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Mardi 11 juin 2024, SMART IMPACT reçoit Kazem Tabrizi (cofondateur, Tenzing Conseil)

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00:00 [Musique]
00:06 L'invité de Smart Impact, c'est Kazem Tabrizi. Bonjour.
00:10 Bonjour.
00:10 Bienvenue, heureux de vous accueillir.
00:12 Vous êtes le cofondateur, avec Éric Delanois, Élodie Bossan et Arnaud,
00:16 régné de Tenzing Conseil, cabinet de conseil en stratégie opérationnelle,
00:20 qui a fait le choix de l'économie sociale et solidaire.
00:24 Pourquoi, tout simplement ?
00:26 Alors, pourquoi ? Parce que la volonté initiale, c'était de permettre, finalement,
00:31 au cabinet de conseil de casser un certain nombre de codes.
00:33 Les cabinets de conseil sont un secteur plutôt élitiste, qui recrutent dans les grandes écoles.
00:37 L'idée était d'ouvrir, en fait, ce recrutement à d'autres profils, d'autres filiales.
00:42 On va parler des facs, des BTS, mais ouvrir globalement le recrutement pour donner accès
00:47 à des jeunes qui ont l'aptitude, le potentiel de faire ce métier,
00:50 mais qui n'ont pas forcément la possibilité de le faire.
00:52 Et pour ça, il fallait être dans un mode de fonctionnement économique, de gouvernance
00:57 un peu différent, celui de l'économie sociale et solidaire ?
00:59 Alors, ça faisait partie, en effet, de la volonté.
01:01 Et puis, s'est ajouté à cela un autre pilier, à côté du pilier du recrutement qui est essentiel.
01:06 C'est aussi le pilier, en fait, du modèle économique de l'entreprise.
01:09 On milite pour un capitalisme durable.
01:12 Et donc, mais on aura l'occasion d'en reparler, plutôt avec une volonté de redistribution
01:17 d'une partie de nos bénéfices vers la société.
01:19 Est-ce que, tiens, c'est une rareté dans les métiers du Conseil ?
01:22 Est-ce que vous êtes, je crois que c'est en 2016 que vous l'avez créé, c'est ça ?
01:25 Tout à fait.
01:25 J'imagine que vous étiez assez pionnier.
01:27 Est-ce que vous avez été copié ? Oui, non ?
01:29 En partie. On reste un ovni.
01:31 On reste un ovni pour la même raison, c'est que le métier du Conseil,
01:34 et notamment les associés, ont des salaires, on va être très transparent,
01:38 qui sont plutôt des salaires où on est à l'aise.
01:40 Et quand on fait ce métier, prenant, etc., il y a souvent la volonté d'avoir des parts
01:44 et de revendre ces parts à terme.
01:46 Nous, on a fait le choix de ne pas avoir de parts.
01:48 On est détenu par une association à but non lucratif,
01:50 ce qui nous a amené à redistribuer nos bénéfices.
01:53 Et donc, c'est assez anodin, voire unique, pour la somme de raisons,
01:57 c'est qu'il y a peu de gens qui vont aller jusqu'à cette étape
02:00 de redistribuer, en fait, ces bénéfices.
02:02 Et donc, vous parlez de rémunération, ça va aussi sur une logique de rémunération,
02:07 quoi, plafonner des cofondateurs, des patrons ?
02:11 Des associés en général.
02:13 En fait, ce qu'on a fait, c'est qu'on a repris une règle qu'on a vue dans la loi ESUS,
02:17 les entreprises ESUS, qui était...
02:19 Il y a un plafond de 1 à 7, 1 à 5 par rapport au SMIC,
02:23 on a gardé cette même logique,
02:26 mais qu'on a appliqué au salaire le plus bas de notre entreprise,
02:28 pour permettre, en fait, à tout le monde d'être dans le marché du Conseil.
02:32 Alors, les dividendes, vous l'avez dit,
02:35 qu'est-ce qu'ils deviennent ? Comment vous les redistribuez, en fait ?
02:38 Alors, je vous l'ai dit, on est détenu à 70% par une association à but non lucratif.
02:43 On a créé, Tending Association,
02:45 ce qui fait que quand les dividendes remontent à la fin de l'année,
02:48 ils remontent essentiellement à l'association.
02:49 Cette association, donc, est dotée d'une capacité d'action
02:53 qui se traduit de deux manières.
02:54 La première, c'est qu'on redistribue 150 000 euros, pour donner un exemple, en 2023,
03:00 à des associations suite à un appel à projet qui est fait,
03:03 donc un appel à projet ouvert sur le thème de notre raison d'être,
03:07 donc l'égalité des chances,
03:09 et donc on permet à toutes les associations qui militent pour l'égalité des chances,
03:12 notamment au sein de l'éducation nationale, de la petite enfance jusqu'à post-bac, de postuler.
03:17 On a eu une cinquantaine, cette année, d'associations qui ont postulé.
03:22 Évidemment, on en passe dans une douzaine.
03:26 Là, on a l'ensemble des collaborateurs qui sont mis à contribution,
03:28 donc c'est un homme, une voix, quel que soit le grade,
03:31 je vais être dans les extrêmes, mais du stagiaire à l'associé ou au président,
03:34 tout le monde, en fait, a le même pouvoir.
