Après 12 ans à la tête de la chaîne francophone, le journaliste démissionne après avoir appris par la ministre de la Culture qu’il ne serait pas renouvelé
Category
🗞
NewsTranscription
00:00Et votre invité Média, Céline Baydar, court entame son dernier mois à la tête de TV5Monde.
00:04Il a présenté sa démission à la surprise générale la semaine dernière,
00:08après douze ans aux commandes de la chaîne francophone.
00:10Bonjour Yves Bigot.
00:11Bonjour.
00:12C'est vrai qu'on ne s'attendait pas à l'annonce de votre départ.
00:14Vous veniez d'apprendre que vous ne seriez pas renouvelé au poste de PDG par la ministre de la Culture.
00:19Comment l'avez-vous appris et quelle a été votre réaction ?
00:22Je l'ai appris, elle m'a reçu le 19 avril dernier et voilà, m'a informé que je ne serai pas renouvelé.
00:29Elle a eu d'ailleurs la gentillesse de me dire qu'elle n'avait rien à me reprocher,
00:32que mon bilan était impeccable.
00:34Alors, pourquoi ?
00:35Écoutez, ça fait partie de l'ordre des choses, moi je n'ai rien à dire à ça.
00:40Ça fait douze ans, vous l'avez rappelé.
00:41Mais vous, vous vouliez continuer ?
00:43Si on me l'avait proposé, j'aurais très volontiers continué, oui, bien sûr.
00:48Si vous voulez, ma démission, elle n'est pas du tout liée à mon non-renouvellement,
00:52sinon je l'aurais annoncé au mois d'avril, tout de suite après l'avoir appris.
00:58Et vous n'allez pas jusqu'à la fin de votre mandat ? Pour quelles raisons ?
01:01C'est ce que j'avais envisagé dans un premier temps, parce que je trouvais les choses normales.
01:05Finir un mandat fin novembre, ce n'est pas top pour trouver le job d'après.
01:13Ah, c'est dans cette perspective-là ?
01:15La métrique de nos métiers, l'audiovisuel, les changements, c'est toujours à la fin du printemps et pendant l'été.
01:21Le mercato, c'est en ce moment, Yves Bidon ?
01:23Voilà, exactement, donc j'ai souhaité être libre.
01:26Mais si vous voulez, le déclencheur, c'est le communiqué d'appel à candidature pour trouver mon ou ma successeur,
01:34un peu dans l'urgence, et puis surtout avec un délai très, très court, puisque l'appel à candidature se termine ce dimanche.
01:40Ce qui implique donc que mon successeur sera nommé d'ici la fin du mois de juin.
01:47Donc c'est très volontiers que je lui laisse la place.
01:49Et alors d'autant que là aussi, dans la rythmique des chaînes de télévision ou des stations de radio, c'est la même chose.
01:58On rend les comptes à la fin de la saison qui est donc toujours fin juin.
02:04Moi, il se trouve en plus que nous avons, parce que je n'ai rien fait tout seul, mais évidemment avec mes équipes,
02:10on a fini la rédaction du prochain plan stratégique 2025-2028, il est chiffré.
02:17On va avoir l'assemblée générale le 17 juin, à laquelle je participerai bien évidemment,
02:23qui validera les comptes et donc donnera quittus aux administrateurs pour l'exercice 2023.
02:30Et par ailleurs, j'ai un rendez-vous qui est prévu de longue date le 25 juin avec les six gouvernements qui régissent TV5Monde pour leur rendre compte,
02:40non seulement du prochain plan stratégique, mais aussi de la mission qui m'a été confiée par eux à Montréal le 8 décembre dernier,
02:47d'explorer avec sept États africains la possibilité qu'ils adhèrent à TV5Monde.
02:53Donc vous voyez, moi j'ai fini mon job à la fin du mois de juin.
02:56Vous partez pas comme un voleur, vous allez jusqu'au bout de votre job, dans les faits.
02:59Exactement.
02:59Et vous laissez la maison en bon état, c'est ça que vous êtes en train de dire.
03:02Tout est absolument en ordre, oui, bien sûr.
03:06La facilité pour moi, ça aurait été de rester jusqu'à fin novembre en étant payé, tranquille, voilà, etc.
03:12Mais j'étais libre avant d'arriver, je suis libre de partir.
03:16Alors vous avez évoqué, Yves Bigaud, cette entrée au capital de pays africains.
03:19Alors il y a eu la Principauté de Monaco qui est devenue un partenaire de TV5Monde il y a un peu moins d'un an et bientôt.
03:26Donc il devrait y avoir sept pays africains dont certains ne sont pas de fervents défenseurs de la liberté de la presse.
03:31Il y a le Cameroun, le Bénin, la République démocratique du Congo, le Sénégal, le Gabon, le Congo, la Côte d'Ivoire.
03:37On peut craindre que s'ils financent TV5Monde, ils interviennent sur l'éditorial.
03:40Comment justifiez-vous ces discussions avec ces Etats-là ?
