• il y a 5 mois
Ninah a été victime de violences conjugales par son ex-compagnon. Lors de son dépôt de plainte, la justice n'y a pas cru et l'a accusée en retour. Elle témoigne.
Transcription
00:00 Il m'a balancé son téléphone sur ma cheville.
00:02 De là, j'ai eu un gros hématome.
00:03 Il me frappait la tête avec un oreiller.
00:06 Ma tête cognait contre le sol, le carrelage et l'oreiller.
00:08 Cette personne, je l'ai rencontrée vis-à-vis de ma cousine
00:11 sur les réseaux sociaux en 2018.
00:13 Il était très doux, très avenant.
00:15 On est restés ensemble 6 ans, donc de 2018 à 2024.
00:19 Au début de la relation, il avait une certaine impression sur moi.
00:22 C'était très psychologique, mais rien d'alarmant physiquement parlant.
00:26 Il était très exposé sur les réseaux sociaux,
00:28 surtout sur Twitter au début.
00:30 Donc, il a commencé à flirter avec des filles sous mon nez.
00:33 Et c'était très toxique parce que c'est moi qu'il bloquait.
00:35 C'était moi la grosse folle.
00:36 Je n'étais pas légitime de parler.
00:38 La première fois où il a été violent physiquement,
00:41 c'était le 29 octobre 2022.
00:43 Quelques semaines avant, j'avais appris une très, très, très grosse trompe-l'oeil
00:46 qu'il a eue pendant deux ans.
00:48 Moi, je pensais que c'était une amie,
00:49 parce qu'il me disait "oui, cette petite fille-là,
00:52 elle s'est convertie à l'islam et en fait, elle a besoin de moi".
00:54 Je lui disais "mais enfin, je trouve que vous avez une très bonne proximité".
00:57 Et de là, il s'est indigné, il est complètement folle.
01:00 Enfin, là, on est en train de parler de religion,
01:01 tu te rends compte que tu es en train de me demander de supprimer quelqu'un
01:03 alors que je l'aide pour la religion ?
01:04 Donc, je me suis sentie très honteuse.
01:06 Du coup, en 2022, j'ai découvert que ce n'était pas seulement que de la religion, etc.
01:10 Donc, j'ai parlé à cette fille.
01:11 Elle m'a envoyé toutes les preuves, les vidéos, les photos, les messages d'amour.
01:14 Et là, je suis tombée des nues, mais je lui ai pardonné.
01:17 Et trois semaines plus tard,
01:18 il a découvert une conversation avec un artiste qu'il appréciait.
01:21 Donc, il était noir de colère en fait,
01:23 même si la conversation n'avait absolument rien de bizarre,
01:26 bien que l'artiste me faisait des avances.
01:28 Il a commencé à m'insulter.
01:29 "Mais tu n'es vraiment qu'une folle, tu es une bolosse et tout".
01:32 En fait, il voulait me rabaisser.
01:33 Et je lui ai dit "mais il n'y a rien eu de bizarre
01:36 et je trouve ça assez culotté quand même,
01:37 puisque c'est toi qui m'as trompée pendant deux ans et tout.
01:39 Bah, tu sais quoi, passe ton téléphone, on verra si toi, il n'y a rien,
01:42 si toi, tu ne parles avec personne, etc."
01:43 Et il a commencé à m'insulter.
01:45 Donc, je me suis tout de suite braquée, tout de suite renfermée.
01:47 Et je n'ai plus répondu.
01:48 Et comme je n'ai plus répondu, il m'a balancé son téléphone sur ma cheville.
01:51 Donc, de là, j'ai eu un gros hématome.
01:53 Il m'a balancé du lit.
01:54 Il me frappait la tête avec un oreiller.
01:56 Donc, ma tête cognait contre le sol, le carrelage et l'oreiller.
01:59 Donc, j'ai essayé de courir chez moi, etc.
02:01 Sortir, mais en fait, il m'a enfermée de partout.
02:03 Il mettait les clés dans son caleçon, etc.
02:05 Donc, quelques jours plus tard, il est revenu me parler.