03:36 - Vous choisir les associations qui vont bénéficier de ce débit ?
03:40 - Ce qu'on a appelé le "pre-tensing" de l'égalité des chances.
03:44 Et donc, oui, tout le monde participe,
03:45 parce que ça fait partie même de l'ADN de l'entreprise,
03:47 qui consiste à dire, quand on travaille, notamment dans un comité de conseil,
03:50 on a souvent l'impression de travailler pour ces associés qui s'enrichissent.
03:54 Là, on travaille pour la société.
03:56 On travaille pour redonner à toutes ces associations qui militent tous les jours
03:59 et qui travaillent tous les jours pour l'égalité des chances.
04:00 - Je crois que depuis la création en 2016, vous avez redistribué autour d'un million d'euros.
04:05 Vous avez des exemples d'associations comme ça qui vous viennent un peu spontanément ?
04:09 - J'en ai évidemment plusieurs.
04:11 - On pourrait faire toutes les mises en œuvre avec un exemple.
04:12 - Il y en a plus d'une quinzaine, évidemment, que je pourrais vous citer.
04:16 Il y en a une qui me tient particulièrement à cœur qui s'appelle "Chemin d'Avenir",
04:19 qui travaille notamment avec tous les jeunes qui sont de la ruralité,
04:24 qui n'ont pas forcément les codes, grosso modo, des urbains, pour être très transparent.
04:28 Quand vous êtes plutôt d'une famille aisée, vous avez plus de chances de faire des grandes écoles.
04:32 Quand vous êtes en ville urbain, vous avez plus de chances de faire des grandes écoles.
04:35 Donc, l'idée est d'un peu de casser ces codes-là.
04:38 Et ils le font très bien. Ils ont développé même un outil qu'ils mettent à disposition des enseignants
04:42 pour justement permettre de familiariser leurs élèves à tout ce qu'ils pourraient faire.
04:48 - Ça me fait penser au dividende sociétal qui a été lancé il y a 18 mois par le Crédit Mutuel.
04:53 Alors évidemment, on n'est pas dans les mêmes dimensions,
04:56 parce que vu la taille de la banque, ils redistribuent 15 % de leurs résultats nets,
05:01 soit à des associations, soit à des start-upers, etc.
05:05 Est-ce que vous voyez quand même poindre un mouvement dans ce sens-là,
05:09 sur le rôle social de l'entreprise, l'entreprise à côté de l'État ou à côté des collectivités,
05:15 pour faire en sorte que notre société aille mieux ?
05:18 - Alors, deux éléments de réponse. Le premier, c'est...
05:21 Moi, je suis très fan de ce que fait le Crédit Mutuel CIC et la Maïf d'ailleurs, au même titre.
05:26 Cette logique de redistribuer une partie de ses bénéfices, elle est forcément intéressante vis-à-vis de la société.
05:31 15 % pour le Crédit Mutuel Arkea, je crois que c'est 10 % pour la Maïf.
05:34 Nous, chez Tenzing, on est à 25 % de nos bénéfices et résultats nets.
05:38 Donc, on cherche à avoir cet impact. Là où vous l'avez dit, forcément, 25 % de Tenzing Conseil
05:42 versus 15 % du Crédit Mutuel, ce n'est pas les mêmes ordres de grandeur.
05:46 - Bon. Mais ça, c'est pas grave. C'est le principe et la volonté.
05:49 - C'est le principe. Exactement.
05:50 - Et sur le fait qu'il y ait éventuellement un mouvement, plusieurs entreprises qui s'y mettent ?
05:54 - Ça, on le voit depuis la loi Pacte de 2019. En fait, on a vu que beaucoup d'entreprises
05:59 ont commencé à prendre de manière beaucoup plus claire des engagements sociaux, environnementaux à leur compte.
06:05 Ils le traduisent de plein de façons différentes. Il n'y a pas d'ailleurs de bonne ou de mauvaise façon.
06:08 Mais on voit qu'il y a des choses qui sont en train de se mettre en place.
06:11 Et je vous avoue que c'est assez bénéfique pour, j'ai envie de dire, notre futur, nos enfants et notre avenir.
06:18 - Et d'ailleurs, ça rejoint cette communauté Les Entreprises s'engagent dont Bismarck est partenaire.
06:23 Vous êtes membre et mécène de la communauté Les Entreprises s'engagent. Elle vous apporte quoi ?
06:28 - Alors déjà, des rencontres, du partage, le fait de côtoyer d'autres dirigeants qui ont d'autres contraintes, problématiques, défis.
06:36 On se retrouve autour, on discute. Et c'est grâce à ces échanges et ce partage que ça va nous permettre de faire avancer.
06:42 De faire avancer les entreprises qui sont peut-être un peu plus loin du ballon et même d'apprendre de celles qui ont une longueur d'avance.
06:49 Ce partage est essentiel parce que le succès finalement de l'engagement des entreprises,
06:54 le succès de l'impact que l'on va avoir sur l'environnement et la société au sens large, viendra de notre capacité à faire encore.
