ne nous intéresse pas, on n'en veut pas.
01:152008, je l'ai beaucoup dit, mais 2008, coup d'État.
01:18À l'époque du président Sarkozy et de Hollande, tous les deux d'accord,
01:22qui disent, allez, on va demander au Congrès, c'est-à-dire Parlement plus Sénat,
01:26de ratifier le traité de Lisbonne, dont Valéry Giscard d'Estaing, toujours dans Le Monde, excellent journal,
01:30nous fait savoir que c'est le même traité, il y en a juste changé 2-3 paragraphes,
01:34modifié des virgules pour donner l'impression aux gens qu'on avait un autre projet.
01:37Ce que le peuple avait refusé par référendum, la classe politique l'a imposé en mobilisant ses troupes,
01:43les partis, quoi, qui obéissent au doigt et à l'œil, sinon je ne serais plus sénateur, je ne serais plus député, etc.
01:49Et là, on voit bien que les gens en ont assez, des partis, ils en ont assez de ce jeu de partis.
01:55– Mais même du Rassemblement National, parce qu'au contraire, là, on voit depuis 2009
02:00que le parti de Marine Le Pen ne cesse de monter dans les sondages et dans les votes.
02:04– Ma démonstration, je vous dis que ces gens ne voudront pas d'union nationale.
02:09Une union nationale, c'est tout le monde, c'est-à-dire c'est le général de Gaulle
02:12qui dit, par exemple, la France est par terre, la libération vient d'avoir lieu,
02:16que fait le général de Gaulle ? Il dit, sauf les collaborateurs, je prends tout le monde.
02:20Il prend tellement tout le monde qu'il prend Mitterrand qui, lui, a été girodiste, vichiste, maréchaliste, il le prend.
02:25Il prend même des communistes qui, eux, ont été collabos pendant deux ans,
02:28c'est dire quand même que le général de Gaulle faisait de l'union nationale large.
02:32Et puis, il n'a dit pas les collabos, ceux-là, au moins, non,
02:34ils ont joué la carte de l'Allemagne contre la France.
02:37Mais proposer un gouvernement d'union nationale qui va être simplement un gouvernement d'union des droites,
02:42parce qu'il n'y aura pas un socialiste, il n'y aura pas un communiste, il n'y aura pas un insoumis,
02:45il n'y a pas quelqu'un qui dira, allez, mettons tout ça de côté.
02:48Ils sont capables de mettre de côté le Hamas quand il s'agit de sauver leur poste,
02:51quand il s'agit de sauver la France, il n'y en a pas un qui est capable de dire,
02:54mettons de côté ce qui peut nous séparer pour dire, effectivement, sauvons la France.
02:57Ces gens pensent que, il y a des gens qui pensent que l'immigration, par exemple, sauve la France,
03:01et des gens qui pensent que l'immigration perd la France, on ne peut pas gouverner avec ces gens-là.
03:05Des gens qui pensent que la France n'existe pas, ou alors qu'elle est raciste, vichiste, pétiniste,
03:09et d'autres qui disent, non, on a une grandeur de la France qui, depuis dix siècles, etc.,
03:13on ne peut pas faire s'entendre des gens sur un projet d'union nationale.
03:17Alors, c'est un vœu pieux, mais moi, je pense qu'au-delà de l'union nationale,
03:21juste quelque chose qui rassemblerait les Français, pas les appels, pas les états-majors.
03:25Il faut arrêter les partis qui parlent aux partis.
03:27Il faut qu'éventuellement, des partis puissent dire, on en a assez des partis,
03:31ça sert à accéder au pouvoir, peut-être, mais ça sert surtout à rendre la parole au peuple.
03:35Je rappelle que quand Macron dit, je la joue gaulliste en disant,
03:38c'est toujours bon d'en rappeler au peuple.
03:39– On va y venir. Non, non, mais allez-y, qu'est-ce qu'il disait ?
03:42– Oui, il dit, il est toujours bon d'en appeler au peuple.
03:44Il fait un message, ce peuple, cette France que j'aime tant,
03:47enfin, qui peut croire une chose pareille ?
03:48Le général de Gaulle, il ne dit pas, enfin, référendum, si je le perds, je reste.
03:51Le référendum, il dit, si je le perds, ou si je perds les élections, je m'en vais.
03:54– Je m'en vais.
03:54– Lui, il dit, on fait une consultation, si je la perds, je reste.
03:57Je vous préviens, je reste quand même.

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