02:08 "Oui, mais je suis désolée, mais tu comprends,
02:09 c'est parce que je ne peux pas supporter l'idée de continuer ma vie sans toi.
02:12 Donc, c'est pour ça que j'étais aussi énervée et tout."
02:14 Je lui ai pardonné.
02:15 De là, à chaque fois que je soupçonnais quelque chose de bizarre,
02:18 de mauvais comportements, etc.
02:20 et que je le confrontais, il m'enfermait chez lui,
02:22 il me frappait, ou chez moi d'ailleurs.
02:23 Donc, c'était des gifles.
02:24 Ça pouvait être de me pousser contre des meubles,
02:27 me jeter des objets à la tête, comme des manettes, des brosses, des chaussures.
02:33 À la vue des autres, il était totalement différent.
02:34 Même ses proches ne se doutaient pas de ce qu'il me faisait.
02:37 Mais de moi-même, je me suis éloignée de mes proches
02:39 parce que j'avais honte, parce que j'acceptais l'inacceptable.
02:42 J'ai toujours été une petite fille assez virulente,
02:44 avec beaucoup de tempérament et tout.
02:45 Donc, je ne pouvais pas m'avouer vaincue devant mes copines.
02:48 "Oui, je laisse passer de telles choses, etc."
02:50 Donc, de moi-même, je me suis écartée d'elles.
02:52 Je ne leur racontais plus rien.
02:53 C'était moi et moi toute seule.
02:55 Et à maintes et moins trop près, je l'ai défendue, même publiquement,
02:57 parce que par la suite, on s'est affiché sur les réseaux sociaux.
02:59 Il faut savoir que tout ce temps-là, on faisait nos économies ensemble
03:02 puisqu'on avait projet d'acheter un appartement, d'être propriétaire, etc.
03:05 Et c'est lui qui détenait tout ça.
03:06 À la fin de cette altercation-là, il m'a dit,
03:08 "Oui, ok, si on se sépare, mais du coup, on veut créer une entreprise ensemble,
03:12 et tout, on va faire comment, etc."
03:14 Je lui ai dit, "Mais enfin, si tu veux, on fait moitié-moitié,
03:16 sachant que j'avais une plus grosse somme que lui pour t'avancer, etc."
03:20 Il me dit, "Mais non, ce n'est pas équitable."
03:21 En fait, il voulait absolument avoir des parts dans mon entreprise
03:23 et son nom dans mon entreprise, pour toujours avoir une impression sur moi.
03:26 Et je lui ai dit, "Mais c'est mort, moi, je veux vraiment finir là
03:29 et je ne vais pas entendre parler de toi encore d'ici 15 ans,
03:32 quand j'aurai mon entreprise."
03:33 Et il me dit, "Ah bon ? Dans ces cas-là, ton argent, tu ne verras plus jamais la couleur."
03:37 Du coup, ça m'a un peu maintenue.
03:38 Donc, j'ai essayé de garder le fil, etc.
03:40 Et forcément, je me suis perdue dans mon propre jeu,
03:43 puisque plusieurs fois, on s'est reconquérés après toutes ces histoires.
03:47 Et pendant qu'il était en vacances, donc on continuait un petit peu à parler,
03:49 mais on n'était plus réellement ensemble et tout,
03:51 je reçois un énième message.
03:52 Nina, ça fait depuis septembre-octobre 2023
03:55 que lui et moi, on se fréquente en janvier jusque là.
03:59 Et là, je me suis dit, "Mais là, c'est bon, j'en ai marre."
04:01 Je lui envoie un message et je lui ai dit, "Mais tu ne vas jamais t'arrêter,
04:03 c'est bon, j'en ai marre et tout, tout le monde va savoir."
04:05 Donc, vers 22h, je poste toutes les stories.
04:08 Et de là, il a reposté en essayant de s'attaquer à mes projets.
04:12 Il m'a fait passer pour la fille instable, sale.
04:14 Il a mis des messages intimes de nous deux en supprimant les siens, bien évidemment.