06:59 - Qu'est-ce que vous apportez à la communauté en tant que cabinet de conseil un peu atypique ?
07:04 - Alors, tout le volet mécène, vous l'avez dit, et au-delà de ça, on a un modèle de recrutement qui est très particulier.
07:11 Nous, on est tout à fait ouvert à partager ce modèle de recrutement. On a développé un outil en interne qui permet de le faire.
07:18 On a travaillé sur tout un process de recrutement bien spécifique et notre objectif maintenant est de permettre aux entreprises qui le souhaitent
07:25 d'ouvrir le recrutement, de permettre de la mobilité interne aussi pour donner la chance à tous les potentiels qu'ils ont.
07:31 - On peut prendre des exemples. Qu'est-ce qu'il y a de... Alors, vous l'avez un peu évoqué, le fait de ne pas se contenter,
07:36 et ce n'est pas péjoratif ce que je dis, mais de la filière des grandes écoles quand on est cabinet de conseil.
07:41 C'est quoi ? Il faut être proactif ? Il faut mettre des petites annonces à des endroits où les gens se disent
07:47 « Ce n'est pas pour nous le cabinet de conseil ». Comment vous fonctionnez ?
07:49 - Alors, le sourcing, en effet, est un vrai sujet. Déjà, c'est être là où on ne nous attend pas. Pour vous donner des exemples,
07:55 quand on va dans des grandes écoles, il y a des forums qui sont organisés et donc tout ça est bien orchestré.
08:01 Quand on va à l'université, c'est déjà moins présent. On trouve un petit bout de table, une chaise. Des fois, on est dans les couloirs.
08:07 Donc déjà, parler de notre métier, dire ce que l'on fait au quotidien, c'est nouveau.
08:12 - Est-ce qu'il y a un a priori négatif, parfois ? Il y a eu des scandales de cabinet de conseil récents,
08:16 soulevés notamment par les commissions d'enquête parlementaires.
08:19 - Tout à fait. - Vous êtes assimilé à certains cabinet de conseil qui n'ont évidemment pas les mêmes principes et valeurs que vous.
08:26 Vous entendez cette petite musique, parfois ? - De la part de certains clients, on peut le voir.
08:30 Oui, les cabinet de conseil ont cette image. Malheureusement, on peut être jeté dans la même catégorie que tous les cabinets.
08:39 Mais au-delà de ça, par rapport aux jeunes qu'on rencontre, non. Non, parce qu'en fait, ils sont tellement loin de ces sujets-là que déjà, le conseil, c'est nouveau.
08:48 Quand on leur parle du conseil, quand on leur parle de notre quotidien, c'est une découverte quasiment de zéro.
08:54 - Ça veut dire... Vous avez combien de salariés ? - 60.
08:56 - Il y a vraiment un équilibre entre ceux qui viennent de grandes écoles et ceux qui viennent d'autres environnements ?
09:02 - Alors on est société à mission. Et parmi nos engagements, on a en effet un engagement très clair sur le sujet.
09:07 Et on a 45 % des jeunes qui sont issus en effet de ces parcours qu'on va qualifier, je dirais, d'atypiques par rapport au secteur du conseil.
09:15 Donc on a un objectif. On le suit régulièrement. Et il est important de mixer.
09:20 C'est-à-dire qu'évidemment, on n'a rien contre les grandes écoles.
09:22 Bien au contraire, c'est plutôt de dire comment est-ce qu'on arrive à faire en sorte qu'ils s'apportent l'un l'autre.
09:27 On a besoin, quand on est un jeune qui arrive d'une filière, on pourra peut-être en parler, mais quand on fait histoire-géo, etc.,
09:35 et qu'on arrive dans le monde de l'entreprise, on a besoin d'être accompagné. On a besoin d'avoir les codes.
09:38 Et d'avoir en effet des profils qui se complètent permet d'avoir du compagnonnage.
09:43 - Dernier mot. Est-ce qu'il reste plus longtemps ? Parce que vous disiez souvent, dans le parcours, on rentre dans un cabinet de conseil,
09:48 c'est un peu la dernière brique de la formation, et on s'en va.
09:52 - Alors, j'ai envie de dire oui et non. Quand quelqu'un est déjà passé par un cabinet de conseil, il reste plus longtemps.
10:00 Parce que la manière dont on fonctionne et notre modèle social, évidemment, parle aux gens qui viennent, aux gens qui ont vécu d'autres cabinets de conseil.
10:07 Pour les jeunes que l'on recrute, ils ont, après quelques années, une envie aussi de se confronter à d'autres cabinets ou chez des clients.
10:15 Parce que ça fait partie aussi de notre modèle que de permettre à ces jeunes de choisir demain leur métier, aussi bien chez les clients, voire même dans d'autres cabinets.
10:22 Donc ça fait partie de notre modèle d'essai-mage, que de permettre justement de leur donner tous les moyens, toutes leurs chances.
10:29 - Merci beaucoup, Kazem Tabrizi. Et bon vent à Tenzing Conseil. On passe à notre débat autour de...
10:36 On va rester sur le ressenti des étudiants autour de la finance durable.

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