03:43Alors d'abord, ce n'est pas mon aventure personnelle.
03:46Elle est validée par nos six gouvernements, dont évidemment les tutelles françaises et par le Quai d'Orsay.
03:52Alors d'abord, il faut comprendre que c'est une adhésion groupée.
03:54C'est-à-dire qu'à sept, ils équivalent à l'adhésion de la Principauté de Monaco.
03:59Donc ils n'auront pas sept voix au Conseil d'administration et à la Conférence ministérielle, mais une seule voix.
04:05Et par ailleurs, écoutez, en 2024, on ne peut plus être juste la francophonie du Nord qui s'adresse à la francophonie du Sud.
04:14Non mais pourquoi ces pays-là ? Ça aurait pu être d'autres pays africains.
04:18Déjà parce que ce sont des Etats avec lesquels on travaille au quotidien avec leur chaîne publique
04:24sur des productions de films de cinéma, de séries télévisées, de documentaires, de magazines.
04:29Vous voyez, par exemple, à Abidjan, on fait les maternelles d'Afrique. On fait un magazine sur la santé.
04:33À Dakar, on a un magazine économique. À Bamako, au Mali, qui ne fait pas partie de cet Etat considéré,
04:40on a un magazine musical qui est présenté par Bonkana Maïga, qui est une légende de la musique africaine.
04:45Donc en fait, ça n'est qu'enteriner, si vous voulez, une collaboration qu'on a déjà avec eux.
04:51Sauf que là, ils auront un droit de regard.
04:53Mais ils auront un droit de regard. Vous savez, au conseil d'administration, c'est les patrons des chaînes qui vont siéger.
04:59Donc ils ont les mêmes ennuis que nous et ils ont le même désir de défendre leur indépendance éditoriale, eux aussi.
05:06Et par ailleurs, on travaille. Et d'ailleurs, je peux vous annoncer que je vais, demain matin,
05:11signer un accord avec la Société des journalistes de TV5Monde, justement, pour regarantir une nouvelle charte éditoriale,
05:20en plus de la charte fondamentale de TV5Monde, qui va renforcer encore cette indépendance de la rédaction,
05:27et y compris la protection de nos correspondants dans ces pays.
05:31– Oui, c'est un vrai sujet. Yves Bigot, vous avez dirigé les programmes de France 2,
05:34de la RTBF Belge, d'Arte Belgique, de la boîte de prenant des molles, de RTL.
05:38Vous avez l'un des plus beaux CV dans les médias, dans la musique aussi, Mercury Fnac Music.
05:42Qu'allez-vous faire maintenant ?
05:44– Écoutez, moi, je pense que ce que j'ai envie, c'est de continuer à faire mon métier.
05:48Mon métier, c'est journaliste, producteur.
05:52Je peux aussi bien écrire des articles, faire des reportages, faire chroniqueur chez vous, si vous le souhaitez.
06:00– Vous parlez de la saison du Mercato, est-ce qu'il y a un média en particulier qui vous intéresse ?
06:03– Commenter des matchs de foot, ce que j'ai fait aussi dans le passé.
06:05– Il y a un petit taureau qui se profile, donc voilà, c'est TF1 ou M6, les diffuseurs sont preneurs.
06:10– Je pense que les postes sont pris.
06:13– Il y a un média en particulier qui vous intéresse ?
06:15– Non, pas particulièrement. Moi, j'aime mon métier, j'ai envie de continuer de le faire,
06:20d'apporter mon expérience, puisqu'à mon âge, c'est ce qu'on peut apporter, c'est son parcours.
06:25– Vous savez qu'il va y avoir un regroupement de l'audiovisuel public,
06:28avec cette super structure France Média. Présider cette structure, ça vous intéresse ?
06:33– Pas particulièrement, parce que mon job, je vous ai dit, c'est journaliste.
06:36Moi, je me suis retrouvé à être patron un peu par hasard, parce que c'est la vie,
06:42parce que si on n'avance pas, on recule.
06:44Puis vous savez, si vous refusez un job qu'on vous propose, après on vous en veut à mort.
06:48Donc il faut toujours l'accepter.
06:51– Donc celui-là, ce n'est pas la peine qu'on vous le propose ?
06:53– Non, je pense de toute façon que mon âge m'interdirait de l'occuper.
06:58Mais j'en profite pour dire que je suis très solidaire des personnels et de leur inquiétude,
07:02ceux de Radio France comme de France Télévisions et d'autres,
07:06même si à la RTBF et quand j'étais producteur pour la BBC, j'ai vu que des entreprises intégrées,
07:11ça marchait très très bien.
07:13Mais elles étaient intégrées dès l'origine, pas en cours de route.
07:16– Et je précise que TV5MONDE ne fait pas partie du projet de fusion de l'audiovisuel.
07:19– Non, puisqu'on n'est pas que français.
07:21– Exactement. Merci beaucoup Yves Bigaud.
07:23– Merci à vous de m'avoir invité.