04:18 Et je ne voulais pas jouer dans ce jeu-là.
04:20 Je ne vais jamais oser faire du revenge porn ou quoi que ce soit,
04:23 ou afficher des choses qu'on s'est dit dans l'intimité, des choses...
04:26 À ce moment-là, on se faisait confiance.
04:27 Donc, j'ai décidé de faire confiance à la justice française.
04:30 Le 5 février, je me rends au poste de police
04:32 et je porte plainte contre violences conjugales.
04:34 Peu de temps avant, j'avais pris contact avec des femmes
04:37 avec lesquelles il m'avait trompée, etc.
04:39 où je leur disais que pour rajouter des choses à mon dossier,
04:42 est-ce qu'il a déjà eu des comportements assez suspects à votre égard ?
04:45 L'une me dit, il m'a menacée de me faire du revenge porn
04:48 et que si jamais je vous ai parlé, il s'en prendrait à ma famille
04:50 puisqu'il lui enverrait tout ce qu'on a fait puisqu'on a déjà eu des rapports filmés.
04:53 Et l'autre me dit, quand on s'est fréquentés, je pensais être enceinte.
04:56 Il m'a énormément mis la pression pour que j'avorte, pour que je fasse des tests.
04:59 Et il m'a menacée une fois de me frapper.
05:02 C'est des choses que j'ai rapportées à l'OPG.
05:03 Je lui ai dit, écoutez, je ne suis pas la seule, je ne suis pas la première, je ne suis pas la dernière.
05:06 Elle me regarde et elle me dit, oui, mais madame, quand il vous portait des coups,
05:09 est-ce que vous répondiez ?
05:10 Je lui ai dit, non, madame, je ne l'ai jamais giflé,
05:12 je ne lui ai jamais mis de patates ou quoi ou qu'est-ce.
05:13 Et elle me dit, donc pendant qu'il vous frappait, vous ne faisiez rien.
05:16 Je lui ai dit, je l'ai repoussé, oui, je l'ai repoussé, on s'est bousculé,
05:19 parce qu'il faut que je le repousse, je ne vais pas rien faire.
05:21 Et elle me dit, vous savez que des bousculades,
05:23 le repousser, c'est considéré comme de la violence conjugale, madame.
05:26 Elle finit la plainte, etc.
05:27 Et elle me dit, est-ce que vous voulez continuer cette plainte ?
05:29 Parce que sachez que vous aurez quelque chose tous les deux.
05:31 C'est hors de question, on va aller jusqu'au bout.
05:33 Donc elle me rappelle, etc.
05:34 Elle me dit, écoutez, la magistrate, elle a dit que le verdict,
05:37 c'était qu'en stage de violence conjugale, vous avez tous les deux la même sanction.
05:41 C'est la sanction la plus basse, etc.
05:43 Et je lui ai dit, je lui ai demandé, est-ce que je peux avoir une mesure de sécurité, etc.
05:46 Elle m'a dit, non, vous ne pouvez pas porter plainte
05:48 contre quelque chose qui ne s'est pas encore passé.
05:49 J'ai dit, ok, ça marche.
05:51 Donc voilà où j'en suis aujourd'hui.
05:53 Si j'ai un conseil à donner à toutes les personnes qui ont été dans ma situation,
05:56 écoutez votre instant.
05:57 Si vous êtes en danger, filmez, appelez quelqu'un, parlez-en, battez-vous.
06:01 Oui, votre plainte ne sera pas prise en compte, etc.
06:03 Mais votre nom est inscrit quelque part.
06:05 Et moi, c'est ce que je me dis.
06:05 S'il m'arrive quelque chose, je vous ai mis au courant,
06:08 ne venez pas pleurer sur ma tombe.
06:09 Donc soyez forte, prenez le max de preuves possibles.
06:11 N'hésitez pas du tout à screer, à enregistrer des appels.
06:14 Vous n'êtes pas folles.
06:14 Si vous pensez qu'il y a quelque chose qui va se passer,
06:16 c'est qu'il va se passer quelque chose.

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